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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 19:46

Le président de l'Union des Comores Ahmed Abdallah Sambi a nommé dans la nuit de mardi à mercredi 26 mai un gouvernement d'intérim, à la veille de la fin théorique de son mandat présidentiel, a-t-on appris de source officielle.

 

La prolongation du mandat de M. Sambi a suscité la colère des habitants de Mohéli à qui revient normalement le tour d'assurer la présidence de l'Union des Comores, en vertu du principe de la présidence tournante entre les îles de Grande Comore, Anjouan et Mohéli.

 

Le 31 mai des membres de la communauté comorienne de France ont constitué un gouvernement d'union nationale en exil pour obtenir le départ du président Ahmed Abdallah Sambi, et en appellent à la France pour mettre fin à la crise politique de l'archipel.

 

Selon un communiqué, ce gouvernement en exil a été constitué à l'initiative des partis Mwashiwa et Jirma (Jeunesse Initiée et Rassemblée en Mouvement pour Anjouan), ainsi que des femmes mohéliennes de France. Composés de onze membres, tous originaires des trois îles de l’archipel (Anjouan, la Grande Comore, Mohéli), ce gouvernement en appelle à la France, « le pays mère » pour sortir de la crise politique.

 

Le 1er juin il était aussi question de la création d'un gouvernement dissident sur l'île de Mohéli, de sorte que l’armée comorienne a dressé mardi des barricades dans la région centre de l’île et a quadrillé les rues de Fomboni, le chef-lieu.

 

Le président sortant aurait pour sa part eu recours à l'aide libyenne pour sa sécurité.Selon Jeune Afrique, il pourrait aussi compter sur le soutien diplomatique de l'Iran et des monarchies du Golfe.

 

Des étudiants mohéliens ont quant à eux hissé le 1er juin le drapeau de l'ancien colonisateur français sur le site de l'Université de Mvuni sans qu'on connaisse la finalité véritable de cette provocation.

 

La France a récemment renforcé sa présence à Mayotte (île qui selon l'ONU devrait aujoud'hui faire partie des Comores) qu'elle a décidé de transformer en département d'Outre-mer en 2011. La zone présent un intérêt économique du fait de ses réserves en gaz et pétrole, mais surtout stratégiques. 1 500 militaires français y sont basés. Mayotte permet de garder sous contrôle Madagascar, Maurice, les Seychelles et les Comores et surveiller le commerce maritime qui représente 90% des échanges commerciaux intercontinentaux. b52.jpg

 

C’est à partir de la base de l’île de Diego Garcia dans l’océan indien que les Etats-Unis ont bombardé l’Irak pendant la première guerre du golfe et l’Afghanistan après l’attaque du 11 septembre. Les forces occidentales ont quadrillé les régions pétrolifères de l’Afrique. La France et les Etats-Unis, de concert, contrôlent les routes maritimes et enserre l’Asie centrale grâce à l’installation de bases militaires à Abou Dhabi, Diego Garcia, La Réunion ; Djibouti, Mayotte (voir le blog d'Eve Ressaire à ce sujet). Les Etats-Unis en 2008 avaient manifesté leur intérêt pour les Comores en y dépêchant leur secrétaire d'Etat adjoint aux affaires africaines Mme Jendayi Fraze. Ils ont d'ailleurs participé à une médiation avec la France et l'Afrique du Sud à Anjouan cette même année.

 

Anjouan en 1997 avait demandé à rejoindre la France. L'apparition de drapeaux français à Mohéli ces derniers jours pose la question du rôle de la France dans cette crise. La presse présente l'ancien colonisateur comme étant en retrait et laisse entendre que les initiatives pro-françaises des Mohéliens ne seraient pas provoquées de l'extérieur.

 

L'Union africaine a en tout cas dépêché un commissaire à la paix et la sécurité afin de favoriser une solution sans ingérence des puissances occidentales.

