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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 18:53
Les valeurs de gauche semblaient marquer des points au Népal depuis le renversement de la monarchie le 29 mai dernier, qui devait conduire à la formation d'un gouvernement dirigé par les ex-rebelles maoïstes. Mais c'était compter sans la méfiance que cette perspective éveille dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis qui maintiennent le parti maoïste sur leur liste des "organisations terroristes".

Les parlementaires népalais n'ont pas réussi, samedi 19 juillet, à élire le premier président du pays. Depuis sept semaines, la plupart des décisions politiques ont été paralysées par le blocage sur le choix du président (qui n'aura pourtant qu'un rôle honorifique) et le ton commence à monter entre les trois principaux partis qui conduisent le processus de passage à la République. Pushpa Kamal Dahal 'Prachanda' leader du parti maoïste a mis en garde le parti de Congrès népalais, le parti communiste-marxiste léniniste, et le Madhesi Janadhikar Forum (représentant les habitants de la plaine du Terai) contre toute alliance "contrenature" entre eux. Netra Bikram Chand, membre du secrétariat central du comité central du parti maoïste, dans un discours prononcé à Birgunj samedi, a dénoncé une conspiration d'éléments extérieurs contre l'arrivée au pouvoir des maoïstes et n'a pas exclu un retour à la lutte armée (http://www.nepalnews.com/archive/2008/jul/jul19/news09.php).

Officiellement pourtant les puissances occidentales semblent soutenir le consensus des partis politiques népalais. Lord Malloch Brown ministre britannique des affaires étrangères chargé de  l'Afrique et de l'Asie en visite au Népal samedi dernier s'est dit attaché à ce que les partis népalais travaillent ensemble (http://www.nepalnews.com/archive/2008/jul/jul19/news03.php).

Netra Bikram Chand avait déjà développé la thèse d'un complot en juin dernier."Le Parti du Congrès népalais est devenu la marionnette (stooge) des étrangers et son objectif final est de désintégrer le pays" avait-il déclaré "Les impérialistes et les forces féodales se serrent les coudes (have joined hands) pour marginaliser la victoire du peuple népalais ".  (Weekly Telegraph 29 juin 2008 http://telegraphnepal.com/news_det.php?news_id=3644)

L'attaque viserait surtout l'Inde. Certains analystes font remarquer que l'Inde entretenait des relations positives avec les maoïstes népalais au moment de l'abolition de la monarchie, notamment par l'intermédiaire de Sitaram Yachuri, membre du bureau politique du parti communiste indien, qui servait de courroie de transmission entre Delhi et les ex-guérilleros népalais (http://www.peoplesreview.com.np/2006/040506/index.html). Mais le 9 juillet dernier le Parti communiste d'Inde (marxiste) a retiré son soutien au gouvernement indien de centre-gauche en raison de sa détermination à ratifier l'accord nucléaire avec les Etats-Unis annoncé par le président Bush en 2007(http://www.washtimes.com/news/2008/jul/09/communists-leave-coalition/). La fin de la médiation du PC indien aurait accéléré la prise de distance entre les maoïstes et l'Inde.

On serait ainsi dans un schéma où l'Inde, après avoir joué la carte des partis de gauche au Népal, tout en resserrant ses rapports sur la scène internationale avec les Etats-Unis (notamment contre la Chine), entrerait désormais dans une logique d'affrontement avec les maoïstes népalais, devenant ainsi l'instrument des intérêts féodaux népalais et des intérêts occidentaux dans la région (qui n'ont rien à gagner à la mise en oeuvre d'une vraie politique de gauche égalitariste et souverainiste au Népal).

FD
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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 21:49

La grande braderie du Congo (un des Etats africains les plus vastes, les plus peuplés et les plus riches en matières premières) se poursuit. A l’initiative de la Banque mondiale, s’est tenu à Kinshasa du 24 au 25 juin 2008, un séminaire regroupant les représentants du gouvernement, du comité de gestion de la SNEL (Société nationale d’électricité) et la délégation syndicale de cette entreprise.

Le premier jour des travaux, les représentants de la SNEL, le comité de gestion et la délégation syndicale étaient fermement opposés à la restructuration de l’entreprise et la journée s’est terminée sans aucune avancée majeure. Le jour suivant, coup de théâtre, sans aucune explication les représentants de la SNEL ont d’une même voix adhéré à la restructuration de leur entreprise. Ce revirement laisse croire à une opération de corruption de dernière minute, fréquente au Congo. Entreprise publique, créée en 1970, la SNEL, comme EDF en France, avait pour mission la production, le transport, la distribution et la commercialisation de l’électricité sur toute l’étendue de la République du Zaïre. A ce titre, toute l’infrastructure du réseau électrique de la RDC a été mise à sa disposition.

La Banque mondiale estime que la SNEL n’est pas rentable. La SNEL exporte, par la ligne Inga Kolwezi, l’électricité produite à Inga vers les réseaux interconnectés de l’Afrique australe : Luano (Zambie), Kariba nord (Zambie), Kariba Sud (Zimbabwe), Insukamini (Zimbabwe), Phokoje (Botswana) et Matimba (Afrique du sud).. Les recettes d’exportation en Afrique australe qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars ne rentrent jamais dans les caisses de la SNEL. De plus, les autorités politiques opèrent régulièrement des ponctions dans les finances de la SNEL pour leur propre compte à tel point que l’entreprise est souvent obligée de recourir à des découverts bancaires pour payer le salaire de son personnel. Les créances de l’Etat congolais et des entreprises paraétatiques dues à leurs factures d’électricité s’élèvent à plus d’un milliard de dollars. La Banque mondiale a financé à plusieurs reprises la réhabilitation des centrales d’Inga. Tous ces financements ont été détournés avec la complicité des experts de cette institution qui venaient à Inga pour suivre l’exécution de ces projets

Mais le choix de la privatisation risque de coûter cher aux consommateurs locaux. L’électricité sera vendue par les entreprises privées à un prix inabordable pour la majorité de la population qui se trouve dans une situation d’extrême pauvreté. Elle prive en outre l'Etat congolais d'un moyen supplémentaire de lancer des projets de développement et défendre sa souveraineté et la souveraineté de l'Afrique. Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde consacre une analyse à ce sujet qui dénonce dans sa conclusion le poids de la dette lequel interdit au gouvernement d’investir dans les entreprises publiques (http://www.cadtm.org/spip.php?article3539).

