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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Montée de la tension au Venezuela

21 Février 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

La situation du Venezuela depuis quinze jours se caractérise par une inquiétante montée de la tension. Maurice Lemoine dans Mémoire des luttes en rappelle les étapes :

 

- 6 février  dans l’Etat de Táchira, au terme d’une manifestation théoriquement convoquée pour protester « contre l’insécurité », un groupe de quelque 80 étudiants cagoulés attaque la résidence du gouverneur et blesent des policiers. Dans les jours qui suivent, réclamant la libération des personnes arrêtées lors de ces désordres, d’autres manifestations se déroulent dans l’Etat de Mérida, débouchant à leur tour sur des actes de violence et de nouvelles détentions.

 

- 12 février : manifestation à Caracasavec de violentes échauffourées qui font trois morts par armes à feu et plus de 60 blessés.

- 15 février - Les affrontements entre « étudiants » et forces de l’ordre reprennent de plus belle le 15 février, près du Parque del Este, dans la capitale, où la journée de « protestation civique » se termine par de multiples dégradations et la mise à sac, par des groupes de choc, de stations de métro

 

- 16 février - Sur la place Altamira – bastion emblématique de l’opposition depuis la tentative de coup d’Etat d’avril 2002 contre Hugo Chávez – et devant les locaux de la chaîne nationale Venezolana de Televisión les contestataires établissent leurs quartiers, avec, en corollaire, pour leur répondre, un classique déluge d’armes non létales – gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc.

 

"Leopoldo López, coordinateur national du parti Volonté populaire et ex-maire de Chacao (un quartier chic de Caracas), la députée María Corina Machado, très appréciée dans les secteurs les plus radicaux, ainsi que le maire « social-démocrate » du grand Caracas, Antonio Ledezma, les dirigeants de l’opposition appellent au soulèvement contre le régime « autoritaire », « corrompu » et « incompétent » du président Nicolas Maduro." explique Maurice Lemoine, qui met l'accent sur les tentatives de déstabilisation économique depuis novembre dans la même logique que la préparation du coup d'Etat du Chili en 1973.

Dans l’analyse du phénomène, beaucoup en sont restés là, pointant du doigt la responsabilité ou l’incompétence des cercles dirigeants au sein desquels, de fait, se déroule un débat – ouverture, poursuite de la même politique, radicalisation ? – sur les mesures à prendre pour mettre un terme à ces distorsions [3]. Mais bien peu ont mis l’accent sur la partie immergée de l’iceberg : comme au Chili, au cours des mois qui ont précédé le renversement et la mort de Salvador Allende, c’est bel et bien une entreprise de déstabilisation économique qui fait tanguer le Venezuela.

A la suite de la dispersion "musclée" de manifestants le mercredi 19 février, le président américain Barack Obama a condamné la violence au Venezuela et appelé Caracas à libérer les manifestants arrêtés. Le gouvernement venezuélien a dû aujourd'hui menacer de bloquer de la diffusion de CNN accusée de montrer au monde l'image d'un Venezuela "au bord de la guerre civile". La semaine dernière, le gouvernement vénézuélien a fait retirer des canaux la chaîne d'information colombienne NTN24 qui agitait le spectre d'un nouveau coup d'Etat.

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Ukraine : l'extrême droite passe à l'attaque, les Occidentaux blâment le gouvernement

20 Février 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Europe de l'Est - Russie

De violents affrontements entre protestataires et forces de l'ordre ont repris le 18 février à Kiev devant le siège du parlement ukrainien, la Rada, qui devrait examiner un projet de loi sur la réforme constitutionnelle et n'ont cessé de s'aggraver depuis lors.

 

Des groupes d'extrême droite armés (Svoda et Secteur droit) sont passés à l'attaque avec des armes à feu. 30 policiers ont été blessés par balles dont trois ont succombé à leurs blessures. Plus de 500 policiers ont déjà sollicité des soins médicaux (Ria Novosti). Le lendemain 20 civils à Kiev selon les manifestants, et 7 selon la police ont été tués selon Pravda.ru. Le Monde annonce plus d'une soixantaine de tués aujourd'hui. 70 soldats ont été enlevés par les radicaux.

 

Sergueï Markov, directeur de l'Institut russe d'études politiques de Moscou, s'en est pris à la sous-secrétaire d'Etat américaine Victoria Nuland et à la représentante de la politique étrangère de l'Union européenne la baronne Catherine Ashton, qu'il qualifie de "furies de la révolution ukrainienne" et accuse d'avoir poussé l'opposition ukrainienne à l'intransigeance.

