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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 23:29

De passage à Djakarta après une visite en Inde et avant le sommet du G20 à Séoul, le président étatsunien Barack Obama a cité l'Indonésie comme une "modèle pour le monde" en matière de modération et de tolérance. L'Indonésie, plus grand pays musulman du monde, est en effet un allié traditionnel des Etats-Unis depuis les années 1960.

 

Un des effets immédiats de l'intensification de la coopération américano-indonésienne est la caution apportée à la répression militaire dans la province de Papouasie orientale travaillée par le séparatisme.

 

Selon le journaliste Allan Nairn, au moment même de la visite d'Obama à Djakarta, des fuites en provenances des unités de bérets verts indonésiens (Kopassus) révélaient que ces unités soutenues par les Etats-Unis étaient impliquées dans des affaires de meurtre et d'enlèvement en Papouasie occidentale. Les Etats-Unis ont repris leur

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aide à ces unités en juillet dernier sous couvert de lutte contre le terrorisme, après une suspension en 1997 pour cause deviolation des droits de l'homme. Or un rapport secret indique que dans leur liste d'ennemis figurent principalement des civils, à commencer par le chef du Synode de Papouasie, et des activistes comme le chef de l'Organisation de la Jeunesse musulmane de Papouasie.

 

Trois jours avant la visite d'Obama en Indonésie, Buchtar Tabuni, un activiste condamné à trois ans de prison pour avoir agité en public le drapeau papou, a écrit au président étatsunien pour que Washington cesse d'entraîner et d'équiper ces escadrons de la mort en Papouasie occidentale.

 

Pour Washington l'Indonésie est un contrepoids à la Chine. Mais l'Indonésie n'est pas si enthousiaste que par le passé à entrer une logique d'alliance inconditionnelle avec les Etats-Unis. En mars dernier, lors d'un meeting organisé par le parti fondamentaliste Hizb ut-Tahrir, le général à la retraite Tyasno Sudarto s'était exclamé "Nous devrions faire ce que la Chine a fait ; l'Amérique doit suivre nos règles", tandis qu'après lui un intervenant dénonçait le "néo-libéralisme" imposé par les Etats-Unis à l'Indonésie. Comme le notait Andrew Higgins du Washington Post, cet éloge d'un pays communiste athée (la Chine) par un mouvement islamiste est une nouveauté en Indonésie, et cette nouvelle sinophilie est en partie due à l'exaspération de bon nombre d'Indonésiens devant les diktats du FMI et les entraves que les banques et multinationales étatsuniennes représentent pour la souveraineté du pays. En février dernier la mairie de Djakarta avait dû déplacer une statue de Barack Obama enfant d'un parc public suite aux protestations que sa présence suscitaient.

 

Loin de suivre aveuglément les injonctions de Washington, Djakarta cherche plutôt une forme de non-alignement. Lors d'un voyage en Australie récemment le président Susilo Bambang Yudhoyono a déclaré que la politique étrangère de son pays était guidée par le principe d'avoir "un million d'amis et zéro ennemis". En 2005 Djakarta a signé un partenariat stratégique avec Pékin. L'Indonésie a été le premier pays de l'ASEAN a acheter des missiles sol-air QW-3 à la Chine. Pékin lui a aussi livré des missiles sol-sol C-802, profitant d'une pause dans la coopération américanindonésienne pour cause de violation des droits de l'homme. La reconquête de ce pays par Obama est donc loin d'être acquise.

 

F. Delorca

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