Cette ONG publie en outre un article de Victor Nzuzi qui fait le bilan de « l’indépendance congolaise » à l’occasion de son quarante-huitième anniversaire (célébré le 30 juin 2008) en ces termes :
« 1 – Il y a 17.500 casques bleus de l’ONU en RDC et près de 2.000 agents de la mission civile de l’ONU.
2 - Nos élections locales ne sont pas tenues depuis plus d’une année du fait que ceux qui donnent l’argent, au Nord, sont fâchés de la présence chinoise dans les mines de cuivre et de cobalt ; aussi, dans des affaires de construction de routes ...
3 - Notre budget est d’à peine 3 milliards $ US dont la moitié vient de l’étranger.
4 - Chaque fois que nous devons faire le Budget de l’Etat, le FMI est là pour donner ses directives.
5 - Pour gérer toutes les ressources naturelles : bois de la forêt, minerais, eau..., les instructions viennent du FMI et de la Banque mondiale. Ils nous ont imposé les codes de gestion qui font qu’aujourd’hui, 33% du territoire national est un champ minier où les investisseurs vont exploiter pendant 20, 30 ans sans presque rien donner au peuple congolais (seuls, quelques individus au Congo prennent leurs petites parts).
NB : dans mon village, les terres sont occupées depuis 1923, par la compagnie J V L d’un agro-industriel belge. Au moment où je vous écris, ce colon est là. Ses vaches polluent les eaux et nous manquons de terre pour cultiver…
Alors, dois je parler de l’indépendance ?
Actuellement, ceux qui prennent les mines déplacent certains villages, il y a même dans certains coins du Katanga, des écoles de plus de 1.000 élèves qu’ils veulent déplacer pour creuser leurs mines de cuivre»
(http://www.cadtm.org/spip.php?article3510 )

A ce tableau il faut ajouter la présence militaire directe ou par milices interposées au Nord Est du pays des forces tutsies rwandaises (http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=413855&no_categorie= )

Le président de la fragile République démocratique du Congo qui peut à peine payer ses soldats (http://english.people.com.cn/90001/90777/90855/6450610.html ), Joseph Kabila, effectuera une visite d'Etat en France les 16 et 17 juillet 2008.

FD

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10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 19:53
Alors que l'installation du dispositif anti-missile en République tchèque se précise, un autre élément de l'encerclement de la Russie réapparaît dans l'actualité. Il tient aux manoeuvres militaires de la Géorgie dans le Caucase.

Deux militaires de la République autoproclamée d'Abkhazie ont été blessés dans une fusillade entre soldats abkhazes et géorgiens dans les gorges de Kodori, mercredi dernier 9 juillet, a annoncé à l'agence russe RIA Novosti le ministre abkhaz de la Défense Merab Kichmaria (http://fr.rian.ru/world/20080709/113622996.html). La veille le Département d'Etat américain était intervenu dans le conflit abkhazo-géorgien, évoquant aussi bien la nécessité d'une reprise des négociations entre la Géorgie et l'Abkhazie que son intention d'obtenir l'introduction d'une force multinationale en évinçant par là même les forces de paix russes (RBC Daily, Vedomosti et Moskovski komsomolets). Au cours des dernières semaines une série d'attentats commis en Abkhazie contre les civils de la république non reconnue et les soldats de la paix ont fait quatre morts.

Alkhaz Tcholokoua, porte-parole du président abkhaze, a expliqué que  toutes les actions proposées par les Etats-Unis font le jeu de la Géorgie : Tbilissi commet des actes terroristes en Abkhazie en vue de contraindre les forces de paix russes à quitter la république. L'un des objectifs poursuivis par ces explosions est de persuader la communauté mondiale de l'incompétence des soldats de la paix alors pourtant que les Abkhazes estiment que le contingent russe donne toute satisfaction dans le contrôle de la situation.

Les autorités de l'autre République autoproclamée, l'Ossétie du Sud, craignent elles aussi une prochaine agression militaire contre elle de la part de la Géorgie. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, les militaires géorgiens ont quitté l'état-major des forces de paix. Les militaires géorgiens évacuent les enfants des villages géorgiens de la région de Tskhinvali, a fait savoir Irina Gagloïeva, présidente du comité pour l'information et la presse de l'Ossétie du Sud.

La supériorité des Géorgiens sur les sécessionnistes en matière d'instruction au combat est indiscutable, et ce, grâce au travail effectué depuis plusieurs années par des instructeurs américains et israéliens. En outre, leur supériorité sur le plan du matériel de guerre est considérable: la Géorgie a récemment acheté le nouveau système lance-roquettes GRADLAR conçu en Israël (http://fr.rian.ru/world/20080709/113617924.html).

On ne sait plus aujourd'hui qui de Washington ou de Tbilissi tire les ficelles. Dans un livre pourtant favorable à la pensée dominante paru en janvier dernier, Le diplomate et l'intrus, Bertrand Badie remarquait (p. 228) : "N'ayant aucune raison de craindre une défection américaine et n'ayant plus à faire face à la menace soviétique, Tel-Aviv est en mesure désormais d'imposer certains de ses choix stratégiques régionaux à la Maison Blanche. La Géorgie de Saakaschvili ou l'Ukraine de Iouchtchenko disposent de la même asymétrie tournant à leur profit : sachant pertinemment que les Etats-Unis n'ont aucun intérêt à les lâcher, quels que soient leurs choix, elles se laissent l'une et l'autre convaincre que l'hégémon américain est désormais privé, par l'évolution même du système international, de tout argument les contraignant à l'obésissance". Le client deviendrait ainsi le donneur d'ordre... Mais l'avantage pour Washington en terme de contrôle stratégique du Sud de la Russie et des voies des oléoducs et gazoducs d'Asie centrale n'est plus à démontrer.

FD
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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 18:00
Hier 19 juin, le géant pétrolier Royal Dutch Shell a dû suspendre l'exploitation du brut nigérien à la suite d'une violente attaque contre sa plateforme off-shore de Bonga, à 120 km des côtes nigérianes, dont la capacité est de 220 000 barils par jour. Le groupe MEND a revendiqué cette action ainsi que l'enlèvement du capitaine états-unien Jack Stone, de la firme de services pétroliers Tidex (Reuters). L'attaque des terminaux pétroliers et des oléoducs par ce groupe dans le Delta du Niger a déjà contribué depuis début 2006 à réduire de 20 % la production pétrolière du Nigéria qui est sixième exportateur mondial de pétrole (et le cinquième fournisseur des États-Unis),  et dont les réserves seraient immenses. La crainte d'une interruption totale des exportations nigérianes serait un des facteurs principaux de la flambée des prix du brut sur les marchés internationaux en ce moment.

