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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Double offensive des forces de droite au Paraguay et en Bolivie

25 Juin 2012 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

Suite à l’expulsion de terres occupées par une communauté paysanne qui a mal tourné et fait 17 morts (11 paysans et 6 policiers dont le frère du chef de la sécurité du président) dans des circonstances assez confuses, une enquête est en cours et plusieurs ministres ont démissionné.

 

Les parlementaires, parmi lesquels le président Fernando Lugo, premier président de gauche du Paraguay en 62 ans, ne jouissait que d'une très faible majorité, ont voté pour mettre en accusation celui-ci pour "manquement à ses devoirs durant cette crise. La menace de mise en accusation avait déjà été soulevée par l'opposition à vingt trois reprises. Le président Lugo a répliqué dans une vidéo à la nation affirmant qu’il ne démissionnerait pas. Le Sénat sans attendre l'issue de l'enquête a élu à la présidence Federico Franco, vice-président de Lugo.

 

Selon Walter Goobar dans le quotidien Miradas al Sur, ce coup d'Etat parlementaire pourrait avoir été fomenté par les grands propriétaires latifundiaires (représentés par le Partido Colorado) en laision avec la multinationale Monsanto en prévision d'une éventuelle montée des revendications des paysans sans terre qui n'ont pas encore obtenu la réforme agraire promise par Lugo.Le journaliste se fondant sur les travaux de Idilio Méndez Grimaldi rappelle par ailleurs  qu'une bataille était engagée entre le groupe Monsanto (qui avait ses entrées dans le journal de droite ABC Color) et le mouvement social paysan sur la question de l'introduction de graines de coton transgénique. Le lobby pro-Monsanto (Unión de Gremios de Producción) avait accusé le 7 juin le président du Service national de qualité et de sûreté des semenses (Seneva, un organisme d'Etat) qui refusait d'homologuer ce coton transgénique de népotisme.

 

Les pays d'Amérique latine (Mercosur et Unasur) font bloc pour l'instant et refusent de reconnaître le nouveau président. Les Occidentaux pour leur part sont plutôt sur une ligne indulgente. Le gouvernement américain n'a pas parlé de coup d'Etat et s'est seulement dit "préoccupé". Le ministre allemand de la coopération économique Dirk Niebel a pour sa part qualifié le coup d'Etat parlementaire de "processus normal de changement".

 

Le 22 juin 300 policiers boliviens en grève ont saccagé vendredi des locaux officiels à deux pas du palais présidentiel de La Paz et attaqué à coup de pierres le siège du commandement de la police. Ces policiers grévistes réclament  un salaire minimum supérieur à ce qu'ils perçoivent actuellement, la retraite à taux plein et l'annulation d'une loi leur interdisant de manifester. Malgré la signature d'un accord le 24 avec le syndicat de police Anssclapol qui correspond largement aux attentes des grévistes, des policiers de base dans 8 villes ont annoncé poursuivre la lutte. Selon la ministre de la communication Amanda Dávila, il existerait un "plan Tipnis" pour faire converger les demandes de la police avec les revendications des indigènes en colère contre un projet de construction d'autoroute (cf notre billet du 6 octobre 2011) et provoquer l'affrontement avec l'armée pour motiver un coup d'Etat. L'accusation de projet de coup d'Etat a ensuite été reprise par le chef d'Etat Evo Morales lui-même. Le vice ministre du régime intérieur bolivien Jorge Pérez sur Telesur a dénoncé la présence parmi les grévistes de policiers déjà impliqués dans des actes de mutinerie antérieurs et des personnes liées à l'opposition qui ont intérêt à plonger le pays "dans le chaos".

 

 

Par ailleurs il convient de signaler que le fondateur de Wikileaks Julian Assange, poursuivi par le pouvoir judiciaire suédois, s'est réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres et demandé l'asile politique au motif que selon lui, les Etats-Unis sont susceptibles de faire pression sur la Suède pour obtenir son extradiction et l'incarcérer dans des conditions non respectueuses des droits de l'homem comme ils l'ont fait avec un de ses informateurs Bradley Manning.

