Alors que la Cour constitutionnelle thaïlandaise a rejeté fin novembre pour tardiveté les poursuites contre le Parti démocrate (PD) au pouvoir, qui risquait la dissolution pour une utilisation frauduleuse de 29 millions de bahts (960.000 dollars) en 2005, que les crimes de la répression des Chemises rouges restent impunis, et que le régime renforce sa censure en interdisant plus de 200 000 sites et blogs dans ce pays, la xénophobie anti-cambodgienne et les velléités expansionnistes commencent à se développer.
En novembre après qu'un mouvement de foule ait causé des centaines de morts à Phnom Penh, des commentaires racistes anti-cambodgiens s'étaient déchaînés sur le site pro-gouvernemental Web Manager si l'on en croit un article d'Asiancorrespondent. Le 30 décembre dernier on annonçait que six membres des Chemises jaunes pro-gouvernementaux accompagnés d’un député du parti qu’ils ont porté au pouvoir ont été arrêtés par des soldats cambodgiens alors qu’ils avaient franchi la frontière dans une zone frontalière de 4,6 km2 contestée par les ultra-nationalistes. La zone fait l'objet de litiges notamment depuis que le temple khmer de Preah Vihear qui s'y trouve a été classé par l'Unesco en 2008.
Le 7 février dernier, le Cambodge a informé les chancelleries occidentales que la Thaïlande est allée plus loin en organisant une démonstration de force militaire et des tirs de mortier dans la zone du temple. Un échange de coups de feu à l'arme lourde avec l'armée cambodgienne s'en est suivi, puis un cessez le feu a été conclu le 4 février, avec un bilan d'au moins trois morts côté thaïlandais et huit côté cambodgien.6 000 personnes ont dû quitter leurs villages.
Des combats avaient déjà eu lieu en juillet 2008 dans cette zone. La Thaïlande avait refusé à l'époque une médiation de l'ONU. En 1962 la Cour internationale de justice avait jugé que la région du temple de Preah Vihear appartenait bien au Cambodge.
Comme lors de la répression des Chemises rouges, les grandes puissances se sont montrées complaisantes à l'égard de cette montée du nationalisme en Thaïlande. La demande de réunion d'urgence du Conseil de sécurité présentée par le Cambodge a été rejetée. L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) quant à elle incite à un règlement pacifique dans le cadre de discussions bilatérales.