proche-orient
La main tendue de l'Iran aux Etats-Unis
"Je propose comme un point de départ ... J'invite tous les Etats ... à entreprendre un nouvel effort pour conduire le monde dans cette direction ... nous devrions commencer à penser à une coalition pour la paix partout dans le monde à la place des coalitions inefficaces pour la guerre. " a déclaré le Président de la République islamique d'Iran, Hassan Rohani le 24 septembre (une expression qui avait déjà été employée par l'Iran et le Zimbabwe en 2007). En réponse le président américain Obama a reconnu la fatwa de l'ayatollah Khamenei contre les armes nucléaires, appelé au "respect mutuel" plutôt qu'au "changement de régime" et admis le rôle de Washington dans le renversement du gouvernement démocratiquement élu en Iran en 1953.
Comme le note Trita Parsi du National Iranian American Council, "Presque personne dans le gouvernement américain ne s'attendait à ce que les élections iraniennes changeraient les choses - et certainement pas en votant pour les pragmatiques iraniens, qui avaient été relégués aux marges de la politique iranienne au cours des huit dernières années." Pourtant, selon lui, ce changement n'est pas dû aux sanctions économiques, comme le pensent les "faucons" du Pentagone, mais a été préparé de longue date par Rohani, et par son ministre des affaires étrangères Javad Zarif qui avait aidé les Etats-Unis en Afghanistan en 2001.
Mais il n'est pas sûr que Washington acceptera jusqu'au bout la main tendue par le nouveau président iranien (qui a aussi appelé Israël à rejoindre le traité de non-prolifération nucléaire) du fait de l'intransigeance persistante d'Israël. Ce matin le ministre de la défense israélen Gilad Erdan, comme le premier ministre Netanyahu plus tôt dans la semaine, qui avait parlé d' "écran de fumée", a appelé les Etats-Unis à ne pas se laisser "distraire" par les ouvertures du président Rohani et a annoncé que son premier ministre présentera mardi à l'assemblée générale de l'ONU des éléments recueillis par le Mossad sur le programme nucléaire iranien. De même le gouvernement israélien a jugé insuffisante la condamnation de l'Holocauste par H. Rohani mardi sur CNN.
F. Delorca
Le dossier syrien au lendemain des résultats de l'inspection de l'ONU
Après le vote défavorable à l'ingérence militaire de la chambre des communes, et le retrait du Royaume-Uni de la coalition belliciste, le président étasunien Barack Obama a décidé de consulter le Congrès avant toute intervention en Syrie (une première dans l'histoire du pays depuis quinze ans), laissant François Hollande et Laurent Fabius seuls dans leur entêtement à faire la guerre au gouvernement syrien en représaille à l'utilisation d'armes chimiques aux vergers de la Ghouta près de Damas.
Alors que, malgré les imprécations du secrétaire d'Etat John Kerry, le soutien du Congrès était loin d'être acquis, une initiative du président russe Vladimir Poutine au lendemain du G8 tendant au transfert des armes chimiques de la Syrie en Russie (sans exiger le démantèlement des armes chimiques et nucléaires israéliennes auxquelles l'arsenal syrien était censé faire contrepoids) a profondément modifié la donne, et l'accord à Genève entre John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov sur les modalités de la destruction des armes et la reprise du processus politique a semblé consacrer une nouvelle orientation des grandes puissances sur le dossier syrien. Toutefois les Etats-Unis continuent de soutenir les rebelles, et la France le jour même de l'annonce du président Poutine a tenu à introduire au conseil de sécurité de l'ONU une résolution plaçant le transfert des armes chimiques syriennes dans le cadre d'une condamnation explicite du régime de Bachar El-Assad et sous le menace persistante d'une action militaire dans le cadre du chapitre VII de la charte des Nations-Unies. Elle comptait notamment sur les résultats de l'inspection de l'ONU pour appuyer une condamnation du gouvernement légal.
Selon Le Monde du 16 septembre, trois arguments dans le rapport des inspecteurs (qui n'avaient pas pour mission de désigner des coupables) plaident dans le sens de la thèse de la France : la quantité de gaz sarin utilisée, l'utilisation de missiles sol-sol et le fait que le tir provenait de la zone sud-est contrôlée parles forces gouvernementales.
