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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 07:43
balkans.jpgL'impérialisme des structures capitalistes occidentales s'exerce au sein de l'Union européenne sur les peuples qui pourtant à d'autres égards en tirent profit. Tel est le cas des Grecs en ce début d'année.

La Grèce a fait l'objet d'une offensive spéculative au début du mois de février. Certains hedge funds américains ont tenté de gagner beaucoup d'argent en pariant sur une explosion du prix des "credit default swap" (CDS)  grecs, jouant ouvertement sur la faillite de la Grèce. Le CDS du pays a bondi de 120 points de base en octobre à 419 le mardi 9 février. Ce qui signifiait que le marché évaluait à 29 % la probabilité que la Grèce fasse défaut dans les cinq ans à venir, selon la banque Natixis.

A titre de comparaison
, avec des finances publiques pourtant dégradées, le Roumanie affichait un CDS de "seulement" 265. Alors pourtant que son déficit public pour 2009 s'élevait à 12,7% du PIB (moins que la Grande-Bretagne et de l'Italie, et assez proche de celui de l'Espagne) les marchés financiers se sont polarisés sur ce pays, faute de confiance dans la capacité du nouveau gouvernement à redresser la situation économique du pays.

Réunis le 11 février à Bruxelles pour un sommet extraordinaire, les Vingt-sept membres de l'Union européenne craignant un risque de contagion à toute la zone commençait à inquiéter sérieusement les diplomates de tous bords, ont imposé à la Grèce une série de mesures d'austérité, analysée par les commentateurs comme une mise sous tutelle pure et simple, en attendant que ses finances se rétablissent. Chaque mois, Athènes devra d’ailleurs rendre compte à la Commission européenne, a confirmé le président français Nicolas Sarkozy.

Sur ordre de l'Union européenne, le ministre socialiste des finances a annoncé une batterie de mesures qui devrait aussi permettre d'économiser quelque 350 millions d'euros :  gel des salaires des fonctionnaires et des députés, octroi d'allocations exceptionnelles, entre 300 et 500, aux salariés qui perçoivent moins de 1700 euros, ainsi qu'aux retraités dont la pension est en deçà de 1100 euros ; prélèvement allant de 1000 à 3000 euros sur les hauts revenus situés dans une fourchette de 6000 à 150 000 euros.

Le blog eurocritique "La lettre volée" mentionne l'analyse qu'en fait une contribution de Marshall Auerback, spécialiste des marchés financiers sur le site New Deal 2.0 du Franklin and Eleanor Roosevelt Institute (qui compte le prix nobel Joseph Stiglitz parmi ses meilleures plimes). Sous le titre Greece signs its national suicide pact, son billet compare le soulagement de la Grèce après le "plan de secours" européen à celui d'un passant qui voit s'éloigner le braqueur qui vient de lui soutirer son portefeuille un revolver à la main. Non pas que l'Union européenne ait volé de l'argent à la Grèce, mais bien qu'elle lui a imposé un plan de règlement absurde ("the insanity of self-imposed constraints will be manifest to all soon enough").


De fait, pour Auerback, la Grèce vient de devenir une colonie franco-allemande, puisque ces deux pays ont tenu la plume du plan de règlement.

 

L'auteur renvoie à un autre billet, émanant d'un économiste australien qui a publié un ouvrage sur la politique économique européenne, le soin de mettre en pièces les règles absurdes du pacte de stabilité, cadre de la politique budgétaire européenne (It is often said that the European economies are sclerotic, which is usually taken to mean that their labour markets are overly protected and their welfare systems are overly generous. However,the real European sclerosis is found in the inflexible macroeconomic policy regime that the Euro countries have chosen to contrive). 

 

Donc, il est demandé à la Grèce de réduire de 4% son déficit public en 2010. Auerback écrit  : "c'est le genre de mesure qu'aucun pays souverain n'accepterait, mais la Grèce, comme le reste des pays membres de la zone euro, a délibérément choisi de s'asservir [enslave itself] à un paquet de règles sans aucun fondement théorique".

 

La Grèce n'ayant plus de politique budgétaire (sinon très fortement restrictive), ni de politique de change, ni de politique monétaire, va devoir comprimer ses salaires et écraser sa demande intérieure. Auerback : "c'est la recette pour un suicide national".

 

Conclusion de l'auteur : "le rejet arrogant de la part des technocrates européens de prendre en compte les inquiétudes de ceux qui se sentent menacés par l'engouement soudain pour une union politique et monétaire sans cesse plus étroite, sans aucun contrôle démocratique, ouvre la place à des politiciens populistes à la Jean-Marie le Pen, ainsi qu'à la montée des partis extrémistes dans toute l'Union européenne."

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 11:22


Aujourd'hui on apprend l'arrestation  de l'ancien premier ministre albanokosovar Agim Ceku (2 ème à droite sur la photo serrant la main à M. Kouchner et à M. Clark), accusé sur la base d'un mandat d'Interpol de crimes de guerre commis lorsqu’il était colonel des forces croates en 1993, puis lorsqu’il était chef d’état-major des forces kosovares (UÇK) en 1998-99, et encore à nouveau lors des pogroms anti-Serbes au Kosovo en 2004. Il a été placé en garde à vue au point de passage frontalier de Giuechevo alors qu'il pénétrait en Bulgarie depuis la Macédoine voisine dans la nuit de mardi à mercredi.


Selon des sources diplomatiques, les autorités de Belgrade avaient demandé en vain début mai à leurs homologues colombiens de procéder à son extradition de la Colombie où il s'était réfugié vers Belgrade. L’échec aurait été dû à l’intervention directe de Bernard Kouchner.

Il  a deux jours, Human Rights Watch à Londre publiait un rapport sur le sort des Roms du Kosovo : 200 000 personnes en 1999, et dont il ne reste que 20 000 ressortissants aujourd'hui après l'impitoable nettoyage ethnique que leur ont infligé les nationalistes albanais de l'UCK. Le rapport cite notamment la mise à feu et à sang de Roma Mahalla à Kosovska Mitrovica où vivaient 8 000 Roms pour la plupart musulmans, chassés par les extrémistes albanokosovars. Le rapport accuse aussi l'ONU d'avoir construit pour les rescapés des camps à proximité de dépôt de déchets toxiques.

Après l'affaire des trafics d'organes de prisonniers de l'UCK, ces dernières nouvelles ne sont pas bonnes pour l'image des autorités de Pristina qui peinent à obtenir une reconnaissance internationale. Même au dernier sommet de l'Organisation de la conférence islamique de Damas, et malgré les instructions données par le ministre des affaires étrangères britannique David Miliband à l'ensemble des membres de reconnaître l'indépendance du Kosovo, la plupart des pays musulmans s'y sont refusés. Aujourd'hui parmi les 60 pays qui ont reconnu ce pays (moins d'un tiers des membres des Nations unies), à part les pays d'Europe occidentale (sauf l'Espagne) on ne trouve que des nations inféodées aux USA ou à l'Union européenne comme l'Afghanistan, l'Albanie, l'Arabie saoudite, le Costa Rica, le Sénégal (ou pour des raisons historiques la Turquie). La Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Venezuela, l'Argentine, l'Egypte, Cuba, la Syrie, la Libye, l'Azerbaijan, la Corée du Nord, l'Iran et la Bolivie maintiennent leur opposition à toute reconnaissance. 

