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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Jerry Rawlings, ex-président du Ghana, déconseille une ingérence étrangère au Nigeria

30 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Maghreb - Afrique occidentale

nigeria.jpgLe Nigeria (168 millionsd'habitants) peine de plus en plus à contrer les exactions attribuées au groupe terroriste Boko Haram. Il y a trois semaines 234 écolières (selon le décompte final) ont été enlevées alors qu'elles passaient un examen, par un groupe armé à Chibok dans l'Etat de Borno (nord-est) pour servir d'esclaves sexuelles, un enlèvement qui a suscité beaucoup d'émois dans le pays, mais les enquêteurs restent dans l'incapacité de localiser les ravisseurs. Les attaques criminelles dans l'Etat de Borno sont nombreuses. Au total dans tout le pays mille personnes auraient été tuées entre janvier et mars et près de 250 000 déplacées, de sorte qu'aujourd'hui un cinquième de la population ne vit plus à son domicile. L'impact des attaques est amplifié par les rumeurs. Mardi derner, tout le couloir d'activité Lagos-Ogun-Oyo a été paralysé par une rumeur selon laquelle des terroristes de Boko Haram s'étaient positionnés à Abeokuta, sur la voie expresse Lagos-Ibadan.

 

L'inefficacité des forces de police nigériane provoque un débat sur l'opportunité d'une ingérence extérieure. A la fin du mois de mars dernier, le président du sénat nigérian, David Mark, qui recevait vice-secrétaire générale de l’ONU, Jan Eliasson. Le colonel Sambo Dasuki, conseiller à la sécurité nationale auprès du président Goodluck Jonathan, a rencontré ses homologues du Niger, du Bénin, du Tchad et du Cameroun pour coordonner la répression avec les pays voisins, et Abike Dabiri-Eruwa présidente de la commission des affaires de la diaspora a aussi appelé le président à rechercher une solution avec des pays étrangers.

 

Dimanche 27 avril, Jerry Rawlings, ancien président du Ghana, en visite à Igueben au Nigeria à l'occasion du soixante dixième anniversaire de l'ex-ministre des affaires étrangères et leader d'une coalition d'opposition Chief Tom Ikimi, a déconseillé à la fois le recours à la seule répression armée contre Boko Haram et le recours à l'intervention extérieure. "La puissance politique du Nigeria compte pour 35 % de la puissance politique du continent africain, a-t-il déclaré.C’est pour cela que le Nigeria doit montrer la direction pour l’Afrique. Vue la manière dont le monde évolue, le Nigeria ne doit pas se sentir vulnérable ou d’autres tireront avantages de ses problèmes ». Jerry Rawlings s'exprimait aussi en tant que membre du groupe des sages (elders) créé par Nelson Mandela en 2007, qui rassemble des hommes d'Etat en retraite et fonctionne comme une autorité morale pour le continent africain. Rawlings reste populaire dans son pays qu'il a gouverné pendant 19 ans à partir de 1981, où il avait conduit une révolution socialiste jusqu'à ce qu'en 1983 le FMI le contraigne à mettre en oeuvre une politique libérale.

 

Le président nigérian Jonathan quant à lui avait souligné à Abuja le 29 mars à la réunion annuelle de la Commnauté économique d'Afrique que des puissances extérieures"qui ne veulent pas que l'Afrique se devéloppe" financent probablement  Boko Haram en rappelant qu'un fusil AK-47 comme en ont les terroristes valait 1 000 dollars, une somme que ne peuvent à l'évidence payer par eux-mêmes les groupes de combattants.

 

En janvier 2012, dans le New York Times, Jean Herskovits, professeur à l'université d'Etat de New-York, tentait de dissuader les Etats-Unis de s'engager dans une logique de guerre au Nigeria contre Boko Haram. rappelant que ce groupe islamiste à l'origine pacifique avait basculé dans la violence en 2009 après la mort de son leader Mohamed Yusuf en garde à vue, et que son expansion se nourrissait surtout de la pauvreté endémique de la population, de sorte d'ailleurs que beaucoup de groupes de bandits pouvaient se réclamer de Boko Haram dans le simple but de couvrir leurs méfaits. En 2012, précisait-il, 25 % du budget du Nigeria est consacré à la sécurité et les forces de police y sont plus redoutées que les terroristes. Beaucoup d'observateurs estiment que la solution au problème du terrorisme au Nigeria serait, comme cela a été fait au Venezuela, une juste redistribution de la rente pétrolière au profit de la majorité de la population déshéritée. Mais pour l'heure les discours sur l'accompagnement économique et social de la politique sécuritaire restent purement rhétoriques.

