L’armée équatorienne a pris d’assaut, le 30 septembre au soir, l’hôpital de Quito. Le président bolivarien Rafael Correa y était était encerclé depuis plusieurs heures par des policiers qui manifestaient contre la loi du Service public récemment votée.
Quelques soldats s'étaient joints aux policiers furieux de voir certaines de leurs primes diminuer, tandis que 5 000 habitants de Quito venaient soutenir le président devant l'hôpital. Un groupe de militaires a même pris momentanément le contrôle du principal aéroport du pays, à Quito.
Certains partisans du président dénoncent déjà un vaste complot de la droite derrière cette insurrection des policiers. La députée María Augusta Calle d'Alianza País a souligné le rôle de responsables de droite qui le jour même du coup s'indignaient de la baisse des primes des policiers, et surtout le fait que les média privés ont été immédiatement sur place pour filmer les opérations des policiers contre le président. Ces mêmes médias, tandis que le président était encerclé, jouaient la carte du pire, donnant la parole au général Mario Pazmiño (accusé d'avoir aidé l'armée colombienne à effectuer des incursions en territoire équatorien en 2008) qui incitait les équatoriens à retirer immédiatement leur argent des banques - ce qui pouvait provoquer le chaos économique. Selon María Augusta Calle la droite a entretenu auprès des policiers une désinformation concernant le contenu réel de la loi du Service public (qui comporte des avantages substantiels pour la police et les pompiers comme le paiement de leurs heures supplémentaires), et aurait même organisé des pillages à divers endroits du pays. En outre des partisans de l'ancien président de la République le colonel Lucio Gutiérrez auraient tenté d'empêcher la télévision publique équatorienne de continuer à diffuser des informations pendant l'encerclement du président. Le président Correa lui-même aprè sa libération a dénoncé des manoeuvres d'infiltration de la police par la droite.
Les Etats-Unis sont également en cause, et pas seulement du fait de leur financement des médias privés et de la façon dont CNN a couvert la tentative de coup d'Etat. Aporrea rappelle qu'un rapport du ministère de la défense équatorien de 2008 expliquait, sur la base de fuites livrées par l'ex agent de la CIA Philip Agee que l'ambassade des Etats-Unis à Quito corrompait un grand nombre d'officiers de la police équatorienne. Trois colonels de la police ont été arrêtés. De nouvelles révélations pourraient apparaître dans les semaines qui viennent.
Frédéric Delorca