Le 26 septembre la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a lancé un appel à la communauté internationale en faveur d'une enquête sur des cadavres d'une quarantaine de personnes « probablement exécutées » qui, depuis juillet 2014, ont été retrouvées dans le lac Rweru à la frontière du Rwanda et du Burundi. A Washington, le département d'Etat américain s'est officiellment ému de ces meurtres. Sa porte-parole, Jen Psaki, a exhorté le Burundi et le Rwanda à enquêter sur les décès.
Les cadavres ont été enterrés sans autopsie car le Burundi n'avait pas de structures de conservation des corps. Les deux pays riverains du lac ont prétendu ne pas avoir de résidents manquants dans leurs registres. Cependant le programme de la BBC Imvo n’invano a estimé que les cadavres venaient du côté rwandais. Certains sites Internet se demandent pourquoi le maire de Bugesera au Rwanda a déclaré qu'aucun résident de la région n'est porté disparu alors par exemple que la famille de Jean Damascent Munyeshyaka, militant écologiste (le vice président de son parti Mr. Andrew Rwisereka Kagwa a été décapité en juillet 2010), est à la recherche de cet activiste porté disparu depuis plusieurs semaines. Des soupçons sérieux pèsent sur la police secrète du président rwandais Paul Kagame.
Les meurtres politiques commis par ce régime protégé par les Occidentaux sont sous les projecteurs en ce moment. En août le procès des quatre hommes de mains payés en 2010 pour tuer (ils ont échoué de peu) le général Faustin Kayumba Nyamwasa réfugié en Afrique du Sud, a révélé la responsabilité directe de Kigali dans l'opération. En 1998 un ex ministre de l'intérieur rwandais avait été liquidé dans des conditions similaires au Kenya. Et les disparitions politiques et cas de torture au Rwanda même sont très nombreux.
Aux Etats-Unis le président républicain de la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants en mars, après des années de complicité passive de son pays, a quand même fini par envoyer une lettre au secrétaire d'État John Kerry pour exprimer son inquiétude pour la sécurité de ceux qui s'expriment contre le régime de Kagame. Mais le Royaume-Uni, qui a accueilli le Rwanda dans le Commonwealth en 2009 continue de subventionner largement cette dictature sanguinaire (The Independent). En France les critiques du gouvernement de Kagame et de son rôle dans le pillage de l'Est du Congo restent largement tabous dans la presse, depuis le génocide de 1994. Malgré l'hostilité de Kagame à l'égard de la France, le président Sarkozy avait opté pour un rapprochement avec lui, mais les relations entre Kagamé et Hollande se sont tendues à nouveau en avril dernier après les déclarations incendiaires de Kagamé contre Paris. Un contingent rwandais se bat néanmoinsaux côtés des Français en Centrafrique et le major-général rwandais Jean-Bosco Kazura dirige la force de maintien de la paix de l'ONU au Mali.