Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte Libre

blog-expert-public.jpg

 

Recherche

31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 21:53
L'officier rebelle tutsi Laurent Nkunda (voir notre précédent article) a lancé cette semaine à l'Est du Congo une offensive contre la ville de Goma qui s’est vidée de ses habitants : tous ceux qui le pouvaient se sont repliés sur Bukavu, la capitale du Sud Kivu, les autres ont tenté d’échapper aux tirs sporadiques même si en début de soirée le mouvement de Laurent Nkunda, à la demande des Nations unies, a annoncé qu’il n’entrerait pas dans la ville et qu’il décrétait un cessez le feu. Le personnel de la Mission des Nations unies au Congo a quitté ses bureaux voisins de l’aéroport pour une résidence plus sûre au bord du lac Kivu, à proximité de la frontière rwandaise...

Plusieurs camps de personnes déplacées près de la ville de Rutshuru dans le Nord-Kivu, à 90 km au nord de Goma, ont été vidés par la force, pillés et brûlés. Des massacres de grande envergure se déroulent. L'Unicef s'inquiète d'un éventuel déclenchement d'une épidémie de choléra et de rougeole parmi les dizaines de milliers de déplacés regroupés aux portes de Goma

Le chef de la MONUC demande des renforts, mais le Conseil de sécurité de l'ONU s’est retrouvé divisé sur cette question et les Etats-Unis vont envoyer un nouvel émissaire au Congo. Du côté européen,  Bernard Kouchner fidèle à son credo interventionniste, alors que la France préside l’Union européenne, s’est déclaré favorable au déploiement de 1500 hommes pour mettre fin aux violences. D'autres partenaires sont plus réticents. Paris, qui sait que l'ingérence de la France n'est plus acceptée dans la zone, essaie d’associer les Britanniques à l’initiative.

Le gouvernement nationaliste à dominante tutsie (FPR) rwandais, de Paul Kagame, accusé d'armer Nkunda est montré du doigt par les spécialistes.

"Laurent Nkunda, ses compagnons de bataille et ses protecteurs rwandais assurent qu’ils se battent pour défendre les Tutsis congolais, une minorité qu’ils disent menacée, alors que depuis des années des efforts notoires ont été déployés pour leur faire place dans les institutions de la république, au même titre que tous les autres citoyens et effacer le souvenir des années de guerre" écrit Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le soir, http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2008/10/29/qui-seme-la-haine/. "Quant au président Kagame, qui, à des degrés divers, est le "parrain" incontestable de Nkunda, et qui, après la terrible expérience du génocide, se montre si soucieux de la sécurité de son peuple, il devrait savoir qu’à terme, la dissuasion par la force ne représente qu’un éphémère rempart." ajoute-t-elle. Colette Braeckman était pourtant jusqu'ici plutôt proche du gouvernement rwandais, dans sa façon notamment de dénoncer l'inculpation (dans les colonnes du Monde Diplomatique) de Paul Kagamé par le juge français Bruguière (http://www.monde-diplomatique.fr/2007/01/BRAECKMAN/14367).

Elle dénonce aussi "la passivité de la communauté internationale (ndle : des Occidentaux) face aux développements que pourrait susciter la chute possible de Goma : transformation de la rébellion en mouvement d’opposition national, risque de sécession du Kivu, qui pourrait entraîner d’autres provinces (Bas Congo, Katanga…) menace de balkanisation du pays tandis qu’à Kinshasa une motion de défiance contre le chef de l’Etat pourrait entraîner un changement de leadership…" (http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2008/10/29/les-raisons-de-la-solitude-de-kinshasa/). Depuis plusieurs mois Karel de Gucht notamment, ministre des affaires étrangères belges dissuadait le président Kabila d'avoir une position de fermeté face à la rebellion.

Les Echos de Kinshasa ( www.congopanorama.info) accusent aujourd'hui "les compagnies militaires privées des mercenaires Américains et Européens, voire Sud Africains au su et au vu de leur gouvernements respectifs qui fournissent des armes à Nkundabatware, parfois elles sont même contractées par la MONUC en contrepartie de ces minerais strategiques (citons Aviation Consultancy Services or ACS, Kayswell Services, DynCorp International or DCP, Triple Canopy, Northrop Grumman (NOC), PAE (une filiale de Lockheed Martin ou LMT), MPRI (une filiale de L-3 Communications - LLL), Blackwater,AFRICOM, Executive Outcomes)!"

Le silence sur le Congo des intellectuels médiatiques français, lui, est toujours aussi assourdissant.

FD
Partager cet article
Repost0
12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 10:26
Les articles sur le déclin de l'Empire euro-états-unien se multiplient.

Dans un texte sur l'avenir de la politique étrangère des Etats-Unis, Michel Collon liste les échecs de Washington sur les différents continents (http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-09-20%2019:47:47&log=articles) : enlisement en Afghanistan et en Irak, recul en Amérique latine où des gouvernements anti-états-uniens ont consolidé leurs positions, échec à étendre l'OTAN à l'Ukraine à la Géorgie, défaite dans le Caucase, incapacité à installer un centre opérationnel en Afrique (refusé par tous les pays, y compris, finalement par le Maroc), abandon du projet de guerre contre l'Iran. De sorte, estime Michel Collon, qu'on peut se demander si Washington optera pour une forme d'impérialisme plus astucieuse, misant moins sur la violence (à l'image de ce que propose Brzezinski, dans l'équipe d'Obama) ou pour une fuite en avant guerrière (comme le suggèrent encore les néo-conservateurs proches de Mc Cain).