 

F. Delorca

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Soudan du Sud : derrière les massacres, une guerre complexe entre clients des Occidentaux

26 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

sweet-crude.jpgLe Soudan du Sud, Etat de 10 millions d'habitants créé par les Occidentaux à la suite de pressions contre le Soudan, a été théâtre la semaine dernière de terribles massacres à Bentiu (capitale d'une province pétrolière), dans le nord du pays, et à Bor (stratégique pour les voies de communication), dans un base de l'ONU à l’est, dans lesquels des centaines de civils dinka ont été tués par les forces nuer de l'ancien Vice-président Riek Machar (selon le gouvernement, mais les partisans de Machar contestent cette version des faits). Cette semaine plus de 78 000 civils chercheraient encore refuge dans les huit bases de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud ( MINUSS. Un million de civils ont été déplacés depuis décembre.

 

Le Parlement kényan  a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi l’envoi de 310 soldats supplémentaires sur le sol sud-soudanais afin d’aider à la stabilisation du pays.


En janvier dans le London Evening Post Rebecca Garang, surnommée par ses partisans la "mère de la nation", veuve de l'ex combattant de l'indépendance John Garang, d'origine dinka, évoquait les origines de la crise en ces termes : début décembre, les partisans de Machar ont reproché au président Salva Kiir d'entretenir une armée parallèle ("garde républicaine" de 15 000 hommes, de fabriquer de toute pièce une dette de 4,5 milliards de dollars. Selon elle, le président s 'est répandu en provocations le 14 décembre au Conseil national de libération. Le 15 décembre les soldats nuer du Quartier général présidentiel ont été désarmés sous l'accusation de préparer une mutinerie, et la maison de fonction de Riek a été détruite tandis que la la trentaine de soldats qui la gardaient ont été tués ainsi que le frère de Machar. Mme Garang déplore le despotisme de Kiir et la spoliation du peuple du Soudan du Sud "Il n'ya pas de liberté d'expression, il n'y a aucune liberté de la presse. Les services sociaux de base ne sont pas assurés pour notre peuple, pas d'écoles, pas d'hôpitaux, pas de routes, rien. Et pourtant nous avons des ressources", dit-elle.Le limogeage avant-hier du général James Hoth Mai d'origine nuer, remplacé par le général Paul Malong, est perçu comme un signe de repli du président Kiir sur sa base ethnique.

 

L'Ouganda de Museveni, allié traditionnel des Etats-Unis, est aux côtés des forces de Kiir pour réprimer les soldats nuers de Machar pourtant naguère présentés comme des clients des Occidentaux et aujourd'hui accusés de s'entraîner en Heglig en territoire nord-soudanais (ce que Khartoum a démenti). Khartoum et Kampala sont en froid depuis quelques jours, le gouvernement soudanais accusant l'Ouganda de soutenir le Front révolutionnaire du Soudan (coalition de rebelles du Darfour, du Sud-Kordofan et du Nil Bleu). Khartoum a rappelé son ambassadeur en Ouganda et aurait, selon le premier ministre ougandais Amma Mbabazi, repris son soutient à l'Armée de la Résistance du Seigneur contre laquelle Washington a envoyé ses forces spéciales l'an dernier. Les Etats-Unis qui officiellement se disent prêts à sanctionner les deux parties au conflit sont accusés de soutenir en fait les deux protagonistes. Wikileaks a révélé que depuis 2009 ce sont eux qui paient les soldats du Sud-Soudan (aussi bien ceux de Kiir que ceux de Machar) tandis que Machar recevrait des armes de l'Ethiopie (qui entretient la présence de 10 000 soldats dans la zone des champs pétroliers où elle s'approvisionne).

 

Selon Thomas C. Mountain, contributeur de Counterpunch.org basé en Erythrée, derrière les larmes de crocodiles versées sur les massacres de civils pourrait se cacher un intérêt des Etats-Unis à entretenir une guerre entre des clients des Occidentaux pour interdire l'accès de la Chine au pétrole de la région.