En face les adversaires de la guerre estiment que le massacre de la Ghouta peut avoir résulté d'une opération sous faux drapeau et rappellent que d'importants massacres de civils ont été commis parles rebelles en août et début septembre à Lattaquié et Maksar al Hessan près de Homs. Ils font valoir les images de tirs de missiles suspects depuis la zone rebelle de Douma détectés par un satellite russe et remis à l'ONU,l'article du journaliste jordanien Yahya Ababneh citant trois rebelles de la Ghouta qui parlent d'erreurs de manipulation de produits non identifiés, article relayé par la journaliste d'Associated Press Dale Gavlak pour l'agence américaine Mint Press, les innombrables menaces d'attaques chimiques lancées via Youtube par des groupes djihadistes parmi lesquels la Brigade de l'Odeur destructrice (Katibat Rih al Sarsar), les vidéos publiées par des groupes rebelles sur Youtube montrant leurs stocks de produits chimiques fabriqués par Tekkim, une usine turque basée à Gaziantep, les produits chimiques saisis par la police turque le 28 mai 2013 à Adana chez le terroriste syrien Haytham Qassap dans une safe house appartenant aux groupes djihadistes Al Nosra et Ahrar al Cham, le précédent du massacre chimique de Khan al Assal près d'Alep documenté par la journaliste russe Anastasia Popova, les vidéos dans lesquelles des rebelles évoquent leur utilisation de « gaz de combat », les aveux de Nadim Baloush, commandant d'un bataillon du Front al Nosra, la puissance de feu et la coordination opérationnelle sans cesse plus performantes de la rébellion syrienne grâce à l'aide militaire saoudienne, les doutes sur les images de l'attaque chimique diffusées par les médias de la rébellion émis par Stephen Johnson, expert en armes chimique de l'Institut de médecine légale de Cranfield.Domenico Quirico et Pierre Piccinin, otages des forces rebelles auxquelles ils étaient pourtant favorables, affirment avoir été témoins le 30 août dans la caserne de Bab-Alaouad tenue par l'Armée syrienne libre et le mouvement Al Farouk d'une conversation disculpant le régime syrien dans cette affaire. En outre selon des écoutes de l'armée allemande révélées par "Bild am Sonntag" du dimanche 8 septembre, Bachar al-Assad n'a vraisemblablement pas approuvé personnellement l'attaque chimique du 21 août. De hauts gradés de l'armée syrienne "réclament régulièrement depuis environ quatre mois des attaques chimiques au palais présidentiel à Damas (mais) ces demandes ont été toujours refusées, et l'attaque du 21 août n'a vraisemblablement pas été approuvée personnellement par Bachar al-Assad".
Sur le terrain, les forces gouvernementales semblent continuer de progresser. Elle aurait notamment repris la majeure partie du village chrétiende Maaloua où les djihadistes (nombreux parmi les rebelles) avaient persécuté la population civile à la fin du mois d'août.
F. Delorca
Projet de bombardement de la Syrie
Tirant prétexte d'une utilisation alléguée d'armes chimiques dans la banlieue de Damas le 21 août qui aurait fait des milliers de victimes civiles, les interventionnistes occidentaux, avant même qu'une enquête de l'ONU n'ait pu aboutir, ont planifié une campagne de bombardement illégale sans l'aval du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur le même principe (mépris pour la légalité internationale lorsqu'elle s'oppose aux intérêts occidentaux) que l'opération de l'OTAN en République fédérale de Yougoslavie en 1999, et que l'invasion de l'Irak par la coalition anglo-américaine en 2003.
Depuis hier des forces britanniques sont massées sur la base chypriote d'Akrotiri, tandis que quatre destroyers étatsuniens sont en route vers la Syrie.
La cible pourrait être selon les experts militaires, la 4ème division blindée (à composante fortement alaouite) basée au Sud Est de Damas et dirigée par le frère de Bachar El-Assad, Mahr El-Assad, ainsi que la garde républicaine (The Guardian). Compte tenu de l'existence de missiles de défense anti-aérienne russe en Syrie, le bombardement pourrait durer plusieurs jours et nécessiter l'utilisation de chasseurs furtifs par vagues, susceptibles de causer des dommages importants dans la population civile (et parmi les conseillers militaires russes, ce qui pourrait accroître encore les tensions avec Moscou) tout en renforçant le prestige de Bachar Al-Assad dans son nouveau rôle de leader "anti-impérialiste" (selon lestermes du Guardian). Pour cette raison selon le Washington Post du 26 août, l'administration Obama voudrait limiter son action à deux jours de frappe, au risque que l'opposition armée trouve cela insuffisant et inefficace.
