Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte Libre

blog-expert-public.jpg

 

Recherche

2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 17:31

L’armée équatorienne a pris d’assaut, le 30 septembre au soir, l’hôpital de Quito. Le président bolivarien Rafael Correa y était était encerclé depuis plusieurs heures par des policiers qui manifestaient contre la loi du Service public récemment votée.

 

Quelques soldats s'étaient joints aux policiers furieux de voir certaines de leurs primes diminuer, tandis que 5 000 habitants de Quito venaient soutenir le président devant l'hôpital. Un groupe de militaires a même pris momentanément le contrôle du principal aéroport du pays, à Quito.

 

Certains partisans du président dénoncent déjà un vaste complot de la droite derrière cette insurrection des policiers. La députée María Augusta Calle d'Alianza País a souligné le rôle de responsables de droite qui le jour même du coup s'indignaient de la baisse des primes des policiers, et surtout le fait que les média privés ont été immédiatement sur place pour filmer les opérations des policiers contre le président. Ces mêmes médias, tandis que le président était encerclé, jouaient la carte du pire, donnant la parole au général Mario Pazmiño (accusé d'avoir aidé l'armée colombienne à effectuer des incursions en territoire équatorien en 2008) qui incitait les équatoriens à retirer immédiatement leur argent des banques - ce qui pouvait provoquer le chaos économique. Selon María Augusta Calle la droite a entretenu auprès des policiers une désinformation concernant le contenu réel de la loi du Service public (qui comporte des avantages substantiels pour la police et les pompiers comme le paiement de leurs heures supplémentaires), et aurait même organisé des pillages à divers endroits du pays. En outre des partisans de l'ancien président de la République le colonel Lucio Gutiérrez auraient tenté d'empêcher la télévision publique équatorienne de continuer à diffuser des informations pendant l'encerclement du président. Le président Correa lui-même aprè sa libération a dénoncé des manoeuvres d'infiltration de la police par la droite.

 

Les Etats-Unis sont également en cause, et pas seulement du fait de leur financement des médias privés et de la façon dont CNN a couvert la tentative de coup d'Etat. Aporrea rappelle qu'un rapport du ministère de la défense équatorien de 2008 expliquait, sur la base de fuites livrées par l'ex agent de la CIA Philip Agee que l'ambassade des Etats-Unis à Quito corrompait un grand nombre d'officiers de la police équatorienne. Trois colonels de la police ont été arrêtés. De nouvelles révélations pourraient apparaître dans les semaines qui viennent.

 

Frédéric Delorca

 

 



Partager cet article
Repost0
2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 03:50

flagcongo.pngUn rapport de 550 pages vient d'être publié par le Haut commissariat pour les droits de l’Homme de l'ONU sur les atrocités commises en République démocratique du Congo (RDC) de 1993 à 2003 contre les populations hutu qui y étaient réfugiées après le génocide commis par les extrémistes hutu au Rwanda. Ce rapport n'avait été communiqué en juin et juillet qu'à six pays impliqués dans la tragédie des Grands Lacs. Les autorités rwandaises alliées des Etats-Unis ont évidemment condamné son contenu. (Le président Kagamé très démocratiquement rééelu récemment avec 93 % des voix s'exprimait dans le cadre d'une conférence de l'Institut international d'études stratégiques à Londres, un institut qui en son temps avait légitimé la thèse de la possession des armes de destructions massives biologiques et chimiques par l'Irak). Le Burundi, l'Ouganda et l'Angola également incriminés à divers niveaux ont fait de même.

 

Un ex enquêteur de l’ONU sur les massacres au Congo, Reed Brody, qui travaille pour Human Rights Watch et s’est distingué par ses actions à l’encontre de l’ancien dictateur tchadien Hissene Habré, a estimé que le rapport de l’ONU devrait servir d’argument, de base de données pour amener les coupables devant la justice.

  bankm.jpg

La publication de ce rapport met l'ONU en complet porte-à-faux car les Nations-Unies ont misé sur le Rwanda pour de nombreuses missions de maintien de la paix en Afrique, notamment au Soudan (Paul Kagamé a d'ailleurs menacé de retirer ses troupes si des suites favorables étaient données au rapport qui l'accuse de crime contre l'humanité). En outre, alors que l'ONU a critiqué l'invitation par les chefs d'Etat africains du président soudanais Omar El-Béchir inculpé devant la cour pénale internationale (CPI), il devient tout aussi critiquable que l'institution soit représentée en la personne de l'adjoint du procureur de la CPI à la cérémonie d'investiture de Paul Kagamé... qui lui même pourrait se voir inculper devant cette même cour sur la base du rapport de l'ONU prochainement....