 

Frédéric Delorca

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Entraves à la liberté de la presse en Ukraine, combats à Slaviansk, troubles dans le bassin de la Mer noire

26 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Europe de l'Est - Russie

Malgré la signature d'un accord entre Moscou et Kiev prévoyant le désarmement des milices, la situation sur le terrain n'a pas changé en Ukraine. 120 000 habitants de Slaviansk assistaient le 23 avril aux funérailles de trois membres de leurs groupes d'autodéfense tués le 20 avril à un check-point au nord de leur ville par des néo-nazis de Secteur Droit armés de mitrailleuses allemandes MG 42. Vendredi la Garde nationale d'Ukraine a complètement bloqué la ville de Slaviansk (région de Donetsk). Dans cette ville les pro-russes dirigés par Vyacheslav Ponomarev, nouveau maire autoproclamé, ont arrêté des observateurs de l'OSCE accusés d'espionage. La guerre de l'intox a commencé : la ville a été bombardée de tracts lancés d'hélicoptères Mi-8 (voir les photos de la Komsomolskaïa Pravda) ce matin et indiquant "Évitez les rassemblements publics - des hommes parmi les manifestants appartenant aux  services spéciaux russes, chargés d'éliminer physiquement toute personne qui tente de critiquer la politique de la Russie. Ils se cachent derrière vous et vous utilisent comme boucliers humains, comme le firent les occupants de l'Union soviétique dans la période 1941-1945 ".

 

Ioulia Tymochenko candidate du parti "la Patrie" à l'élection du 25 mai, blanchie par la cour suprême le 14 avril des charges de détournement de fonds dans les contrats de gaz russe qui pesaient sur elle  a sollicité l'aide militaire américaine. En réponse le secrétaire d'Etat étatsunien Chuck Hagel a promis le 18 avril de fournir de l'équipement non léthal (uniformes, groupes électrogènes etc).

 

En ce début de campagne électorale (où l'oligarque pro-européen Piotr Porochenko est donné favori, alors que le Sud-Est s'abstiendra massivement)  l'équipe de la chaîne de télévision LIFEnews a été expulsée par les autorités putschistes de Kiev et les correspondants des canaux "Russie-1" et "Russie-24", de "Kommersant" et d'autres médias russes ont été interdits de territoire. Les dirigeants de certaines chaînes russes ont fait savoir dans Russia Today, qu'à Donetsk, Luhansk, Kharkiv, Dnipropetrovsk et dans d'autres régions de l'Ukraine, des journalistes ont reçu des menaces de mort de la part des nationalistes pro-occidentaux.

 

Le candidat du parti des régions à l'élection présidentielle Mikhail Dobkin (assigné à résidence en mars) a appelé au désarmement des groupes pro-russes à l'Est, mais le député du même parti, Oleg Tsarev, dont le blog de l'Atlas alternatif a déjà parlé en décembre, et qui se présentera lui aussi aux élections, estime que les milices d'extrême droite de Secteur droit doivent désarmer en premier

 

L'Ossétie du Sud et l'Abkhazie inquiètes des mouvements de bateaux de guerre américains dans la Mer noire ont pris fait et cause pour les pro-russes en Ukraine. En Moldavie, autre pays directement concerné par la crise ukrainienne, la situation paraît relativement stable. Cependant la Gagaouzie (région autonome turque orthodoxe de langue russe) début février a organisé un référendum sur l'accord d'association signé par la Moldavie avec l'Union européenne rejetant cet accord à 97 % et demandant l'adhésion à l'Union douanière promue par la Russie. La Transnistrie sécessionniste a officiellement émis le 16 avril le souhait d'un rattachement à la Fédération de Russie. Le vice-premier ministre russe Dimitri Rogozine a comparé la Moldavie à un train qui risquait de perdre deux wagons (la Gagaouzie et la Transnistrie) dans sa course vers l'Union européenne. En outre en mars le village moldave de Dorotcaia à la frontière de la Transnistrie a annoncé son intention d'organiser un référendum pour le rattachement à ce pays, car il juge la perspective du libre-échange avec l'Union européenne peu favorable à son développement, signe de la faible attractivité de la cause européiste dans ce pays...

 

F. Delorca

 

 

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Présence américaine indésirable en Equateur

26 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

usmarine.jpgLe ministre adjoint des Affaires étrangères de l'Équateur chargé de l'intégration politique, Leonardo Arízaga a confirmé hier qu'un groupe d'une vingtaine de soldats américains qui sont restés dans l'ambassade américaine à Quito doivent quitter le pays avant fin avril à la demande du gouvernement. Le président Correa qui avait décidé lors de son élection en 2007 la fermeture de la base militaire américaine de Manta avait annoncé en décembre dernier qu'une cinquantaine de militaires et civils américains résidaient illégalement à Quito et les avait accusés de participer à l'infiltration des forces de sécurité équatoriennes.