 

Victoria Nuland avait défrayé la chronique début février à la suite de la publication d'une conversation téléphonique de fin janvier avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev dans laquelle elle définissait la composition du futur gouvernement ukrainien et préconisait d'exclure l'Union européenne des négociations en des termes peu diplomatiques ("Fuck the EU").

 

La chancelière allemande Angela Merkel a damndé aujourd'hui par téléphone au président ukrainien Viktor Ianoukovitch de plus en plus marginalisé d'accepter la médiation de Berlin et de l'Union européenne dans ses négociations avec l'opposition. Selon le département d'Etat américain, une vingtaine d'officiels ukrainiens ont été interdits d'entrée aux Etats-Unis en raison de leur implication présumée dans les violences à l'encontre des manifestants antigouvernementaux. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a fait état de "sanctions probables" de l'Union européenne contre l'Ukraine.

 

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Washington prépare-t-il un coup d'Etat chez son allié kenyan ?

14 Février 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

Le gouvernement kényan a accusé jeudi l'Agence américaine pour le développement (USAID) de chercher à le renverser, par le financement de manifestations antigouvernementales. Mardi quelques centaines de manifestants se sont réunis au parc Uhuru de Nairobi à l'appel du  réverand prebytérien Timothy Njoya, du chanteur Boniface Mwangi et du musicien Eric Wainaina et ont été dispersés par des gaz lacrymogènes jeudi alors qu'ils prenaient le chemin du Parlement.

 

Njoya, diplômé de l'université Princeton (USA) en 1976  a été un défenseur connu du multpartisme sous le régime de parti unique avant 1992. Le chanteur Mwangui avait déjà été accusé en octobre 2013 de collaborer à des projets lucratifs d'USAID.

 

Les relations entre Nairobi et Washington sont en crise depuis l'élection à la tête du pays, en mars 2013, du président Uhuru Kenyatta et du vice-président William Ruto, tous deux inculpés de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) pour leur implication présumée dans les violences post-électorales meurtrières de fin 2007-début 2008.

 

L'agence USAID est aussi accusée d'influencer le procès devant la CPI. Lundi David Kiarie Kibe, qui a été cité pour témoigner contre le vice-président William Ruto et le journalisteJoshua Arap Sang  s'est rétracté . Le témoin a indiqué qu'il a rencontré à ce sujet des responsables de l'USAID, les enquêteurs de la CPI et les fonctionnaires de l'unité de protection des victimes à diverses dates entre Juin 2012 et Août de l'année dernière (Dailynation). Huit jours plus tôt l'avocat Karim Khan a accusé diverses ONG dont Kalenjin Youth Alliance (KaYA), Good Samaritan International et Anti-Torture Campaign Network d'être payées par USAID pour recruter et corrompre des témoins contre Ruto.

 

 

 

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Ukraine : stratégie de la tension et ingérences étrangères

5 Février 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Europe de l'Est - Russie

Depuis le 21 novembre, l'Ukraine connaît une vague de contestation populaire déclenchée par la décision du pouvoir de suspendre le processus d'association avec l'Union européenne. Le mouvement de protestation s'est radicalisé suite à l'adoption par le parlement d'une série de lois restreignant la liberté de manifester.

Les violences qui s'en sont suivies ont fait trois morts, selon les autorités ukrainiennes. Des opposants radicaux ont investi des bâtiments administratifs dans de nombreuses villes du pays, y compris à Kiev. Face à la pression populaire (notamment les manifestants de la place de l'Indépendance "Maidan", dans la capitale), le président Viktor Ianoukovitch joue la montre. Il a accepté le 28 janvier la démission du premier ministre Nikolaï Azarov et a chargé le vice-premier ministre Sergueï Arbouzov de diriger le gouvernement par intérim.

 

A l'Ouest du pays, en Galicie, le parti d'inspiration antisémite et nostalgique de la Waffen SS Svoboda a "déclaré la guerre" au gouvernement et ses partisans se sont emparés des administrations dans diverses villes dans la région mais aussi dans le centre du pays sans que les médias occidentaux ne daignent enquêter sur ce phénomène inquiétant (préférant se polariser sur les exactions de paramilitaires pro-gouvernementaux). Les cadres de Svoboda sont eux-mêmes débordés par des éléments comme Pravyi Sektor encore plus radicaux, tandis que l'Est du pays reste fidèle au Parti des régions au pouvoir.