 

La nouvelle intervient alors qu'au même moment, au mois de septembre, à la faveur d'un réchauffement des rapports entre Paris et Kigali, le juge français Marc Trevidic qui a repris à zero l’enquête du juge Bruguière sur l’attentat contre l’avion présidentiel du président Habyarimana en 1994 s'est rendu au Rwanda pour finaliser son enquête. Des officiers de l'armée de M. Kagamé ont été traduits pour crimes de masse devant la justice espagnole dont l'enquête constitue une pression supplémentaire sur le régime de Kigali.

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 15:56

A Caracas au Venezuela s'est constitué aujourd'hui un comité permanent de solidarité avec les "Indiens" (aborigènes) mapuche du Chili.

 

Le 18 septembre la présidente du conseil national de Lonko de l'Assemblée Mapuche de gauche Ximena Cumicán a estimé que les Mapuches ne se sentaient pas concernés par le bicentenaire de l'indépendance du Chili - déclaration liée au fait que les Mapuche ont joui d'une plus grande autonomie sous la couronne espagnole qu'au sein du Chili indépendant.

 

Selon le recensement officiel de 2002, les Mapuche représentent 4% de la population chilienne (87,3% des indigènes), soit un peu plus de 600 000 personnes. D'autres statistiques en donnent un nombre plus élevé. Ils vivent dans le centre du pays. Selon Raul Zibechi, contributeur du livre Atlas alternatif, la survie des Mapuche en tant que peuple est menacée par l'industrie forestière chilienne qui depuis la dictature de Pinochet est entre les mains de deux grands groupes. "Malgré les plaintes relatives à la détérioration environnementale et sociale, malgré la résistance de dizaines de communautés mapuche mais aussi maintenant de pêcheurs et d’agriculteurs, et,  à la poursuite accélérée, en dépit des analyses d’organismes publics nationaux qui préviennent de ses dangers, du développement de l’industrie forestière, la quantité de bois disponible aura doublé en 2018 par rapport à ce qu’elle était en 1995, selon ce qu’indique la Corporation du Bois" explique-t-il dans un article de 2007.

 

Malgré le retour à la démocratie en 1989, et à la différence de ce qui s’est produit dans d’autres pays d'Amérique latine, en 1992, le Parlement a rejeté la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et la reconnaissance constitutionnelle des Mapuche comme peuple.

 

Aujourd'hui il est fréquent que désespérées, beaucoup de communautés envahissent les terres dont se sont emparées les entreprises forestières, et pour cela soient accusées de « terrorisme ». Depuis le début de l'été 34 prisonniers politiques mapuche sont en grève de la faim, répartis dans six prisons.

 

Les organisations mapuche de gauche demandent l'abrogation de la loi anti-terroriste héritée de Pinochet et l'adoption d'une nouvelle constitution qui reconnaisse les droits de leur peuple.

 

Le président de la République chilienne Sebastián Piñera s'attache à diminuer la représentativité d'organisations comme celle de Ximena Cumicán et promet une aide de 4 milliards de dollars en investissements dans les constructions d'écoles et d'infrastructures pour les Mapuche. A supposer que la promesse soit tenue, il est peu probable que cela suffise à enrayer l'effet destructeur du productivisme néo-libéral sur cette population.

 

F. Delorca

 

Partager cet article
Repost0
7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 16:26

M. Kouchner vient de le déclarer : les missiles S-300 russes déployés en Abkhazie (que Ria Novosti situe à tort dans le Caucase du Nord) ne déséquilibrent pas la région et ne présentent de menace pour personne, puisqu'il s'agit d'un dispositif défensif. Faut-il voir là une opération de charme des alliés de Washington à destination du gouvernement de Soukhoumi, à l'heure où l'expert ancien collaborateur de la CIA Paul Goble, conseille aux USA et à la Géorgie de reconnaître l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud pour déstabiliser le Nord du Caucase (russe) où les violences se poursuivent ?

 

Les Etats-Unis sont enclins aux revirements d'alliances en ce moment : à la recherche d'une alliance stratégique avec le gouvernement communiste du Vietnam (où ils ont tué deux millions de personnes) dans leur stratégie d'encerclement de la Chine, les responsables de l'administration Obama sont prêts à vouer aux gémonies leur allié serbe Tadic, qu'ils avaient soutenu pendant des années à Belgrade, depuis que celui-ci déploie une diplomatie un peu trop efficace contre la reconnaissance du Kosovo.