Selon l'hebdomadaire allemand 'Focus' du 26/08/13 c'est l'unité de renseignement israélienne 8200 qui aurait mis sur écoute l'armée syrienne et établi le lien entre les armes chimiques et l'armée de Bachar El-Assad. Une délégation israélienne est arrivée à Washington le 26 août composée du directeur du personnel politique et de la sécurité du ministère de la Défense, du ministre Amos Gilad, du général Nimrod Shefer directeur de la planification et du général de brigade Ital Brun, dans le but de discuter de ces informations et orienter Obama sur la voie de l'intervention militaire. Le lobbying au congrès des protégés du prince Bandar Ben Sultan Al-Saoud, chef des services secrets d'Arabie Saoudite (qui a rencontré Poutine le 31 juillet à Moscou) - l'ambassadeur saoudien Adel A. al-Jubeir et l'ambassadrice du Bahrein, Houda Ezra Nonoo Ebrahimis, en lien avec le lobby pro-israélien AIPAC - auraient pour leur part contribué à rallier des élus à l'idée d'une guerre "chirurgicale" au delà du cercle habituel des néo-conservateurs (autour du sénateur républicain Mc Cain). Ce lobby risque de pousser dans le sens d'une guerre prolongée jusqu'au changement de régime, et au prolongement par une attaque contre l'Iran, tandis que le secrétaire à la Défense Chuck Hagel et le président du Joint Chiefs of Staff Martin Dempsey ont pour leur part fait connaître leurs réticences.
F. Delorca
Egypte : Massacres avec l'appui étatsunien et saoudien
Mercredi dernier, Le Caire a été le théâtre de violents affrontements: les forces de l'ordre ont dispersé deux campements partisans du président égyptien déchu Mohamed Morsi. Le dernier bilan de la répression gouvernementale s'élèverait à plus de 600 morts et 4 000 blessés. Certains parlent déjà d'un Tiananmen égyptien. Les manifestations se sont poursuivies ce 16 août dans le cadre d'un "vendredi de la colère". Des dizaines de partisans des Frères musulmans ont été tués.
Les Etats-Unis ont officiellement condamné les violences mais le président Obama a précisé que l'aide militaire à l'Egypte ne serait pas remise en cause. Le roi Abdallah d'Arabie saoudite qui a abondamment financé le nouveau régime militaire soutient ouvertement la répression. ll a déclaré vendredi, dans un message à la télévision, son ferme appui aux autorités égyptiennes dans leur lutte contre le "terrorisme" (Ria). Les Emirats arabes unis et le Bahrein (qui a lui même réprimé violemment sa population avec le soutien occidental) se sont aussi exprimés dans ce sens.
L'Egypte a annulé ses manœuvres navales avec la Turquie, prévues pour octobre prochain, en signe de protestation contre l'"ingérence flagrante" d'Ankara dans les affaires intérieures du pays, ont annoncé vendredi les médias internationaux (Ria).Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait précédemment appelé à convoquer d'urgence une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU à la suite des massacres du Caire. A Khartoum, Alger, Jérusalem, Aman, et au Maroc quelques centaines de manifestants se sont réunis en solidarité avec les Frères musulmans égyptiens en scandant des slogans hostiles au général Al-Sissi accusé d'être un instrument des Etats-Unis et d'Israël. Le Qatar,et la Tunisie ont quant à eux condamné la violence du pouvoir égyptien.Le Venezuela a rappelé son ambassadeur pour dénoncer les massacres.
La logique de guerre civile qui s'installe en Egypte menace le pays de chaos et nuit entre autre à la minorité copte. Selon l’ONG Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), depuis le mercredi 14 août, au moins 25 églises ont été incendiées et des attaques ont visé de nombreuses écoles, maisons et échoppes coptes dans 10 des 27 provinces d’Égypte (Apic).