Il n'est pas sûr que les félicitations adressées par M. Sarkozy à l'entité autoproclamée, dans une lettre ouverte à notre ambassadrice à Pristina  changent grand chose. D'autant qu'il se dit même à Paris que M. Sarkozy, qui accueillait récemment le président serbe Boris Tadic, conscient du poids géopolitique de la Serbie dans les Balkans, ne serait pas aussi fanatique du nationalisme albanokosovar que son ministre des affaires étrangères.

FD

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NB : ci dessous photo d'une manif de Serbes du Kosovo arborant une affiche pro-Chavez (2008)


Post scriptum au 26 juin 2009La justice bulgare a finalement libéré le criminel de guerre Ceku poursuivi par la Serbie et Interpol. Le ministre serbe des affaires étrangères Vuk Jeremić a dénoncé un coup "dévastateur" porté au droit international (mais l'Occident n'est plus à un près à l'égard de de la Serbie). Jeudi, le parquet bulgare avait relevé "un manque de preuves que M. Ceku ait commis les crimes dont il est accusé" et a estimé que la Serbie n'était pas compétente pour le juger.M. Ceku, qui n'est cependant pas autorisé à quitter la Bulgarie avant le 2 juillet, limite jusqu'à laquelle le Parquet bulgare peut faire appel de la décision (mais vu la position du parquet susmentionnée, il et peu probable qu'un revirement ait lieu).

 

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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 17:31
Bien que le président français Sarkozy ait déclaré à Prague (Le Monde du 17 juin 2008) qu'il excluait tout élargissement de l'Union européenne (notamment à la Croatie) si le traité de Lisbonne n'était pas ratifié (un propos tenu pour faire pression sur les Tchèques, réticents à enterrer le "non" irlandais au traité), la perspective d'élargissement continue à restructurer la vie politique de la Serbie. L'ancien parti de Slobodan Milosevic, le Parti socialiste de Serbie (SPS) et le parti pro-occidental, le Parti démocratique (DS) qui l'a chassé du pouvoir en 2000 seraient prêts à former un gouvernement après l'échec des tractations avec les partis souveraintistes (le DSS de Vojislav Kostunica et le SRS de Tomislav Nikolic).

La cause de ce revirement d'alliance est la promesse faite par Bruxelles à Belgrade de signer un Accord d'association avec elle, prélude à une adhésion possible de la Serbie à l'UE si les pro-occidentaux dirigent le gouvernement. Le SPS, dont l'appui est nécessaire aux pro- ou aux anti-européens pour avoir la majorité au Parlement voit dans le ralliement à l'européisme une occasion de se réhabiliter au regard des pouvoirs occidentaux (comme l'avait déjà tenté du reste Slobodan Milosevic à plusieurs reprises, notamment en signant les accords de Dayton sur la Bosnie en 1995).

Dans une déclaration Večernje novosti, aujourd'hui 20 juin, le leader du Parti radical (SRS) tirait déjà les leçons des dernières semaines de négociation et imputait la défection du SPS au Premier ministre sortant Vojislav Kostunica. Selon lui, puisque le leader du SPS Ivica Dačić était au départ d'accord pour une alliance avec les souverainistes, Kostunica aurait dû dialoguer davantage avec le Parti des retraités associés et Serbie unie, qui étaient coalisés avec le SPS et ont été les premiers à lui demander de rechercher plutôt l'alliance avec les pro-occidentaux. Nikolic estime dans cette interview que Kostunica "n'a pas vraiment voulu" former un gouvernement avec son parti et le SPS, et fait également sa propre autocritique sur le score plus modeste que prévu du SRS aux élections, notamment en Voïvodine (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=06&dd=20&nav_id=51246). Les membres de la coalition d'opposition DSS-SRS-NS considèrent toutefois que le clivage avec le SPS ne s'est pas fait sur la question de l'Accord d'association, mais sur le fait de savoir si Belgrade accepterait de le signer alors que celui-ci ne prévoit pas explicitement que le Kosovo reste dans sa juridiction. La volte-face du SPS obscurcit en tout cas le sens du dernier scrutin législatif qui avait donné la majorité aux partis favorables au maintien de la question du Kosovo au centre des négociations avec l'Union européenne (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=06&dd=22&nav_id=51288).

FD
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4 avril 2008 5 04 /04 /avril /2008 17:51
Les Etats-Unis, le Canada et les pays d'Europe centrale voulaient élargir l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie. La France et l'Allemagne, soucieuses de ménager la Russie, ont fait échouer le projet au sommet de l'OTAN de Bucarest cette semaine.


Le ministre des affaires étrangères français, M. Kouchner à la tribune de l'Assemblée nationale mardi où il plaidait pour l'envoi de près d'un millier de soldats français dans les zones de combat en Afghanistan ( http://www.lcpan.fr/rattrapage_eve_afg_010408.asp?tc=eve_afg_010408), nouvelle idole de l'acteur américain pourtant hostile à la guerre d'Irak George Clooney qui souhaite qu'il soit un jour Président de la République(http://www.tvmag.com/article/Film/36598/EXCLUSIF_TV_Magazine_a_rencontre_George_Clooney.html), a déclaré que la position de la France à Bucarest serait la preuve que Paris peut encore s'opposer à Washington - ce qui pourrait laisser penser qu'il s'agit d'un rideau de fumée pour cacher l'alignement de la France sur Washington sur d'autres dossiers, notamment celui de l'entrée dans le commandement intégré promise pour l'horizon 2009.

Une dépêche d'Associated Press aujourd'hui voyait dans cette division de l'OTAN un succès pour M. Poutine. La Géorgie et l'Ukraine, déçues ont laissé entendre que la dépendance énergétique de la France et de l'Allemagne à l'égard de Moscou expliquait leur position anti-Washington sur ce dossier (http://wiredispatch.com/news/?id=113378). Des sondages récents montraient qu'en Ukraine 60 % de l'opinion publique était hostile à l'entrée du pays dans l'OTAN et le président de ce pays avait promis un référendum sur ce thème (http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/04/02/l-adhesion-a-l-otan-divise-l-ukraine-geographiquement-et-politiquement_1029991_3214.html#ens_id=1020072).

La France et l'Espagne se sont opposées par ailleurs conjointement, par solidarité avec la Grèce, à l'entrée de la Macédoine dans l'OTAN tant qu'elle ne modifie pas son nom (El Mundo http://www.elmundo.es/elmundo/2008/04/03/internacional/1207216253.html).

L'OTAN sera donc étendue dans un premier temps seulement à la Croatie et à l'Albanie. Le jour même de l'annonce de cette extension, le tribunal pénal international publiait l'acquittement de Ramush Haradinaj (Reuters 3 avril), chef de clan albanais du Kosovo, ancien commandant de l'UCK, et ancien premier-ministre du Kosovo impliqué dans des crimes de guerre en 1999 - une mesure qui montre le soutien inconditionnel des Occidentaux aux Albanais, et risque d'accroître le ressentiment nationaliste en Serbie. On notera que Le Conseil d'Etat français, statuant sur un recours contre la décision du 16 mai 2006 du Conseil d'Administration de l'Office Français de protection des réfugiés et apatrides établissant une liste complémentaire de pays d'origine sûrs, a, par décision du 13 février 2008, annulé partiellement cette seconde liste, en procédant au retrait de l'Albanie et du Niger (http://www.ofpra.gouv.fr/annonce.html?dtd_id=16&xmld_id=3117), ce qui signifie en clair que les juridictions françaises ne considèrent pas l'Albanie comme un pays qui accorde des garanties de sécurité politique suffisantes à ses ressortissants (qui peuvent donc avoir plus de chances d'obtenir l'asile politique en France).