 

Arízaga a ajouté qu'il a également abordé la question avec le secrétaire d'Etat adjoint américain pour l'hémisphère occidental, Alex Lee, lors de sa visite en Équateur à la fin du mois de mars (El Telegrafo).

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L'Ukraine éclate

16 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Europe de l'Est - Russie

Le 15 avril  Kiev a envoyé dans l'Est du pays les divisions militaires de la Garde nationale mais aussi selon Ria Novosti et Itar-Tass, des militants du " secteur droit» (néo-nazis) et des mercenaires de Blackwater camouflés en unité spéciale du MIA "Falcon". Deux colonnes de véhicules blindés sont entrées ce matin à Kramatorsk après la saisie de la base aérienne. Six véhicules blindés auraient rejoint les protestataires. Moscou a dénoncé l'usage de l'armée pour régler un conflit intérieur et a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU. Ioulia Timochenko chef du parti pro-occidental "La Patrie" (Batkivchtchina) a créé sa propre milice  "Mouvement de la Résistance à l'agression russe" active dans les régions de Kharkiv (Kharpov), Zaporozhye et Dnepropetrovsk. Le député Guénadi Moskal du même parti, a annoncé que le 28 avril date anniversaire de la création de la division SS Galicie pourrait être l'occasion de défilés néo-nazis dans l'Est du pays dans le but de créer des affrontements et des massacres.

 

La vidéo ci-joint donne une idée de l'état de la "nouvelle démocratie" ukrainienne lorsque, à Kiev, le 8 avril lorsque le député et leader du communiste Pyotr Simonenko (15 % aux élections) a tenté de prendre la parole.

 

 

En réponse à la dérive extrémiste de Kiev, à Kharkiv selon Vesti.ua des militants ont annoncé par haut parleur la création de la République populaire de Kharkiv  et ont fait savoir qu' "à partir de maintenant , toutes les décisions sont prises par référendum " . A Donetsk une "République populaire de Donetsk" a été proclamée, mais le principal mouvement paramilitaire "Attente" ne se reconnaît pas dans ce mouvement. A Sloviansk, la maire Nelia Shtepa a rejoint les séparatistes.

 

A Odessa selon Interfax les  "Antimaydan" ont annoncé la constitution d'une "République d'Odessa" et appelé les habitants à bloquer la circulation à Odessa cet après-midi.

 

L'ancien président de la Cour d'appel régionale de Louhansk (Lougansk) s'est autoproclamé sur You Tube président de la République du Sud-Est. Dans cette ville 200 militants ont pris d'assaut les batiments de l'administration régionale. Selon le SBU ukrainien qui s'appuie sur un enregistrement pirate les paramilitaires du Sud-Est obéissent au moins en partie à des instructions du GRU russe, mais cette thèse est controversée.

 

 

 

 

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Syrie : révélations sur le rôle de la Turquie dans le massacre au gaz sarin du 21 août 2013

7 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Proche-Orient

En août 2013, les Occidentaux (notamment M. Fabius pour la France) avaient accusé le régime de Bachar El-Assad d'avoir lancé une attaque au gaz sarin sur une banlieue de Damas (La Ghouta), causant entre 322 et 1729 morts. Cette attaque fut prétexte à une menace d'intervention militaire qui ne put être interrompue que grâce à une médiation russe conduisant à un accord pour l'élimination des armes chimiques du gouvernement syrien sous contrôle international.

 

Les autorités occidentales (en particulier les Français, très en pointe sur ce dossier) n'ont cessé d'affirmer que les conclusions du rapport d'enquête de l'ONU rendues en septembre, qui pourtant n'avaient pas pour mandat de désigner des coupables plaidaient dans le sens de leurs accusations.

 

Dans le silence des médias occidentaux (sauf quelques exceptions comme L'Humanité Dimanche du 6-12 mars 2014, p. 68), un rapport a été produit par Richard Lloyd ancien expert auprès de l'ONU et Theodore Postol du Massachussets Institute of Technology souligne que les missiles GRAD porteurs de gaz toxiques ont été tirés de zones tenues par les rebelles et non pas de zones contrôlées par le régime.