 

Les mêmes revirements seraient-ils envisageables dans le Caucase.

 

En mai 2010 le président Obama avait estimé que la situation de la Géorgie (qui voudrait récupérer ses deux républiques sécessionnistes) n'était plus un obstacle à la signature d'un traité nucléaire avec la Russie. Selon Simon Shuster il y aurait un véritable lâchage de la Géorgie par Washington qui n'a pas apprécié l'émission télévisée du 13 mars au cours de laquelle une fausse information sur une invasion russe a provoqué la panique dans le pays.

 

Le président russe Dimitri Medvedev quant à lui,est identifié depuis longtemps comme plus favorable aux Etats-Unis que son premier ministre Vladimir Poutine, ce qui s'est traduit par un rapprochement russo-américain sur le dossier du nucléaire iranien et la signature d'un accord de défense entre la Russie et Israël aujourd'hui 7 septembre.

 

La possibilité d'un évolution des alliances autour du Caucase reste cependant limitée la place capitale de la Géorgie dans les divers dispositifs stratégiques occidentaux, notamment pour mener la guerre en Afghanistan et pour une éventuelle attaque contre l'Iran.

 

F. Delorca

 

Célébration du 2ème anniversaire de la reconnaissance
de l'indépendance de l'Abkhazie par la Russie.
Partager cet article
Repost0
30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 14:49

Dans un article mis en ligne le 24 août, Bruno Angsthelm, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD, une ONG influente basée à Paris) s'alarme de l'impossibilité d'une alternance politique au Cameroun. Le Président Paul Biya aujourd'hui âgé de 77 ans a obtenu en 2008 la modification de la constitution permettant qu'il exerce un nouveau mandat.  Les élections auront lieu l'an prochain. Au pouvoir depuis 1982, responsable d'une répression sanglante des émeutes de la faim en février 2008, le président Biya est dans le collimateur de plusieurs ONG sur la question du respect du pluralisme et des droits de l'homme.

 

800px-LocationAfrica.png

L'International crisis group financé par George Soros et proche des démocrates aux Etats-Unis s'est aussi intéressée au régime de Paul Biya très récemment. Fin mai un de ses rapports soulignait l'instabilité potentielle du Cameroun. Dans la foulée, le 8 juin, à Douala, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun Janet E. Garvey  s’est adressée à des hommes d’affaires, membres de la Chambre de commerce américaine, une structure créée au Cameroun il y a trois ans, pour dénoncer la corruption au sommet de l'Etat camerounais. Certains courants du parti démocrate à Washington pousseraient au Cameroun la candidature de Christopher Fomunyoh , le coordonnateur pour l’Afrique centrale du National Democratic Institute (Ndi), proche lui aussi du parti démocrate étatsunien, à l’élection présidentielle de 2011. 

 

Toutefois les Etats-Unis, tout comme la France, sont très loin d'avoir abandonné Paul Biya.  Leur allié, Israël, a récemment formé un corps d'élite au sein de l'armée camerounaise, le Bataillon d’intervention rapide, apparemment en concurrençant les cadres militaires français, spécialement pour sa protection. Nicolas Sarkozy à l'issue d'une visite de son ami Paul Biya en France lui a imposé la nomination d'un vice-président, afin que le système camerounais puisse se reproduire dans de meilleures conditions que le régime togolais à la mort d'Eyadéma ou le régime ivoirien après le décès d'Houphouët Boigny, ce qui n'est pas sans poser des problèmes ethniques. La désignation du vice-président pourrait être un moyen de ménager les intérêts états-uniens et français au Cameroun en ouvrant les perspectives d'une sortie "en douceur" de l'ère Biya.

 

L'économie du Cameroun est largement entre les mains de la holding française Bolloré qui contrôle ses chemins de fer, son port maritime (Douala), et directement ou indirectement une bonne partie de son agriculture (le groupe a lancé récemment des actions en justice contre des journalistes qui mettaient en cause la manière dont il traitait sa main d'oeuvre au Cameroun). En octobre 2007, le journal du groupe Bolloré Matin Plus en collaboration avec le Monde a vanté la politique de Paul Biya, et le groupe soutient la Fondation de l'épouse du chef de l'Etat Chantal Biya, une association caritative dont le nom a été évoqué à diverses reprises dans des affaires de corruption (fondation qui bénéficie certes aussi de dons chinois...). La découverte récente de nouveaux gisements pétroliers par Total devrait rendre ce pays (qui déjà tire la moitié de ses recettes à l'exportation des hydrocarbures) encore plus attractif pour ses parrains occidentaux.

