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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 18:03
La Moldavie était jusqu'ici avec Kaliningrad (qui appartient à la Russie) et la Serbie (toujours retenue aux portes de l'UE et qui a signé récemment un accord gazier avec Moscou) une des trois enclaves sur lesquelles la Russie pouvait jouer pour faire pression sur les Occidentaux en Europe. C'est aussi la plus fragile : c'est un petit pays pauvre, rural, à l'identité culturelle peu marquée (les russophones y sont nombreux, même hors de Transnistrie, et la langue roumaine n'y est pas très "académique").

Le président communiste Voronine (au pouvoir depuis 2001) après avoir pendant un temps joué la carte de l'adhésion à l'Union européenne s'était rapproché de Moscou, renonçant à la perspective d'un rattachement avec la Roumanie, voulu par les nationalistes de ce pays. Mais ce rêve du rattachement (qui a provoqué la sécession de la Transnistrie en 1991, aujourd'hui en passe de se réconcilier avec Voronine), un rêve qui mêle l'aspiration à rejoindre l'Union européenne à de vieux relents russophobes (dont les effets les pires se manifestèrent dans les années 1940), est loin d'être épuisé, à Chisinau comme à Bucarest, d'autant que beaucoup de Moldaves depuis 2002 ont acquis la double nationalité moldave-roumaine, tolérée par le gouvernement (notamment pour faciliter les perspectives de migration vers l'Union européenne).

Dimanche dernier à l'issue de la victoire du parti communiste (au pouvoir) au terme d'élections jugées régulières par l'OSCE. A l'annonce des résultats, des manifestants protestant contre la victoire du Parti communiste aux législatives de dimanche avaient pénétré en force dans les bureaux de la présidence et dans l'enceinte du Parlement. D'emblée l'idée qu'il pouvait s'agir d'une "révolution colorée" manipulée de l'extérieur, comme en Ukraine ou en Géorgie, est venue à l'esprit des observateurs. Un député russe, Vladimir Pekhtine, a proposé de l'appeler la "révolution des lilas". Reuters hier témoignait de l'arrivée massive par bus entiers de gens de Roumanie pour soutenir les manifestations à Chisinau, une façon d'organiser des manifestations "spontanées" comme on en vit déjà à Belgrade, à Kiev, à Tbilissi.

Le président moldave Vladimir Voronine a accusé la Roumanie d'être impliquée dans les violentes émeutes. Il a expulsé l'ambassadeur de Roumanie, et approuvé dans la foulée l'introduction d'un régime de visas avec la Roumanie (la Roumanie a introduit un régime de visas pour les Moldaves après son adhésion à Union européenne en 2007).  Il a déclaré aujourd'hui que les "sponsors des troubles" de Chisinau avaient quitté le pays et que 118 organisateurs des violences avaient été arrêtés tout en évitant de réprimer violemment les collégiens et lycéens mobilisés par les opposants. Les médias atlantistes français, à commencer par Le Monde, donnent la parole ce soir aux partisans des insurgés. La BBC qui rapporte les propos du responsable de son service Russie Mark Grigoryan estime toutefois que le PC moldave bénéficie du soutien populaire et que les émeutiers ont peu de chances d'obtenir gain de cause.

FD
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