Chaque jour de nouveaux exemples du repli de l'Empire occidental nous sont donnés. En septembre, l'Ouest a dû accepter (même si ce n'est que provisoirement) le maintien au pouvoir de Mugabe au Zimbabwe, au terme d'un accord national sous le patronnage de l'Afrique du Sud. Il n'y a pas eu de grande campagne médiatique contre les élections législatives du 26 septembre en Biélorussie - les révolutions colorées subventionnées par l'Occident ne sont plus de saison, spécialement à l'heure où Minsk unifie sa défense anti-aérienne avec Moscou (l'Occident a de plus en plus besoin de Loukachenko). Les Etats-Unis ont dû retirer cette semaine la Corée du Nord de la liste des Etats soutenant le terrorisme (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-10/12/content_738182.htm).

En Mauritanie, après le coup d'Etat, on en vient à se demander sérieusement si la Russie et la Chine pourraient supplanter l'Europe dans le financement des besoins du pays (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-de-l-aide-au-developpement-a-l-autosuffisance.html). Le chef du département de l'information du comité central du Parti Communiste Chinois (PCC) Liu Yunshan a appelé vendredi 10 octobre à ce que les échanges dans le domaine de la presse soient renforcés entre la Chine et l'Afrique :"Notre coopération aidera aussi à sauvegarder les intérêts communs des pays en voie de développement au sein de la voix de la communauté internationale et à faire connaître au monde chacun de nos pays de manière plus complète et objective.", a-t-il déclaré  (prémisse d'une agende de presse des pays du Sud ?).  Peut-être un sujet de réflexion pour le Forum mondial des Alternatives qui se réunit à Caracas la semaine prochaine (http://www.forumdesalternatives.org/FR/viewpage.php?page_id=8&banner_id=5).

La crise financière américaine ne fait qu'accentuer l'impression de débâcle du camp occidental - voir par exemple l'article de René Naba (http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=6024&lg=fr).

Toutefois il est trop tôt pour savoir si cette crise annonce un rééquilibrage effectif des rapports de force internationaux sur le long terme. Le Monde le 11 octobre rappelait que " selon China Newsweek, quelque 1 200 milliards de dollars des réserves chinoises sont placés aux Etats-Unis, pour moitié dans Freddy Mac et Fanny Mae, et pour moitié en bons du Trésor", ce qui crée une forte interdépendance entre les économies de la Chine et des Etats-Unis. La bourse de Moscou s'est effondrée à mi-septembre, ce qui a forcé le gouvernement et la banque centrale à injecter 70 milliards de dollars pour arrêter la chute libre des marchés (http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/09/18/la-bourse-de-moscou-victime-collaterale-de-la-debacle-des-subprimes_1096491_3234.html). Des jeux de bascules s'effectuent, notamment entre l'Europe et les Etats-Unis (voir par exemple l'article http://www.alterinfo.net/Derriere-la-panique,-la-guerre-financiere-pour-le-futur-pouvoir-bancaire-mondial-_a24773.html), mais l'issue globale pour le monde demeure encore incertaine.

FD
Partager cet article
Repost0
7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 15:46

Les lecteurs et abonnés de ce site qui s'intéressent à l'actualité internationale, et à l'action anti-impérialiste, auront peut-être envie de découvrir le dernier livre de Frédéric Delorca "Dix ans sur la planète résistante" publié aux éditions Thélès. Ce livre à la fois retrace l'histoire des guerres et ingérences menées par les Etats-Unis et leurs alliés de 1998 à aujourd'hui et décrit, à titre de témoignage personnel, la résistance menée par les cercles dissidents en France et ailleurs en Europe. Vous y retrouverez une évocation d'actions individuelles et collectives plus ou moins connues, et de débats qui ont émaillé les dix dernières années, en dehors des sentiers battus abrutissants des grands médias, ainsi qu'un petit historique de la fabrication du livre "l'Atlas alternatif".

L'ouvrage peut être commandé chez votre libraire ou encore
- sur Amazon http://www.amazon.fr/10-ans-sur-plan%C3%A8te-r%C3%A9sistance/dp/2303001153/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=books&qid=1223387603&sr=1-3
- chez l'éditeur http://www.theles.fr/theles/Fenetres/DetailLivre.php?numLivre=861.


Par ailleurs nous vous rappelons aussi que l'Atlas alternatif existe désormais en anglais sur http://www.lulu.com/content/3600002.

Partager cet article
Repost0
29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 05:39
Le 6 août  dernier, un conseil de 11 militaires dirigé par le général Ould Abdel Aziz a annoncé avoir « mis fin au pouvoir du président » élu en mars 2007. Il a promis une élection présidentielle « libre et transparente » dans « une période qui sera la plus courte possible ». Une marche organisée en soutien aux putschistes a réuni, quelques jours plus tard à Nouakchott, quelque centaines de véhicules et un millier de personnes qui ont défilé aux cris de « Aziz ! Aziz ! ». Quasiment au même moment, la police a dispersé « à coups de grenades lacrymogènes » un rassemblement en faveur du chef de l’Etat renversé, selon le secrétaire général du parti présidentiel, Mohamed Mahmoud Ould Dahmane. Cette manifestation contre le putsch était organisée par quatre partis politiques constitués en Front national pour la défense de la démocratie. Dans son premier communiqué, ce Front a affirmé que Sidi Ould Cheikh Abdallahi restait le « seul et unique président légitime » et a invité les militaires « à regagner leurs casernes » (http://www.elwatan.com/Les-militaires-promettent-une).