On sait peu de choses sur le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (MEND) à part qu'il réclame une distribution plus équitable des revenus du pétrole (la manne pétrolière nigériane partagée entre les multinationales et le gouvernement profite fort peu à la population). Ses détracteurs y voient un ramassis de criminels, ses sympathisants, par exemple l’écrivain, prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, un groupe de jeunes gens disciplinés et déterminés, mus par des objectifs politiques au service d'une meilleure répartition de la rente (voir par exemple l'analyse d'une chercheuse membre de la Ligue communiste révolutionnaire Kohou Mbwélili sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=5313). Certaines de leurs revendications ponctuelles ont révélé une proximité avec des opposants nigérians qui ne sont pas faits pour plaire à l'Empire occidental : ils ont notamment demandé la libération de l'ex-gouverneur de l'Etat de Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha, jugé coupable de corruption et celle de «Mujahid» Dokubo Asari, "un converti à l’islam, un gangster admirateur d’Oussama Ben Laden, selon ses détracteurs, un chef charismatique qui affirme mener ses actions au nom de la défense des ijaw, selon ses admirateurs" d'après RFI (http://www.rfi.fr/actufr/articles/074/article_41998.asp). Jugé coupable de «trahison» par la Haute-Cour fédérale en octobre 2005, Asari dirigeait une milice armée désormais interdite, la Force des volontaires du peuple du delta du Niger (NDVPF), dont le MEND a pris la relève.

Les actions de sabotage du MEND rappellent celles de la résistance irakienne. La résistance nigériane semble d'ailleurs, comme celle d'Irak, divisée entre de nombreux groupes rivaux dont MEND serait le plus efficace ou peut-être l'étiquette commune à l'égard de l'extérieur (http://www.wjla.com/news/stories/1207/481135.html). 

Depuis peu, une certaine gauche droit-de-l'hommiste états-unienne s'intéresse au MEND, comme par exemple Sandra Cioffi dont on peut lire l'interview sur Democracy now! (http://i2.democracynow.org/2008/5/9/free_from_nigerian_military_custody_sweet ). Sandra Cioffi a réalisé un film documentaire au Nigéria sur le pétrole - Sweet crude (http://www.sweetcrudemovie.com/ et http://www.sandycioffi.com/home.php) -, ce qui lui a valu d'être arrêtée par le gouvernement nigérian, mais elle a pu être libérée au bout de six jours notamment grâce aux pressions de membres de la Commission des affaires étrangères du Sénat étatsunien. Après que le MEND ait demandé la médiation de personnalités comme George Clooney ou Jimmy Carter, elle estime que que la multinationale américaine Chevron, qui est, le deuxième exploitant pétrolier au Nigéria après Shell, devrait s'impliquer dans la résolution du conflit, et la négociation sur la redistribution de la rente... avant qu'elle ne soit remplacée par des compagnies chinoises. Elle serait, dit-elle, un "meilleur joueur que les autres compagnies pétrolières, en particulier les chinoises, par exemple, qui ont indiqué qu'elles désirent s'installer là, et qui n'ont rien à faire des atteintes aux droits de l'homme dans le Delta". Le site de son film appelle les juristes, politiciens et journalistes de l'Union européenne et des Etats-Unis à promouvoir au Nigeria un "Good Friday Peace Agreement" sur le modèle des négociations d'Irlande du Nord en 1998 afin d'obtenir par des voies "démocratiques" une stabilisation de la zone avant que la logique du conflit militaire ne la plonge davantage dans le chaos. Dans un style ambigu il observe : " Que l'objectif soit de traiter une crise humanitaire ou de sécuriser nos approvisionnements pétroliers, il est temps d'avoir une nouvelle approche"  (http://www.sweetcrudemovie.com/politicalAction.php).

F. Delorca


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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 17:31
Bien que le président français Sarkozy ait déclaré à Prague (Le Monde du 17 juin 2008) qu'il excluait tout élargissement de l'Union européenne (notamment à la Croatie) si le traité de Lisbonne n'était pas ratifié (un propos tenu pour faire pression sur les Tchèques, réticents à enterrer le "non" irlandais au traité), la perspective d'élargissement continue à restructurer la vie politique de la Serbie. L'ancien parti de Slobodan Milosevic, le Parti socialiste de Serbie (SPS) et le parti pro-occidental, le Parti démocratique (DS) qui l'a chassé du pouvoir en 2000 seraient prêts à former un gouvernement après l'échec des tractations avec les partis souveraintistes (le DSS de Vojislav Kostunica et le SRS de Tomislav Nikolic).

La cause de ce revirement d'alliance est la promesse faite par Bruxelles à Belgrade de signer un Accord d'association avec elle, prélude à une adhésion possible de la Serbie à l'UE si les pro-occidentaux dirigent le gouvernement. Le SPS, dont l'appui est nécessaire aux pro- ou aux anti-européens pour avoir la majorité au Parlement voit dans le ralliement à l'européisme une occasion de se réhabiliter au regard des pouvoirs occidentaux (comme l'avait déjà tenté du reste Slobodan Milosevic à plusieurs reprises, notamment en signant les accords de Dayton sur la Bosnie en 1995).

Dans une déclaration Večernje novosti, aujourd'hui 20 juin, le leader du Parti radical (SRS) tirait déjà les leçons des dernières semaines de négociation et imputait la défection du SPS au Premier ministre sortant Vojislav Kostunica. Selon lui, puisque le leader du SPS Ivica Dačić était au départ d'accord pour une alliance avec les souverainistes, Kostunica aurait dû dialoguer davantage avec le Parti des retraités associés et Serbie unie, qui étaient coalisés avec le SPS et ont été les premiers à lui demander de rechercher plutôt l'alliance avec les pro-occidentaux. Nikolic estime dans cette interview que Kostunica "n'a pas vraiment voulu" former un gouvernement avec son parti et le SPS, et fait également sa propre autocritique sur le score plus modeste que prévu du SRS aux élections, notamment en Voïvodine (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=06&dd=20&nav_id=51246). Les membres de la coalition d'opposition DSS-SRS-NS considèrent toutefois que le clivage avec le SPS ne s'est pas fait sur la question de l'Accord d'association, mais sur le fait de savoir si Belgrade accepterait de le signer alors que celui-ci ne prévoit pas explicitement que le Kosovo reste dans sa juridiction. La volte-face du SPS obscurcit en tout cas le sens du dernier scrutin législatif qui avait donné la majorité aux partis favorables au maintien de la question du Kosovo au centre des négociations avec l'Union européenne (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=06&dd=22&nav_id=51288).