 

 

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Le régime de Kagame entretient la guerre civile au Kivu

16 Juin 2012 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

congo-map.pngLa guerre dans les deux Kivu à l'Est du Congo a connu une recrudescence au cours des derniers mois.  Aux conflits liés à la présence de  les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des hutus rwandais exilé au Congo  - par exemple dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, dans un village du Sud-Kivu à l’est de la RDC, 32 personnes dont 6 enfants ont été sauvagement massacrés par les combattants d’une milice rebelle hutue - s'est ajoutée au Nord Kivu la guerre qui oppose depuis le début du printemps l’armée congolaise (FARDC) aux mutins du M23 (mouvement du 23 mars) dirigés par le colonel Sultani Makenga, ex numéro-deux du général Bosco Ntaganda (poursuivi par la Cour pénale internationale) et composée d'ex-rebelles tutsis du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda. Les combats ont provoqué le déplacement de milliers de population dans la région, avec le lot habituel de meurtre, viols, pillages, l'enrôlement d'enfants-soldats et les décès liés à l'appauvrissement des personnes déplacées (notamment les épidémies). De nouveaux affrontements ont notamment opposé jeudi 14 juin les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au M23, dans cette province. Le M23 récemment créé revendique l'application des accords du 23 mars 2009 entre la rébellion du CNDP et les autorités congolaises qui prévoyaient notamment la transformation du CNDP en formation politique et l'intégration de ses éléments dans les institutions politiques locales et nationales, ainsi que dans l' armée.

 

On craint aussi une déstabilisation de la province Orientale voisine où une rebellion ituri pourrait se soulever sous les ordres de Bosco Ntaganda. Les mai-Mai Simba et l'Armée de résistance du seigneur y sévissent déjà.

 

Une fois de plus les ingérences étrangères ne sont pas absentes de ce conflit, et le président rwandais Paul Kagame, allié des Etats-Unis est pointé du doigt.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé le 16 juin une enquête sur les soutiens extérieurs dont bénéficient les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo. Il soupçonne le Rwanda, sans le citer nommément, d’être impliqué dans le soutien aux groupes armés qui déstabilise le pays dans la région du Kivu. Le défenseur des droits de l’homme congolais, Dimas Kitenge, estime sur RFI que le Conseil de sécurité doit condamner clairement le Rwanda : « A partir du moment où nous avons de plus en plus de preuves que les soldats rwandais sont là, il est très important que la communauté internationale puisse avoir un langage clair et ferme vis-à-vis de tous ces pays, y compris le Rwanda qui veut encore troubler la paix. »

 

Selon Salem-News le président rwandais Kagame utilise l'Ouganda comme base arrière pour exfiltrer les criminels de guerre M23 et les mettre à l'abri d'enquêtes de l'ONU. Paul Kagame ancien ami de George  Bush jouit de soutiens importants aux Etats-Unis, où il est souvent invité pour recevoir diverses récompenses, ce qui suscite parfois une mobilisation de ses opposants pour empêcher les remises de prix (voir ici). En 2009 dans une tribune publiée en janvier 2009  dans «The New York Times», reprise dans la rubrique «Kiosque» de «Jeune Afrique» n°2502-2503, l’ancien secrétaire d’Etat adjoint chargé des Affaires africaines de George W Bush, Herman Cohen estimait que le rétablissement de l’autorité de Kinshasa au Nord et Sud Kivu équivaudrait pour le régime rwandais à «renoncer» à des «ressources» qui représentent une bonne part de son «produit intérieur brut». Selon lui, il importait de prendre en compte la «dimension économique» du conflit. D’où l’idée d’«un projet de Marché commun» incluant six pays de la sous-région dite des Grands Lacs. A savoir : le Burundi, la RD Congo (l’Est), le Kenya, l’Ouganda, Rwanda et la Tanzanie. De même le président français Sarkozy avait fermé les yeux sur les ambitions du Rwanda sur le Kivu en lançant une politique de rapprochement avec Kigali.