 

Partager cet article
Repost0
20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 13:19

A la "Une" du Quotidien du Peuple (organe du comité central du PC chinois) aujourd'hui "Est-ce que les Etats-Unis cherchent des noises dans la mer de Chine méridionale ou est-ce qu'ils veulent maintenir le paix ?"

 

great_seal_of_the_us.pngL'article fait suite aux déclarations de l'amiral Robert F. Willard le 18 août selon lesquelles les Etats-Unis se maintidendront militairement pour longtemps dans la mer de Chine méridionale pour "s'opposer à l'usage de la force" dans le cadre du litige opposant la Chine, le Vietnam, Taiwan, les Philippines, la Malaisie et Brunei sur  l'achipel des Spartleys (dont chacun occupe une partie). Il accuse Willard d'exagérer la nature des tensions dans cette région et rappelle que la Chine aux côtés de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) s'est engagé avec tous les pays d'Asie du Sud-Est à rechercher des issues pacifiques aux litiges territoriaux.

 

flag-china.png

Il s'avère en effet que l'ASEAN et la Chine ont défini en 2002 un code de bonne conduite pour la résolution du litige territorial des Spartly et des négociations sont en cours pour le rendre plus contraignant. Dans ce contexte, les déclarations successives de Robert Gates, Hillary Cinton et de l'amiral Willard sur l' "intérêt national" des Etats-Unis à garantir par leur présence militaire dans cette zone le règlement pacifique des contentieux ne peut apparaître que comme une ingérence assez brutale.

 

Derrière ces gesticulations se cache en fait un nouvel épisode de la guerre du pétrole entre la Chine et les Etats-Unis.

 

Bien que l'archipel des Spratleys ne représente que quelques centaines d'îlots, ils sont censés reposer sur de grandes réservations de pétrole et de gaz naturel, et ils contrôlent des voies de la navigation de la région et des fonds de pêche principaux. La flambée des prix du pétrole n’a pas facilité les choses. La Chine qui souffre d’une pénurie d’énergie qui l’a conduite à des coupures d’électricité s’intéresse aux réserves d’hydrocarbures de l’archipel. En juillet 2004, les Philippines ont protesté contre les actions exploratoires de PétroChina trop près des îles contestées.

 

Le mois précédent, Taiwan avait demandé une clarification des frontières autour de l’archipel. Taipeh entretient des bases sur les îles de Dongsha et de Nansha proches de l’archipel litigieux et a construit un poste d'observation sur un récif au large de la plus grande île de l'archipel. Les Vietnamiens, eux, ont construit le petit aéroport sur Truong Sa Lon sur une autre île. Les sources vietnamiennes prétendent que les 600m de la piste sont seulement conçus pour accueilir des vols de touristes. Les Américains et les Philippins ont de leur côté organisé des manoeuvres militaires dans la province occidentale de Palawan pas loin des Spratleys au début de l'année.

 

Selon les experts américains une guerre en mer de Chine méridionale serait désastreuse pour le commerce international, 50 % du tonnage marchand et 30 des cargaisons de pétrole brut passent par les Spratleys.

 

La nouvelle source de tension en mer de Chine méridionale fait suite à un autre bras de fer, qui a eu lieu en juillet en Mer Jaune, plus au nord. Après que la Corée du Nord ait été accusée d'avoir coulé un navire militaire sud-coréen, le Cheonan, en mai dernier (en fait un navire qui pourrait bien avoir été plutôt coulé par une mine flottante américaine), les Etats-Unis ont organisé dans la Mer jaune des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud en vue d'impressionner Pyongyang. La Chine s'est opposée vivement à la participation du porte-avion à propulsion nucléaire le George Washington, néanmoins les Etats-Unis ont maintenu leur décision et le porte-avion continuera de participer à des manoeuvres conjointes avec la Corée du Sud dans les mois qui viennent, comme il l'a fait en octobre 2009. Notons d'ailleurs que la Corée du Sud depuis qu'elle a élu un président belliciste en 2008 ne cache plus ses intentions d'envahir la Corée du Nord (même si certains supporters de Washington préfèreraient que la Chine se charge elle-même du "sale boulot"). 

 

Ces tensions n'ont cependant pas empêché la Chine d'envoyer une flottille à Vladivostok pour participer à des manoeuvres navales le 22 août avec Russes, Américains et Japonais dans le cadre d'opérations de lutte contre le trafic de drogue dans le Pacifique nord.