 

 

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 17:00

Vendredi dernier (14 mai), l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont signé un accord remettant en cause le traité de partage des eaux du Nil élaboré en 1929, à l’époque de l’occupation britannique, et amendé au moment des indépendances africaines. Cet accord très favorable aux deux pays en aval attribue à l’Egypte (55 milliards de m³) et le Soudan (18 milliards) près de 90% du volume annuel du fleuve. Le traité octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d’affecter son débit. En 1978, le président égyptien Anouar el-Sadate avait ainsi menacé de bombarder l’Ethiopie si les travaux d’un barrage n’étaient pas interrompus. ­Addis-Abeba avait cédé.

 

Aujourd'hui l'Ethiopie se sent davantage en position de force et prévoit de construire une quarantaine de micro-barrages. L'Egypte l'accuse d'avoir sur ce point le soutien d'Israël qui pourrait en financer quelques-uns.

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En septembre 2009, le ministre des affaires étrangères israélien M. Avigdor Lieberman a rendu visite aux trois pays qui contrôlent le bassin du Nil : l'Ouganda, le Kenya (où s'était rendu le président M. Ahmadinejad quelques mois plus tôt) et l'Ethiopie. Certains analystes arabes comme Galal Nassar dans Al -Ahram estiment qu'Israël utilise les pays en amont du Nil pour mettre en péril la survie de l'Egypte dont l'agriculture dépend complètement du Nil (et en dépendra encore davantage à mesure que sa population augmente). Au Kenya, Lieberman a d'ailleurs signé un important accord sur l'eau. Le ministre qui en 1998 avait recommandé de bombarder le barrage d'Assouan pour inonder l'Egypte aurait ainsi plutôt opté pour le chantage à l'assèchement.

 

Israël a du reste tout autant besoin d'eau que l'Egypte. Le 8 septembre, à propos de la visite de Lieberman en Afrique, le journal français Le Figaro remarquait d'ailleurs : "En 1974, un projet envisageant la restitution de Jérusalem-Est aux Palestiniens en échange du transfert annuel de 840 millions de m³ - suffisants pour couvrir les besoins en eau d'Israël à l'époque - s'est encore heurté à l'hostilité de l'Éthiopie et du Soudan et au veto du premier ministre israélien Menahem Begin. Cinq ans plus tard, Israël a retenté sa chance après la signature du traité de paix de Camp David. Mais l'Égypte s'y est opposée, arguant qu'une telle décision requiert l'accord de tous les pays riverains. Israël a retenu la leçon. Et prépare peut-être la prochaine offensive."

 

En ce qui concerne l'autre grand pays arrosé par le Nil, le Soudan, son instabilité sert aussi les intérêts israéliens. Israël a mené des raids aériens au Soudan en 2009 et entretenu la sécession au Darfour et du Sud-Soudan. Dans ce pays le processus électoral du mois dernier, qui s'est déroulé dans le cadre d'un plan de paix visant à un meilleur partage des ressources, semble de plus en plus compromis, tandis que les armes affluent à nouveau, ravivant le risque de reprise de la guerre civile.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 12:30

Le président du Kirghizstan Kourmanbek Bakiev  a été renversé mercredi 7 avril à l'issue de violents affrontements entre policiers et manifestants qui ont fait 81 morts et se trouve depuis dans le sud du Kirghizstan. La chef du gouvernement par intérim, Rosa Otounbaïeva, l'accuse de fomenter une guerre civile. L'ex-président et ses proches, ont vidé les coffres de l'Etat avant de s'enfuir, forçant le gouvernement par intérim, à court d'argent, à geler le système bancaire, a indiqué un haut responsable des autorités intérimaires.

 

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Bakiev avait été porté au pouvoir par une "révolution des tulipes" financée par les Etats-Unis. Puis l'an dernier celui-ci a tenté de faire monter les enchères entre la Russie et les Etats-Unis, promettant à la première (sous la pression de son opinion publique intérieure) un accord aérien et la fermeture de sa base aérienne étatsunienne, puis finalement acceptant le maintien de cette base après avoir obtenu que Washington en triple le louer.

 

C'est à l'annulation des effets de la précédente révolution de couleur qu'on a affaire, semble-t-il, puisque cette fois-ci c'est la Russie qui soutient le nouveau gouvernement par intérim, sans toutefois, il est vrai, avoir à proprement commandité, semble-t-il, ce "contre-coup d'Etat" ainsi que l'a reconnu un officiel étatsunien .