Les puissances étrangères n'ont pas tardé à réagir. A Bruxelles, la Commission européenne a demandé la libération du président et du Premier ministre, comme préalable à l’organisation de nouvelles élections. L’Egypte s’est dite « consternée » par le coup d’Etat, et la Ligue arabe faisait part de son « extrême » inquiétude.La France, ex-puissance coloniale, a « réaffirmé sa totale condamnation du coup d’Etat inacceptable » et menacé la junte de « conséquences sur les relations » de ce pays avec l’Union européenne s’il n’y avait pas de « retour à la légalité constitutionnelle ». Washington a suspendu son aide non-humanitaire à la Mauritanie.

Le Conseil de Paix et de Sécurité de (CPS) de l'Union africaine pour sa part lançait un  ultimatum aux nouvelles autorités de Nouakchott le 22 septembre  dernier, à l'occasion d'une réunion tenue à New York, en marge de  l'Assemblée générale des Nations unies, leur donnant un délai jusqu'au 6 octobre prochain pour libérer le président déchu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, et pour  rétablir l'ordre constitutionnel. Le nouveau régime de Nouakchott a rejeté cet ultimatum.

L'Agence de presse chinoise Xinhua signale qu'aujourd'hui les députés favorables au putsch sont majoritaires en Mauritanie (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-09/29/content_730738.htm). Le Sénat mauritanien a adopté il y a le 18 septembre de jours une feuille de route pour le  retour à un ordre constitutionnel normal qui se félicite des mesures prises par les forces armées et de sécurité contre le président déchu sans effusion de sang (http://actualites.marweb.com/mauritanie/politique/senat-adopte-proposition-resolution-situation-politique-pays.html).

Cependant, en Mauritanie, la crainte des sanctions internationales est à son comble. Khalil Balla Gueye, ancien premier conseiller d’ambassade à Bagdad, agitait le spectre d'un "catastrophe humanitaire" comparable à celle qu'a connu l'Irak, si les militaires ne rendent pas le pouvoir aux civils (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-la-trame-d-un-genocide-economique.html). La Mauritanie dépend à hauteur d'un tiers de son budget de l'aide extérieure (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-de-l-aide-au-developpement-a-l-autosuffisance.html).

Se joignant aux Occidentaux, la branche maghrébine d'Al-Qaïda, a proclamé une guerre sainte contre le nouveau régime. L'armée mauritanienne a lancé une opération de ratissage dans le nord du pays (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-l-armee-traque-al-qaida.html).

Une des premières mesures de la junte a été de nommer un nouveau Président du Conseil d'administration de la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) (http://www.click4mauritania.com/communique-du-conseil-des-ministres-du-25-septembre-2008.html). La Mauritanie est devenue producteur de pétrole début 2006. Un gisement de pétrole a été découvert dans l'océan Atlantique et la société australienne Woodside exploitera les champs de Chinguetti. Le gouvernement table sur une production à terme de 100 000 barils par jour. Plusieurs autres gisements (Tioff, Banda, Tevel) ont été repérés, et l'exploration continue, menée notamment par Woodside, Dana Petroleum, et Total. Par ailleurs la Mauritanie est le 13eme producteur de fer au monde. Elle fournit 12 % du fer importé par la France (http://www.sfc.fr/Donnees/metaux/fe/texfe.htm). Elle intéresse à ce titre la Chine :  un contrat de vente d'environ 1,5  million de tonnes de minerai de fer par an, sur une période de 7  ans, a été signé récemment entre la Société Nationale Industrielle et  Minière(SNIM) de Mauritanie et la société chinoise China Minmetals Corporation (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-03/24/content_602229.htm). La Russie et la Chine sont aujourd'hui les 2ème et 3ème partenaires commerciaux de la Mauritanie pour les importations derrière la France (http://www.economie.gov.mr/NR/rdonlyres/EB41D705-A5D6-4859-9803-20B14F28CFF4/0/note_trimestrielle_commerce_exterieur_12008.pdf).

FD
Partager cet article
Repost0
29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 04:43
Le président vénézuélien Hugo Chavez était en Chine du 23 au 25 septembre 2008. Il y a confirmé son projet de fonder avec les Chinois une compagnie pétrolière mixte pour l'exploitation de ses principales réserves d'hydrocarbures dans le bassin de l'Orénoque. Un contrat d'achat de 24 avions d'entraînement K-8 qui seront intégrés à l'armée de l'air vénézuelienne début 2009 a également été finalisé (http://www.lepoint.fr/actualites-monde/le-president-venezuelien-chavez-en-chine-cooperation-militaire-et/924/0/276205).