F. Delorca
Reflux de la politique du Qatar dans le monde arabe
Ce week-end, un vol de Qatar Airways de Doha (Qatar) à Tripoli (Libye) a dû être détourné vers Alexandrie (Egypte) et revenir à Doha. Des hommes armés ont saisi la tour de contrôle à l'aéroport de Mitiga, dont les pistes ont ensuite été fermées à ce vol quotidien de Doha. La veille, des hommes armés sont entrés dans le bureau de Qatar Airways à l'aéroport et ont menacé de faire ce qu'ils ont fait le lendemain. Ils ont également déclaré qu'ils prévoyaient de d'expulser Qatar Airways du centre-ville de Tripoli. À la mi-Juin, Qatar Airways avait suspendu les vols à l'aéroport Benina de Benghazi lorsque des hommes armés de la milice Ezzedine al-Waqwaq avaient mené une opération contre elle (Vijay Prashad).
En Tunisie Ennahda qui gouverne le pays, financée par le Qatar, fait face à des manifestations populaires hostiles après l'assassinat de deux dirigeants de gauche (Chokri Belaid et Mohamed Brahmi). En Egypte, Mohammed Morsi des Frères musulmans a été évincé par l'armée et par une coaliion politique qui comprenait le parti soutenu par les Saoudiens Al-Nour. Le 4 août, le Ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khalid al-Attiyah a été envoyé au Caire pour rencontrer Khairat el-Shatar des frères musulmans à la prison de Tora. Celui-ci a refusé de le voir (ainsi que les représentants des États-Unis et des Emirats arabes unis). Le blocage du ministre dans une salle d'attente au Caire est un symbole de la paralysie de la politique étrangère du Qatar. Si bien que le nouvel émir Tamim Ben Hamad Al-Thani, a dû accepter pour sa première visite à l'étranger le 2 août de rencontrer à la Mecque son rival saoudien Abdallah et le prince Salmane, une reconnaissance de la prééminence de Ryad sur Doha dans le nouveau jeu proche-oriental.
L'establishment étatsunien divisé sur le bombardement de la Syrie
Comme à l'époque de George W. Bush sur l'Iran, les responsables civils de l'administration Obama sont plus enthousiastes à l'idée de bombarder la Syrie que les responsables militaires. Alors que le secrétaire d'Etat démocrate John Kerry qui propose de bombarder l'armée de Bachar al-Assad et me général Martin Dempsey, président du Comité des chefs d'état-major des forces armées, penche pour la non-intervention et souligne les inconvénients dans une lettre adressée au président de la commission des forces armées du sénat américain Carl Levin, notamment l'ampleur des moyens qui devraient être mis à crontribution : Dempsey estime que des centaines d'avions, y compris embarqués, seraient nécessaires pour des attaques limitées à distance contre les positions de l'armée syrienne (plus de 700 vols opérationnels). La prise de contrôle des arsenaux d'armes chimiques devrait être soutenue par plusieurs milliers de soldats des unités d'élite. L'opération aérienne coûterait aux contribuables américains un milliard de dollars par mois pendant au mois un an. Compte tenu des opérations au sol, les dépenses seront significativement supérieures. La question d'une intervention militaire ne serait donc pas à l'ordre du jour tandis que les modalités de livraisons d'armes sont toujours débattues à Washington, Londres et Paris.
Sur le terrain en Syrie les rebelles prépareraient selon les agences occidentales une vaste offensive pour prendre la ville et la province d'Alep (nord), à la demande et avec l'aide de l'Arabie saoudite. Les rebelles auraient remporté un premier succès lundi en prenant Khan al-Assal, bastion du régime à l'ouest d'Alep et leur prochaine étape serait de prendre l'Académie Assad pour l'ingénierie militaire, située à l'entrée sud d'Alep. Depuis une semaine les forces gouvernementales s'employaient à rétablir l'autoroute ente Lattaquié et Alep, tandis qu'elles revendiquent la reconquête de nombreuses zones dans la province de Deraa (centre du pays). Par ailleurs depuis huit jours des combattants kurdes affrontent les djihadistes dans le Nord-est. Au moins 17 combattants kurdes syriens et jihadistes ont péri mercredi dans de violents combats dans la province de Hassaka rapporte le très controversé Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les combattants kurdes effectuent des avancées cette région, où ils cherchent à établir une région autonome. Au moins 13 combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front Al-Nosra, deux groupes affiliés à al-Qaida, ont été tués. Il y a huit jours l'Armée de libération syrienne avait affronté EIIL dans la province d'Idleb.