 

Aujourd'hui Seymour Hersh dans la London Review of Books du 6 avril 2014 révèle en se fondant sur le témoignage de responsables du renseignement que l'échantillon prélevé par  les Russes aux lendemains de l'attaque du 21 août et livré aux services anglais montre que le gaz utilisé ne correspondait pas à celui dont dispose d'ordinaire l'armée régulière syrienne. Dès le 20 juin 2013 un rapport de l'Agence américaine de renseignement militaire (Defense Intelligence Agency) avait fait état de la production par les djihadistes (le Front Al-Nosra) de gaz sarin avec l'aide de la Turquie et de l'Arabie Saoudite. En mai 2013 dix membres d'Al Nosra avaient été arrêtés dans le Sud de la Turquie avec 10 Kg de sarin sur eux. Les services de renseignement américains fournissaient chaque jour un rapport sur les filières d'approvisionnement des rebelles en armes chimiques et de leur utilisation, mais Denis McDonough, chef du personnel de la Maison Blanche en avaient limité la diffusion sur injonction de lobbys politiques qui avaient intérêt à ce qu'Obama accepte l'intervention militaire et abandonne sa définition de la "ligne rouge" à ne pas franchir.

 

Le montage du 21 août devait conduire à la mise en branle d'un plan de bombardement comparable à celui actionné en Serbie il y a 15 ans : attaque à partir du 2 septembre des centrales électriques, des réservoirs d'essence et des batiments militaires avec des Tomahawks et des bombes de B52, avec pour objectif la destruction totale de l'armée régulière syrienne après que la Maison Blanche ait refusé un dispositif initial de seulement 35 cibles jugé trop modeste. François Hollande avait mis ses Rafales à disposition comme pendant la guerre de Libye sous Nicolas Sarkozy. Seuls la collaboration entre les Russes et le MI6 britannique et les rapports des services de renseignement américains faisant état du fait que le bombardement de la Syrie causerait un embrasement généralisé au Proche-Orient ont pu enrayer la machine de guerre et faire changer d'avis le président Obama.

 

Seymour Hersh va plus loin dans la mise en cause des Etats-Unis et de la Turquie. Il précise qu'une voie d'approvisionnement des djihadistes syriens, "the rat line" existait sous la direction du patron de la CIA David Petraeus depuis un poste clandestin de la CIA à Benghazi (Libye) qui s'approvisionnait directement dans les arsenaux de Kadhafi, ce qui a été révélé par une annexe secrète (distribuée seulement aux collaborateurs de la rédaction et à huit membres du Congrès) au rapport de la commission du renseignement du Sénat examiné en janvier dernier à propos de l'attaque des milices contre le consulat américain et le poste de la CIA à Benghazi en septembre 2012. La Turquie et l'Arabie Saoudite finançaient les achats d'armes et leur transport. L'approvisionnement par la CIA a pris fin en septembre 2012, mais la "rat line" a continué de fonctionner sans contrôle américain. Depuis le printemps, le premier ministre turc Erdogan qui voyait les rebelles perdre la guerre avait besoin de faire bouger l'administration américaine. Selon Hersh le responsable des renseignements qui s'est confié à lui a fait état d'un dîner à la Maison blanche (en présence de Kerry, Donilon conseiller à la sécurité, Davutoglu le ministre des affaires étrangères turc, et Fidan le patron du MIT) en mai où Erdogan a insisté auprès d'Obama sur le fait que Bachar El Assad avait franchi la "ligne rouge" justifiant l'intervention américaine. Selon les confessions de Donilon, Obama dans une conversation pleine d'animosité aurait accusé ouvertement Erdogan de soutenir les djihadistes tout en le laissant poursuivre un programme d'enrichissement "pétrole contre or" avec l'Iran. La Turquie de plus en plus seule à aider les rebelles syriens après la rupture des voies d'approvisionnement par la Jordanie avait besoin de prouver que la "ligne rouge" était franchie. L'attaque du 21 août (juste au moment de la présence d'inspecteurs de l'ONU arrivés en Syrie le 18) à la Ghouta aurait donc été une opération turque sous faux drapeau. Les rapports de la DIA selon Hersh ont établi un faisceau l'indices à ce sujet, et l'enregistrement des conversations d'officiels turcs qui se réjouissaient du massacre au lendemain du 21 août tendent à le démontrer. Dans le même ordre d'idée un enregistrement de conversation sur un projet d'attaque turque sous faux drapeau près d'Alep contre la tombe de Souleyman Shah pour provoquer une guerre turco-syrienne a été révélé sur You Tube fin mars 2014 (un post qui a justifié le blocage de l'accès à You Tube en Turquie).