Le 27 septembre, Chavez était à Moscou. A l'issue de sa visite,  il a annoncé la création d'un consortium entre les compagnies pétrolières Gazprom (entourée d'autres compagnies russes) et PDVSA qui opèrera non seulement au Venezuela (elle pourrait exploiter une partie des gisements de Carabobo également promis à la brésilienne et Pétrobras et l'indienne ONGC) mais aussi dans les pays d'Amérique latine favorables à la Russie comme Cuba et la Bolivie. Le premier ministre russe M. Poutine a affiché son intention de collaborer avec le Venezuela dans le domaine de l'énergie nucléaire civile. La création d'une banque russo-vénézuélienne est aussi prévue.

Le président russe Dmitry Medvedev a multiplié les signes d'amitié à l'intention de Chavez, le remerciant pour son soutien actif à la Russie face à la Géorgie, et pour avoir autorisé des bombardiers stratégiques russes Tu-160 à se poser à Caracas le 10 septembre dernier. La Russie allouera au Venezuela un crédit de 1 milliard de dollars pour la coopération militaire et technique.

Les échanges commerciaux entre Moscou et Caracas ont dépassé 1,1 milliard de dollars en 2007, coopération militaire et technique comprise (http://fr.rian.ru/world/20080926/117118554.html). Entre Caracas et Pékin ils sont de l'ordre de 8 milliards, alors qu'ils étaient presque nuls il y a dix ans (à titre de comparaison le montant total des exportations vénézéliennes tourne autour de 20 milliards de dollars).

Toutefois, le magazine Kommersant cette semaine exprimait quelque crainte des milieux d'affaire russes que ces accords puissent être remis en cause par une éventuelle victoire de l'opposition vénézuélienne aux élections de novembre (http://www.kommersant.com/p1032593/Russia_and_Venezuela_negotiating_big_deals/).

La visite de Chavez à Moscou intervient alors que les réactions russo-américaines se sont tendues après la guerre provoquée par M. Saakachvili dans le Caucase (M. Medvedev a déclaré le 12 septembre que "les Russes ont perdu les dernières illusions sur un ordre mondial juste") et que le Vénézuéla a expulsé l'ambassadeur des Etats-Unis à Caracas en solidarité avec la Bolivie (où l'ambassadeur américain, lui aussi expulsé, complotait avec les préfets sécessionnistes).

FD
Partager cet article
Repost0
6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 17:08
Les opposants Leopoldo López de Un Nuevo Tiempo, maire de Chacao, et Juan José Molina, député du Parti Podemos, ont échoué à faire adopter par la conférence des présidents de groupes du Parlement européen un projet d'inscription à l'ordre du jour en urgence de la "déshabilitation" de M. López. Celui-ci a fait l'objet d'un déshabilitation (inhabilitación) a exercer ses fonctions de maire en raison de détournements de fonds et réception de fonds de la société pétrolière PDVSA. Par l'intermédiaire de l'ex-ambassadeur Milos Alcalay et du Parti populaire européen (conservateur), Leopoldo López espérait une inscription urgente de cette affaire à l'ordre du jour (http://www.aporrea.org/oposicion/n120096.html), comme il avait tenté de l'obtenir peu de temps auparavant en vain auprès de la commission des droits de l'homme de l'organisation sud-américaine du Mercosur (http://www.fmcenteresnoticia.com.ve/node/11667). L'épisode montre que l'opposition vénézuélienne mise toujours sur l'ingérence des puissances étrangères dans les affaires de son pays pour mettre en difficulté le gouvernement bolivarien.

Le 2 septembre Hugo Chavez était en Afrique du Sud. Au menu des discussions, un accord énergétique, mais aussi l'avenir du Mouvement des non-alignés et du groupe des 77 (130 pays dont la Chine) - http://www.aporrea.org/venezuelaexterior/n119925.html.

A l'occasion de cette visite Hugo Chavez a souligné que l'Afrique était la "mère de l'Amérique du Sud" (http://www.int.iol.co.za/index.php?set_id=1&click_id=3045&art_id=vn20080905054951341C271072), et exigé des excuses des Occidentaux pour les génocides commis sur ce continent (http://www.romandie.com/infos/news2/080902151919.94xqd3wd.asp). A l'heure où le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis McCain et sa colistière martèlent qu'ils ne veulent plus que les Etats-Unis soient dépendants du pétrole vénézuélien (http://www.aporrea.org/venezuelaexterior/n120047.html), le partenariat stratégique avec l'Afrique du Sud implique que la société sud-africaine PetroSA obtiendra des concessions dans la vallée de l'Orénoque. Il n'est pas encore clair cependant que le pétrole sera livré à l'Afrique du Sud à prix réduit, mais la livraison d'Etat à Etat devrait au moins réduire le coût des intermédiaires. En outre, selon la presse sud-africaine, des obstacles techniques demeurent : le pétrole vénézuélien est lourd, alors que les raffineries sud-africaines sont étudiées pour raffiner du brut léger comme le pétrole iranien.