 

La journaliste belge Colette Braeckman épingle aussi le rôle des ONG qui en demandant l'inculpation de Bosco Ntaganda rallié à Kabila ont aussi contribué à enflammer la situation au Kivu.

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Les Américains veulent se réimplanter au Vietnam

10 Juin 2012 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Asie du Sud-Est-Pacifique

drapeau-vietnam.pngLe secrétaire d'Etat à la défense américain Leon Panetta a visité dimanche dernier la base militaire vietnamienne jadis utilisée par les soviétiques de la baie de Cam Ranh pour examiner avec ses partenaires locaux la possibilité d'utiliser davantage ce port pour le stationnement et la maintenance des navires de guerre américains, en application d'un accord de coopération militaire signé entre les deux pays l'an dernier. La veille devant des responsables militaires de 28 pays, le ministre américain avait annoncé la volonté de Washington de faire passer la répartition des forces navales US entre l'Atlantique et le Pacifique d'un rapport de 50/50 à un rapport de 40 % contre 60 % illustrant le basculement des priorités stratégiques pour le Pentagone.

 

La mise américaine sur le Vietnam pour contrer la présence de la Chine dans le Pacifique n'est pas exempte d'arrière-pensée. Fin mai un blog vietnamien Dan Lam Bao (les gens font les nouvelles), a publié ce qui est présenté comme un rapport des services secrets vietnamiens sur des propos tenus par l'adjointe au chef de mission diplomatique des Etats-Unis au Vietnam Claire Pierangelo selon lequel la diplomate dénonçait la corruption du régime d'Hanoï, se réjouissait du fait qu'il n'était plu lié à la "culture chinoise" et prédisait la fin du système communiste dans ce pays dans les vingt ans qui viennent du fait de l'évolution économique actuelle. L'authenticité de ce document est contestée, mais les propos relatés révèlent une opinion très répandue dans les milieux libéraux anglo-saxons.

 

Le Vietnam quant à lui a aussi laissé entrevoir la possibilité de remettre Cam Ranh à disposition des navires de guerre russes pour lutter contre les pirates du Pacifique et de l'Océan indien, parallèlement au renforcement des liens économiques avec Moscou (la Russie envisage notamment de construire une centrale nucléaire au Vietnam). Les Russes avaient dû fermer Cam Ranh en 2002 quand Hanoï avait décidé de demander à Moscou un loyer annuel de 200 millions de dollars pour l'utlisation de cette base.

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Controverses autour des massacres en Syrie et sabotage du plan Annan

10 Juin 2012 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Proche-Orient

syrie.jpgLes 25 et 26 mai derniers, le village syrien de Houla (centre du pays) a été la cible d'une attaque qui a fait plus de 100 morts, dont une moité d'enfants, attaque dans un premier temps imputée par l'opposition armée et par leurs soutiens inconditionnels dans le médias occidentaux par des "bombardements" perpétrés par l'armée syrienne. La plupart des victimes ont été abattues par des balles tirées à courte distance, les autres ayant péri sous des obus d'artillerie. Dans un premier temps (cf communiqué du 27 mai et non pas "sans désigner de coupables" comme le rapportent des sources pro-Assad) le Conseil de sécurité avait condamné les tirs d'artillerie et de chars de l'armée loyaliste, puis le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a mis en cause des "miliciens pro-régime". Le conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève le 1er juin a demandé à la commission d'enquête internationale, qui agit sous mandat du Conseil depuis août 2011, "de conduire une enquête spéciale exhaustive, indépendante et sans entrave en accord avec les standards internationaux sur les évènements de Houla" par 41 voix contre 3 (Chine, Russie et Cuba) et 2 abstentions (Ouganda, Equateur). La mission d'enquête gouvernementale syrienne mandatée par le gouvernement de Damas, sous la direction du général de brigade Qasseem Suleiman a rejeté la responsabilité des massacres sur une bande de 600 à 700 hommes armés qui auraient pris d'assaut simultanément cinq postes loyalistes (*). Des sources pro-Assad renvoient à une émission de la Chaîne Rossiya 24 que Global Research (dont les contributeurs sont loin d'avoir toujours été crédibles) aurait retranscrite en anglais sur le sujet. Mais il ne s'en trouve pas de trace ailleurs sur le Net. Cette émission reprend la version de la commission de Qasseem Suleiman en donnant des détails sur les 600 à 700 hommes responsables selon elle des meurtres de civils.

