Le lobby de la guerre en Irak - les néo-conservateurs, les évangélistes, les sionistes, les deux grands partis politiques des Etats-Unis (dont le Congrès a appelé à l'intervention contre le "génocide" dès 2004 à la presque unanimité http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/3918765.stm), M. Blair, M. Kouchner et son nouvel ami M. Sarkozy - sont mobilisés ce printemps pour provoquer une intervention militaire au Darfour. Cible de l'opération : le gouvernement trop "non-aligné" de Khartoum, et, derrière lui, la Chine.
M. Sarkozy est chargé aujourd'hui, le 7 juin, de présenter son projet de "corridors humanitaires" devant le G8, et d'infléchir la doctrine européenne, jusque là plutôt réservée sur l'intervention au Soudan (http://www.alterinfo.net/index.php?action=breve&id_article=652760).
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, fidèle vassal de Washington, y est allé aussi de son petit geste, en nommant au poste de conseiller spécial pour la prévention des génocides (AFP 30 mai) le professeur Francis Deng, un Soudanais du Sud, directeur du Sudan Peace Support Project à l'Institut américain pour la paix (U.S. Institute of Peace, USIP, financé par le gouvernement américain, M. Bush nomme des membres de son comité directeur - http://www.danielpipes.org/usip.php), directement lié aux lobbies interventionnistes (voir par exemple sa conférence au Musée de l'Holocauste de Washington à l'invitation de la Coalition for Darfur le 19 octobre 2005 http://www.warandfaithinsudan.com/links.htm)
Dans un article récent, F. William Engdahl, un spécialiste du pétrole publié chez l'excellent éditeur de gauche anglais Pluto Press, démontait l'accusation de "génocide" adressée au gouvernement de Khartoum, et révélait les enjeux pétroliers de l'interventionnisme américain dans cette guerre civile (http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2876&lg=fr).
Sur le terrain, de nombreuses ONG humanitaires s'opposent au dispositif militaire des corridors. Le Tchad aussi, bien qu'allié à la France, et qui accueille de nombreux réfugiés, a fait connaître son refus (Reuters 5 juin). Le gouvernement soudanais quant à lui négocie avec l'Union africaine un aménagement de la force de paix que l'UA entretient déjà sur place (Reuters 6 juin).
Du coup, les interventionnistes occidentaux semblent hésiter. Si Washington demande toujours un durcissement des sanctions, le Dr Kouchner vient de reconnaître, concernant le système des couloirs humanitaires, qu'il n'est "pas du tout sûr qu'on puisse le faire" (AFP 6 juin)...