Chavez au banquet présidentiel offert par M. Mbeki a aussi évoqué la création d'une Banque du Sud pour remplacer le FMi et la banque mondiale, et à laquelle les directeurs de banques centrales des pays membres reconnaîtraient toute autorité ce qui déjà fait grincer des dents la presse de droite comme le Pretoria News (http://www.int.iol.co.za/index.php?set_id=1&click_id=3045&art_id=vn20080905054951341C271072). Néanmoins non seulement l'ANC (parti au pouvoir) et le Parti communiste, mais aussi le parti d'opposition Mouvement démocratique uni (UDM) se sont réjouis de la signature de l'accord pétrolier (http://www.int.iol.co.za/index.php?set_id=1&click_id=3045&art_id=nw20080903104816566C757423).

La diplomatie du pétrole vénézuélien touche aussi la France, puisque Jean-Paul Legrand, maire adjoint de Creil, publie cette semaine dans l'Humanité Dimanche une lettre incitant les élus municipaux à négocier avec le Vénézuéla l'achat de pétrole à prix réduit pouvant bénéficier aux plus pauvres. Le cercle bolivarien de Paris s'est déjà fait l'écho de son activisme dans ce sens (http://cbparis.over-blog.com/article-21971944.html). Cet élu raconte son voyage à Caracas sur son blog : http://www.creil-avenir.com/article-22170233.html. Pour mémoire on peut rappeler que l'ancien maire travailliste de Londres avant de perdre les dernières élections avait signé avec les autorités vénézuéliennes un accord de livraison de pétrole à bas prix pour les transports en commun londoniens (http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=71109).

FD
Partager cet article
Repost0
6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 14:57

Le vice-président américain néo-conservateur Dick Cheney, un des pères spirituels du projet "Grand Proche Orient", de Guantanamo et de la guerre en Irak, a commencé par l'Azerbaïdjan un voyage d'une semaine, qui l'a conduit ensuite en Géorgie, en Ukraine. Au menu des discussions à Bakou figurait la "sécurité des couloirs énergétiques pour les livraisons" de gaz et de pétrole de la Caspienne vers l'Occident. Il s'agissait notamment pour Washington de défendre la mise en oeuvre du projet Nabucco, en particulier du secteur qui doit passer par le territoire de l'Azerbaïdjan et de la Géorgie. Le vice-président des Etats-Unis avait dirigé jusqu'en 2000 la compagnie pétrolière américaine Halliburton,est susceptible dans cette entreprise à la fin du mandat de George W. Bush et préparait peut-être par la même occasion son avenir personnel. 

L'avenir du GUAM (une association d'Etats qui regroupe la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie contre la Russie) était aussi un sujet important de la visite (http://fr.rian.ru/world/20080904/116541823.html). Le conflit géorgien a fait apparaître de sérieuses nuances entre les membres de ce groupe, l'Azerbaïdjan ayant fait preuve de neutralité tandis que la Moldavie manifestait un soutien à Moscou (http://delorca.over-blog.com/article-22255225.html). D'autant que l'évolution de l'Ukraine est loin d'être univoque. Alors qu'on s'attendait à ce que la visite de Cheney à Kiev, le 5 septembre, après Bakou et Tbilissi, marque encore un point dans la pression exercée contre la Russie, le vice-présenté est tombé au milieu d'une crise politique entre le Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko et le président Viktor Iouchtchenko, la première étant semble-t-il sur le point de se rapprocher du "Parti des régions" (hostile à l'OTAN). Les atlantistes déploient un activisme offensif en Ukraine en ce moment tandis que beaucoup de navires militaires de l'OTAN patrouillent en Mer Noire. Le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères britannique David Miliband en visite à Kiev le 27 août 2008 appelait à créer « la plus large coalition possible contre l’agression russe ». L'Ukraine a annoncé son intention d'augmenter le montant du bail de la base navale de Sébastopol, mise à la disposition de la flotte russe de la mer Noire. Tony Barber dans le Financial Times du 25 août pronostiquait que l'Ukraine serait le prochain point de crise avec la Russie (http://blogs.ft.com/brusselsblog/2008/08/wanted-a-plan-for-ukraine/).

Jetant toujours de l'eau sur le feu, Cheney à Tbilissi s'est engagé à ce que les Etats-unis versent un milliard de dollars au régime de Saakachvili - soit exactement le montant de son budget de défense, et a appelé le "monde libre" à soutenir ce gouvernement.

Moscou, de son côté, placée sur la défensive tandis qu'à Avignon les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne décidaient de geler le projet d'accord de partenariat renforcé avec elle (une mesure plus modérée que ce qu'espéraient les atlantistes), obtient des cautions de ses voisins. Déjà l'Organisation de coopération de Shanghaï, le 28 août (http://www.sectsco.org/news_detail.asp?id=2341&LanguageID=2) avait apporté un soutien diplomatique "au rôle actif de la Russie en aidant à la paix et à la coopération dans cette région"  (sans toutefois s'engager à reconnaître les républiques sécessionnistes du Caucase). L'Organisation du Traité de sécurité collective (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tadjikistan et Ouzbekistan) réunie à Moscou le 6 septembre a condamné l'agression géorgienne (http://www.russiatoday.com/news/news/29953 et http://www.russiatoday.com/news/news/29996/video).

Par ailleurs cette semaine le président nicaraguayen Daniel Ortega, à l'occasion du 29ème anniversaire de l'Armée nationale, a annoncé qu'il reconnaissait l'indépendance des Républiques séparatistes géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Son pays est ainsi le premier à emboîter le pas à l'initiative prise dans le même sens par Moscou le 26 août (http://actu.voila.fr/Article/mmd--francais--journal_internet--une/Nicaragua-le-president-Ortega-reconnait-l-Ossetie-du-Sud-et-l-Abkhazie.html).