Washington ne condamne pas le coup d'Etat en Egypte, incertitudes sur l'avenir
Le 1er juillet après que des millions d'Egyptiens sont descendus dans les rues, les forces armées ont lancé le lendemain un ultimatum de 48 heures aux responsables politiques. Le premier président égyptien élu, issu des rangs des Frères musulmans, Mohamed Morsi, a rejeté la mise en garde de l'armée.
Le mercredi 3 juillet, le général Abdoul Fatah al-Sissi annonçait à la télévision la destitution de Morsi et la suspension de la Constitution.
Dans le même temps, Mohamed Morsi était mis aux arrêts, remplacé provisoirement par le président de la cour constitutionnelle, des cadres des Frères musulmans étaient arrêtés et les médias proches de la confrérie fermés ou repris en main. Ce renversement n'a provoqué que peu de réactions de soutien à Morsi à l'intérieur du pays comme à l'étranger. Al-Ahram le 3 juillet avait montré comment, outre la faillite économique, Morsi s'était coupé de toutes les institutions du pays, de l'armée aux syndicats. Sur le plan international l'Egypte avait poursuivi la politique de paix avec Israël et nourri des velléités contradictoires à l'égard de la Syrie et de l'Iran.
Le président américain Obama dont le pays fournit 1,3 milliards d'aide militaire à l'Egypte chaque année, a publié une déclaration écrite expliquant qu'il était "profondément préoccupé" et exhortant les généraux à rétablir un gouvernement démocratique rapidement, mais en se gardant de parler de coup d'Etat et de condamner le renversement du président Morsi (New York Times 6 juillet). Le Wall Street Journal du 4 juin a appelé Washington à ne pas suspendre l'aide au Caire.
Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), jugé anti-américain par le Wall Street Journal et qui a su prendre des positions hétérodoxes, par exemple en appelant à une solution négociée en Syrie plutôt qu'au renversement d'Assad, pourrait être nommé premier ministre. Farid Ismail, responsable de l'aile politique du Parti de la liberté et de justice a qualifié El Baradei d' "homme de Washington". Le leader religieux, basé au Qatar d'origine égyptienne Youssef al-Qaradawi a déclaré dans un édit religieux, ou fatwa, aujourd'hui ue les Egyptiens doivent soutenir le président déchu Mohamed Morsi et demandant à al-Sisi et ses partisans "de se retirer pour préserver la légitimité et la démocratie".
FD
Des salafistes armés soutenus par le Qatar neutralisés au Liban
"La ville de Saïda panse ses blessures, le cheikh intégriste Ahmad al-Assir en fuite, la classe politique apporte son soutien à l’armée. La Syrie s’en félicite et l’Autorité palestinienne exhorte les camps palestiniens à se désolidariser des organisations terroristes. Les pro-Hariri louvoient. Silence radio dans les capitales occidentales" (Afrique-Asie)
Cheikh Ahmad al-Assir, cheikh salafiste financé par le Qatar (selon Al Manar) qui avait défié le hezbollah chiite à Saïda par des sit ins de masse en 2012 avait attaqué dimanche 23 juin 2013 un barrage de l’armée libanaise après l’interpellation d’un de ses lieutenants, Fadi Beirouti et de son convoi armé. Des quantités "énormes" d’explosifs et d’armes ont été découvertes à son QG (L'Orient le Jour).
Au Qatar l'émir engagé dans des politiques interventionnistes tous azimuts du Mali à la Syrie Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani a dû cette semaine cèder le pouvoir à son fils, cheikh Tamima semble-t-il sous la pression de Washington qui souhaite un apaisement au Proche-Orient où la politique de la tension a jusqu'ici échoué. Par ailleurs l'actuel ministre des Affaires intérieures, cheikh Abdoullah ben Nasser al Thani, va être nommé à la tête d'un nouveau gouvernement au Qatar. La mouvance chiite libanaise évoque aussi l'existence d'une tentative de révolution de palais en Arabie Saoudite évitée in extremis par les Etats-Unis (mais l'info n'est pas confirmée par d'autres sources).