 

Tandis que le nouveau gouvernement kirghize envisageait à son tour de fermer la base étatsunienne (une option finalement abandonnée après un coup de fil d'Hillary Clinton), Eric McGlinchey dans le New York Times, incitait Washington à ne pas engager l'épreuve de force dans un pays qui est l' "arrière cour de la Russie". Pour beaucoup de commentateurs Washington est de plus en plus obligé à adopter une stratégie de profil bas; comme pendant la période qui a suivi la guerre du Vietnam, la base kirghyze étant essentielle dans le dispositif d'occupation de l'Afghanistan. 

 

Les tenants et les aboutissants de la situation actuelle restent encore obscurs cependant. Le coopérant Michael Cecire, ancien volontaire du corps de maintien de la paix en Géorgie estime pour sa part que cette nouvelle révolution pourrait tout aussi bien être un coup de la CIA pour se débarrasser d'un Bakiev devenu imprévisible, d'autant que la nouvelle responsable du gouvernement a servi aussi bien sous les régimes pro-russes que pro-occidentaux.

 

En tout cas, le dernier président issu des révolutions colorées à ne pas avoir été renversé, le géorgien Mikheil Saakashvili, proche des néo-conservateurs étatsuniens a accusé Moscou d'être derrière le renversement de Bakiev, ce qui révèle tout de même que les pro-Occidentaux ont le sentiment d'avoir "perdu le Kyrghyzstan"...

 

F. Delorca

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 15:34

Plus de neuf mois après le coup d'Etat du 28 juin 2009 qui a renversé le président légal du Honduras, le silence s'installe autour de la situation de ce pays.

 

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Le 27 janvier s’est terminé officiellement le mandat de M. Manuel Zelaya à la présidence de la République du Honduras. Elu le 29 novembre, au cours d’un scrutin illégitime (21,5 % de participation) organisé par le gouvernement putschiste Roberto Micheletti, le conservateur Porfirio Lobo a pris ses fonctions.

 

Le président du Guatemala a lancé un processus d'intégration du gouvernement putschiste dans le Système de l'Intégration Centraméricaine (SICA). Mme Clinton a annoncé le 4 mars dernier que les Etats-Unis reprendraient leur aide économique au gouvernement issu du putsch, en estimant que le pays a donné suffisamment de gages de démocratie.

 

Pourtant la répression militaire se poursuit dans ce pays. Globadia.com cite le cas d'un journaliste assassiné de plus de trente balles le 14 mars. Ils ont été au moins trois à faire l'objet d'exécutions sommaires en mars 2010, six depuis le début de l'année. Le 15 février le syndicaliste Funes Benítez  était assassiné par des hommes en moto sans que la police accepte d'enregistrer la plainte. Tandis que les paramilitaires visent spécifiquement ceux qui ont participé aux marches de soutien au président Zelaya, l'armée, elle s'en prend au mouvement paysan : hier un fort contingent de soldats a été déployé cette semaine contre la communauté paysanne de Guadalupe Carney qui s 'est approprié les terres d'un riche propriétaire qui les avait illégalement expropriés pour planter des palmes (une culture agrotoxique pour l'environnement et qui prive les petits paysans de leurs ressources) dans la région du Bas Aguan. Pour faire accepter la répression, le journal de droite La Prensa a prétendu que les opposants radicaux s'étaient alliés aux narcotraficants pour installer une guérilla armée dans le Bas Aguan.

 

L'opposition du Honduras néanmoins ne désarme pas. L'ancien Front populaire national contre le coup d'Etat rebaptisé Front national de résistance populaire qui réunit des secteurs variés de la société réclame maintenant une nouvelle constitution et va lancer une campagne de signatures dans ce but.

 

F. Delorca

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 14:33

Nous avions signalé l'an dernier la désinformation dont faisait l'objet le mouvement des Chemises Rouges thaïlandais. La tendance a perduré cette année où le mouvement s'est installé pacifiquement à Bangkok en mars dernier, dans le but de faire tomber le gouvernement en place (un gouvernement issu d'un coup d'Etat). 21 personnes ont trouvé la mort samedi dernier dans les affrontements entre l'armée et les manifestants, et, tandis que les négociations reprennent entre les autorités et les manifestants, l'Agence france presse et Reuters présentent encore ces derniers comme des sortes de milices à la solde de l'ex-premier ministre Thaksin Shinawatra, avec des termes comme "les manifestants favorables à l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra". Un observateur français sur place "Vinalys" sur son blog a récemment confirmé qu'il n'en était rien.