FD

Partager cet article
Repost0
23 août 2008 6 23 /08 /août /2008 10:54

Après l’agression géorgienne contre l’Ossétie du Sud, les relations entre Washington et Moscou se tendent. Les États-Unis ont renoncé à participer aux exercices antiterroristes russo-américains Active Endeavour en Méditerranée, qui ont lieu régulièrement depuis 2005, a annoncé vendredi à Sébastopol un responsable de l'État-major de la flotte russe de la mer Noire (http://fr.rian.ru/world/20080822/116217546.html ). Les Russes eux ont suspendu leur coopération avec l’OTAN. Le représentant spécial de l'OTAN dans le Caucase Sud Robert Simmons a promis que son organisation soutiendrait la candidature de la Géorgie à son entrée dans l'Alliance atlantique et le général John Craddock qui l'accompagnait a promis l'aide américaine à la reconstruction de l'armée de ce pays (http://www.kommersant.com/p1014239/Russia_Georgia_South_Ossetia_conflict/). Divers pays ralliés à l’OTAN à la périphérie de la Russie comme la Pologne et la Roumanie se sont rendus au chevet du régime de Saakachvili ces derniers temps.


La réplique russe aux pressions exercées à ses frontières pourrait avoir des effets dans diverses régions de l’Eurasie, à commencer par le Proche-Orient.


La Syrie, dont le président est en visite à Moscou, a annoncé son intention d’inciter la Russie à baser des missiles défensifs Iskander sur son territoire. "Notre position est la suivante : nous sommes prêts à collaborer avec la Russie dans le renforcement de sa sécurité. J'estime que la Russie doit penser à sa réponse lorsqu'elle sera encerclée" a déclaré le président Bachar El-Assad au quotidien Kommersant. Ce pourrait être la réplique russe à l'installation du dispositif antimissile américain en Europe de l'Est (http://fr.rian.ru/world/20080820/116150189.html). Il avait été question quelques semaines plus tôt  d’installer des missiles russes à Cuba, mais le gouvernement cubain a refusé, se disant mécontent de la façon dont les Russes en 2001 ont fermé sur leur sol la station radar Lourdes sans les consulter (http://fr.rian.ru/world/20080804/115675726.html).


Le renforcement du dispositif défensif de la Syrie ne sera évidemment pas sans conséquence sur le rapport de force entre alliés et adversaires des Etats-Unis dans la zone.


Le déploiement des missiles Iskander comme réplique possible au bouclier anti-missile (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-5776544.html) américain (ABM) est également envisagé par certains commentateurs russes en Europe de l’Est.
Vladimir Zaritski, commandant des Troupes de missiles et d'artillerie des forces armées russes, avait avancé l’hypothèse en novembre dernier d’un déploiement en Biélorussie, ce qui supposait la dénonciation du Traité sur l'élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée (FNI) - http://fr.rian.ru/analysis/20071116/88413280.html .  

Pas de vente de missiles en vue en Asie centrale, mais la poursuite d’une coopération militaire : le ministre de la défense russe s’est rendu à Tachkent cette semaine à l’occasion d’exercices de défense antiterroriste russo-ouzbeks. A Tachkent se tient en ce moment le procès controversé du groupe Akramia accusé d'être responsable de l’insurrection d'Andijan en Ouzbékistan en 2005 (un procès qui fait quelques victimes collatérales parmi divers opposants au gouvernement ouzbek si on en croit le journal Kommersant http://www.kommersant.com/t611084/r_2/n_20/A_Trial_Is_Executed/, voir sur ce dossier http://www.voltairenet.org/image/article17291.html et http://www.carnegieendowment.org/publications/index.cfm?fa=view&id=18453&prog=zru).

FD

Partager cet article
Repost0
15 août 2008 5 15 /08 /août /2008 14:45

A près avoir favorisé les incidents frontaliers dans les zones de "conflit gelé" en juillet (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-21143606.html), le gouvernement nationaliste géorgien a attaqué l'Ossétie du Sud dans la nuit du 7 au 8 août 2008, provoquant en une seule nuit entre 1 600 et 3 500 morts dans une population civile de seulement 95 000 habitants et dont un tiers avait pourtant déjà fui vers la Russie (voir le blog http://ossetie.canalblog.com/).

Les gouvernements occidentaux, prompts à soutenir les sécessionnistes contre les pays qu’ils n’aiment pas (celui du Kosovo contre la Serbie, celui du Tibet contre la Chine) avaient refusé 1991 d’approuver l’indépendance des minorités opprimées de Géorgie comme les Abkhazes, et les Ossètes du Sud, fidèles à l'URSS (qu'elles ont soutenue dans un référendum de 1991), puis constitués en Républiques autoproclamées (ratifiées par référendum en Ossétie du Sud en 1992 et 2006, et en Abkhazie en 1999). Après avoir renversé le régime de Chevarnadze en 2003 à l'aide d'une "révolution des Roses" financée par les ONG étatsuniennes, ils ont massivement armé la Géorgie. Parmi les principaux fournisseurs d'armes au cours des derniers mois figurent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Grèce, la Turquie, Israël, la Lituanie, l'Estonie, l'Ukraine et même le gouvernement pro-occidental de la Serbie qui espérait probablement que l'action militaire géorgienne légitime son propre souhait de récupérer le Kosovo, au risque de se brouiller avec Moscou qui, pourtant, soutient sa position à l'égard de Pristina, à moins qu'il ne sagisse comme l'affirme le ministre de la défense serbe de munitions acheminées via la Croatie sans l'accord des autorités de Belgrade (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=08&dd=15&nav_id=52722)

La désinformation pour présenter ce conflit comme le résultat d'une "agression russe" a fonctionné à plein régime dans les grands médias, qui n'ont pas dit un mot des exactions géorgiennes contre les civils.