 

Le Pacifique est depuis 10 ans le lieu d'une course aux armements généralisée et une des zones les plus dangereuses pour la paix mondiale.

 

F. Delorca

Partager cet article
Repost0
2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 17:45

Sommes-nous à la veille d'une intervention militaire contre l'Iran ? Fidel Castro l'a affirmé avec véhémence à la fin du mois de juin. L'ancien ministre de Reagan Paul Craig Roberts faisait le même pronostic en mars dernier en ces termes :

b52.jpg

"Aux dernières nouvelles, les militaires des États-Unis acheminent des bombes anti-bunker d'expédition à la base aérienne des États-Unis chez Diego Garcia dans l'Océan Indien. Le Herald Scotland signale que les experts disent que les bombes sont concentrées pour une attaque sur les installations nucléaires de l'Iran. Le journal cite Dan Plesch, directeur du centre pour des études internationales et de diplomatie de l'Université de Londres : « Ils se dirigent vers la destruction totale de l'Iran. »

 

La prochaine étape sera la mise en scène d'une « attaque terroriste», un leurre prévu par l'opération Northwoods, et l'Iran sera accusée. Comme l'Iran et sa conduite sont déjà diabolisés, ce leurre suffira pour obtenir le soutien public européen et étatsunien pour bombarder l'Iran. Le bombardement ira au delà des installations nucléaires et continuera jusqu'à ce que les Iraniens soient d'accord sur le changement de régime et l'installation d'un gouvernement de marionnettes. Les médias américains corrompus présenteront la nouvelle marionnette sous le nom de « liberté et démocratie. »"

 

Il est vrai que Paul Craig Roberts avait fait la même prophétie en 2008 heureusement à tort... L'envoi d'une flotte de douze bateaux de guerre étatsunien et un israélien dans le Golfe persique en juin dernier a cependant accru les interrogations a ce sujet, tandis qu'un attentat contre une mosquée iranienne à Zahedan le 15 juillet dernier, pose à nouveau la question de l'ingérence des services secrets occidentaux dans la déstabilisation du pays (comme en octobre dernier au Sistan-Balouchistan, le gouvernement iranien met en cause la milice sunnite des Soldats de Dieu, les Joundallah qui serait en contact avec le CIA au Pakistan).

 

Les prédictions sur les chances réelles de voir une guerre ouverte éclater sont toujours délicates. Faire croire en la possibilité d'une guerre fait partie intégrante du jeu politique pour impressionner l'adversaire. Et cependant il n'est jamais certain que le bluff ne débouchera pas sur un conflit effectif.

 

Il est clair en tout cas que les Occidentaux ont marqué des points récemment sur le plan du rapport de force politique en obtenant le ralliement de la Russie à une politique de sanctions contre Téhéran. Le 10 juin dernier le Conseil de sécurité de l'ONU a donc pu voter une quatrième série de sanctions prévoyant des interdictions de voyage et des restrictions financières visant plusieurs individus et entités liés aux activités nucléaires de Téhéran, notamment les compagnies maritimes iraniennes et les Gardiens de la Révolution. Seuls la Turquie et le Brésil très actifs dans la recherche d'une solution diplomatique (Ahmadinejad était à Brasilia en novembre dernier) ont voté contre, le Liban s'est abstenu.

 

Dans la foulée, les Etats-Unis et l'Union européenne ont adopté leur propre train de sanctions unilatérales contre l’Iran plus sévères que celles prévues par le Conseil de sécurité de l'ONU, notamment en ce qui concerne les investissements énergétiques. La Russie a toutefois condamné ces mesures complémentaires, les jugeant «inacceptables ». Comme le soulignait récemment l'Asia Times, ces mesures pourraient coûter cher à l'Union européenne, qui, à la différence des Etats-Unis, importe du pétrole iranien et pourrait se faire dépasser par les pays asiatique sur ce marché.

 

Comme si cela ne suffisait pas, des entreprises prennent des initiatives unilatérales non prévues par l'Union européenne. Tel est le cas de Total, qui a décidé d’arrêter de vendre de l’essence à l’Iran. Comme le rappelle Alain Gresh du Monde Diplomatique, "en 1996, le congrès américain avait adopté l’Iran-Libya Sanctions Act, qui permettait de prendre des sanctions contre des sociétés étrangères investissant plus de 20 millions de dollars par an dans le secteur énergétique libyen ou iranien. A l’époque, la France avait refusé de se soumettre à ce diktat. Autres temps, autres mœurs..."