FD
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 10:25
 Il y a deux semaines, dans un entretien au Monde du 20 mai, le président érythréen Isaias Afwerki accusait Washington d'attiser les différends frontaliers entre Asmara et ses voisins, Djibouti et l'Ethiopie, et déclarait que le processus de démocratisation dans son pays ne reprendrait que si les Etats-Unis mettaient fin à l'état de guerre qu'ils entretiennent dans la zone  (http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/05/19/isaias-afwerki-la-politique-americaine-dans-la-corne-de-l-afrique-est-un-echec_1046809_3212.html). Le même jour le quotidien atlantiste accusait Asmara d'être un régime "intransigeant et nationaliste". Il devait cependant reconnaître que si presque partout en Afrique les Etats sont faibles, l'Erythrée faisait exception et que "l’éducation et l’accès aux soins sont gratuits. Le chômage est minime. Lourdement sanctionnée, la corruption est inexistante, tout comme la délinquance et la criminalité." (http://www.awetom.com/?p=430). La force de l'Etat en Erythrée constitue notamment un atout important dans le contexte actuel de crise alimentaire malgré la grande pauvreté de ce pays, qui a été sérieusement aggravée la guerre avec son voisin éthiopien de 1998-2000 (http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/ASIN-7FBQPG?OpenDocument&rc=1&cc=eri).

L'Erythrée fait l'objet de pressions permanentes. Djibouti (qui accueille une base française et une base américaine sur son sol) a récemment accusé l’armée érythréenne d’avoir violé sa frontière nord (ce qu'Asmara a démenti), et le différend frontalier avec l'Ethiopie (client de Washington, qui occupe en ce moment militairement la Somalie) n'est toujours pas réglé. Le thème religieux fonctionne comme instrument de l'impérialisme occidental contre l'Erythrée. En 2004 la Commission sur la Liberté religieuse internationale américaine (USCIRF) - un organisme gouvernemental étatsunien - a dépêché une délégation en Erythrée en 2004. Elle a classé en 2005 l'Erythrée dans la liste de ses "pays de préoccupation particulière" (countries of particular concern), avec le Myanmar, la China, l'Iran, la Corée du nord, l'Arabie Saoudite, le Soudan, le Turkéménistan, l'Ouzbékistan, la Pakistan et le Vietnam (http://www.uscirf.gov/index.php?option=com_content&task=view&id=1456&Itemid=59). Comme conséquence de cette inscription, l'Erythrée a fait l'objet par le Département d'Etat en septembre 2005 d'un embargo sur les ventes d'armes. Le rapport de l'USCIRF pour 2006 lui reproche d'être méfiante ("suspicious") à l'égard des groupes religieux baptistes, pentecôtistes, évangélistes et autres groupes chrétiens qui ne sont pas traditionnellement implantés en Erythrée (à la différence de l'Eglise copte et de l'Eglise catholique qui y sont institutionnalisées) - http://www.uscirf.gov/images/AR_2007/eritrea.pdf. On rappellera que les églises évangélistes sont directement liées aux intérêts étatsuniens. Par exemple, via leurs ONG, elles tentent de diffuser des OGM auprès des paysans, comme cela s'est produit en Ouzbékistan (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-12868350.html).  L'USCIRFdans son dernier rapport encourage le financement d'une commission des droits de l'homme "indépendante" (c'est à dire pro-occidentale) en Erythrée. L'Agence d'Etat pour le Développement international américaine USAID a fermé ses bureaux à Asmara le 31 décembre 2005 à la demande du gouvernement érythréen.

Les relations avec l'Union européenne, alliée des Etats-Unis, ont aussi été souvent tendues. En novembre 2001, l'Eythrée avait expulsé l'ambassadeur d'Italie après une ingérence dans sa politique de réglementation des médias. Le Parlement de Strasbourg a voté une résolution contre le gouvernement érythréen 7 février 2002(http://www.shaebia.org/natural_to_protest_unfair_resolution.html) L'Union européenne depuis lors multiplie régulièrement les demandes d'instauration du pluralisme dans ce pays en vue du développement de partis plus favorables aux intérêts occidentaux (http://www.eritreadaily.net/News0407/article0907193.htm). Elle incite aussi le gouvernment érythréen à favoriser davantage le secteur privé capitaliste en libéralisant le marché et diminuant les impôts sur les sociétés (http://www.deleri.ec.europa.eu/eu_and_eritrea/country_strategy_paper_2002-2007.pdf p. 11)

A l'heure où Washington multiplie les sources de conflits (au Soudan, en Somalie) pour contrôler la Corne de l'Afrique sur la route du pétrole, l'Erythrée serait-elle pour les pouvoirs occidentaux un nouveau village d'Astérix à renverser ?

FD.
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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 12:37

Nous publions ci-dessous l'article de F. Delorca paru dans le mensuel Bastille-République-Nations du 28 mai 2008  (amisbrn@yahoo.fr)  (le titre est l'oeuvre du journal) à propos du Vème sommet Union européenne-Amérique latine et Caraibes :

Les cow-boys et les Andins


Le cinquième sommet Union européenne - Amérique latine et Caraïbes (UE-ALC), s’est déroulé du 13 au 16 mai dans la capitale du Pérou, Lima, plus précisément au cœur du quartier bunkérisé de la bibliothèque et du Musée de la Nation. Pas moins de 85 000 soldats et policiers avaient été mobilisés pour l’occasion. Quand la fine-fleur de l’eurocratie se déplace dans le Nouveau monde, la première règle qui semble s’imposer est de se placer à l’abri du monde réel. C’est en tout cas ce à quoi a veillé le président péruvien Alan García, un social-démocrate libre-échangiste qui fut élu en 2006 face à un souverainiste en jouant sur le thème de la peur du bolivarisme.

