Commémorations d'anciens SS et discriminations anti-russes se poursuivent en Lettonie
Le vendredi 16 mars comme tous les ans à Riga, des vétérans de la Légion lettone de la Waffen SS et leurs sympathisants ont déposé des fleurs devant le Monument à la Liberté Ils étaient 1500 selon une agence occidentale.
La Commission européenne avait pourtant condamné cette manifestation comme incompatible avec les valeurs de l'Union.
Les manifestations de vétérans SS jouissent d'une assise institutionnelle forte en Lettonie. Au printemps 2010 une cour administrative avait annulé un arrêté de la mairie de Riga interdisant cette marche, et le président du parlement avait lui-même pris position contre cet arrêté. Le ministre des affaires étrangères lui aussi s'est exprimé pour que cette manifestation puisse continuer.Selon l'ONG "Monde sans nazisme", les responsables politiques lettons cette année n'ont fait aucun effort pour se désolidariser de cette marche, le président letton Valdis Dombrovskis estimant même que le monde devrait "courber la tête" devant ces "libérateurs" de la Lettonie (où 90 % des Juifs ont été exterminés sous l'occupation allemande...).
Beaucoup d'anti-SS dans les pays baltes estiment aujourd'hui que leur position est affaiblie par le refus constant des Occidentaux de voter les résolutions de l'Assemblée générale des Etats-Unis condamnant la nostaligie du nazisme. Le 23 décembre 2010 129 pays à l'ONU ont voté une résolution russe condamnant la glorification du nazisme. Les Etats-Unis ont voté contre. L'année suivante, le 19 décembre 2011, une résolution A/66/460 sur “Le caractère inadmissibie de certaines pratiques qui contribuent à nourrir des formes conteporaines de racisme, de discriminations raciales, la xénophobie et les intolérances du même type” qui exprimait notamment " une inquiétude profonde devant la glorification du mouvement nazi et d'anciens membres de la Waffen SS" a été votée par 134 pays aussi différents qu'Israël, la Syre, l'Iran, la Biélorussie,l'Inde,la Corée du Nord ou le Venezuela. 24 pays ont voté contre, dont les Etats-Unis et les pays européens. Le représentant des Etats-Unis a souligné que la résolution ne distinguait pas assez nettement ce qui devait relever du délit et ce qui procédait de la liberté d'expression.
En outre, les diplomates occidentaux ont parfois d'étranges positions sur le sujet, comme le montre un courrier de l'ambassadeur britannique à Riga daté du 1er mars dernier et publié ici. En réponse à une lettre de Monica Lowenberg qui a réuni 6 000 signatures dans le monde contre la marche des SS du 16 mars, celui-ci estime que la pétition reproduit "la vieille propagande soviétique réchauffée sur la 'Lettonie fasciste' " et souligne que, selon lui, les SS lettons n'ont jamais commis de crimes de guerre et n'ont pas été réellement partisans de l'idéologie nazie (dont les symboles sont selon lui absents des commémorations du 16 mars).
La Russie quant à elle reste en pointe sur le dossier du révisionnisme balte. Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré aujourd'hui "honteux" le vote des Occidentaux à l'ONU et rappelé que ceux-ci doivent appliquer la jurisprudence de Nüremberg. La banalisation du nazisme en Lettonie entre en résonnance avec la politique d'exclusion des citoyens de langue russe. 16 % des habitants de la Lettonie souvent de condition très modeste et très liés au souvenir de l'URSS sont aujourd'hui apatrides du fait qu'ils sont d'origine russe. Le pays, par référendum a refusé le 18 février dernier d'ériger le russe en langue officielle aux côtés du letton, alors qu'un quart des électeurs soutenait cette proposition (en plus des 16 % privés du droit de vote). De même le 1er mars le Parlement letton a refusé de reconnaître le Noël orthodoxe comme jour férié, ce qui signifie par exemple qu'à Riga où la moitié de la population environ est de culture orthodoxe (russes, ukrainiens, biélorusses) celle-ci doit prendre un congé le 7 janvier pour célébrer son noël.
Sur le dossier de la minorité russe l'Union européenne demeure aussi hésitante que sur les manifestations d'anciens SS. Ainsi les efforts de l'eurodéputée Tatiana Jdanoka de l'Alliance libre européenne (qui inclut les Verts français) pour que le russe soit reconnu comme langue de l'Union au même titre que le gaélique par exemple (puisqu'il y aurait plus de locuteurs russes dans les Pays baltes que de locuteurs en gaélique en Irlande) n'ont pour l'heure toujours pas abouti et la Commission s'est excusée auprès des autorités lettones pour avoir publié par erreur un texte dans la langue de Tolstoï le 10 mars dernier.