Les néoconservateurs américains, eux, se préparent à intensifier leur campagne pour une intervention militaire contre l’Iran. La revue Commentary estime que les sanctions n'ont servi à rien et qu'il faut passer à l'action militaire. De même Jeff Goldberg dans The Atlantic, correspondant du New Yorker et autrefois fervent adepte de la guerre en Irak. D'une manière générale les anciens partisans de la guerre d'Irak retrouvent de la voix sur le dossier iranien, même en Europe. Ainsi le 26 juin dernier, l’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar, l’ancien ambassadeur américain à l’ONU John Bolton, étaient âux côtés centaines de parlementaires européens, canadiens et du Moyen-Orient à Taverny (région parisienne) pour soutenir l'organisation politico-militaire d'opposition, les Moudjahidines du peuple qui y organisait une grande manifestation. Mais dans cette affaire les jeux d'alliance sont complexes. Si l'on accuse les Moudjahidines du peuple d'être financés par la CIA, et de compter de nombreux soutiens parlementaires aux Etats-Unis (où ils sont pourtant officiellement inscrits sur la liste des organisations terroristes), ceux-ci ont aussi récemment reçu, bien au delà des cercles néoconservateurs, le soutien de 320 députés français, sous l'impulsion de l'apparenté communiste Jean-Pierre Brard, qui ont signé un appel demandant notamment aux Etats-Unis de protéger les Moudjahidines du peuple basés en Irak.

 

L’Iran de son côté s’est dit prêt à des négociations avec Catherine Ashton (« ministre des affaires étrangères » de l’Union européenne) après le ramadan. D’autre part, l’AIEA a confirmé « avoir reçu la réponse de Téhéran aux interrogations du groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) sur la proposition d’échange de combustible nucléaire faite par le Brésil, la Turquie et la République islamique ».

 

Le 2 août Mahmoud Ahmadinejad a proposé au président Barack Obama un débat télévisé, et a annoncé qu'il s'exprimera à l'assemblée générale des Nations Unies en septembre. La proposition de débat a été immédiatement taxée de "défi" et de "provocation" par les grands médias bellicistes occidentaux. Noam Chomsky rappelait récemment que l'escalade anti-iranienne des derniers mois, et notamment la militarisation croissante du golfe persique et de la base de Diego Garcia dans l'Océan indien ne contribue qu'à faire reculer le programme de dénucléarisation de la planète officiellement avancé par les grandes puissances.

 

 

Partager cet article
Repost0
29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 14:50

usmarine.jpgQuelque 92.0000 documents secrets sur la situation en Afghanistan depuis 2004 ont été publiés le lundi 26 juillet par le site WikiLeaks (accessible aussi ici). Ces éléments qui n'apportaient rien de neuf au débat public ont néanmoins permis de faire rebondir les discussions. Le sénateur républicain  du Texas, ex-candidat à la présidence, et adversaire convaincu des guerres impériales américaines, Ron Paul ainsi que le représentant démocrate de gauche Dennis Kucinich ont tenté de faire adopter au Congrès le 27 juillet un amendement au War power Act sur la présence des troupes américaines au Pakistan, base arrière des talibans, pour en obtenir le retrait. Il n' ont toutefois obtenu que 38 voix (un dixième du total) dont 32 démocrates. La Chambre des représentants a néanmoins débloqué près de 60 milliards de dollars pour le financement du conflit afghan et l'envoi des 30.000 soldats supplémentaires annoncés par le président Obama en décembre

 

En Allemagne les fuites de documents secrets sur la guerre d'Afghanistan semblent pousser les sociaux-démocrates et les Verts, qui découvrent dans ces documents des éléments dont le gouvernement de Mme Merkel ne leur avait jamais parlé, à s'opposer à l'extension des missions des soldats allemands dans ce pays (cependant le premier ministre est de toute façon assuré de pouvoir recueillir suffisamment de voix pour faire passer son projet).

 

Selon l'organisation afghane de la protection des droits de l’Homme Afghanistan Rights Monitor qui, depuis le premier jour de l’invasion, fait le compte des victimes civiles du conflit national, au premier semestre de cette année, 1074 civils ont été tués et 1500 ont été blessés. Durant la même période de 2009 le nombre de victimes était de 1059. Ces chiffres pourraient s'alourdir à l'heure où le général Petraeus recommande aux soldats de se rapprocher de la population afghane pour avoir de meilleurs contact avec elle (ce qui peut aussi attirer les combats vers les centres urbains).