Ainsi, les chefs d’Etat et de gouvernement (53 au total, un record en partie dû à l’élargissement récent de l’UE), et les responsables de la Commission européenne n’auront pas vu la grève des mineurs et des travailleurs sociaux péruviens (des « radicaux », des « ratés », des « chouineurs » selon le Premier ministre hôte, Jorge del Castillo) déclenchée en guise de bienvenue aux visiteurs étrangers ; ni le contre-sommet (« sommet des peuples ») organisé par les mouvements sociaux latino-américains au même moment. Du coup, ils n’auront pas croisé non plus… les journalistes. Ceux-ci, entravés par le dispositif policier et les contretemps de l’organisation, n’eurent finalement qu’un très faible accès au travail des délégations. Mieux – ou pire : lors de la conférence de presse du Premier ministre de l’ex-puissance coloniale, José-Luis Zapatero, les journalistes latino-américains furent invités à quitter la salle sous prétexte de mise en ordre des chaises… et remplacés dans l’intervalle par des confrères espagnols triés sur le volet. L’organisation des travaux à huis clos se sera finalement imposée comme la solution optimale. Et tant pis pour la médiatisation.

Il est vrai qu’en Amérique du sud, les peuples ont parfois tendance à porter au pouvoir des adversaires affirmés de la globalisation, qui viennent jusque dans les rencontres entre chefs d’Etat se faire protester contre l’ordre des choses. Quelques mois plus tôt, en novembre 2007, lors du 17ème sommet ibéro-américain, le président vénézuélien Hugo Chavez avait eu une prise de bec mémorable avec le roi d’Espagne devant les caméras. Il menaçait de récidiver, ayant, la semaine précédente, qualifié Angela Merkel de représentante « de la droite allemande qui a soutenu Adolf Hitler », pour conclure : « Madame la chancelière, vous pouvez aller au ... », interrompant sa phrase d’un air entendu. Celle-ci avait en effet appelé les dirigeants latino-américains à prendre leurs distances avec Caracas. A Lima, le Vénézuélien et l’Allemande se sont finalement salués chaleureusement devant les caméras.

Le président García avait d’ailleurs dû reconnaître qu’il n’y avait pas de dispositif pour empêcher son homologue de Caracas de s’exprimer. Même la venue de Carla Bruni, épouse du président français, avec promesse de séance de photo au Machu Picchu, le tout annoncé par la presse péruvienne comme la principale attraction du sommet, n’allait pas suffire à museler les contestataires. Du reste, le couple Sarkozy s’est décommandé, tout comme Gordon Brown et Silvio Berlusconi. François Fillon avait certes été dépêché, mais le forfait de l’hôte de l’Elysée a provoqué un certain dépit parmi les dirigeants sud-américains. Une occasion manquée, ont regretté certains sous couvert d’anonymat, pour rétablir des liens d’amitié qui se sont distendus ces dernières années.

Le sommet devait être consacré à deux axes majeurs : « pauvreté, inégalités et inclusion », et « développement durable : environnement, changement climatique et énergie ». Des intitulés pompeux, mais sans grandes conséquences. Les choses sérieuses, la partie strictement économique, relevaient plutôt du forum des milieux d’affaires réuni en parallèle le 15 mai. A défaut d’un engagement ferme à augmenter l’aide au développement, qui stagne à 0,7 % du PIB pour l’ensemble de l’Union, la Commission européenne apportait sa friandise environnementale : un plan baptisé Euroclima contre le changement climatique, abondé à hauteur de 5 millions d’euros pour l’Amérique latine. Au fil des tables rondes, la nouvelle marotte de l’UE, les biocarburants, a aussi été évoquée : Bruxelles veut porter leur part dans les transports à 5,75% en 2010, et 10% en 2020. Une telle perspective qui peut séduire le Brésil, largement engagé dans l’aventure en partenariat avec les Etats-Unis, effraie les pays andins qui voient leurs paysans planter du grain pour faire rouler les voitures européennes au lieu de nourrir leur population pauvre. Il n’est guère surprenant, dès lors, que les récentes émeutes de la faim dans le monde aient quelque peu contribué à éclipser ce volet des négociations. A la demande notamment du représentant cubain, les chefs d’Etat auront même consenti à inclure dans la déclaration finale une mention de l’urgence à aider « les pays les plus vulnérables et les populations affectées par les prix élevés des denrées alimentaires ».

Au total, la tonalité de la presse internationale faisait écho à l’atmosphère « apaisée » du sommet. La radio institutionnelle allemande, Deutsche Welle concluait le 18 mai sur un « Happy end », en passant sous silence les propositions abandonnées en cours de route, telles que celle, présentée par Hugo Chavez, de créer un fond d’aide pour les pays victimes de la flambée des prix des denrées alimentaires, celle de son homologue bolivien Evo Morales en vue de délivrer des prêts sans intérêts aux populations démunies, ou encore celle de l’équatorien Rafael Correa pour empêcher la surexploitation du pétrole en Amazonie. Il est vrai que de compromis en déclarations qui n’engagent à rien, tout le monde a fini par obtenir un motif de satisfaction dans cette grand’messe – même La Havane a décroché une condamnation unanime en bonne et due forme de l’embargo étatsunien imposé à Cuba.

Le thème du libre échange, quant à lui, avait été soigneusement relégué en marge du sommet, dans des échanges de vues bilatéraux. C’est que les enjeux sont de taille et les points de vue difficiles à concilier. Si l’on agrège les vingt-sept pays-membres, l’Union européenne est le deuxième partenaire économique de la région Amérique latine/Caraïbes. Le volume des échanges bilatéraux s’élève à quelque 160 milliards d’euros par an. En 2007, environ 14% des exportations latino-américaines étaient destinées à l’UE. Les firmes de l’UE représentent la première source d’investissement dans de nombreux pays latino-américains. Les stocks d’investissements européens dans la région s’élèvent à quelque 400 milliards d’euros, soit environ 12% des investissements directs à l’étrangers totaux des Vingt-sept. Pour beaucoup de pays du sous-continent, les échanges avec l’Europe sont un moyen d’échapper à l’emprise du grand voisin yankee.

