Samedi, le vice-ministre de la Défense sud-africain et président de l'association d'anciens combattants "Umkhonto we Sizwe Military Veterans Association" (MKMVA, une structure membre de l'ANC accusée de malversations financières) Kebby Maphatsoe, s'est exclamé, durant une cérémonie d’hommages à un membre de l’ancienne branche armée de l’ANC à Soweto : « On ne peut pas laisser les gens braquer l’ANC. On va se battre et défendre l’ANC. Ils utilisent maintenant nos institutions contre nous, et si vous voulez savoir pourquoi, c’est piloté par la CIA ». En réponse l'ambassadeur des Etats-Unis à Prétroria a dénoncé lundi sur Twitter « des accusations insultantes et dénuées de tout fondement (baseless and offensive)».
L'accusation du vice-ministre visait en fait l'avocate Thuli Madonsela, la médiatrice (à laquelle le Point Afrique consacrait un article élogieux le 30 août) qui a récemment demandé au président Jacob Zuma de se justifier dans l'affaire de corruption qui le touche, tout en précisant qu'elle ne mènera pas d'action en justice contre lui. Maphatsoe avait accusé explicitement Madonsela (membre du Congrès national africain - ANC au pouvoir) de détourner une institution créée par l'ANC et l'ANC elle-même dans un but "contre-révolutionnaire" au service des Etats-Unis. A la demande de l'ANC, Maphatsoe devant l'assemblée nationale a dû explicitement retirer ses accusations. En mai 2013 il avait adressé des attaques comparables contre deux fondateurs de nouveaux partis politiques.
Madonsela pour sa part s'était exprimée au 2ème Young African Leaders Forum de l'université de Johannesburg financé par USAID. Même si l'accusation de lien entre Madonsela et la CIA n'était pas prouvée, ses relations avec le "soft power" américain comme les initiatives "Young African Leaders" sont visibles, ce qui peut expliquer que des leaders de la "vieille garde" des anciens combattants, mais aussi des membres des organisations de jeunesse du parti (en mars dernier) s'en prennent vivement à elle.
Le régime de Jacob Zuma est secoué par diverses affaires de corruption depuis quelques années. Par ailleurs Afrique du Sud gêne les Etats-Unis. Elle fait partie des BRICS avec la Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde (40 % de la population mondiale) qui, à l'issue d'un sommet au Brésil début juillet ont décidé de créer un FMI parallèle (une "Nouvelle banque de développement") et tentent de limiter l'usage du dollar comme monnaie de réserve.
F. Delorca