Aujourd'hui on apprend l'arrestation de l'ancien premier ministre albanokosovar Agim Ceku (2 ème à droite sur la photo serrant la main à M. Kouchner et à M. Clark), accusé sur la base d'un mandat d'Interpol de crimes de guerre commis lorsqu’il était colonel des forces croates en 1993, puis lorsqu’il était chef d’état-major des forces kosovares (UÇK) en 1998-99, et encore à nouveau lors des pogroms anti-Serbes au Kosovo en 2004. Il a été placé en garde à vue au point de passage frontalier de Giuechevo alors qu'il pénétrait en Bulgarie depuis la Macédoine voisine dans la nuit de mardi à mercredi.
Selon des sources diplomatiques, les autorités de Belgrade avaient demandé en vain début mai à leurs homologues colombiens de procéder à son extradition de la Colombie où il s'était réfugié vers Belgrade. L’échec aurait été dû à l’intervention directe de Bernard Kouchner.
Il a deux jours, Human Rights Watch à Londre publiait un rapport sur le sort des Roms du Kosovo : 200 000 personnes en 1999, et dont il ne reste que 20 000 ressortissants aujourd'hui après l'impitoable nettoyage ethnique que leur ont infligé les nationalistes albanais de l'UCK. Le rapport cite notamment la mise à feu et à sang de Roma Mahalla à Kosovska Mitrovica où vivaient 8 000 Roms pour la plupart musulmans, chassés par les extrémistes albanokosovars. Le rapport accuse aussi l'ONU d'avoir construit pour les rescapés des camps à proximité de dépôt de déchets toxiques.
Après l'affaire des trafics d'organes de prisonniers de l'UCK, ces dernières nouvelles ne sont pas bonnes pour l'image des autorités de Pristina qui peinent à obtenir une reconnaissance internationale. Même au dernier sommet de l'Organisation de la conférence islamique de Damas, et malgré les instructions données par le ministre des affaires étrangères britannique David Miliband à l'ensemble des membres de reconnaître l'indépendance du Kosovo, la plupart des pays musulmans s'y sont refusés. Aujourd'hui parmi les 60 pays qui ont reconnu ce pays (moins d'un tiers des membres des Nations unies), à part les pays d'Europe occidentale (sauf l'Espagne) on ne trouve que des nations inféodées aux USA ou à l'Union européenne comme l'Afghanistan, l'Albanie, l'Arabie saoudite, le Costa Rica, le Sénégal (ou pour des raisons historiques la Turquie). La Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Venezuela, l'Argentine, l'Egypte, Cuba, la Syrie, la Libye, l'Azerbaijan, la Corée du Nord, l'Iran et la Bolivie maintiennent leur opposition à toute reconnaissance.
Il n'est pas sûr que les félicitations adressées par M. Sarkozy à l'entité autoproclamée, dans une lettre ouverte à notre ambassadrice à Pristina changent grand chose. D'autant qu'il se dit même à Paris que M. Sarkozy, qui accueillait récemment le président serbe Boris Tadic, conscient du poids géopolitique de la Serbie dans les Balkans, ne serait pas aussi fanatique du nationalisme albanokosovar que son ministre des affaires étrangères.
FD
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NB : ci dessous photo d'une manif de Serbes du Kosovo arborant une affiche pro-Chavez (2008)
Post scriptum au 26 juin 2009 : La justice bulgare a finalement libéré le criminel de guerre Ceku poursuivi par la Serbie et Interpol. Le ministre serbe des affaires étrangères Vuk Jeremić a dénoncé un coup "dévastateur" porté au droit international (mais l'Occident n'est plus à un près à l'égard de de la Serbie). Jeudi, le parquet bulgare avait relevé "un manque de preuves que M. Ceku ait commis les crimes dont il est accusé" et a estimé que la Serbie n'était pas compétente pour le juger.M. Ceku, qui n'est cependant pas autorisé à quitter la Bulgarie avant le 2 juillet, limite jusqu'à laquelle le Parquet bulgare peut faire appel de la décision (mais vu la position du parquet susmentionnée, il et peu probable qu'un revirement ait lieu).