La Moldavie, dont les troupes participent à l'occupation de l'Irak, a aussi discrètement fait savoir son intérêt pour une éventuelle adhésion à l'OTAN. Son président Vladimir Voronin était présent au sommet, au grand dam des Transnistriens (http://www.tiraspoltimes.com/news/moldova_at_nato_summit_with_bush_condi.html).

Si le climat se réchauffe entre Washington et Chisinau, il se tend entre M. Bush et M. Loukachenko : Washington mécontent de la création d'une coentreprise pétrolière biélorusso-vénézuélienne qui exploite le gisement de pétrole de Guara Este  au Vénézuéla (d'après ce qu'affirme le gouvernement biélorusse) a bloqué les comptes du groupe pétrochimique public Belneftekhim et de ses filiales. En représailles, il y a dix jours, Minsk a demandé à Washington de réduire les effectifs de son ambassade en Biélorussie (http://fr.rian.ru/world/20080324/102091344.html). Les services de renseignement biélorusses ont dénoncé le 25 mars l'existence d'un réseau d'espionnage américain sur leur sol (http://fr.rian.ru/world/20080325/102191410.html).

FD
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29 janvier 2008 2 29 /01 /janvier /2008 16:36
Copie-de-gas-20pipeline-copie-1.jpg L'intransigeance des Occidentaux sur la question du Kosovo a déjà fait une victime collatérale : la politique énergétique des Etats-Unis en Europe.

Le président serbe Boris Tadic et le premier ministre Vojislav Kostunica ont signé vendredi dernier à Moscou un accord pour trente ans qui vend à la compagnie russe Gazprom 51 % des parts de la compagnie gazière d'Etat serbe NIS, et ce au prix qu'avaient demandé les Russes. Dans le cadre de cet accord, un gazoduc de 10 milliards de mètres cubes sera construit à travers la Serbie, et Gazprom contrôlera 78 % du marché de détail des carburants dérivés du pétrole dans ce pays, 12 % allant à un autre géant russe, Loukoil . Pour compléter le dispositif, Gazprom a signé avec la compagnie autrichienne OMV un accord prévoyant le transfert au monopole russe du gaz de 50% de Central Europe Gas Hub (CEGH), filiale d'OMV Gas International, et dont le siège se trouve dans la ville autrichienne de Baumgarten. Il ne manque plus à Gazprom qu'un accord avec la Hongrie, pour espérer pouvoir mettre en service son dispositif de gazoduc South Stream. Budapest va donc pouvoir faire monter les enchères. Si la Hongrie ne parvient pas à s'entendre avec Moscou, Gazprom peut utiliser un itinéraire alternatif passant de la Bulgarie en Grèce puis, par la Méditerranée, en Italie. Mais, dans ce cas, le projet de gazoduc en Serbie sera dans l'impasse (http://www.kommersant.com/p846202/r_500/natural_gas_pipelines/).

Les autorités américaines ont manifesté une inquiétude particulière au sujet du développement de la coopération énergétique entre la Russie et la Serbie et rappelé à l'Union européenne leur préférence pour le projet de gazoduc de Nabucco, destiné à acheminer du gaz en Autriche via la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Peut-être pour apaiser l'interventionnisme états-unien, les autorités iraniennes la semaine dernière ont annoncé être prêtes à accorder des ressources pour Nabucco... (http://fr.rian.ru/business/20080128/97862287.html).

Face à cela l'offre de l'Union européenne à l'égard de la Serbie (qui pourtant depuis un siècle regarde davantage vers l'Ouest que vers la Russie) reste timide. Alors que l'Autriche avait convaincu en 2006 l'Union de ne plus exiger de la Croatie la coopération avec le TPIY pour intégrer l'Empire européen, les Pays-Bas, dans un bel élan anti-fédéraliste, ont maintenu, contre les autres Etats de l'Union, un veto sur la signature d'un accord de stabilisation et d'association tant que le général Ratko Mladic n'était pas livré à ce tribunal (source : RFI). Ce veto néerlandais fait l'affaire du nationaliste Tomislav Nikolic, vainqueur du premier tour de l'élection présidentielle serbe, qui dit ne rien attendre de l'Union européenne tant que celle-ci veut arracher le Kosovo à la Serbie et affirme même regretter que la Serbie "ne soit pas une province de la Russie" (http://www.dw-world.de/popups/popup_printcontent/0,,3087792,00.html). (NB : En dépit de ces appels du pied de M. Nikolic, V. Poutine continue toutefois de soutenir Boris Tadic.)

Les Européens, présidés en ce moment par les Slovènes, ont malgré tout proposé un accord réduit aux Serbes (sur les visas, le dialogue politique), leur promettant même à demi-mots une entrée à terme dans l'Union, pourvu qu'ils ne votent pas pour M. Nikolic. La question pèsera lourd sur l'issue du second tour du scrutin, y compris sur les conditions du soutien du premier ministre Kostunica à son frère ennemi Tadic.

Du côté états-unien, les menaces contre la Serbie et la Russie ne sont pas l'apanage des néo-conservateurs. Dans un article publié dans le Guardian du 28 janvier 2008, Morton Abramowitz suggère que l'OTAN augmente sa présence militaire au Kosovo pour empêcher les Serbes de cette province de faire sécession en cas de déclaration unilatérale d'indépendance de la part des représentants albanais, et exorte à s'opposer aux positions de Moscou si la Russie dans la foulée reconnaît l'indépendance de l'Abkhazie (hypothèse pourtant exclue par la Russie http://fr.rian.ru/world/20080129/97954887.html). Morton Abramowitz, fondateur de l’International crisis group et surtout éminence grise de l’administration Clinton pendant la guerre du Kosovo auprès de l’UÇK, soutient en ce moment Barak Obama à l'élection présidentielle. Richard Holbrooke, lui, qui fut l'artisan de la politique clintonienne pro-UÇK à Rambouillet en 1999, et qui conseille maintenant Hillary Clinton, expliquait dans Le Monde du 25 janvier : "Notre défi,
c'est assurer un leadership (des Etats-Unis), mais sans hégémonie" (
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2008/01/25/richard-holdbrooke-l-administration-bush-ne-pourra-pas-attaquer-l-iran_1003828_829254.html#ens_id=904503). La nuance sémantique n'est pas énorme... Les électeurs états-uniens n'ont guère le choix qu'entre les auteurs des bombardements contre la Serbie, et les promoteurs de la guerre d'Irak. undefined

La situation actuelle dans les Balkans ne cesse cependant de provoquer des inquiétudes qui s'expriment dans des forums peu médiatisés. Ainsi par exemple l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe le 22 janvier dernier a-t-elle très sérieusement contesté un projet de résolution élaboré par le représentant britannique Lord Russell-Johnston jugé trop favorable au point de vue occidental. A l'occasion des débats de cette assemblée, la représentante du PC tchèque Katerina Konecna a comparé l'enlèvement du Kosovo à la Serbie au démantèlement de la Tchécoslovaquie par les accords de Munich. La délégation d'Azerbaïdjan à cette occasion a dénoncé le risque que la sécession du Kosovo ait des effets désastreux sur un autre conflit "gelé" de l'ère post-soviétique, celui du Nagorny-Karabakh (http://www.kommersant.com/p844517/r_527/PACE_Kosovo_EU/ ).