Or, si le libre-échange est acquis dans le cadre d’accords d’association avec la Chili et le Mexique, le bât blesse avec certains pays de la Communauté andine des Nations (CAN). Les représentants « bolivariens » d’Equateur et de Bolivie rejettent toujours le projet qui dort dans les tiroirs de Bruxelles. Ils lui reprochent de contenir des clauses en matière de propriété intellectuelle, d’interdiction des nationalisations, et de régime des investissements étrangers qui menacent la souveraineté des peuples. Le président paraguayen nouvellement élu, Fernando Lugo, a lui aussi insisté sur la nécessité de défendre l’indépendance des nations. A défaut de consensus andin, Javier Solana se consolera par la signature probable à court terme d’un accord bilatéral avec la Colombie, sur le modèle de celui que cette dernière a déjà paraphé avec Washington, voire d’un traité de libre-échange avec le Pérou… N’est-ce pas là ce que le Hongrois Rákosi nommait jadis « la tactique du salami » ? Plus que jamais cow-boy de l’UE, le Haut-représentant Solana, avant d’arriver à Lima, avait surtout fait le crochet par Bogota pour soutenir le président colombien, dont les liens avec les paramilitaires sont connus, dans son combat contre les guérilleros des FARC.

Avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), les négociations sont au point mort depuis 2004 pour cause de désaccord sur les subventions et des barrières douanières agricoles. Leur reprise dépend de l’issue du « cycle de Doha » (les négociations engagées depuis 2001 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce) – c’est en tout cas ce qu’a indiqué à Lima le commissaire européen Peter Mandelson. Le sujet est donc renvoyé à des discussions ultérieures.

Bien loin du sommet officiel, mais au même moment et dans la même ville, le « Tribunal permanent des peuples », présidé par le chanoine belge François Houtart, a symboliquement condamné le système d’exploitation économique dans lequel sont inscrites les relations UE-Amérique latine, et notamment l’action de 26 multinationales européennes. Le 19 mai, l’ONG britannique Christian Aid publiait un rapport selon lequel les grands groupes des pays développés volent aux pays latino-américains quelque 50 milliards de dollars d’impôts chaque année. Le nouveau système fiscal bolivien y est cité en exemple, le Pérou d’Alan García blâmé pour son laxisme. Peut-être un thème de discussion pour le prochain sommet ALC-UE, qui se tiendra à Madrid en 2010 ?

FREDERIC DELORCA

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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 06:33
L'Irak n’a pas été seulement spolié par ses agresseurs de sa souveraineté politique, de son patrimoine archéologique, de ses ressources pétrolières, mais aussi de sa souveraineté alimentaire.

En violation de la Constitution irakienne, et des conventions de la Haye et de Genève qui stipulent que l’occupant doit respecter la juridiction du pays occupé, l’administrateur provisoire Paul Bremer (un ancien collaborateur de Kissinger) a édicté, avant l’installation d’un gouvernement fantoche par Washington, cent ordonnances scélérates qui ont force  de loi et qui ne peuvent être abolies ni modifiées par aucun gouvernement irakien (article 26 de la nouvelle constitution). L’ordonnance 81 du 26 avril 2004 a livré le pays en pâture aux multinationales qui contrôlent le commerce mondial des graines, comme Monsanto (le fabriquant de l’agent Orange), Syngenta et Dow Chemicals. L’ordonnance 81 a rendu illégales les traditions antiques de sélection des meilleures semences par les agriculteurs pour les réutiliser d’une année sur l’autre, et les échanges entre voisins. (Selon la FAO, 97% des agriculteurs irakiens réutilisaient encore leurs graines, ou les achetaient sur le marché local en 2002). Par croisements, au fil des générations, ils avaient créé des variétés hybrides adaptées au dur climat de la région. Les agriculteurs « coupables » d’avoir semé des graines non achetées, ou dont le champ aurait été contaminé accidentellement, encourent de fortes amendes, voire des peines d’emprisonnement, la destruction de leurs récoltes, de leurs outils et de leurs installations (http://www.pressegauche.org/spip.php?article1596).

La nouvelle est publiée alors que la réduction des rations alimentaires menace l’Irak de malnutrition sévère et de famine. Le ministère irakien du commerce a en effet à restreint la fourniture d’aliments et de produits hygiéniques de base subventionnés dans le cadre du Système de distribution public. Le ministère a insisté pour dire que ces
restrictions étaient inévitables parce qu’on ne lui avait pas promis un budget adéquat pour 2008.En 2004, une étude réalisée par le World Food Program (WFP) trouva qu’au moins 6,5 millions d’Irakiens dépendaient fortement du programme de rationnement alimentaire (http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3555). Il n'y a guère eu d'amélioration depuis lors.
 
Par ailleurs on apprend que s'est ouvert le 29 avril à Bagdad le procès de l'ex ministre des affaires étrangères de Saddam Hussein Tarek Aziz. Un Comité pour sa défense et celle des prisonniers politiques irakiens est créé à l'initiative de Gilles Munier qui a présenté un argumentaire sur l'innocence de l'ancien ministre quant aux crimes qui lui sont reprochés (http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BDBF&langue=1&id=25770). La liste des signataires comprend Jean-Pierre Chevènement (ancien ministre) - Michel Debray ( Vice-amiral en 2ème section) Général Pierre Gallois (CR) - Thierry Mariani (député)-Jacques Gaillot (évêque)- Paul-Marie Couteaux (député européen)- Pierre Levy (journaliste) - Bruno Drweski (maître de conférence) - Georges Labica (professeur émérite des universités) - Didier Julia (député).L'appel pour la libération de Tarek Aziz, reprenant les premiers signataires, a été ensuite relancé et élargi au niveau international par le parlementaire britannique George Galloway.Maître Jacques Vergès a déclaré qu'il assurera la défense internationale de Tarek Aziz comme le lui a demandé le Vice-Premier ministre il y a deux ans, demande confirmée le 29 avril 2008, par télécopie, par Ziad Aziz - fils du dirigeant irakien - et par Maître Badie (http://www.libertarek.blogspot.com/).

Sur le front iranien, Andrew Cockburn affirme que le président Bush aurait signé un décret secret allouant 300 millions de dollars à des opérations anti-iraniennes au Proche-Orient, incluant des assassinats de personnalités. Par ailleurs après avoir évincé l'amiral Fallon comme Centcom (commandant du United States Central Command qui couvre le Proche Orient, l'Afrique de l'Est et l'Asie centrale), Bush tenterait de hâter la nomination du faucon Petraeus. A cet effet toute une campagne est déployée auprès du Congrès pour le convaincre que l'Iran interfère par milices interposées dans les affaires irakiennes (http://www.counterpunch.org/andrew05022008.html).Le
26 avril, le Washington Post a rapporté que "le Pentagone prépare des actions militaires potentielles"
contre l'Iran (http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8872).