 

La guerre d'Afghanistan fait cependant au moins un heureux : le président géorgien Mikhaïl Saakachvili, qui a déclaré le 28 juillet au ministère de la défense de Tbilissi : "Vu la situation géopolitique de la Géorgie, Tbilissi a un intérêt direct au succès de l'opération afghane et à l'instauration d'une paix définitive (en Afghanistan, ndlr) (…). Nous devons non seulement continuer à prendre part aux opérations de l'ISAF (force internationale d'assistance et de sécurité), mais trouver un moyen d'intensifier notre participation en Afghanistan. En plus c'est une énorme école militaire", L'entraînement des soldats géorgiens en Afghanistan pourra ainsi servir à préparer d'autres guerres, en Abkhazie et en Ossétie du Sud par exemple.

 

F. Delorca

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 16:16

Son Parlement boycotté par l'opposition (65 députés sur 140) ne fonctionne plus depuis le 28 juin 2009. 200 sympathisants du Parti socialiste de ce pays dont plusieurs députés sont en grève de la faim depuis le 30 avril dernier pour obtenir un nouveau décompte des voix de lélection législative de 2009. Manifestations et contre-manifestations  se succèdent. Ce pays c'est l'Albanie. L'Union européenne (UE) a annoncé que ce blocage risquait de compromettre la politique de libéralisation des visas avec ce pays. Pour le reste, elle demeure passive. Selon certains, les dirigeants européens miseraient ainsi sur l'épuisement progressif du Parti socialiste. Il est vrai que le premier ministre de droite Sali Berisha, accusé de fraude électorale, garde le soutien de la droite européenne : en avril dernier la Fondation Robert Shuman le recevait à Bruxelles en présence de Joseph Daul, président du Parti populaire européen. Deux mois plus tard, ce dernier se rendait à Tirana pour demander aux socialistes d'arrêter leur boycott, et se vantait d'avoir été à l'initiative d'une résolution du Parlement européen en faveur d'une politique d'assouplissement des visas.

 balkans.jpg

Pourtant la politique de Sali Berisha reste des plus douteuses. Quand il prend des initiatives, il s'emploie surtout à réviser les manuels d'histoire pour salir la mémoire des résistants antifascistes et à cimenter l'unité nationale autour du souvenir de Mère Teresa (pourtant née en macédoine). Il souhaite aussi construire une centrale nucléaire en partenariat avec son ami Berlusconi, qui a proclamé récemment son goût pour les prostituées albanaises, alors pourtant que le coût de cette centrale serait égal à la moitié du PNB du pays !  

 

En début de semaine le président Bérisha avait laissé entrevoir un signe d'assouplissement en envisageant une loi de réforme du code électoral. Mais la situation s'est à nouveau tendu le 30 juin.

 

L'Albanie est un des pays les plus pauvres de l'Europe avec un PNB par habitant de 2 730 dollars en 2005. Un million d'Albanais sur les 4 que comptait le pays a émigré à l'étranger au cours des quinze dernières années.

 

Dans le système économique albanais, les mafias spécialisées dans le trafic d’êtres humains et de la drogue jouent un rôle important surtout dans le nord du pays, à structure clanique, qui est aussi depuis 1945 traditionnellement le fief des anti-comunistes et de la droite nationaliste - alors que le Sud peuplé de travailleurs agricoles tosks était la base sociale du régime d'Enver Hodja. Bérisha lui-même est originaire des populations gheg du nord et y recrutait sa garde prétorienne dans les années 1990, du temps où il fut président de la République.

 

Une partie de ces mafias du Nord liées à l'UCK kosovare sont impliquées dans des affaires de trafic d'organes de civils serbes qui remontent à 1998-99 qui font l'objet d'investigations de l'ONU et du Tribunal pénal international. Les réticences de l'Albanie à coopérer avec l'ONU sur ce dossier jouent en sa défaveur aux yeux de l'UE. Mais selon le Washington Times Washington aurait continué de soutenir les albano-kosovars et leur aspiration à l'indépendance en 2008 largement par crainte des violences que ceux-ci pouvaient développer à l'encontre même de leurs protecteurs occidentaux. Le lobbying pro-kosovar des occidentaux dans les conférences internationales se poursuit en tout cas avec la participation active de l'ancien président Clinton.

 

Aujourd'hui Sali Berisha a beau proclamer qu'il a réprimé la mafia, l'Albanie qui a intégré l'OTAN en 2008 et entretient un contingent en Afghanistan malgré son faible budget militaire, est très loin de pouvoir envisager une intégration prochaine à l'UE, comme elle l'avait  espéré pendant un temps. La poursuite de la crise politique pourrait même déboucher sur une situation insurrectionnelle comme le pays l'a connue en 1997.