 

Les "chemises rouges" commencent à recevoir un timide soutien de la gauche européenne. Le Parti communiste du Royaume uni a appelé à bombarder l'ambassade de Thaïlande à Londres de protestations contre la répression du peuple à Bangkok. En France des blogs du NPA relayent un appel à la solidarité de partis de gauche d'Asie du Sud-Est.

 

 

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 11:50

La démocrature rwandaise de Paul Kagame serait-elle fragilisée ? A quelques mois des élections présidentielles prévues le 9 août 2010, deux événements récents laissent supposer à certains une fragilisation du régime nationaliste tutsi de Paul Kagame.

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En premier lieu le harcèlement policier contre la Présidente des Forces Démocratiques Unifiées « FDU – Inkingi », Victoire Ingabire Umuhoza, une jeune hutu venue à la politique bien après le génocide mais que le pouvoir rwandais prétend associer aux forces armées hutues  Forces Démocratiques de Libération du Rwanda « FDLR » basées au Congo. Elle est fréquemment interrogée depuis son retour de son exil, et présentée comme une "hooligan" par le  président Kagamé, qui ne cesse aussi de demander l'extradition de responsables de l'opposition en exil. Le pouvoir du président Kagamé est d'ailleurs occasionnelle appuyé par l'ONU dans ses attaques contre le FDU, un rapport d'expert récent ayant reproché à Mme Ingabire d'avoir siégé à une table de dialogue national à laquelle se trouvaient des représentants du FDLR. Des Tutsis francophones sont aussi inquiétés.

 

Le deuxième élément est le remplacement du général James Kabarebe au poste de chef d'Etat major qui pourrait traduire une méfiance à l'égard de l'armée, mais cette information n'est citée semble-t-il que sur un blog.

 

Pendant ce temps les tribunaux rwandais tardent à juger l’ex-chef historique de la rébellion congolaise, Laurent Nkunda, arrêté au Rwanda en janvier 2009, accusé d'avoir commis de nombreux crime sde guerre au Congo, et toujours détenu à Kigali.

 

En ce qui concerne le Congo justement, sur Dissident voice, le journaliste Keith Harmon Snow accuse les forces de l'ONU d'avoir soutenu les forces gouvernementales congolaises contre la nouvelle guérilla les "Patriotes-Résistants de Dongo" dans la province d'Equateur et met en cause la propagande occidentale de l'Agence france presse et de Reuters qui dissimulent les vrais enjeux de la guerre au Congo oriental. Il rappelle aussi que la dernière grande opération humanitaire, l'initiative Congo, menée par l'acteur Ben Affleck est financée par Howard Buffet, dont la holding Berkshire Hathaway possède 18,5 % des parts du Washington Post (ce qui n'est guère de nature à assurer l'indépendance des grands médias étatsuniens sur ce sujet) et qu'en septembre 2008 le milliardaire Bill Gates, Howard Buffet, Paul Kagame et Yoweri Museveni ont lancé ensemble un partenariat “Purchase for Progress” avec le Programe alimentaire des Nations-Unies. Il révèle aussi que l'OTAN, le commandement africain des troupes américaines (Africom), les compagnies de sécurité privées Dyncorp and PAE (Pacific Architect & Engineers) d'avoir encadré des soldats ougandais et rwandais impliqués dans la répression de l'insurrection à Kisangani, mais aussi engagés au Soudan, en Irak et en Afghanistan comme supplétifs de l'armée américaine.

 

La nouvelle insurrection de Dongo est en tout cas en train d'infliger des revers sérieux aux troupes occidentales, sur lesquels les agences de presse occidentales restent pour le moins discrètes.