A l'heure où la marine russe reprend ses patrouilles dans l'Atlantique et en Méditerrannée pour la première fois depuis 1992 (http://fr.rian.ru/defense/20080129/97934362.html), l 'Europe et son allié états-unien avancent chaque jour davantage dans une logique de guerre froide, qui pourrait, en de nombreux points, dégénérer en conflits ouverts.

FD
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7 septembre 2007 5 07 /09 /septembre /2007 21:33

Dans les Balkans les Occidentaux gardent deux objectifs : intégrer la Serbie dans l'OTAN et obtenir l'indépendance du Kosovo.

Pour atteindre le premier objectif, toujours le même élément de chantage : pas d'entrée dans l'Union européenne (UE), sans adhésion préalable à l'OTAN. L'adhésion préalable de la Serbie : c'est-à-dire l'installation de bases américaines sur son territoire, l'obligation pour son gouvernement d'investir de l'argent dans la modernisation de l'armée pour que ce pays pauvre puisse appuyer l'effort de guerre américain en Afghanistan ou ailleurs.

Le haut-fonctionnaire européen catalan Josep Lloveras, ex-éminence de l’Union européenne au Centrafrique (http://www.delcaf.cec.eu.int/fr/quoideneuf/changement_personnel_DCCE.htm) aujourd’hui représentant de l’UE en Serbie, chaud partisan apparemment de la fusion euro-étatsunienne a affirmé cette semaine : “Les intégrations européennes et atlantiques sont des processus cohérents et complémentaires et doivent être perçus comme tels » (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=09&dd=07&nav_category=92&nav_id=43591). Pourtant Belgrade trouve encore un peu la force de résister aux sirènes atlantistes. Le 5 septembre Vuk Jeremić, ministre serbe des affaires étrangères, qui présentait les objectifs du programme du Partenariat pour la Paix à Bruxelles s’est bien gardé de faire figurer l’adhésion à l’OTAN parmi les points de son programme, préférant s’en tenir à une participation active au Partenariat pour la Paix déjà existant « La Serbie ne pourra jamais oublier les événements tragiques de 1999 » a-t-il eu la dignité de dire à ses interlocuteurs de l’OTAN (en 1999 l’OTAN a gratuitement détruit les infrastructures de la Serbie, tué 2 000 civils et diabolisé ce pays sur des bases mensongères devant l’opinion publique mondiale). http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=09&dd=05&nav_category=90&nav_id=43521 

En ce qui concerne l'indépendance du Kosovo, le chantage à l'adhésion européenne ne suffit pas non plus, car il faut aussi convaincre Russes et Chinois au Conseil de Sécurité. O certes, le président Bush comme à son habitude est prêt à reconnaître le Kosovo sans passer par l'ONU. Mais tout de même un Kosovo, reconnu seulement par la moitié des pays de la planète, cela ferait désordre - surtout si d'autres provinces sécessionnistes (la Transnistrie par exemple …) obtiennent la même chose ailleurs...

A Belgrade, on commence à rappeler certaines évidences : que le Kosovo étant une province serbe, si les nationalistes albanais proclament une indépendance unilatérale le 10 décembre comme ils l’ont annoncé, rien ne s'opposera à l'entrée de l'armée serbe dans la province pour y maintenir l'ordre. C'est ce qu'a déclaré le secrétaire d’Etat, Dušan Proroković membre du parti du premier-ministre Koštunica, dans l’International Herald Tribune mercredi 5 septembre, tandis que le ministre des affaires étrangères Vuk Jeremić, membre du parti, plus pro-occidental, du président Tadić, quant à lui, démentait le propos de son subordonné. Malgré le démenti, l'évidence juridique énoncée par Dušan Proroković ne plait guère aux Occidentaux qui entendent tenir en respect la petite Serbie. Tom Casey, le porte parole du Département d’Etat  américain a annoncé son intention de demander à Belgrade des « éclaircissements ». Cristina Gallach, porte-parole du représentant de la diplomatie européenne Javier Solana (ex politicien socialiste espagnol, et ex secrétaire général de l’OTAN qui pilotait le volet politique des bombardements sur la Serbie en 1999), a mis en demeure la Serbie d’éviter le “vocabulaire incendiaire” (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=09&dd=07&nav_category=92&nav_id=43576) – pareille mise en demeure n’a évidemment pas été adressée en des termes semblables aux séparatistes albanais qui ont pourtant été les premiers à agiter la menace d’une action unilatérale.

Le diplomate autrichien Wolfgang Petritsch, qui était émissaire de l’Union européenne à Rambouillet sur le Kosovo, et dont le pays a tant fait pour l’éclatement de la Yougoslavie (cf l’article de Diana Johnstone dans l’Atlas alternatif) a justifié dans Die Presse cette semaine la position européenne en ces termes : depuis 1999 "une thèse internationale s’est développée à propos de la responsabilité de chaque Etat de protéger ses citoyens". Selon lui, « la Serbie a directement enfreint cela au Kosovo dans les années 1990 par l’expulsion systématique de 850 000 Albanais, qui avait été manifestement planifiée » (or en réalité, la thèse de l’expulsion planifiée des Albanais a été démentie dans de nombreux ouvrages, et invalidée devant le Tribunal pénal international – et ce mensonge permet de faire oublier les milliers de Serbes, Roms, et autres membres de minorités persécutés, non protégés par la KFOR et le gouvernement nationaliste albanais depuis 1999), et « quelqu’un à Belgrade devra expliquer ce qu’ils ont à offrir aux deux millions de citoyens de la province, pour l’abandon de la recherche de l’indépendance » (pour mémoire on rappellera cependant que dès le début des années 1990 les nationalistes albanais du Kosovo sont entrés dans un processus de refus des institutions yougoslaves, et de création d’une société parallèle, que Milošević en 1999 a proposé de restaurer l’autonomie en vigueur dans les années 1980, qui avait pourtant généré de nombreux abus, et que le gouvernement néo-libéral qui lui a succédé a continué de soutenir l’idée d’une autonomie élargie).

Petritsch s’est laissé aller à l’expression de regrets devant le fait que l’Occident n’ait pas pu arracher le Kosovo à la Serbie dès 1999, ce qui lui aurait évité de devoir l’enlever à l’actuel gouvernement pro-occidental de Belgrade. Mais il a reconnu, un brin nostalgique, qu’hélas la Russie ne l’aurait pas permis même à l’époque d’Eltsine (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=09&dd=07&nav_category=92&nav_id=43575)

Mais la réécriture de l’histoire ne suffit pas à assurer le consensus au niveau européen sur l’affaire serbe. L’Espagne et la Grèce ne sont toujours pas prêtes à reconnaître l’indépendance du Kosovo comme les presse de le faire Washington. Il est vrai que Madrid ne tient pas à ce que le Kosovo indépendant (ou tout autre pays dans le monde) en retour reconnaisse l’indépendance de la Catalogne… L’aveuglement euro-états-unien après avoir semé le chaos au Proche-Orient va-t-il provoquer à nouveau le désordre au sein même du continent européen ?