Pour entretenir l'opinion publique étatsunienne dans un état d'esprit belliqueux, les Etats-Unis ont récemment déclaré qu'Israël a bombardé en septembre dernier une installation nucléaire syrienne construite avec l'aide des Nord-coréens. Ces allégations ont été mises en doute par la presse notamment The Independent, échaudée par les mensonges de l'administration Bush en 2003 (http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8872).

L'establishment démocrate paraît peu susceptible de contrecarrer cette évolution à l'heure où Mme Clinton, qui s'est récemment vantée d'être prête à "anéantir totalement" (totally obliterate) l'Iran en cas d'attaque contre Israël, est en train de regagner de l'influence contre son rival Obama (http://www.nationalinterest.org/Article.aspx?id=17590). Celui-ci est de plus en plus attaqué pour ses positions sur le Proche-Orient. Ses adversaires lui
reprochent le choix de ses partisans : Zbignew Brzezinski, ex-conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, qui a pris le parti des auteurs d'un ouvrage critiquant l'influence du "lobby pro-israélien" (dit "Aipac") à Washington, et Robert Malley, ex-conseiller du président Bill Clinton sur le Proche-Orient, favorable à une négociation avec le Hamas palestinien. Le 25 avril, le candidat républicain John McCain a qualifié M. Obama de "candidat préféré du Hamas". L'équipe d'Hillary Clinton, sa concurrente démocrate, distribue les pamphlets d'Ed Lasky, un ultra-conservateur qui a consacré 10 de ses 25 dernières chroniques dans American Thinker au seul thème d'Obama et Israël. Lorsque ce dernier explique qu'il entend "combler le fossé croissant entre les musulmans et l'Occident", Daphna Ziman, conseillère de Mme Clinton, se dit "horrifiée" : "Il n'affirme pas le droit d'Israël à exister." (Le Monde 3 mai 2008)

Deux flottes offensives de porte-avions sont maintenant près de l'Iran et une autre serait en route. À la fin mars, l'Arabie Saoudite s'est exercée à faire face aux retombées nucléaires qui surviendraient à la suite d'une attaque US contre l'Iran. Au début avril, Israël s'exerçait à affronter des tirs de représailles de missiles suite à une attaque US contre l'Iran. Tout le monde dans la région se prépare à un bombardement de la centrale nucléaire et les installations d'enrichissement d'uranium de l'Iran. Les États-Unis auraient défini quelque 10 000 cibles en Iran. Les principales sont l'ensemble des installations nucléaires, y compris la centrale nucléaire de Bushehr sur la côte du Golfe Persique, près du Koweït, et les installations d'enrichissement de Natanz près d'Ispahan.

Jamais dans toute l'histoire ne s'est produit le bombardement délibéré de centrales nucléaires et d'installations d'enrichissement nucléaire en activité.

Selon Floyd Rudmin en 1981, une étude de « Fetter and Tsipis » parue dans le magazine « Scientific American » portant sur « La propagation catastrophique de la radioactivité » estimait que le bombardement d'un réacteur nucléaire rendrait inhabitable une superficie équivalente à 8 600 milles carrés [1 mille = 1,609 km] autour du réacteur, tout dépendant de la façon dont le vent soufflerait. Bombarder le réacteur de Bushehr signifierait qu'une bonne partie des réserves de pétrole de la région deviendraient instantanément inaccessibles
(http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8851). Sur les autres conséquences humaines d'une éventuelle guerre contre l'Iran voir : http://atlasalternatif.over-blog.com/article-12619077.html.
 
Post scriptum : Le 6 mai 2008 à l'espace AGECA à Paris avait lieu la présentation de l'ouvrage "Irak : la parole à la résistance"‏ (éditions le Temps des Cerises) par l'Appel franco-arabe. Voici quelques images des interventions - par ordre d'apparition dans cette vidéo : Yves Vargas, René Lacroix, Francis Combes, Sliman Doggui, Bruno Drweski, Toufik Helali, Gilles Munier (Vidéo publiée sur le blog de Frédéric Delorca).


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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 06:24
Au cours des dernières semaines des émeutes de la faim ont éclaté presque simultanément dans toutes les grandes régions du monde. 

En Haïti où le prix des denrées alimentaires en Haïti a augmenté en moyenne de 40 % en moins d'un an, des commerces et des véhicules de la Mission des Nations-Unies (Minustah ) ont été attaqués au début du mois d'avril. Au Bangladesh, [à la fin avril 2008 quelques 20 000 travailleurs du textile sont descendus dans la rue pour dénoncer l'augmentation vertigineuse des prix des produits alimentaires et pour demander des salaires plus élevés. Le prix du riz dans le pays a doublé au cours de la dernière année, menaçant les travailleurs qui gagnent un salaire mensuel de seulement 25 dollars.

Des manifestations de même nature ainsi que des grèves et des affrontements sont survenus en Bolivie, au
Pérou, au Mexique, en Egypte, en Côte d'Ivoire, en Indonésie, aux Philippines, au Pakistan, en Ouzbékistan, en Thaïlande, au Yémen, en Éthiopie et à travers la majeure partie de l'Afrique subsaharienne. » (Bill Van Auken, Amid mounting food crisis, governments fear revolution of the hungry, Global Research, April 2008) - cf http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8894

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, le prix des céréales a augmenté dans le monde de 88% depuis mars 2007. Le prix du blé a augmenté de 181% sur une période de trois ans. Le prix
du riz a augmenté de 50% dans les trois derniers mois. Outre le changement climatique, les niveaux de stocks extrêmement bas, la consommation plus grande dans les économies émergentes telles que la Chine et l’Inde, ou
le coût très élevé de l’énergie et du transport, dans un article récent l'économiste Michel Chossudovsky montre que l'escalade des prix des produits alimentaires est en grande partie le résultat d'une manipulation du marché. Elle est en effet aggravée la spéculation boursière sur les marchés des matières premières. Les prix des céréales sont artificiellement gonflés par la spéculation à grande échelle sur les opérations des marchés boursiers de New York et de Chicago (http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8894). Un article intitulé « Une avidité mortelle » paru dans l’édition du magazine allemand Der Spiegel du 24 avril 2008 donne quelques détails sur l’activité spéculative des hedge funds sur le marché alimentaire. Le magazine cite l’exemple du hedge funds Ospraie qui en général est considéré le plus important des fonds d’investissement opérant en ce moment dans les aliments de base. Dans la même logique, le géant de la finance, ABN Amro a acquis dernièrement un certificat lui permettant de spéculer à la bourse de Chicago pour le compte d’investisseurs plus petits.