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 18:37

Le 1er avril dernier le président de la République afghane placé au pouvoir à Kaboul par M. George W. Bush en lieu et place des talibans, M. Hamid Karzaï, a révélé le vrai visage des dernières élections du mois d'août en accusant les Etats-Unis et les Occidentaux d'avoir organisé des fraudes massives, largement acceptées par l'ONU. Dans la surenchère verbale qui a suivi ces déclarations, M. Karzaï a menacé de rejoindre les rangs des talibans.

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Le secrétaire de presse à la Maison blanche a refusé de dire s'il considérait toujour M. Karzaï comme un allié des Etats-Unis.

 

En Irak, aucun gouvernement n'a pu être constitué depuis les élections parlementaires du début du mois de mars. Trois des quatre partis chiites irakiens majoritaires n'ont pas hésité à se réunir directement en Iran pour être à l'abri des pressions américaines. Les dernières élections ont placé le premier ministre actuel Al Maliki juste derrière son rival, Iyad Allaoui qui a reçu beaucoup de voix sunnites et le soutien financier des monarchies du Golfe méfiantes à l'égard du chiisme. En Irak Allaoui est soupçonné de bénéficier du soutien de la CIA en tant que rempart potentiel contre l'Iran. D'ex membres de la CIA avaient déclaré en 2004 qu'Allaoui avait organisé des attentats pour le compte de leur agence en Irak dans les années 1990. L'issue des négociations sur la constitution d'un nouveau gouvernement reste des plus incertaines.

 

Tandis qu'une vidéo embarrassante montre des soldats américains tirant sur des journalistes de Reuters, on déplorait 41 morts et 437 blessés dans une série d'attentats à  Bagdad le weekend dernier. Les morts violentes de civils sont quotidiennes dans ces deux pays depuis l'invasion américaine.

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 23:28

stbasile_spasskayatower_red_square_moscow.hires.jpgTrente-huit personnes, en plus de deux femmes kamikazes, ont été tuées dans le double attentat suicide commis lundi 29 mars dans la matinée dans le métro de Moscou. Par ailleurs douze personnes, dont neuf policiers, ont été tuées dans deux attentats-suicide mercredi à Kizlyar, près de la frontière avec la Tchétchénie le1er avril.

 

L'attentat a été revendiqué par Doukka Oumarov, "Emir du Nord Caucase", ancien président de l'Ichkérie qui revendique avoir des bases de l'Abkhazie jusqu'en Azerbaïdjan, une zone de première importance pour les routes du pétrole. La guérilla reste active dans les zones musulmanes du Caucase russe. En juin et en septembre dernier le président tchétchène Ramzan Kadyrov a accusé la CIA et la MI6 d'être présents aux côtés des rebelles islamistes. Par ailleurs l'American Committee for Peace in Chechnya est souvent désigné comme un organe de propagande américaine anti-russe tourné vers la Tchétchénie.

 

Dans cette région, outre l'activisme religieux au Daghestan et en Tchétchénie, le nationalisme circassien est aussi encouragé par des lobbys occidentaux. Comme le note Frédéric Delorca dans son dernier livre, "Abkhazie, A la découverte d'une "République" de survivants" (Ed. du Cygne 2010), un travail de promotion du nationalisme circassien (dans le Nord Ouest du Caucase) se développe dans la perspective des jeux olympiques de Sotchi de 2014, qui rappelle l'insurrection des moines tibétains à la veille des jeux olympiques de Pékin : "Sotchi était le port de départ de milliers de Circassiens déportés vers la Turquie.  2014 marquera la 150ème anniversaire de la victoire russe contre eux. Des voix s’élèvent au Caucase Nord, comme celle de l’Association circassienne internationale basée en république kabardino-balkarienne, et dans la diaspora des peuples déportés, pour que des symboles circassiens figurent dans ces jeux au même titre que les jeux de Vancouvert au Canada ont accordé une place aux Indiens victimes de génocide, ou ceux de Melbourne aux Aborigènes d’Australie . A défaut de pouvoir satisfaire les revendications circassiennes, les jeux de Sotchi pourraient être compris comme une provocation par les peuples du Nord-Ouest du Caucase et enflammer le ressentiment anti-russe. Des analystes russes début 2010 pointaient du doigt la décision récente de l’administration Obama d’augmenter les effectifs de USAID, l’agence des basses œuvres interventionnistes étatsuniennes, et accusait les associations adyguiennes comme Adyghe-Khasa, le Congrès circassien ou l’Association circassienne internationale qui réclament la reconnaissance du « génocide » de leur peuple d’appliquer en fait le programme de thinks tanks américains comme Rand Corp. et la Jamestown Foundation. Selon ces analystes cette activité qui joue sur des cordes tantôt ethniques tantôt religieuses contribue à la dé-russification rampante du Nord-Caucase . On peut d’ailleurs noter que la Fondation Carnegie à travers le Program on New Approaches to Research and Security in Eurasia (PONARS) finance publiquement des recherches très orientées vers le soutien aux revendications circassiennes."