Les USA vont livrer des armes aux rebelles syriens
Après la France et le Royaume-Uni, et sous les encouragements de l'ex-président Bill Clinton, les Etats-Unis se sont ralliés à l'idée d'armer les rebelles syriens, à l'heure où le gouvernement de Bachar El-Assad est en train de remporter des victoires décisives contre celle-ci. La décision aurait été prise bien avant le prétexte de la soi-disant utilisation d'armes chimiques par les forces gouvernementales. La nomination de la très interventionniste ambassadrice à l'ONU Susan Rice (celle qui avait qualifié le véto russo-chinois de "dégoûtant") au conseil national de sécurité par Obama (elle sera remplacée à son poste par la non moins interventionniste Samantha Power) avait donné le "la" au début du mois de l'orientation de l'administration étatsuniennes. Cette orientation pourrait aussi être un exutoire aux révélations sur le programme de surveillance Prism mis au point par la National Security Agency (NSA) par l'informaticien Edward Snowden.
La décision a suscité des réactions négatives de la part d'autorités d'ordinaire bienveillantes à l'égard de Washington comme le secrétaire général des Nations-Unies ou le gouvernement allemand.
Selon l'expert Christopher Harmer dans USA Today, les armes seront livrées à la Turquie par avion, puis transiteront par camion ou par train jusqu'à la frontière turco-syrienne. Les obstacles techniques à la mise en oeuvre des livraisons d'armes sont nombreux, notamment quant aux moyens d'éviter qu'elles tombent entre les mains d'Al Nosra et Al Qaida.
Les Etats-Unis envisagent aussi de mettre en oeuvre une zone d'exclusion aérienne sur le modèle libyen de 2011. Le projet pourrait s'appuyer sur la Jordanie qui s'est dotée récemment de missiles Patriot, tandis que la Turquie, agitée par des révoltes, n'est plus un partenaire assez stable pour ce genre d'opération.
Répression en Turquie
Lu sur le blog İnsanlik Hali :
"Pour mes amis qui vivent à l'extérieur de la Turquie:
Je vous écris pour vous faire savoir ce qui s'est passé à Istanbul au cours les cinq derniers jours. Personnellement, je dois écrire cela parce que la plupart des sources médiatiques sont fermées par le gouvernement et le bouche à oreille et l'Internet sont les seuls moyens laissés pour nous de nous expliquer et demander de l'aide et du soutien.
Il y a quatre jours, un groupe de personnes qui n'appartenaient à aucune organisation ou idéologie spécifique se sont réunies dans le parc Gezi d'Istanbul. Parmi eux, il y avait beaucoup de mes amis et étudiants. Leur raison était simple: prévenir et protester contre la démolition prochaine du parc pour la construction encore d'un autre centre commercial au centre de la ville. Il existe de nombreux centres commerciaux à Istanbul, au moins un dans chaque quartier! L'abattage des arbres devait commencer tôt jeudi matin. Les gens sont allés au parc avec leurs couvertures, des livres et des enfants. Ils ont planté leurs tentes et ont passé la nuit sous les arbres. Tôt le matin lorsque les bulldozers ont commencé à tirer sur les arbres centenaires. Les militants se sont levés contre eux pour arrêter l'opération.
Ils n'ont rien fait d'autre que de rester devant les machines.
Aucun journal, aucune chaîne de télévision n'était là pour présenter la manifestation. C'était un complet black out médiatique.
Mais la police est arrivée avec des véhicules à canons à eau et de gaz au poivre. Ils ont chassé les gens sur le parc.
Dans la soirée, le nombre de manifestants a grossi. De même que le nombre de forces de police à travers le parc. Pendant ce temps le gouvernement local d'Istanbul fermait tous les accès menant à la place Taksim, où le parc Gezi est situé. Le métro a été fermé, les ferries ont été annulées, les routes ont été bloquées.
Pourtant, de plus en plus de gens ont fait leur chemin jusqu'au centre de la ville à pied.
Ils sont venus de tous les coins d'Istanbul. Ils sont venus de tous les milieux différents, des idéologies, des religions différentes. Ils se sont tous réunis pour empêcher la démolition de quelque chose de plus grand que le parc:
Le droit de vivre comme des citoyens honorables de ce pays.
