A la "Une" du Quotidien du Peuple (organe du comité central du PC chinois) aujourd'hui "Est-ce que les Etats-Unis cherchent des noises dans la mer de Chine méridionale ou est-ce qu'ils veulent maintenir le paix ?"
L'article fait suite aux déclarations de l'amiral Robert F. Willard le 18 août selon lesquelles les Etats-Unis se maintidendront militairement pour longtemps dans la mer de Chine méridionale pour "s'opposer à l'usage de la force" dans le cadre du litige opposant la Chine, le Vietnam, Taiwan, les Philippines, la Malaisie et Brunei sur l'achipel des Spartleys (dont chacun occupe une partie). Il accuse Willard d'exagérer la nature des tensions dans cette région et rappelle que la Chine aux côtés de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) s'est engagé avec tous les pays d'Asie du Sud-Est à rechercher des issues pacifiques aux litiges territoriaux.
Il s'avère en effet que l'ASEAN et la Chine ont défini en 2002 un code de bonne conduite pour la résolution du litige territorial des Spartly et des négociations sont en cours pour le rendre plus contraignant. Dans ce contexte, les déclarations successives de Robert Gates, Hillary Cinton et de l'amiral Willard sur l' "intérêt national" des Etats-Unis à garantir par leur présence militaire dans cette zone le règlement pacifique des contentieux ne peut apparaître que comme une ingérence assez brutale.
Derrière ces gesticulations se cache en fait un nouvel épisode de la guerre du pétrole entre la Chine et les Etats-Unis.
Bien que l'archipel des Spratleys ne représente que quelques centaines d'îlots, ils sont censés reposer sur de grandes réservations de pétrole et de gaz naturel, et ils contrôlent des voies de la navigation de la région et des fonds de pêche principaux. La flambée des prix du pétrole n’a pas facilité les choses. La Chine qui souffre d’une pénurie d’énergie qui l’a conduite à des coupures d’électricité s’intéresse aux réserves d’hydrocarbures de l’archipel. En juillet 2004, les Philippines ont protesté contre les actions exploratoires de PétroChina trop près des îles contestées.
Le mois précédent, Taiwan avait demandé une clarification des frontières autour de l’archipel. Taipeh entretient des bases sur les îles de Dongsha et de Nansha proches de l’archipel litigieux et a construit un poste d'observation sur un récif au large de la plus grande île de l'archipel. Les Vietnamiens, eux, ont construit le petit aéroport sur Truong Sa Lon sur une autre île. Les sources vietnamiennes prétendent que les 600m de la piste sont seulement conçus pour accueilir des vols de touristes. Les Américains et les Philippins ont de leur côté organisé des manoeuvres militaires dans la province occidentale de Palawan pas loin des Spratleys au début de l'année.
Selon les experts américains une guerre en mer de Chine méridionale serait désastreuse pour le commerce international, 50 % du tonnage marchand et 30 des cargaisons de pétrole brut passent par les Spratleys.
La nouvelle source de tension en mer de Chine méridionale fait suite à un autre bras de fer, qui a eu lieu en juillet en Mer Jaune, plus au nord. Après que la Corée du Nord ait été accusée d'avoir coulé un navire militaire sud-coréen, le Cheonan, en mai dernier (en fait un navire qui pourrait bien avoir été plutôt coulé par une mine flottante américaine), les Etats-Unis ont organisé dans la Mer jaune des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud en vue d'impressionner Pyongyang. La Chine s'est opposée vivement à la participation du porte-avion à propulsion nucléaire le George Washington, néanmoins les Etats-Unis ont maintenu leur décision et le porte-avion continuera de participer à des manoeuvres conjointes avec la Corée du Sud dans les mois qui viennent, comme il l'a fait en octobre 2009. Notons d'ailleurs que la Corée du Sud depuis qu'elle a élu un président belliciste en 2008 ne cache plus ses intentions d'envahir la Corée du Nord (même si certains supporters de Washington préfèreraient que la Chine se charge elle-même du "sale boulot").
Ces tensions n'ont cependant pas empêché la Chine d'envoyer une flottille à Vladivostok pour participer à des manoeuvres navales le 22 août avec Russes, Américains et Japonais dans le cadre d'opérations de lutte contre le trafic de drogue dans le Pacifique nord.
Le Pacifique est depuis 10 ans le lieu d'une course aux armements généralisée et une des zones les plus dangereuses pour la paix mondiale.
F. Delorca