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25 juillet 2007 3 25 /07 /juillet /2007 10:54

Une résolution ferme a été adoptée par 217 voix contre 12 dans la nuit du 24 au 25 juillet 2007 par le Parlement de Serbie pour faire face au chantage à la violence des nationalistes albano-kosovars qui menacent de proclamer l'indépendance de leur province avec le soutien unilatéral de certaines puissances occidentales (http://www.b92.net/eng/insight/strategies.php?yyyy=2007&mm=07&nav_id=42611).

La coalition néo-libérale au pouvoir, le Parti radical de Serbie, le Parti socialiste de Serbie et le Parti des Roms ont voté cette motion. Seul le Parti libéral démocrate a voté contre.

La Serbie, qui a fait pourtant toutes les concessions requises par l'Occident pour livrer d'importants officiers militaires, et des dirigeants politiques au Tribunal pénal pénal international, privatiser ses industries et aligner toute sa relecture de l'histoire sur la rhétorique de l'OTAN (intégrant même le Partenariat stratégique avec l'Alliance atlantique) se trouve aujourd'hui le dos au mur, menacée dans son intégrité territoriale.

George W. Bush lors de sa visite en Albanie en juin dernier avait défié la communauté internationale en annonçant que les Etats-Unis reconnaîtraient unilatéralement l'indépendance du Kosovo (une option aujourd'hui artificiellement adoucie sous la forme d'une reconnaissance "coordonnée" de UE et des USA), montrant par là, comme pendant la guerre d'Irak, son mépris pour les Nations-Unies. Cette déclaration est intervenue alors que le Kosovo ne remplit même pas les critères de protection des droits des minorités longtemps avancés comme une condition sine qua non de son indépendance. Des pays comme la Russie, la Chine, mais aussi (et on ne le dit jamais en Occident) des membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU comme l'Afrique du Sud, l'Indonésie, et le Ghana (http://byzantinesacredart.com/blog/2007/04/ahtisaari-proposal-dead.html) se sont clairement opposés à la remise en cause de la souveraineté de la République de Serbie.

Pourtant, le 25 juillet au matin (ce matin), les médias dominants inversaient les rôles, et faisaient croire que c'étaient la petite Serbie, tenue en otage économiquement et politiquement de l'Occident, et son allié moscovite, qui menaçaient le monde. "Belgrade défie une nouvelle fois la communauté internationale sur le Kosovo" titrait Euronews (http://fr.news.yahoo.com/euronews/20070725/twl-belgrade-defie-une-nouvelle-fois-la-115566a_1.html). Les Occidentaux poursuivent ainsi obstinément leur politique constante depuis 1990 de soutien aux séparatismes en ex-Yougoslavie au risque (et parfois dans le but) de provoquer de nouveaux conflits dans les Balkans.

Le Kosovo n'est pas la seule province serbe en cause. Hier le journal albanais Korrieri daily a révélé qu'Ismail Prentić, le leader de l'Armée de Libération du Sandžak (un groupe djihadiste wahhabite basé dans la région de Novi Pazar au sud-ouest de la Serbie - http://www.freerepublic.com/focus/f-news/1820573/posts), tué par les forces spéciales serbes en avril avait sa base arrière au nord de l'Albanie, après s'être réfugié pendant un temps au Kosovo et en Macédoine. Des bombes ont été retrouvées récemment dans sa cachette albanaise (http://www.b92.net/eng/news/in_focus.php?id=119). L'effet domino d'une indépendance du Kosovo dans la région, en Serbie, mais aussi en Macédoine, au Montenegro (où les Albanais peuvent faire sécession), et en Bosnie-Herzégovine (où les Serbes peuvent faire de même) demeure imprévisible.

 

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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 20:38

 

 

 

La dernière série de pourparlers entre représentants serbes et kosovars albanais s’est achevée le 10 mars et, comme prévu, aucun accord n’a été conclu. La « proposition » de résolution du statut du Kosovo de l’émissaire de l’ONU, Martti Ahtisaari, a été acceptée par Pristina, qui y voit le pas décisif vers l’indépendance de la province, et rejetée par Belgrade, refusant l’amputation de 15 % de son territoire.

 

Car, même si son document ne cite pas le mot « indépendance », c’est bien ce qui est offert par Ahtisaari : le Kosovo se verrait octroyer tous les attributs réservés aux Etats souverains : constitution, hymne, drapeau, droit d’adhérer à des organisations internationales, comme l’ONU, et de créer une armée, bien que devant être « légèrement armée ».

 

Jusqu’à présent, le processus s’est passé anicroche, ou presque. Géré sous la responsabilité de l’ONU, occupé par une force sous commandement de l’OTAN (KFOR), le Kosovo n’en était pas moins resté, depuis 1999, une partie intégrante de la Serbie, qui a continué à y déployer des structures administratives dans les régions où subsistent des Serbes et d’autres minorités. Pendant ce temps, la majorité albanaise – de plus en plus écrasante en conséquence d’un implacable nettoyage ethnique – attendait avec une impatience croissante la matérialisation des promesses d’indépendance faites par les leaders occidentaux dans la foulée des bombardements de l’OTAN de 1999.

 

On ne pourra pas reprocher à l’ancien président finlandais d’avoir caché son jeu : déjà, la veille de la première série de « négociations » serbo-albanaises, en février 2006, Ahtisaari avait manifesté toute son impartialité en se prononçant pour l’indépendance du Kosovo dans une interview au Spiegel allemand. Dès lors, ces « négociations » ne pouvaient aboutir au moindre rapprochement entre les parties, la position albanaise – l’indépendance et seulement l’indépendance – étant bétonnée par le « médiateur », lui-même porte-parole des grandes puissances occidentales, tandis que la proposition serbe d’une autonomie maximale n’était jamais prise en compte.

 

Une première version du « plan Ahtisaari » a été rejetée à la mi-février par le parlement serbe, lors de sa session inaugurale, trois semaines après des élections ayant confirmé la polarisation de l’échiquier politique : le Parti radical, nationaliste, est resté le principal parti de Serbie, mais est condamné à l’opposition face à une probable coalition autour du Parti démocrate, pro-occidental, et Parti démocrate serbe du Premier ministre sortant Kostunica. Jusqu’à présent, la question du Kosovo continue de faire l’unanimité de l’essentiel de la classe politique serbe.

 

A Pristina, malgré une violente manifestation de partisans de l’indépendance sans négociation, le leadership albanais kosovar a accueilli favorablement le plan Ahtisaari. Sur le plan international, les membres occidentaux du Groupe de contact[1], l’Union européenne, Washington et l’OTAN ont également exprimé leur satisfaction. Seule la Russie manifeste clairement son opposition, arguant que le nouveau statut du Kosovo doit être accepté par les deux parties, Pristina, mais aussi Belgrade.

 

Légèrement amendée suite à la dernière série de pourparlers entre Belgrade et de Pristina, la proposition d’Ahtisaari vient d’être transmise au Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci pourrait en discuter en avril, sous présidence britannique, et produire une résolution qui consacrerait l’indépendance du Kosovo et donnerait un nouveau mandat à une présence internationale. Cette étape semble indispensable car une précédente résolution du Conseil, la 1244 ayant mis fin aux bombardements de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999[2], avait non seulement placé le Kosovo sous tutelle de l’ONU et de l’OTAN, mais également consacré la souveraineté serbe sur la province.