 

Face à cette conjonction entre islamisme et nationalisme sur fond de fort taux de chômage, le Kremlin depuis quelques mois mise sur la répression. En février, le président russe Medvedev a nommé un « consul du Caucase », représentant du président de Russie, et vice-premier ministre, Alexandre Khloponine, 44 ans, ancien directeur de combinat, qui a déjà mis de l’ordre dans la région de Krasnoïarks en Sibérie en y intégrant  les territoires d’Evenk et Taïmyr. A cette occasion une grande région a été créée englobant le territoire de Stavropol et les Républiques autonomes de Karatchaevo-Tcherkessie, Kabardino-Balkarie, Ossétie du Nord, Ingouchie, Tchétchénie et du Daghestan, toutes ces entités pouvant à terme être absorbée par le territoire de Stavropol. Cette mesure, qui s'ajoute aux actions militaires et policières, passe pour un acte de méfiance à l'égard des autorités locales caucasiennes, et a été notamment critiquée par le président de l'Ingouchie

 

La spirale de la répression et du terrorisme pourrait, si elle se developpe, compromettre le retour récent de la Russie sur la scène internationale.

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 20:57
usmarine.jpgC'est André Maltais qui le rapporte sur Mondialisation.ca :

"Dans la soirée du samedi, 10 octobre 2009, des milliers de soldats et policiers fédéraux, profitant du fait que leur présence dans les rues est familière depuis la militarisation de la lutte anti-drogue, envahissent subrepticement une cinquantaine d’installations de la compagnie nationale d’électricité, Luz y Fuerza del Centro (LFC) qui approvisionne plus de six millions de personnes dans le centre du pays.

Les militaires forcent les travailleurs présents à quitter les lieux et attendent que le président mexicain Felipe Calderon émette un décret liquidant purement et simplement l’entreprise publique et son syndicat, le Syndicat mexicain des électriciens (SME).

Du jour au lendemain, 44 000 travailleurs et leur famille de même que 22 000 retraités se retrouvent à la rue alors que disparaît l’un des syndicats indépendants les plus forts et combatifs du pays
."

Une semaine auparavant, le gouvernement avait refusé de reconnaître l’élection de Martin Esparza à la tête d’un syndicat qui, depuis 95 ans, s’est  toujours opposé aux privatisations et à l’érosion des droits des travailleurs."


L'article note aussi que "en 2009 seulement, le pays a perdu plus d’un million d’emplois et, depuis l’arrivée au pouvoir du « cauchemar » Calderon, au moins 2.8 millions d’emplois dont un très grand nombre dans les secteurs les plus intégrés à l’économie états-unienne.Le quotidien La Jornada révèle que 76.000 faillites d’entreprises sont survenues au cours des six derniers mois seulement!"

