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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 04:00

petraeus.jpgLe 10 février dernier, les États-Unis ont tenté d’introduire illégalement un chargement d’armes et de drogues, à l’aéroport international d’Ezeiza à 20 km de Buenos Aires (Argentine) dans un énorme Boeing C-17 des Forces aériennes états-uniennes. Cet avion était censé ne transporter que des instructeurs et du matériel nécessaire pour un cours à 'intention du Groupe d’intervention spéciale de la Police fédérale argentine, prévu pour fin février et début mars.  Les autorités aéroportuaires argentines lorsqu'elle ont fait l'inspection du cargo ont découvert des canons, des mitrailleuses et des carabines, ainsi qu’une valise celée qui ne figuraient pas dans liste de matériel prévu à l'origine. Les militaires qui voyageaient à bord de l’avion cargo ont refusé d’ouvrir la valise celée en arguant du fait qu'elle contenait des éléments informatiques que des satellites espions militaires pourraient déceler si la valise était ouverte. Ce ne sera qu’après deux jours d’ardues discussions, que les autorités argentines ont eu accès, dimanche le 13 février, au contenu de cette valise. Ils y ont trouvé des drogues, des équipements de transmission, des dispositifs informatiques de stockage de masse (clé USB) et des appareils scripteurs.

 

Le Département d'Etat étatsunien a convoqué l'ambassadeur d'Argentine pour protester contre cette saisine de matériel, alors que le chef du cabinet de la présidence argentine Aníbal Fernández faisait remarquer qu'une telle introduction clandestine  d'armes aux Etats-Unis en provenance d'un pays du Sud aurait conduit à l'incarcération immédiate des responsables de la cargaison. Le journaliste argentin Horacio Verbitsky dans son article du 13 février estimait en s'appuyant sur le livre de la journaliste du Washington Post Dana Priest The Mission. Waging War and Keeping Peace with America’s Military (2003) que cette livraison d'armes aurait pu être décidée directement par le Pentagone qui jouit d'une grande autonomie dans l'appareil d'Etat étatsunien.

 

Le mercredi 16 février le président bolivien Evo Morales a dénoncé dans cette introduction d'armes et de drogues en Argentine une action  "arbitraire et illégale qui non seulement viole l'intégrité de l'Argentine et des pays latinoaméricains et mais qui démontre aussi que les Etats-Unis participent au commerce de la drogue dans le monde". Il proposera prochainement à l'Union des nations sud-américaines (Unasur) un mécanisme de contrôle systématique des avions militaires étatsuniens.

 

En réponse aux protestations du gouvernement argentin, la porte-parole du Département d’État, Virginia Staab, a argumenté le 15 février que "ce débarquement avait été complètement coordonné et approuvé par le Ministère de Sécurité et le ministère des Affaires étrangères du Gouvernement de l’Argentine". Mais à l'évidence, cette tentative de justification ne vaut pas pour les armes et les drogues non répertoriées qui selon les Argentins représentaient un tiers du volume de l'avion.

 

Reste à déterminer à qui étaient destinés ces équipements clandestins, et contre quel gouvernement ou quelle force politique dans la région ils devaient être utilisés. Beaucoup pensent à la Bolivie qui a déjoué une tentative de coup d'Etat en avril 2008. Mais cette livraison d'armes et de stupéfiants pouvait aussi s'inscrire dans le cadre d'une opération de déstabilisation de plus grande ampleur. Washington a déclaré qu'aucune explication ne sera donnée sur l'usage qui devait être fait de cette cargaison.

 

Frédéric Delorca

 

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