 

L'ambassadeur américain à Kiev Geoffrey Pyatt, intervenant mercredi à la télévision ukrainienne a menacé le pays de sanctions. :"Si des scénarios musclés, tels que l'instauration d'un état d'urgence ou une tentative de nettoyer Maïdan par la force, se réalisaient, a-t-il déclaré, cela aurait des conséquences économiques très sérieuses et des sanctions de visas de notre part" (Ria Novosti).

 

L'ex-boxeur Vitali Klitschko (parfois présenté comme le favori de Bruxelles et de l'Allemagne où il aurait une carte de résident selon NTV) a appelé aussi à des sanctions de l'Union européenne (UE) contre le président Viktor Ianoukovitch, telles que des restrictions de visas. A Paris, les chantres habituels de l'ingérence (A. Glucksman, A. Finkelkraut, A. Besançon) appellent à l'admission de l'Ukraine dans l'Union européenne (Le Monde). Mais les représentants des intérêts économiques allemands recommandent la prudence par peur de la guerre civile. Rainer Lindner, directeur général président du Forum germano-ukrainien met en garde contre une stratégie de confrontation. L'économie allemande a réalisé des niveaux records d'exportation vers l'Ukraine l'an dernier.

 

A Kiev les discussions ont échoué au parlement pour revenir à la constitution de 2004, moins présidentialiste, ce qui aurait pu constituer un compromis. Le parti des régions au pouvoir, mais aussi certains extrémistes de l'opposition comme les partisans de  l'ex-première ministre Ioulia Timochenko, y sont hostiles.

 

Des spéculations continuent de courir sans preuve décisive sur le fait que le mouvement pro-européen ukrainien pourrait correspondre au schéma d'une nouvelle révolution colorée (la phase 2 de la révolution orange). Le 9 décembre dernier, Oleg Tsarev, jeune député du Parti des régions originaire de la région de Dniepropetrovsk, y voyait le résultat possible d'une coalition d'intérêts entre les oligarques et les Etats-Unis. Il rappelait que les médias tenus par les oligarques (qui selon lui seraient 7 ou 8 à contrôler 40 % du PIB) assuraient une couverture des événements favorable aux manifestants et que les oligarques ont intérêt à la libéralisation de l'économie et des structures politiques du pays.

 

 

 

 

 

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Bangladesh : ingérence du parlement européen en faveur du régime

4 Février 2014 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Sous continent indien

Le gouvernement par intérim, dirigé par la première ministre, Sheikh Hasina, de la Ligue Awami (centre gauche laïque) a organisé les élections générales, au terme d'une année 2013 qui aura été, selon les observateurs, l'année la plus violente dans l'histoire du Bangladesh depuis l'indépendance. Ces élections ont été boycottées par la coalition d'opposition, dirigée par le BNP (Parti nationaliste du Bangladesh, de droite), qui insistait pour avoir un gouvernement «non partisan» chargé des affaires courantes et se sont déroulées avec un faible taux de participation. Le parti gouvernemental a remporté 80 % des sièges.

 

Alors que selon Mir Hasan Rashedul, le parti au pouvoir est responsable de la majeure partie des violences, le parlement européen le 16 janvier a voté une résolution qui, tout en critiquant les violations des droits de l'homme par le régime, accuse l'opposition de la violence, qualifie le parti Jamaat-e-Islami et le mouvement Hefazat d'«extrémistes», demande au principal parti d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh de se distancier de ces organisations (ce qui revient à l'accuser de collusion avec l'islamisme radical). Selon cet article la position du parlement européen reflète l'intérêt des Occidentaux à ménager la bourgeoisie laïque du pays, cliente de leurs produits d'exportation, quitte à ce que celle-ci impose une dictature, plutôt que de laisser le peuple voter souverainement.

 

Selon Mir Hasan Rashedul le Parlement européen est dans le deux poids deux mesures, soutenant les actions violentes de l'opposition en Ukraine, et condamnant celles du Bangladesh. Ce faisant l'Europe s'alignerait sur l'Inde qui avait déjà demandé aux Etats-Unis de modérer leur position en faveur d'une inclusion de l'opposition au régime de la Ligue Awami dans le processus électoral, et qui voit dans ce régime un rempart contre le chaos.

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