Pressions pour un coup d'Etat militaire au Venezuela
La semaine dernière, le général John Kelly - à ne pas confondre avec le secrétaire d'État, John Kerry - la plus haute autorité du Commandement Sud des Forces Armées des États-Unis, qui comprend l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale et la Caraïbes - a comparu devant la commission des affaires de guerre du Sénat à Washington pour évoquer la crise au Venezuela.
Kelly a exposé qu '«aucun contact» n'a pu être instauré avec les forces armées vénézuéliennes, mais qu'il suit de près l'évolution du gouvernement de Nicolás Maduro, et a suggéré que "il ya probablement des pressions, des débats et des désaccords au sein des forces armées du Venezuela sur l'état du pays " (blog du journaliste brésilien Mauro Santayana).
Cette audition devant le Sénat américain montre l'intérêt des Etats-Unis pour diviser les forces armées, dans un contexte où le sabotage économique provoque de nombreuses manifestations de rue. Mardi le président vénézuélien annonçait d'ailleurs l'arrestation la veille de trois généraux de l'aviation pour tentative de soulèvement militaire (Prensa latina).
Mercredi les Forces armées nationales bolivariennes ont publié un communiqué réaffirmant leur fidélité à la constitution et au gouvernement légal. Toutefois même si l'armée reste fidèle, le danger vient aujourd'hui des paramilitaires. Le député du Parti socialiste uni du Venezuela, Andres Eloy Mendez lors d'une interview sur la chaine VTV, a déclaré qu'une descente de police avait révélé que la résidence de Jack Martinez Streignard, père de l'actrice Natalia Streignard, fonctionnait comme un centre d'armes clandestins pour les snipers et les paramilitaires. Il a également révélé un enregistrement relatif à des commandes d'armes de Carlos Yanez, ancien employé de Radio Caracas Television (RCTV). En début de semaine des cocktails Molotov ont été lancés contre l'Université Rafael Belloso Chacin (URBE) à Maracaibo, Etat de Zulia. Au total une quinzaine d'universités ont fait l'objet de tentatives d'incendie par les étudiants d'extrême-droite selon le professeur Vladimir Acosta. Même si l'extrême droite est sur le déclin, des barricades subsistent à Caracas.
Lundi le président Maduro a convoqué une Conférence nationale de Paix qui devait se réunir mercredi, mais l'opposition a refusé d'y participer.
Présidentielle au Salvador : la droite dure conteste la victoire d'un ex-guérillero
Le candidat du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), Sanchez Ceren, ancien guérillero, a remporté l'élection présidentielle qui s'est tenue dimanche au Salvador, avec 50,11% des voix sur 99,9 pour cent des voix bulletins dépouillés.
Son adversaire Norman Quijano, ancien maire de la capitale, San Salvador candidat de l'Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite dure) a aussi revendiqué la victoire. Largement distancé par la gauche au premier tour, Quijano avait fait campagne sur le thème que le Salvador (où la pauvreté recule grâce à des programmes sociaux depuis quelques années sous le mandat de Mauricio Funes, journaliste autrefois sympathisant du FMLN élu en 2009), sous une présidence de Sanchez Ceren risquait de devenir comme le Venezuela. A l'issue du second tour, il n' a pas hésité à en appeler aux forces armées contre la "fraude" du FMLN rallumant ainsi le fantôme de la guerre civile qui a ravagé le pays dans les années 1980.
La Turquie se pose en défenseur des Tatars de Crimée
Alors que la Crimée (rattachée à l'Ukraine en 1954) et où vit une majorité de Russes, menace de faire sécession le 16 mars par référendum face au nouveau pouvoir putschiste de Kiev lié à l'extrême droite qui a menace de lancer un processus d'adhésion à l'OTAN, la Turquie se pose en défenseur des 15 % de Tatars musulmans qui vivent dans la péninsule.
"Ne laissez pas dans vos esprit l'idée que notre président et notre premier ministre seront indifférents à ce qui arrive aux gens de notre famille en Crimée ou ailleurs dans le monde" ("Don't let it cross your mind that our prime minister and president will be indifferent to any issue affecting our people of kin in Crimea and anywhere in the world") a déclaré le 3 mars le ministre des affaires étrangères turc Ahmet Davutoglu devant des responsables d'associations tatares dont qui avaient organisé des manifestations en Turquie la veille. "Ce qui se passe en Turquie aujourd'hui nous terrifie tous" a déclaré sur la CNN turque Zafer Karatay, représentant du Parlement national tatar.
Attaqué sur des affaires de corruption et d'écoutes illégales, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan (qui a récemment resserré les liens économiques avec l'Ukraine) pourrait se sentir obligé de continuer à tenir un discours de fermeté sur la question de la Crimée. Le 6 mars 2014 , dans une conférence de presse à Simferopol (Crimée) le leader tatar Mustafa Jemiliyev a déclaré que M. Erdogan lui a assuré que la Turquie serait "immédiatement impliquée" si les Tatars étaient menacés par les Russes. Pourtant le premier ministre turc, dont le pays dépend en partie sur le plan énergétique des approvisionnements en gaz russe, garde de bonnes relations avec Vladimir Poutine. Jusqu'à quand ?