Alors que d'une main il démantèle l'Etat mexicain, Calderon de l'autre s'abandonne à la dérive sécuritaire, avec les encouragements de Washington. Cette semaine, on a justement appris qu'Obama a offert à Calderon une collaboration plus étroite en matière de sécurité. En janvier dernier, un rapport militaire étatsunien a placé le Mexique au même titre que le Pakistan parmi les possibles "failed states" (Etats en déliquescence) qui pourraient s'effondrer aussi rapidement que la Yougoslavie entre 1991 et 1995. Le gouvernement mexicain a déjà déployé 45 000 soldats dans les zones du pays susceptibles d'être aux mains des narcotraficants. Cette militarisation du pays entraîne des atteintes croissantes aux droits de l'homme. Les plaintes contre le ministère de la défense devant la Commission nationale des droits de l'omme sont passées de 182 en 2007 à 559 pour le seul premier semestre de 2009. Un rapport d'Amnesty international en décembre a décrit des cas de tortures, d'enlèvement et d'assassinats par l'armée mexicaine. Les excès de l'armée mexicaine sont tels que leurs mentors étatsuniens s'en inquiètent. En août 2009, le sénateur démocrate du Vermont Patrick Leahy (un sénateur en pointe sur les droits de l'homme qui a proposé en 2007 le rétablissement de l'habeas corpus à Guantanamo) a pu faire bloquer provisoirement une aide militaire de 90 millions de dollars au Mexique en raison des exactions imputées à l'armée de ce pays.

La semaine dernière la secrétaire à la sécurité intérieure Janet Napolitano a reconnu que l'armée américaine agissait directement "d'une certaine façon limitée" ("in certain limited ways") au Mexique. L'intervention militaire directe des Etats-Unis reste cependant difficilement envisageable dans un pays qui a déjà perdu une guerre (et un tiers de son territoire) contre les Américains. Obama se dit même réticent à l'idée militariser ouvertement la frontière (où se multiplient les meurtres et violences) comme le lui demandent certains gouverneurs.

Sur Counterpunch.org, Mike Whitney récemment rejoignait André Maltais en soulignant que la militarisation de la lutte contre  la drogue fait l'affaire des narco-traficants puisqu'elle fait augmenter le prix des stupéfiants et donc les bénéfices (y compris pour corrompre des fonctionnaires aux Etats-Unis), et que son objectif véritable était en fait la liquidation de la résistance de gauche au Mexique.

F.Delorca 

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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 10:06
Le Soudan s'apprête à tenir le 11 avril prochain ses premières élections multipartites (législatives, régionales et présidentielle) depuis 1986, un processus qu'il a dû accepter sous la pression des USA dans le cadre des négociations de 2005 avec les sécessionnistes du Sud. A cette occasion, les pressions occidentales se multiplient sur ce pays. Tout en subtilité, mardi 23 mars lors d'une conférence de presse à Bruxelles, Luis Moreno-Ocampo, procureur de la cour pénale internationale, a estimé que le travail des observateur électoraux de l'Union européenne (138 observateurs), était comparable à "surveiller une élection sous Hitler". La cour pénale internationale (CPI) a inculpé le président sortant Omar al-Bachir pour génocide au Darfour, une accusation qui a été portée contre le gouvernement islamiste de Khartoum par les néo-conservateurs américains à l'époque de Bush, et relayée par divers lobbys, une accusation que même l'ancien président du Tribunal pénal sur l'ex-Yougoslavie Antonio Cassese, qui a été dépêché au Soudan par l'ONU en 2004, trouve excessive.
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 M. al-Bachir a menacé d'expulsion les observateurs électoraux américains de la Fondation Carter (dirigée par l'ancien président démocrate américain, et proche d'Obama). Il est reproché à ceux-ci d'avoir demandé le report de la date des élections, ce qui n'est habituellement pas dans la compétence d'observateurs électoraux. Human Rights Watch (liée à la Fondation Soros et aux démocrates américains) s'est aussi jointe à la Fondation Carter pour demander le changement de date des élections. Il semble que ces lobbys liés à l'administration démocrate aient pris, sur le Soudan, le relais de la croisade des néo-consevateurs évangélistes liés aux républicains, manifestant ainsi la continuité de la politique impériale étatsunienne dans les pays à fort enjeu pétrolier.

17 partis politiques soudanais se sont engouffrés dans la brèche de la demande du report des élections, à l'exception notable du Mouvement de libération des peuples du Soudan et du Parti du congrès populaire.

Selon Gérard Prunier et  Maggie Fick, ces élections, qui sont un prélable au référendum d'autodétermination du Sud-Soudan en 2011, "marquent le début d'un processus qui va modifier durablement l'histoire, mais qui, au vu de l'état actuel des jeux politiques, pourrait conduire à la dissolution brutale de l'Etat soudanais."

F. Delorca
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