 

F. Delorca

 

 

 

 

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Pressions contre l'installation de bases russes en Amérique latine

3 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #x - Non alignement - résistances

En réplique au coup d'Etat ukrainien pro-occidental de février 2014, dont un des effets premiers a été de menacer la présence militaire russe en Crimée,le ministre de la défense russe Serguei Shoigu a annoncé le 26 février que Moscou était en négociations avec Cuba, les Seychelles, le Vietnam, Singapour, le Venezuela et le Nicaragua (CNS ajoute aussi à la liste l'Algérie et Chypre) pour installer des bases navales dans ces pays, ce qu'avait déjà laissé entendre le vice-amiral Victor Tchirkov en juillet 2012. Moscou qui a démantelé ses bases de Cuba (contre l'avis de Fidel Castro) et du Vietnam au début des années 2000 n'avait gardé jusque là que celle de Tartous en Syrie et projetait la construction d'une base en Abkhazie (Otchamtchira) ainsi que le renforcement de sa présence en Biélorussie, en Arménie, en Kyrghizie, au Kazakhastan et au Tadjikistan.

 

Au Nicaragua, la droite, par la voix notamment du journal la Prensa, a immédiatement mobilisé l'opinion en rappelant que la constitution du pays interdisait la présence de bases étrangères sur le territoire national, et accusé le président Ortega, à qui elle reproche de s'être fait réélire inconstitutionnellement, de préparer une présence militaire russe clandestine par le biais d'une disposition légale qui autorise le stationnement indéterminé de navires de guerre sans préavis de durée. Les autorités nicaraguayiennes ont finalement démenti le projet d'implantation d'une base russe dans leur pays.

 

Le ministre des affaires étrangères vénézuélien Elías Jaua a livré le 28 février le même démenti concernant son pays où la constitution interdit aussi la présence de bases étrangères.

 

A Cuba en août dernier une flotille russe autour du croiseur lance-missile Moskva avait mouillé dans les eaux de La Havane et avait pu être visité par les habitants de la ville (tout comme en 2008 le chasseur de sous-marins "Amiral Tchabanenko". Fin février, plus discrètement, Cuba a accueilli le navire espion russe CCB-175 "Viktor Leonov".

 

Le Vietnam pour sa part semble aussi circonspect que le Vénézuela. En échange d'un prêt de 10 milliards de dollars, notamment pour la construction d'une centrale nucléaire, le président Truong Tan Sang avait seulement annoncé en juillet 2012 sur les ondes de La Voix de la Russie, qu'il mettrait à disposition une partie des installations de Cam Ranh sans en faire une base permanente.

 

 

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Washington s'ingère dans un conflit maritime entre Manille et Pékin

1 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Chine-Extrême Orient

destrLe 9 mars, des gardes-côtes chinois ont empêché deux bateaux civils philippins d'aller approvisionner des militaires de ce pays stationnés sur le récif du "second Thomas" (Ayungin / Ren'ai) à 105 miles nautiques des côtes philippines (stratégique pour l'accès au mont sous marin de Reed, près des îles Spartly riches en hydrocarbures), de sorte que les Philippines ont dû parachuter par avion des vivres à leurs soldats. En 1999, les Philippins avaient délibérément fait échouer sur ce banc de corail inhabité sur lequel Pékin revendique une souveraineté (comme sur l'ensemble des îles de la mer de Chine méridionale mais un doute sérieux existe concernant les Spartly où Tomas Cloma créa un Etat indépendant vendu au dictateur Marcos dans les années 1970 pour un peso) un vieux navire americain (le Sierra Madre) de la seconde guerre mondiale, et Manille en a profité pour y installer une dizaine de marins, lesquels se sont ensuite employés à restaurer le navire qui commençait à rouiller. La Chine accuse les Philippines d'avoir trahi leur promesse de 1999 de démanteler ce vieux navire tandis que Manille, elle, soupçonne Pékin de préparer une annexion du banc de sable comme elle l'a fait subrepticement au printemps 2012 avec le récif de Scarborough.