 

Le 7 juin Mazraat al Kabir un nouveau massacre d'ampleur comparable a été commis dénoncé par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et le Conseil national syrien (CNS basé à Istanbul) comme provoqué par les mêmes mêmes miliciens (alors pourtant que le village est principalement peuplé de minorités proches du régime et de sunnites loyalistes). Les présomptions de manipulation par l'OSDH et le CNS, directement reprises par les grands médies occidentaux, sont assez sérieuses sur les deux massacres.

 

L'opposition armée a annoncé son désengagement du plan Annan dès l'annonce du massacre d'Houla. Le plan Annan adopté le 4 mai dernier qui prônait l'arrêt des violences du côté des rebelles comme des forces gouvernementales (une symétrie entre les Occidentaux refusaient jusque là) et le retrait des armements lourds. Ce plan a régulièrement été torpillé depuis un mois tant par les forces gouvernementales que par les rebelles.

 

Selon le  New York Times, les Etats-Unis ont préparé un plan de sortie de crise, qui prévoirait le départ de Bachar el-Assad - plan calqué sur celui qui a mis fin en février 2012 à la présidence d’Ali Abdallah Saleh au Yémen (c'est-à-dire avec une impunité pour lui et ses proches), mais la Russie s'en tient au soutien au plan Annan qu'elle veut faire cautionner à une conférence internationale, et estime que le départ d'Assad ne peut que provenir d'une décision du peuple syrien sans ingérences étrangère. Mais les chances de succès de cette conférence, qui ne substituera pas en tout état de cause au Conseil de Sécurité de l'ONU, sont faibles, des controverses apparaissant déjà autour de la présence de l'Iran en son sein.

 

A défaut d'obtenir le feu vert de la Russie pour une intervention militaire à la libyenne en Syrie qui leur permettrait d'affaiblir l'axe chiite pro-iranien au Proche-Orient, les Occidentaux et les pétro-monarchies semblent résolus à jouer la carte de l'échec du plan Annan et du développement de la guerre civile ("conflit de basse intensité") dans ce pays, une guerre civile dont la population paie un prix très élevé. Par exemple, l'agence de presse du Vatican Agenzia Fides le 4 juin citait ce témoignage de Mgr Philippe Tournyol du Clos Archimandrite Grec-Catholique Melkite, ancien membre de la Fraternité Saint Pierre (traditionnaliste): "[A Homs] Le spectacle qui s’offre maintenant à nos yeux est celui de la plus absolue désolation : l’église de Mar Élian est à demi détruite et Notre-Dame de la Paix saccagée (près de laquelle on a trouvé plusieurs personnes égorgées) est encore occupée par les rebelles. Les maisons, très endommagées par les combats de rue sont entièrement vidées de leurs habitants qui ont fui sans rien emporter ; le quartier d’Hamidieh constitue encore aujourd’hui le refuge inexpugnable de bandes armées indépendantes les unes des autres, fournies en armes lourdes et en subsides par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Tous les chrétiens (138’000) ont pris la fuite jusqu’à Damas ou au Liban ; ceux qui n’y avaient pas de parents se sont réfugiés dans les campagnes avoisinantes, chez des amis, dans des couvents, jusqu’au Krak des Chevaliers. Un prêtre y a été tué ; un autre, blessé de trois balles dans l’abdomen, y vit encore ainsi qu’un ou deux autres, mais ses cinq évêques se sont prudemment réfugiés à Damas ou au Liban"

 

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(*) Le rapport des autorités signale aussi que font partie des victimes l'épouse d'Abdulmuti Michib (deuxième secrétaire de l'assemblée nationale syrienne récemment élu) et ses enfants, son frère et sa famille entière, ainsi qu'un proche de cette épouse Mu'aweyah As-sayed, officier du centre de police du Houla ainsi que toute sa famille.

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