L'attaque géorgienne présentait plusieurs avantages pour les Occidentaux. Outre celui de mettre la Russie en difficulté diplomatique, elle offrait une chance de sécuriser le projet de pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui amènerait le gaz d'Azerbaïdjan et le pétrole du Turkménistan en Israël et en Europe occidentale via la Géorgie et la Turquie (http://www.debka.com/article.php?aid=1358) et de montrer aux puissances eurasiatiques tentées de collaborer entre elles (la Russie, l'Iran, l'Inde) que les alliés des Occidentaux restent en position de force dans la zone.

La contre-attaque russe s'est révélée particulièrement efficace. Malgré l'aide des avions de transport états-uniens qui ont rapatrié en Géorgie 2 000 soldats de ce pays stationnés en Irak(http://fr.rian.ru/world/20080811/115952146.html), les Géorgiens ont dû très vite battre en retraite. Comme l'a souligné le cabinet de conseil Stratfor Washington avait sous-estimé l'armée russe (http://www.stratfor.com/memberships/121623), le conflit en Ossétie du Sud a démontré la capacité de Moscou à mener des opérations militaires et à s'imposer face aux troupes formées par des instructeurs américains, ce que les Etats-Unis n'avaient pas cru possible. C. J. Chivers  du New-York Times parlait le 11 août d'une possible catastrophe pour les USA et faisait état des doutes de certains spécialistes sur le soutien apporté à Saakachvili (http://www.iht.com/articles/2008/08/11/europe/11ticktock.php?page=1), une situation qui rappelle la position des Occidentaux après l'échec de la Blitzkrieg israélienne au Liban en 2006.

Poussant leur avantage au delà de la simple réconquête de l'Ossétie du Sud, les Russes ont empiété sur le territoire géorgien, donnant l'occasion aux Occidentaux de multiplier les condamnations, et les menaces de représailles diplomatiques. La rhétorique des pays de l'OTAN a toutefois subi quelques nuances de la part de certains pays comme l'Italie : Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères dans La Stampa du 11 août 2008 mettait en garde contre la constitution d'une "coalition anti-russe".  Certains spécialistes estiment que la victoire russe donne raison à l'Allemagne et la France qui avaient refusé l'adhésion de la Géorgie à l'OTAN au printemps (http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/7557915.stm).

A l'occasion de l'investiture du président paraguayen Fernando Lugo à Asuncion, le président vénézuélien Hugo Chavez a accusé les Occidentaux d'avoir ordonné aux Géorgiens d'envahir l'Ossétie du Sud. "L'administration des Etats-Unis, à laquelle les dirigeants géorgiens sont totalement soumis, a provoqué l'incendie qui a embrasé le Caucase. Le président américain, l'impérialiste Georges Bush, a sans aucun doute donné l'ordre aux forces armées géorgiennes d'envahir l'Ossétie du Sud en brûlant les villes et les villages et en tuant des innocents. La partie russe avait toutes les raisons d'agir comme elle l'a fait", a t-il déclaré (http://fr.rian.ru/world/20080815/116063740.html).

Les liens entre les dirigeants occidentaux et le régime de Saakachvili à Tbilissi commencent à faire l'objet d'investigations. Seumas Milne dans The Guardian du 14 août 2008 révèle que le néo-conservateur Randy Scheunemann, ancien conseiller de  Rumsfeld et président du Committee for the Liberation of Iraq, maintenant conseiller pour les affaires étrangères du candidat républicain John McCain a reçu 900 000 dollars du gouvernement géogien depuis 2004 (http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2008/aug/14/russia.georgia). Milne souligne que si la Géorgie avait fait partie de l'OTAN, l'agression déclenchée par le gouvernement de Saakachvili aurait été susceptible de conduire, en vertu des closes-mêmes du Traité de l'Atlantique nord, tous les pays occidentaux à intervenir militairement au soutien de Tbilissi.

 

Partager cet article
Repost0
6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 17:59

Dictature brutale d’un parti monolithique, pays nationaliste voire xénophobe, régime qui surexploite sa main d’oeuvre sous-payée. Toujours les mêmes clichés circulent à propos de la Chine depuis dix ans.

A l’approche des Jeux-Olympiques toutefois quelques sons de cloches différents se font entendre qui révèlent une réalité plus complexe.