 

Dès le 13 mars, le porte-parole du Département d'Etat américain Jen Psaki s'est ingéré dans le conflit en déclarant que Washington était "ennuyé" (troubled) par l'initiative chinoise. "C'est un acte de provocation qui augmente la tension" a-t-il ajouté. Officiellement Washington n'a pas de position juridique sur le tracé de la frontière maritime entre la Chine et les Philippines mais prétend défendre son allié philippin en vertu des accords de défense signés avec lui.

 

Déjà l'administration Obama avait soutenu, avec le Vietnam, l'Union européenne et le Japon, une action de Manille devant le tribunal d'arbitrage des Nations Unie sur la convention du droit de la mer (UNCLOS), et le secrétaire à la défense Chuck Hagel en mai dernier n'avait pas fait mystère dans le cadre du dialogue de Shangri-La à Singapour de son intention de soutenir l'armée philippine dans son effort pour étendre son contrôle sur le domaine maritime. Il n'a cependant pas précisé si cela impliquait une action automatique de l'armée américaine si la marine chinoise intervenait. En 2012 lors des tension sautour durécif de Scarborough, le gouvernement américain avait envoyé un porte-avion dans la zone à titre d'avertissement lancé à Pékin.

 

Tout comme autour du récif de Scarborough, les Chinois ont montré, face au Japon, à propos des îles Senkaku/Diaoyu Islands que les menaces américaines ne les impressionnaient pas. Du coup, l'administration Obama a durci le ton par rapport à 2012, spécifiant notamment en février qu'elle s'opposerait à la création d'une zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) par les Chinois en mer de Chine méridionale. Cette nouvelle donne a conduit le gouvernement philippin, qui avait expulsé le QG de la 7ème flotte américaine de la baie de Subic en 1992, d'accorder de nouvelles facilités de mouillage à la marine américaine à Manille, Clark, Palawan, Cebu, Nueva Ecija,et La Union.

 

Aujourd'hui la Chine a fait savoir son mécontentement devant l'action lancée par Manille devant le tribunal d'arbitrage de La Haye qu'elle estime contraire à la Déclaration sur le Code de conduite en mer de Chine méridionale signée entre la Chine et les pays de l'ASEAN en 2002 qui privilégiait le dialogue bilatéral direct pour la résolution des conflits. Pour Pékin, les manoeuvres des alliés des Etats-Unis autour des récifs inhabités, violent la ligne à neuf traits ou ligne en U qui depuis l'époque du gouvernement du Kuomintang (en décembre 1947) délimite les frontières de la Chine en mer de Chine méridionale.

 

F. Delorca

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La colonisation israélienne bat des records à Jérusalem-Est

1 Avril 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Proche-Orient

Dans le Figaro du 28 mars, Cyrille Louis cite un rapport des 28 diplomates européens à Jérusalem sur la colonisation israélienne : "Les diplo­mates euro­péens en poste à Jéru­salem dénoncent, dans leur rapport annuel, l’« accélération sans pré­cédent de la colo­ni­sation » inter­venue depuis la reprise du pro­cessus de paix, fin juillet dernier, sous le patronage de John Kerry. Entre août 2013 et janvier 2014, les auto­rités israé­liennes ont, selon leur calcul, donné leur feu vert à la construction d’autant de loge­ments à Jérusalem-​​Est qu’au cours des quatre années précédentes." Fouilles archéologiques, création de parcs zooliques, tout est prétexte à évincer la population palestinienne qui ne possède que 13 % de la surface du plan d'urbanisme. Entre août 2013 et janvier 2014, les auto­rités israé­liennes ont, selon leur calcul, donné leur feu vert à la construction d’autant de loge­ments à Jérusalem-​​Est qu’au cours des quatre années précédentes.

 

Le gel de la colonisation comme l'échange des prisonniers était au menu des conversations entre John Kerry et Benjamin Netanyahu ce mardi. En juin dernier J. Kerry avait obtenu la mise en oeuvre de négociations israélo-palestiniennes qui devaient reposer sur la libération de prisonniers et le gel des colonisations en dehors de Jérusalem Est en échange du renoncement des Palestiniens aux démarches pour adhérer aux organes internationaux (notamment les organes de justice permettant de juger les crimes isréaliens). Mais Israël paralyse le processus en refusant de libérer un groupe de prisonniers détenu dès avant les accords d'Oslo. Les Etats-Unis seraient susceptibles de mettre la libération de l'espion Jonathan Pollard dans la balance.

 

 

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