La Turquie n'est pas le seul pays de culture turque susceptible de s'ingérer dans la crise de Crimée. Aujourd'hui deux responsables azerbaïdjanais du parti d'opposition panturquiste Musavat (Egalité, 1,8 % aux élections législatives de 2010) Gulaga Aslanli et Arif Hajil ont été interceptés au niveau du Daghestan russe alors qu'ils se rendaient en train en Crimée, et reconduits de force dans leur pays d'origine. Les autorités russes et azerbaïdjanaises s'abstiennent de tout commentaire (Kavkaz knot).
Les régions de Russie aussi bien orthodoxes que musulmanes mobilisent quant à elles de l'aide humanitaire pour la Crimée sécessionniste. Le 6 mars par exemple, un convoi humanitaire de 80 tonnes est parti de Makhachkala (Daghestan russe, dans le Caucase, musulman) pour la Crimée. Le président du gouvernement du Daghestan Abdusamad Hamidov, dans son discours au moment du départ du convoi, a rendu hommage à Magomed-Zagid Abdulmanap, soldat soviétique arrêté pendant la seconde guerre mondiale après avoir participé à la défense de Simferopol. Après que les nazis aient découvert qu'il était d'origine tatare et aient proposé de le libérer, celui-ci préféra mourir avec ses camarades russes, a rappelé Hamidov, montrant ainsi que les pouvoirs officiels des régions russes musulmanes restent sur une ligne soviétique traditionnelle d'exaltation de la solidarité trans-ethnique contre le fascisme.
Répression en Irak avec des armes américaines
Le gouvernement à majorité chiite de Nouri Al-Maliki autrefois proche des Etats-Unis et maintenant surtout lié à l'Iran est engagé dans un combat sectaire contre une grande partie de la population sunnite. En un peu plus de quatre semaines, plus de 300 000 personnes ont été déplacées en janvier-février par les affrontements dans la province d’Al-Anbar en Irak (la plus grande province du pays). Falloudjah est devenue à nouveau une ville martyr comme au temps de l'occupation américaine (en 2004).
Officiellement, le gouvernement déclare agir contre le courant djihadiste de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, également puissant en Syrie) qui a tué cinq hauts gradés des forces de sécurité irakiennes le 21 décembre 2013. En fait les tensions résultent d'une mobilisation des sunnites à l'Ouest de l'Irak (parmi lesquels il n'y a pas que des combattants d'EIIL) après l'arrestation des gardes du corps du ministre des finances et d'un député.
Selon le Wall Street Journal du 2 mars, pour briser le soulèvement de la région d’Al-Anbar, Nouri al-Maliki a acheté pour 6 milliards de dollars d’équipements militaires aux Etats-Unis - dont 24 hélicoptères de combat Apache et près de 500 missiles Hellfire – et le gouvernement de Barack Obama a donné le feu vert au mercenariat. Plus de 5000 spécialistes – analystes, instructeurs militaires, agents de sécurité, traducteurs et même cuisiniers - sont sous contrat avec les Irakiens et parmi eux, 2000 sont Américains ». Ils s’ajoutent au 12 500 contractors qui, fin 2013, assuraient la protection des intérêts US en Irak. Principales sociétés étasuniennes de défense présentes : Triple Canopy et L-3 Communications Holdings (cf infos ici). Des livraisons de nouveaux hélicoptères Apache, de drones et même d'avions F16 sont attendues, bien que le secrétaire d'Etat John Kerry déclare officiellement désormais que ce conflit ne concerne que les Irakiens (Huffington Post).
Cable euro-latino-américain sous la mer
A la suite du scandale du système d'espionnage Prism révélé en 2011 par Edward Snowden, la présidente Dilma Rousseff a signé le 24 février un accord de coopération avec l'Union Européenne qui comprend notamment la mise en place d'un câble sous-marin direct de communications contournant les écoutes américaines. Le projet coûtera 185 millions de dollars.
Les Ukrainiens de l'Est demandent une intervention russe
Après la destitution inconstitutionnelle du président légal Ianoukovitch (les deux conditions constitutionnelles - le quorum de trois quarts des députés prévu par la constitution de 1996 et la sasine de la cour suprême - n'ont pas été réunies), sous la menace de l'extrême droite qui visait les familles des députés (selon le député de Sébastopol Vadym Kolesnichenko), le 22 février, diverses mesures de mise en accusation du président déchu et de pression sur les régions de l'Est (comme l'abrogation de la loi sur la langue russe) ont été votées.
Les régions de l'Est ont été gagnées par la peur de l'impunité des bandes d'extrême droite, qui, après avoir poussé au coup d'Etat à Kiev, pouvaient intervenir dans le reste du pays. A Odessa dimanche 6 000 personnes manifestaient sous des slogans anti-fascistes, des milices russophones d'origine inconnue (téléguidées par Moscou selon Kiev, mais aucune preuve n'a été fournie) sont apparues en Crimée et ont sécurisé les aéroports. Alors que le président Obama mettait en garde Moscou contre une intervention, et que Ianoukovitch en exil blâmait la passivité de Poutine, la Douma russe a voté le droit pour le président d'envoyer des troupes dans l'Est de l'Ukraine, où la population manifeste en masse pour obtenir la protection de leur voisin oriental.Voir ici.