Partager cet article
Repost0
7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 10:36

Jérôme Brisson l'explique dans Rue89 : "Début mai, la firme américaine Monsanto, leader mondial des OGM, a annoncé un don à Haïti de 475 947 kilos de graines hybrides de maïs et de légumes. Ils seront distribués pendant douze mois aux paysans haïtiens avec l'aide d'autres multinationales (UPS et Kuehne+Nage). L'opération est soutenue par le gouvernement américain puisqu'elle s'inscrit dans le cadre du projet Winner, lancé en octobre dernier par l'Agence américaine d'aide au développement international (USAID) pour aider à construire une nouvelle infrastructure agricole en Haïti."

 

Les graines de maïs de Monsanto ne pouvant être resemées, les agriculteurs devront en racheter à Monsanto les années suivantes. USAID se veut rassurante en rappelant que l'aide de Monsanto ne concerne que 10 000 paysans.

Il existe cependant de sérieuses raisons de s'inquiéter : le directeur général du projet Winner n'est autre que Jean-Robert Estimé, qui fut ministre des Affaires étrangères pendant 29 ans sous la dictature des Duvalier. Il faut en outre rappeler queMonsanto  s’est depuis longtemps attiré la colère des écologistes, des militants pour la santé et des petits agriculteurs ; cela remonte à sa production de l’Agent orange durant la guerre du Vietnam. L’exposition à l’Agent orange a provoqué  des cancers chez un nombre considérable de vétérans US et le gouvernement vietnamien affirme que 400 000 Vietnamiens ont été tués ou handicapés par l’Agent orange et que 500 000 enfants sont nés avec des malformations congénitales à cause de leur exposition à l’agent. Via Campesina, la plus grande confédération paysanne du monde présente  dans plus de 60 pays, a traité Monsanto d’un des « ennemis principaux de l’agriculture paysanne durable et de la souveraineté alimentaire pour tous les peuples. » Ils affirment que, Monsanto et d’autres multinationales, en  contrôlant une part sans cesse croissante des terres et de la production  agricoles,  forcent les petits cultivateurs à quitter leur terre et leur métier. Ils affirment également que les géants de l’agroalimentaire contribuent au changement climatique et à d’autres désastres environnementaux, une conséquence de l’agriculture industrielle.

 

La société civile haïtienne se mobilise contre ce péril que le père spiritain Jean-Yves Urfié qualifie de "nouveau séisme". Le Mouvement Paysan Papaye (Mouvman Peyizan Papay- MPP) de Chavannes Jean-Baptiste s’est engagé à brûler les semences de Monsanto et a appelé à une marche de protestation contre la présence des multinationales à Haïti le 4 juin 2010, pour la journée mondiale de l’environnement.

 

Le risque d'invasion d'Haïti par les OGM n'est pas le seul symptôme de la recolonisation du pays. Dans une interview récente, Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, rappelait que les programmes successifs du FMI "ont réduit les droits de douane d’Haïti de 50 % à 3 %, en privant l’État d’une des rares ressources à sa disposition. Au début des années 1980, le pays était autosuffisant en riz. Aujourd’hui, il importe 75 % de ses besoins. Le riz subventionné en provenance de l’étranger a inondé le pays, ruinant des dizaines de milliers de familles paysannes, les chassant de leurs terres vers les bidonvilles". L’accord de partenariat économique (APE) imposé par l'Union européenne en 2008 va dans le même sens (malgré la mobilisation populaire à Haïti qui n'a pu que retarder sa signature). Le gouvernement haïtien est d'autant plus faible que ses infrastructructures ont été détruites par le tremblement de terre. Ce sont les Nations-Unies qui assurent le maintien de l'ordre. Le 27 mai dernier, l'armée des Nations-Unies a dispersé une manifestation d'étudiants aux abords du palais présidentiel et les ont poursuivi sur le Champ de Mars à Port-au-Prince où sont massés des milliers de sans-logis. Au moins six personnes ont été hopsitalisées du fait de l'usage de balles en caoutchouc. Des enfants et des vieillards ont été exposés à cette répression, qui n'a guère préoccupé les grands médias internationaux. La coalition Tet Kolé appelait à manifester pour protester contre la manière dont le président Préval et l'ONU géraient les conséquence du tremblement de terre.

 

F. Delorca

 

Partager cet article
Repost0