 

Une indépendance très théorique

 

Telle que prévue, l’indépendance du Kosovo ne changerait pas grand-chose à son statut de protectorat, à court terme du moins. En effet, la tutelle de l’ONU passerait à l’Union européenne et des pouvoirs étendus seraient octroyés à un « Représentant civil international », faisant également office de « Représentant spécial de l’UE » qui, sur le modèle du « Haut représentant » contrôlant la Bosnie-Herzégovine depuis près de douze ans, aurait le droit d’annuler toute décision des autorités du Kosovo et de démettre tout responsable, élu ou non. En Bosnie, les plus hauts responsables serbes et croates ont été victimes des pouvoirs exorbitants de cette sorte de vice-roi balkanique, essentiellement parce qu’ils étaient accusés de freiner les réformes centralisatrices exigées par la « communauté internationale ». Sur le plan militaire, le Kosovo continuerait à être occupé par une force de l’OTAN, comptant actuellement 17.000 hommes et dont aucune réduction du niveau n’est prévue dans un avenir proche. Quant à l’indépendance économique, elle relève de la grande illusion : les industries sont toujours à l’arrêt, les services publics ont été démantelés ou souffrent de graves carences par manque de personnel qualifié, le taux de chômage se situe entre 50 et 70 % et serait encore plus élevé sans les nombreux postes et subsides dépendant de l’ONU et de la multitude d’organisations internationales qui s’activent à « construire un Etat », une grande partie du PIB provient du secteur « informel », y compris la grande criminalité et la contrebande dont les profits ont explosé depuis 1999. En outre, la privatisation des entreprises publiques, menée à la va-vite, a été dénoncée par Belgrade, car ce sont les biens de l’Etat serbe qui ont été vendus ou bradés au bénéfice du privé.

 

Comme pour les autres fragments du puzzle ex-yougoslave, Bosnie et Macédoine en tête, l’indépendance du Kosovo n’aurait que peu en commun avec une pleine souveraineté. Cependant, un pas supplémentaire serait franchi : cette fois-ci, ce n’est plus une entité fédérale qui se séparerait, comme l’a encore fait en mai dernier le Monténégro, permettant paradoxalement à la Serbie d’accéder à une indépendance non demandée. Avec la province du Kosovo, c’est une partie intégrante de la Serbie qui ferait sécession, créant incontestablement un précédent. Les conséquences d’une telle décision sont encore difficiles à mesurer, mais les Serbes de Bosnie, dotés de leur propre entité, ont déjà annoncé qu’ils organiseraient un référendum d’indépendance. Côté albanais, cela encouragerait les mouvements centrifuges en Macédoine (où les relations avec la majorité slave restent tendues), voire au Monténégro ou en Grèce. L’objectif d’une « Grande Albanie » (ou d’un « Grand Kosovo ») est loin d’avoir été abandonné par les milieux nationalistes qui considèrent l’indépendance du Kosovo comme une première étape.

 

Une épidémie sécessionniste ?

 

Ce n’est pas un hasard si, au sein de l’UE, les Etats les plus « compréhensifs » envers la position serbe sont, outre le traditionnel allié grec, la Roumanie, l’Espagne et Chypre, des pays confrontés aux revendications autonomistes de leurs minorités. Mais c’est assurément sur le sol de l’ex-URSS que le précédent kosovar aurait des conséquences les plus immédiates. Depuis plusieurs mois, Moscou argue que la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo pourrait être logiquement suivie de celle d’autres régions connaissant des situations similaires, bien que moins médiatisées, notamment l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud (deux « républiques autonomes » de Géorgie en rébellion depuis plus d’une décennie), la Transnistrie (faisant partie de la Moldavie) et le Nagorny Karabakh (enclave arménienne en Azerbaïdjan). Quant à la Chine, qui devrait s’aligner sur la position russe au Conseil de sécurité, elle s’inquiète que l’exemple soit retenu par Taiwan, ses indépendantistes tibétains, voire ouïgours. Et la liste des candidats qui, en Asie ou en Afrique, se sentiraient encouragés par l’accession à l’indépendance du Kosovo pourrait presque indéfiniment être allongée, d’autant plus que les Etats-Unis, en Irak par exemple, encouragent le dépeçage d’Etats jugés trop grands à leur goût.

 

Reste qu’un tel scénario pourrait buter sur un veto russe au Conseil de sécurité, ou une menace de veto qui ajournerait indéfiniment la résolution consacrant l’indépendance. Le nouveau mandat de l’UE au Kosovo serait remis en question, alors que la mission de l’ONU est pratiquement en train de boucler ses valises. Dans l’état actuel des relations entre Moscou et Washington – le pire depuis vingt ans – et avec la multiplication des déclarations de la diplomatie russe rejetant toute solution n’ayant pas l’aval des deux parties, une telle éventualité ne peut être écartée.

 

On en viendrait alors au « plan B », avec déclaration unilatérale d’indépendance par Pristina, indépendance qui serait immédiatement reconnue par les Etats-Unis et certains de leurs alliés européens. L’UE se retrouverait profondément divisée et renoncerait à gouverner la province. De nouvelles violences viseraient le personnel et les installations de l’ONU et les enclaves des minorités, forçant la KFOR à intervenir contre les foules albanaises, ou à se retirer… Ce « plan B » a déjà été évoqué par divers diplomates états-uniens, dont récemment par Richard Holbrooke, le « peacemaker » bosniaque, qui n’hésite pas à prédire une nouvelle guerre dans les Balkans, dont il rejette bien entendu la responsabilité sur la Serbie et, surtout, la Russie.

 

Une autre approche serait de mettre en cause les promesses d’indépendance faites par les responsables occidentaux aux leaders albano-kosovars, au moins depuis les pourparlers de Rambouillet, qui servirent de prétexte aux bombardements de 1999. Belgrade et Moscou ne font que suivre la logique du droit international, garantissant l’intégrité des Etats. Les Etats-Unis restent, eux et plusieurs de leurs alliés dans l’OTAN, fidèles à une logique d’interventionnisme dans les affaires balkaniques, n’ayant mené qu’à l’exacerbation des conflits causés par l’effondrement de la Yougoslavie socialiste. Et dont la longue liste n’est peut-être pas close…

 

Georges Berghezan

Journaliste, contributeur de l'Atlas alternatif

 



 

[1] Le Groupe de contact réunit les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Russie à propos de certains dossiers concernant l’ex-Yougoslavie.

[2] Rappelons que c’est le même Martti Ahtisaari qui fut alors chargé de transmettre au président Milosevic les conditions mises par l’OTAN pour l’arrêt de ses frappes.

Cet article a été publié dans Alerte OTAN ! n° 25 (mars 2007), du Comité de surveillance OTAN (CSO, Bruxelles, www.csotan.org/

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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 12:08

 

26 février 1992 : quelques semaines après la reconnaissance de l’indépendance de la Slovénie par la Communauté européenne, les autorités de la plus prospère des républiques yougoslaves biffent secrètement les noms de dizaines de milliers d’habitants des registres d’état civil. Ces « effacés » vont bientôt réaliser qu’ils ont perdu des pans entiers de leur existence : emploi, sécurité sociale, retraite, permis de conduire, parfois même leur logement ou leur droit à fréquenter l’école.