Peu de temps avant que n’éclatent les émeutes de la faim il y a quelques semaines, ABN Amro avait publié un prospectus dans lequel on pouvait lire que l’Inde avait imposé une interdiction d’exporter du riz, ce qui additionnée aux mauvaises récoltes enregistrées dans plusieurs pays, a résulté en une pénurie mondiale de riz. « A présent », dit le prospectus d’ABN Amro, « il est possible pour la première fois d’avoir des parts du premier marché alimentaire de l’Inde. »

Selon l’article du Spiegel, ceux qui s’étaient ralliés à l’appel d’ABN Amro ont pu réaliser un taux de profit de 20 pour cent en l’espace de trois semaines, période durant laquelle on a assisté à une augmentation énorme
des investissements dans le riz à Chicago et dans d’autres grands centres (http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8834).

Egalement incriminée la production de biocarburants qui s’effectue aux dépens des cultures vivrières en
puisant dans les réserves d’eau, et en détournant les terres et les capitaux (http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8765). Bien que la production du maïs augmente partout dans le monde, cette augmentation est plus qu’absorbée par la diversification du biocarburant. Selon la Banque mondiale, la production mondiale de maïs a augmenté de 51 millions de tonnes entre 2004 et 2007. Pendant ce temps, la production de biocarburants aux Etats-Unis à elle seule (surtout de l’éthanol) a augmenté de 50 millions de tonnes, en absorbant presque entièrement l’ensemble de l’augmentation mondiale.L’Union européenne a déclaré que d’ici 2010, 5,75 pour cent de l’ensemble de l’essence vendue aux automobilistes européens devra provenir de la production des
biocarburants (http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8834).

Cette production a suscité déjà la mise en garde l'an dernier de gouvernements progressistes d'Amérique
latine - Cuba, Vénézuela (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-7013735.html).

Les institutions internationales inquiètes des risques de révoltes dans les pays du Sud ont injecté fin avril
500 millions de dollars US dans l'économie pour résoudre le problème(http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8876) - soit à peine un peu plus que le coût du programme de guerre secrète signé par le président Bush contre l'Iran si on en croit Andrew Cockburn (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-19298141.html).

A signaler parmi les articles sur le sujet celui de Raul Zibechi, contributeur de l'Atlas alternatif  "Haïti n'est pas le Tibet : Les misères du double discours" - http://alainet.org/active/23402.
 
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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 20:50
Bien que tous les commentateurs s'accordent à relever que le sommet de la Ligue arabe à Damas n'a pas permis de réaliser l'unité des participants sur la question libanaise, il apparaît que la tenue de cette réunion dans le dernier pays ouvertement hostile à la politique israélo-américaine dans la région est en soi un succès pour la diplomatie syrienne, alors que les Etats-Unis ont fait pression sur de nombreux participants pour qu'ils n'y assistent pas. Le président syrien a même pu enregistrer le ralliement inattendu du colonel Kadhafi pourtant devenu ami des Etats-Unis : le dirigeant libyen a averti ses pairs enclins au compromis avec Washington qu’ils pourraient connaître un sort similaire à celui de l’ancien président iraqien Saddam Hussein, pendu en 2006 après l’invasion de son pays par l’armée américaine trois ans plus tôt (http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2008/4/2/leve1.htm). Beaucoup d'analystes estiment que l'endurance syrienne face aux tentatives de destabilisation étatsuniennes est due au soutien russe - Damas ayant accordé à Vladimir Poutine l'établissement de bases militaires à Tartus et Latakie grâce auxquelles la flotte russe a retrouvé une présence en Méditerrannée (http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticle&code=IVA20060728&articleId=2847 et http://www.pinr.com/report.php?ac=view_report&report_id=520&language_id=1).

 
Par ailleurs, un acteur clé du jeu proche-oriental est sous la pression populaire en ce moment : l'Egypte. Travaillé par des conflits sociaux durs depuis plusieurs années (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-6859073.html), ce pays a vécu une grève générale dimanche dernier qui s'est soldée par l'arrestation de nombreux militants démocrates. Ont été notamment victimes de la répression :


- le docteur George Ishaq responsable du groupe Kifaya ("Ca suffit") un mouvement anti-impérialiste né en 2003 qui a réussi à fédérer toutes les oppositions du pays (http://www.dandurand.uqam.ca/download/pdf/publication/Kifaya.pdf), il a été emprisonné cette semaine 

- mais aussi des activistes de la liberté d'expression plus anonymes comme le membre de Kifaya Mustafa Khalil (fils du député du Parti national démocratique au pouvoir qui porte le même nom), le bloggeur Malek (http://malek-x.net/node/467), et des membres du Parti travailliste (Labour Party) égyptien (http://www.globalvoicesonline.org/2008/04/05/egypt-gears-up-for-a-general-strike-sunday/). Au total 800 personnes auraient été arrêtées.

Cette vague de répression brutale n'a pas éveillé de véritable élan de condamnation en Europe, c'est le moins qu'on puisse dire.  Une pétition contre la répression peut être signée sur le site britannique http://www.respectcoalition.org/index.php?ite=1878.

Quelques jours avant la grève générale s'était tenue au Caire, du 27 au 30 mars, une Conférence Internationale contre l’Occupation américaine (http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8685) fédérant des mouvances aussi différentes que les Frères musulmans, des marxistes jordaniens, des syndicalistes anglais (notamment Oliur Rahman de la coalition anglaise Respect, conseiller de Tower Hamlets), des représentants du Hezbollah, des membres de la résistance irakienne, une délégation canadienne du mouvement anti-guerre etc. A cette occasion Magdi Ahmed Hossein, le chef du Parti travailliste égyptien, s’en est pris aux Frères Musulmans en les accusant de ne pas en faire assez pour leurs frères à Gaza. Un kilo de sucre à la main, il a exhorté : «Remplissez des camions de nourriture, de médicaments et brisez le siège de Gaza !» (http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8685).

Un mouvement de solidarité internationale avec les anti-impérialistes égyptiens pourrait aider à desserrer l'étau autour de Gaza, plus généralement de la Palestine, et du Liban.

FD
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