Ils se sont rassemblés et ont défilé. La police les a chassés avec des spray au poivre et des gaz lacrymogène et ont foncé avec leurs chars sur les gens qui en retour offraient de la nourriture à la police. Deux jeunes gens ont été écrasés par les chars et ont été tués. Une autre jeune femme, une de mes amis, a été touchée à la tête par une des bombes lacrymogènes. La police tirait directement dans la foule. Après une opération de trois heures, cette amie est toujours en unité de soins intensifs et dans un état très critique. Au moment où j'écris cela, nous ne savons pas si elle va s'en sortir. Ce blog est consacré à elle.
Ces gens sont mes amis. Ce sont mes étudiants, mes parents. Ils n'ont aucun «agenda caché» comme l'Etat aime à le dire. Leur agenda est là. Il est très clair. Le pays tout entier est vendu à des sociétés par le gouvernement, pour la construction de centres commerciaux, des condominiums de luxe, des autoroutes, des barrages et des centrales nucléaires. Le gouvernement est à la recherche de n'importe quelle excuse (et il l'inventera si nécessaire) pour attaquer la Syrie contre la volonté de son peuple.
En plus de tout cela, le contrôle du gouvernement sur la vie personnelle de son peuple est devenu insupportable. L'Etat, en vertu de son programme conservateur a adopté plusieurs lois et règlements concernant l'avortement, la naissance par césarienne, la vente et la consommation d'alcool et même la couleur du rouge à lèvres porté par les hôtesses de l'air.
Les gens qui marchent vers le centre d'Istanbul réclament leur droit de vivre librement et de recevoir la justice, la protection et le respect de l'État. Ils exigent d'être impliqués dans les processus de prise de décision au sujet de la ville où ils vivent.
Ce qu'ils ont reçu à la place est la mise en oeuvre d'une force excessive et d'énormes quantités de gaz lacrymogène tirées directement en direction de leurs visages. Trois personnes ont perdu leurs yeux.
Pourtant, ils continuent leur marche. Des centaines de milliers de gens se joignent à eux. Plus de deux mille personnes ont passé le pont du Bosphore à pied pour soutenir le peuple de Taksim.
Aucun journal ou chaîne de télévision n'était là pour rapporter les événements. Ils étaient occupés à diffuser des nouvelles à propos de Miss Turquie et du "chat le plus étrange du monde".
La police a continué de courir après les gens et en les pulvérisant avec spray au poivre si bien que les chiens et chats errants ont été empoisonnés et en sont morts.
Les écoles, les hôpitaux et même des hôtels 5 étoiles à travers la place Taksim ont ouvert leurs portes aux blessés. Les médecins rempli les salles de classe et des chambres d'hôtel à prodiguer les premiers soins. Certains policiers ont refusé de pulvériser des personnes innocentes avec des gaz lacrymogènes et ont quitté leur poste. Autour de la place ils ont mis des brouilleurs pour empêcher la connexion Internet et les réseaux 3G ont été bloqués. Les résidents et les entreprises de la région ont fourni leur réseau sans fil gratuit aux gens dans les rues. Les restaurateurs leur ont offert de la nourriture et de l'eau gratuitement.
Des personnes à Ankara et Izmir se sont réunies dans les rues pour soutenir la résistance à Istanbul.
Les médias grand public continuaient de montrer miss Turquie et "le chat étrange du monde".
***
Je vous écris cette lettre pour que vous sachiez ce qui se passe à Istanbul. Les médias ne vous diront rien de tout cela. Pas dans mon pays au moins. S'il vous plaît envoyez le plus grand nombre d'articles que vous voyez sur l'Internet et passer le mot.
Comme j'ai publié des articles qui expliquent ce qui se passe à Istanbul sur ma page Facebook hier soir quelqu'un m'a posé la question suivante:
«Qu'espérez-vous gagner en vous plaignant de notre pays aux étrangers?»
Ce blog est ma réponse.
Par ce qu'on appelle «se plaindre» au sujet de mon pays, je suis l'espoir de gagner:
La liberté d'expression et de parole,
Le respect des droits de l'homme,
Le contrôle sur les décisions que je prends concernant mon sur mon corps,
Le droit de se réunir légalement dans n'importe quelle partie de la ville sans être considéré comme un terroriste.
Mais plus que tout vous passant ce message, mes amis qui vivez dans d'autres parties du monde, j'espère obtenir votre prise de conscience, votre soutien et votre aide!
S'il vous plaît diffusez ce message et partagez ce blog.
Je vous remercie! "
Traduction par Delorca Atlas alternatif, aussi publié sur Actualuttes