 

Le crime qui justifie un tel châtiment ? Ils n’ont pas, à la fin de l’année précédente, demandé la nationalité slovène, par ignorance de la procédure ou par attachement à la fédération yougoslave, dont l’agonie n’en était encore qu’à ses débuts. Précisons aussi que les membres de l’« ethnie slovène » n’ont pas dû faire une telle démarche, pas plus que les membres des minorités italienne et hongroise ou les citoyens étrangers. Etaient donc clairement visés les personnes originaires des autres républiques yougoslaves, les « sudistes », en majorité Roms, Croates, Bosniaques, Serbes et Albanais du Kosovo. En outre, parmi ceux qui avaient demandé la nationalité, certains ont essuyé des refus, notamment des employés et des retraités de l’armée yougoslave, sous prétexte que les requérants auraient pu être des ennemis de l’indépendance. Ce « nettoyage ethnique administratif » fut tellement rondement mené qu’il passa inaperçu dans les médias, alors que les Balkans s’enfonçaient dans une guerre vivifiée et prolongée par les interventions « humanitaires » des grandes puissances.

Le nombre des effacés n’est pas connu avec précision. Le gouvernement de Ljubljana a admis, des années plus tard, un chiffre de 18.305, alors que des associations évaluent leur nombre à plus de 100.000 dans un pays comptant moins de 2 millions d’habitants. La plupart d’entre eux étaient nés ou vivaient depuis de nombreuses années en Slovénie, république où tout Yougoslave était libre de s’établir et de travailler. Aussi, malgré leur disparition administrative, nombreux furent ceux qui choisirent de rester envers et contre tout, ayant perdu toute attache dans leur république d’origine (ou celle de leurs parents), que guerre ou blocus économique avaient en outre rendue peu habitable.

A partir de 1999, alors que la Slovénie s’efforçait de remplir le « cahier des charges » du bon candidat à l’Union européenne, la Cour constitutionnelle a imposé des amendements aux lois utilisées pour supprimer administrativement une partie de la population. Ainsi, à trois reprises, entre 1999 et 2004, des arrêts de la Cour ont entraîné des changements législatifs permettant à chaque fois à quelques milliers d’effacés d’obtenir la nationalité slovène ou, au moins, un permis de séjour. Bien que le gouvernement ait interprété de la manière la plus restrictive possible les exigences de la Cour – s’en tenant au principe du « cas par cas » et en réclamant la preuve d’une résidence ininterrompue dans le pays depuis l’indépendance -, l’opposition de droite s’est déchaînée contre ces « hors-la-loi » et ces « traîtres » qui osaient réclamer le droit de vivre sur ce que les dépliants touristiques décrivent comme le « versant ensoleillé des Alpes ». Le principal argument avancé était que les demandes de compensation des « régularisés » ruineraient la Slovénie. L’opposition (actuellement au gouvernement) a même organisé en avril 2004 un référendum : 95 % des votants se sont déclarés hostiles à la dernière loi adoptée par le parlement. Mais le taux de participation a été plutôt faible : 31 %.

Quinze ans plus tard, seule une partie des effacés a réussi à régulariser sa situation, mais aucun n’a touché la moindre compensation, malgré des années de privation de travail, de retraites, de scolarité, et en corollaire un plongeon dans la plus noire des misères. Des milliers d’autres ont quitté la Slovénie, sont revenus dans leur république d’origine ou partis au-delà. Certains ont été déportés ou ont été refoulés à la frontière après un séjour à l’étranger. D’autres, encore, sont tout simplement décédés, un phénomène amplifié par le stress et le déni de soins médicaux. Détail sordide : morts, les effacés n’ont pas le droit d’être inhumés dans la terre slovène, juste celui d’être incinérés…

Enfin, plusieurs milliers de personnes continuent à vivre « sans papiers », espérant qu’une hypothétique loi restitue à tous ceux qui résidaient dans le pays lors de l’indépendance le droit de continuer à y séjourner. Mais, depuis 2004, les régularisations se font au compte-gouttes et aucun nouveau projet de loi n’est à l’horizon. Et les déportations n’ont pas cessé. Le cas de la famille Berisha, un couple de Roms nés au Kosovo et leurs cinq enfants, l’a récemment montré. Effacé en 1992, le mari avait déjà été déporté l’année suivante, vers… l’Albanie, qui l’avait renvoyé en Slovénie. Il a ensuite tenté sa chance en Allemagne, où il a rencontré son épouse. Leur demande d’asile ayant été finalement rejetée, ils ont été menacés d’expulsion vers… le Kosovo, où les Roms sont un des peuples les plus persécutés depuis que la province serbe est sous contrôle OTAN et ONU. Ils sont alors revenus en Slovénie, vivant dans un centre d’accueil de Ljubljana, pour être finalement déportés vers l’Allemagne ce 1er février.

Annexée au cours des siècles par l’Italie, l’Autriche et la Hongrie, la Slovénie peine à consolider son identité. Ce n’est que durant la Yougoslavie royaliste de l’entre-deux-guerres que l’enseignement du slovène y a été autorisé. Malgré un développement économique favorisé par les investissements fédéraux et les matières premières bon marché des autres républiques yougoslaves, l’élite communiste slovène a enfourché le cheval sécessionniste, mettant en avant les transferts financiers bénéficiant aux républiques moins développées, à ces « paresseux du sud ». Convertie au néolibéralisme, cette élite a ainsi distillé dans la population un nationalisme étroit et égoïste, imprégné de xénophobie. Avec le miroir aux alouettes européen en point de mire, le rejet de la Fédération socialiste a presque naturellement entraîné celui des « sudistes », symbolisant un héritage que certains préfèrent oublier.

Georges Berghezan

 

 

 

 

 

 Journaliste, contributeur de l'Atlas alternatif 

 

Un crime qui ne sera jamais jugé à La Haye

Lors de son accession à l’indépendance, la Slovénie a été agitée par une courte guerre entre l’armée yougoslave, déployée aux frontières internationales de la fédération, et des policiers et paramilitaires aux ordres des autorités sécessionnistes. Lors d’un de ces affrontements, le 28 juin 1991, un cameraman de la chaîne autrichienne ORF a filmé ce qui paraît être l’exécution de trois jeunes conscrits yougoslaves qui déployaient un drap blanc en signe de reddition. Selon les Conventions de Genève, abattre des prisonniers relève du crime de guerre et cet épisode, au poste de Holmec, à la frontière autrichienne, serait dès lors le tout premier cas de crime de guerre enregistré lors du démantèlement sanglant de la Yougoslavie qui s’étendra tout au long des années ’90.

Il fallut attendre près de huit ans pour que la séquence vidéo soit diffusée par la télévision slovène. Une enquête sera expédiée, concluant à l’inexistence de tout crime qui aurait pu ternir la guerre d’indépendance : les soldats auraient simulé leur exécution. L’affaire aurait été définitivement enterrée si une ONG slovène de défense des droits humains, le Helsinki Monitor (HMS), et sa présidente, Neva Miklavcic Predan, ne s’en étaient emparées et n’avaient entamé elles-mêmes leur propre enquête. Ainsi, avec l’aide de la presse et d’ONG d’autres républiques ex-yougoslaves, le HMS réussit à identifier des survivants de la fusillade et des proches des victimes, un Croate d’Herzégovine et deux Serbes de Vojvodine.

Craignant que leur mythe fondateur –  la glorieuse guerre de libération de 1991 – ne soit entaché de pratiques hélas communes à toutes les guerres, les autorités slovènes ont réagi avec hargne à la quête du HMS pour que les auteurs du crime – toujours non identifiés – aient à répondre de leurs actes. Les attaques dans la presse, les procès, les saisies, les menaces et même les agressions physiques se sont multipliées après que Miklavcic Predan ait accusé l’ancien président Kucan d’avoir menti lors de son témoignage à La Haye en 2003 contre son homologue serbe, Slobodan Milosevic, qui avait évoqué les exécutions de Holmec.