Sur le traitement de la main d’œuvre un chroniqueur déclare « J’ai visité en Chine des usines où les ouvrier(e)s travaillaient pour 90 à 100 € par mois, dans de bonnes conditions de travail. C’est un bon salaire là-bas. Mais dans une grosse boîte de la sidérurgie, c’était 600 €, ce qui est un très bon salaire. Mais ça reste toujours inférieur aux nôtres, en chiffres absolus. Certaines catégories sont (ou étaient) certainement sous-payées. Mais les choses changent. De nouvelles lois sur le travail (contrats, salaires, etc.). font que les entreprises peuvent de moins en moins faire ce qu’elles veulent. La présence de l’ACFTU (syndicat officiel) pèse, malgré toutes les critiques adressées à son égard par les médias occidentaux. » (Marc van Campen http://romaindecourcelles.spaces.live.com/blog/cns!AF336575BD9B73BE!1269.entry). Le même chroniqueur note qu’une des preuves de la progression des salaires se trouve le fait que le numéro deux mondial des équipements sportifs, l’allemand Adidas, va transférer une partie de sa production car il juge le niveau des salaires en Chine dorénavant trop élevé. Le revenu par habitant a été multiplié par cinq ! Il était, d’après la Banque mondiale, de 190 dollars l’an en 1978, il est de 1000 dollars environ en 2004. Cela a permis  à 400 millions de Chinois de sortir de l’extrême pauvreté-moins d’un dollar par jour. Réservés à l’élite pendant un temps, le réfrigérateur, le vélo et le téléphone sont devenus des biens de consommation courante pour des centaines de millions de personnes. En termes de « parité de pouvoir d’achat », la Banque mondiale estime à 4000 dollars le PIB par habitant, dix fois moins « seulement» que celui des Etats-Unis.» (Erik Izraelewicz  Quand la Chine change le monde, Paris, Grasset, 2005).

Les ouvriers et paysans chinois continuent à défendre des avantages issus du système socialiste face à la logique de la globalisation néo-libérale. Les statistiques des “incidents de masse, manifestations ou révoltes” sont passées de 10 000 en 1994 à 58 000 en 2003 et 74 000 en 2004 (New York Times, 24.8.2005) ce qui est le signe du dynamisme de la société. Un article de la Monthly Review de 2006 (http://www.monthlyreview.org/0606weil.htm) expliquait qu’à la différence de ce qui s’est passé en Europe de l’Est, l’expérience qu’ont beaucoup de travailleurs chinois dans le cadre des anciennes organisations socialistes les aide à résister aux excès du capitalisme et à s’organiser notamment contre la corruption. Dans des villes berceau de la révolution chinoise comme Zhengzhou, même si le degré de participation des travailleurs dans la gestion des usines d’Etat restait limité, ceux-ci gardent le sentiment qu’elles leur appartiennent. L’efficacité de l’organisation ouvrière se réflète dans certains conflits comme celui de l’usine d’équipement de transmission électrique de Zhengzhou en 2001 où la police paya des paysans pour enlever les équipements de l’usine pour faire échouer soulèvement ouvrier contre la privatisation. Le fait que la police ne puisse elle-même faire le travail était le signe de la mobilisation contre elle. Et, même quand les paysans intervinrent,le 24 juillet 2001, 40 000 ouvriers de toutes les usines alentour se liguèrent contre eux en une bataille rangée, et la privatisation échoua. Les mouvements sont menés pour la conservation des « lois de Mao » et la statue de Mao est devenue dans cette ville le point de ralliement de manifestations (interdites) des étudiants de gauche. Le renouveau de la gauche, qu’il soit d’inspiration maoïste ou pas se manifeste dans des pétitions comme celle du Zhengzhou 4 ou la lettre d’anciens membres du PC, militaires et intectuels d’octobre 2004 à Hun Jitao, intitulée « Nos vues et opinions sur le paysage politique actuel ». Malgré la dissolution des communes populaires 1 % des villages ont gardé des structures collectivistes et un renouveau des coopératives a été constaté. L’héritage de la révolution culturelle commence à être réévalué dans les milieux intellectuels où l’on parle de plus en plus « d’apprendre des masses », et, le congrès du PC chinois fut l’occasion d’un débat sans précédent sur le socialisme. Sur le néo-maoïsme en Chine aujourd’hui on peut aussi lire «Renouveau Maoïste et Aspirations Démocratiques » (http://thirdworldforum.net, http://alternatives-international.net/article2346.html) publié le 31 juillet 2008.

Cette situation est de nature à favoriser un réancrage à gauche de certains secteurs du PC chinois lequel n'a pas officiellement renoncé à l’objectif socialiste, dans son discours ni même dans certaines de ses pratiques en témoigne l’article « Li Qiqing: La modernisation du système financier et bancaire en Chine » sur le contrôle des banques dans ce pays (http://socio13.wordpress.com/2008/08/02/li-qiqing-la-modernisation-du-systeme-financier-et-bancaire-en-chine/).

Pour ce qui est du « nationalisme » chinois, et qui doit plutôt être analysé comme un réflexe anti-impérialiste d’une nation humiliée par le colonialisme occidental pendant plusieurs générations (et qui l’est encore bien souvent), on peut se reporter à l’article de Jean-Louis Rocca « Des Chinois contre la mondialisation » dans Critiques internationales 2002- 2 (no 15)| ISSN 1290-7839 | ISSN numérique : en cours | ISBN : 2-7246-2941-8 | page 70 à 74

Partager cet article
Repost0