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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 07:43
balkans.jpgL'impérialisme des structures capitalistes occidentales s'exerce au sein de l'Union européenne sur les peuples qui pourtant à d'autres égards en tirent profit. Tel est le cas des Grecs en ce début d'année.

La Grèce a fait l'objet d'une offensive spéculative au début du mois de février. Certains hedge funds américains ont tenté de gagner beaucoup d'argent en pariant sur une explosion du prix des "credit default swap" (CDS)  grecs, jouant ouvertement sur la faillite de la Grèce. Le CDS du pays a bondi de 120 points de base en octobre à 419 le mardi 9 février. Ce qui signifiait que le marché évaluait à 29 % la probabilité que la Grèce fasse défaut dans les cinq ans à venir, selon la banque Natixis.

A titre de comparaison
, avec des finances publiques pourtant dégradées, le Roumanie affichait un CDS de "seulement" 265. Alors pourtant que son déficit public pour 2009 s'élevait à 12,7% du PIB (moins que la Grande-Bretagne et de l'Italie, et assez proche de celui de l'Espagne) les marchés financiers se sont polarisés sur ce pays, faute de confiance dans la capacité du nouveau gouvernement à redresser la situation économique du pays.

Réunis le 11 février à Bruxelles pour un sommet extraordinaire, les Vingt-sept membres de l'Union européenne craignant un risque de contagion à toute la zone commençait à inquiéter sérieusement les diplomates de tous bords, ont imposé à la Grèce une série de mesures d'austérité, analysée par les commentateurs comme une mise sous tutelle pure et simple, en attendant que ses finances se rétablissent. Chaque mois, Athènes devra d’ailleurs rendre compte à la Commission européenne, a confirmé le président français Nicolas Sarkozy.

Sur ordre de l'Union européenne, le ministre socialiste des finances a annoncé une batterie de mesures qui devrait aussi permettre d'économiser quelque 350 millions d'euros :  gel des salaires des fonctionnaires et des députés, octroi d'allocations exceptionnelles, entre 300 et 500, aux salariés qui perçoivent moins de 1700 euros, ainsi qu'aux retraités dont la pension est en deçà de 1100 euros ; prélèvement allant de 1000 à 3000 euros sur les hauts revenus situés dans une fourchette de 6000 à 150 000 euros.

Le blog eurocritique "La lettre volée" mentionne l'analyse qu'en fait une contribution de Marshall Auerback, spécialiste des marchés financiers sur le site New Deal 2.0 du Franklin and Eleanor Roosevelt Institute (qui compte le prix nobel Joseph Stiglitz parmi ses meilleures plimes). Sous le titre Greece signs its national suicide pact, son billet compare le soulagement de la Grèce après le "plan de secours" européen à celui d'un passant qui voit s'éloigner le braqueur qui vient de lui soutirer son portefeuille un revolver à la main. Non pas que l'Union européenne ait volé de l'argent à la Grèce, mais bien qu'elle lui a imposé un plan de règlement absurde ("the insanity of self-imposed constraints will be manifest to all soon enough").


De fait, pour Auerback, la Grèce vient de devenir une colonie franco-allemande, puisque ces deux pays ont tenu la plume du plan de règlement.

 

L'auteur renvoie à un autre billet, émanant d'un économiste australien qui a publié un ouvrage sur la politique économique européenne, le soin de mettre en pièces les règles absurdes du pacte de stabilité, cadre de la politique budgétaire européenne (It is often said that the European economies are sclerotic, which is usually taken to mean that their labour markets are overly protected and their welfare systems are overly generous. However,the real European sclerosis is found in the inflexible macroeconomic policy regime that the Euro countries have chosen to contrive). 

 

Donc, il est demandé à la Grèce de réduire de 4% son déficit public en 2010. Auerback écrit  : "c'est le genre de mesure qu'aucun pays souverain n'accepterait, mais la Grèce, comme le reste des pays membres de la zone euro, a délibérément choisi de s'asservir [enslave itself] à un paquet de règles sans aucun fondement théorique".

 

La Grèce n'ayant plus de politique budgétaire (sinon très fortement restrictive), ni de politique de change, ni de politique monétaire, va devoir comprimer ses salaires et écraser sa demande intérieure. Auerback : "c'est la recette pour un suicide national".

 

Conclusion de l'auteur : "le rejet arrogant de la part des technocrates européens de prendre en compte les inquiétudes de ceux qui se sentent menacés par l'engouement soudain pour une union politique et monétaire sans cesse plus étroite, sans aucun contrôle démocratique, ouvre la place à des politiciens populistes à la Jean-Marie le Pen, ainsi qu'à la montée des partis extrémistes dans toute l'Union européenne."

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