Actuellement, la présidente du HMS fait l’objet de quatre procès, accusée de diffamation ou de corruption, dans des affaires concernant Holmec ou les « effacés », un autre centre d’activité de l’association. Après qu’elle ait été acquittée en première instance dans l’une d’entre elles, le Premier ministre Janez Jansa a, en juin dernier, exigé que « les organes d’état prennent des mesures à l’encontre de ses mensonges absurdes et pathologiques ». Deux semaines plus tard, le procureur faisait appel. En matière de séparation des pouvoirs, le « modèle slovène » laisse percevoir certaines failles…

 

 

 

 

NB : Cet article vient d'être publié dans le journal La lettre de Bastille-République-Nation (BRN) http://lereseaubrn.free.fr/ / amisbrn@yahoo.fr,  

 

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 11:14

- Serbie

Comme la Serbie passionne moins les foules qu'en 1999-2000, le ton des médias, quoiqu'hostile à ce pays, est demeuré plus sobre. Au cours des derniers jours de la campagne électorale,  le journaliste du Monde Christophe Châtelot, toujours allergique à toute forme de patriotisme serbe (il l'a montré dans divers articles), s'est certes efforcé de peindre un tableau sombre de ce pays : "La Serbie, elle, patauge. Son taux de croissance (5,5 % en moyenne depuis 2000) n'absorbe pas un taux de chômage de 31 %. Elle est isolée politiquement sur la scène internationale en raison, notamment, du manque d'empressement du gouvernement serbe à collaborer avec le TPIY"  écrivait-il dans l'édition du 21 janvier 2007 (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-857593@51-857710,0.html) - constat pourtant souvent démenti par l'appellation "Balkan Tiger" souvent appliquée à ce pays (http://en.wikipedia.org/wiki/Serbia) et le constat du journal Libération du 22 janvier  :  "Le taux de croissance est l'un des plus élevés de la région (environ 6 %), l'inflation a été stoppée, le dinar relevé par rapport à l'euro et le salaire moyen tourne autour de 250 à 300 euros" (Helene Despic Popovic http://www.liberation.fr/actualite/monde/230065.FR.php). Mais les attaques ne sont guère allées plus loin.

Dimanche, la progression d'un point des radicaux aux élections législatives (28 %) a permis à Reuters de faire un titre à sensation sur la victoire des "ultra-nationalistes" et permis au représentant de la diplomatie européenne et ex-secrétaire général de l'OTAN Javier Solana de frapper du point sur la table en déclarant : "I hope very much there will be a speedy formation of a speedy government that will be in line with the European Union" (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=01&dd=22&nav_category=90&nav_id=39190) c'est à dire un gouvernement sans alliance avec les radicaux. Mais dans l'ensemble on reste en deçà de la grande haine des années 90.

Le parti-pris anti-serbe de nos médias a refait surtout surface vendredi quand il est apparu que le mot "indépendance" ne figurerait pas dans le rapport du procurateur de l'ONU au Kosovo Martti Ahtisaari . Il s'agirait plutôt en effet d'une large autonomie qui permettrait à cette province de siéger à l'ONU mais exclurait qu'elle puisse avoir une armée, maintiendrait une tutelle occidentale institutionnalisée, comme en Bosnie et en Macédoine ,et autoriserait une autonomie des zones serbes, en matière policière notamment (une façon de reconnaître que le gouvernement albanais ne pourrait ou ne voudrait pas protéger cette minorité). Ce compromis, destiné notamment à obtenir le vote de la Russie à l'ONU a ressuscité les ardeurs guerrières de nos medias. Bruno Cadet au journal de France Culture de 18 h vendredi (26 janvier) rappelait que la Russie avait soutenu le "projet de Grande Serbie que Milosevic voulait réaliser dans le sang" dans les années 1990 (en fait, comme l'a montré Diana Johnstone, le gouvernement de Belgrade a surtout cherché à défendre une "petite Yougoslavie" et non à promouvoir une "Grande Serbie" cf sur ce point l'article de D.Johnstone dans l'Atlas alternatif et son livre La Croisade des Fous). Libération, dans un langage codé mais très clair, en présentant la Russie comme la "protectrice panslave de la Serbie" accuse Moscou à demi-mots de cultiver l'idéal impérial ethniciste du XIX ème siècle (sans se demander si la Russie ne se défend pas tout simplement contre l'ingérence de l'OTAN à ses frontières, et ne défend pas une vision plus équilibrée des rapports interculturels que les pouvoirs occidentaux). Le journal reproche au passage à Moscou de retarder la décision finale sur le Kosovo qu'elle oppose à l'impatience des Albanais (http://www.liberation.fr/actualite/monde/231321.FR.php) décrite en longueur dans ses colonnes depuis plusieurs années. La défense du sécessionnisme albanais contre le droit de la République de Serbie à conserver son intégrité est une constante dans la grande presse occidentale depuis plusieurs années, et les conséquences de ce choix sur la pérennité des frontières des autres pays d'Europe de l'Est (Roumanie, Macédoine, Monténégro, Bulgarie etc) ne sont pratiquement pas débattues.

La Serbie pour sa part s'est engagée dans une bataille procédurale à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour amender un projet de résolution favorable à l'indépendance. Elle ne peut guère compter que sur le soutien de la Roumanie, de la Grèce et de la Russie (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2007&mm=01&dd=24&nav_category=92&nav_id=39235).

 

- Macédoine

Le 16 avril va commencer au Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie (tribunal ad hoc instauré par les puissances occidentales et financé par elles) le premier procès concernant la Macédoine. Ljube Boskoski, ex ministre de l'intérieur, et Johan Tarculovski, son garde du corps, seront jugés pour une attaque des forces spéciales de police contre le village albanais de Ljuboten près de Skopje survenue le 12 August 2001 et qui avait entrainé la mort de sept personnes, l'incendie de quatorze maisons et des arrestations massives. Cette opération policière musclée dans le contexte de guerre civile ressemblait à celles de la police serbe au Kosovo dans les années 1990. Elle avait fait suite à une attaque contre les forces de polices macédoniennes avec des mines anti-char (http://www.b92.net/eng/news/globe-article.php?yyyy=2007&mm=01&dd=21&nav_category=123&nav_id=39179)

Dans cette affaire on accuse à nouveau le Tribunal pro-occidental de faire preuve de complaisance à l'égard des nationalistes albanais. C'est le ministre de l'intérieur (slave) qui est inculpé tandis que Ali Ahmeti fondateur de la première Armée de libération du Kosovo (UCK) albanaise en Serbie,et de la seconde qui provoqua la guerre civile en Macédoine, considéré comme l'auteur de crimes de guerres, chef de trafics divers clandestins (http://www.humanite.presse.fr/popup_print.php3?id_article=39109 ) jouit tranquillement de ses prérogatives de député de l'Union démocratique pour l'intégration (UID), tout comme son homologue albano-kosovar ex-commandant de l'UCK Agim Ceku reste solidement cramponné à son fauteuil de premier ministre à Pristina, sans être inquiété par le TPI, malgré les massacres de civils commis par l'UCK.

 

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