Sri Lanka : le Qatar, la Russie, la Chine et Cuba ensemble contre l'ingérence occidentale
Hier le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté à la demande des Etats-Unis une résolution appelant le Sri Lanka à poursuivre les auteurs présumés de crimes de guerre lors du conflit contre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) qui s'est terminé en mai 2009.
Le texte est commenté en ces termes par le Temps de Genève : "Les termes du texte demeurent fort mesurés, et celui-ci n’impose aucune commission d’enquête indépendante aux autorités sri-lankaises. Mais ce vote n’en a pas moins une portée symbolique forte, d’une part parce qu’il induit une reconnaissance des victimes du conflit, d’autre part parce qu’il constitue une forme d’acte expiatoire pour le CDH. Au terme d’une session spéciale consacrée au Sri Lanka en mai 2009, l’assemblée avait en effet adopté une résolution des plus complaisantes à l’égard de Colombo"
Tamara Kunanayakam, ambassadrice du Sri Lanka auprès du Conseil des droits de l'homme a estimé que Washington cherchait à obtenir un "regime change" (un changement de régime) à Colombo. Elle a fait état de menaces de mort dont elle a été victime aujourd'hui, tandis qu'ils semble qu'à l'opposé les militants d'ONG occidentales disent faire eux aussi l'objet d'attaques à Colombo. Le ministre des droits de l'homme du Srio Lanka Mahinda Samarsinghe avait pour sa part mis en garde "ceux qui vivent dans une maison en verre" (les Occidentaux) contre les risques de jeter de l'huile sur le feu que présenterait cette résolution.
La résolution du Conseil a été immédiatement dénoncée comme une ingérence inadmissible et une tentative de dynamiter le processus de réconciliation nationale par l'ensemble des journaux sri-lankais. Le leader du parti marxiste JVP, qui a quitté la coalition gouvernementale (qui rassemble largement des communistes aux centristes) a condamné l' "impérialisme" occidental tout en reprochant au gouvernement de Colombo de n'avoir pas assez rapidement restauré la démocratie dans le nord du pays, faisant ainsi le jeu des pressions européennes et américaines (*).
Le vote du Conseil des droits de l'homme présente quelques surprises (**). Outre le suffrage favorable des alliés traditionnels des Etats-Unis en Europe, en Amérique (Mexique, Guatemala), et en Afrique (le Nigéria, et le nouveau régime libyen), on observe le ralliement inattendu de l'Inde (qui a beaucoup d'influence sur le Sri Lanka), ce qui confirme son détachement du bloc des BRICS déjà amorcé sur la Syrie. Même des régimes "de gauche" comme le Pérou et l'Uruguay votent avec les USA. Le Cameroun plus réservé sur la Libye et la Syrie rejoint les Occidentaux
On note une grande prudence des pays africains (Angola, Botswana, et même Djibouti, le Burkina et le Sénégal) qui avaient manifesté leurs résistance à l'ingérence en Libye. Certains même comme l'Ouganda (qui pourtant héberge des troupes américaines sur son sol), le Congo-Brazzaville et la Mauritanie rejoignent le bloc du "non"
Un bloc du "non" composé des traditionnels opposants à l'ingérence de l'ALBA (Cuba, Equateur), de la Russie et de la Chine, mais aussi beaucoup de pays riverains de l'Océan indien (Thaïlande, Bangladesh, et Maldives malgré le renversement du dernier président en ce moment exilé au Sri Lanka), et même, une fois n'est pas coutume, les trois pétromonarchies du Golfe persique (Qatar, Arabie Saoudite et Koweit). Le Qatar a souligné que le Sri Lanka "en tant que membre des non-alignés" a déjà fourni "d'énormes efforts" pour "promouvoir la réconciliation" à la fin du conflit et le Koweit a estimé qu'on ne pouvait exiger des poursuites judiciaires seulement trois ans après la fin de la guerre civile.
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(*) Cette nuance que le JVP manifeste par rapport aux autres partis de gauche sri lankais suscite des interrogations car le JVP par ailleurs s'oppose à l'autonomie des provinces tamoules) - le JVP s'était distingué en 2005 par sa campagne contre les ONG occidentales, mais a discuté récemment avec les responsables d'USAID.
(**) Oui 24
Autriche, Belgique, Bénin, Cameroun, Chili, Costa Rica, Rep tchèque, Guatemala, Hongrie, Inde, Italie, Libye, Maurice, Mexique, Nigeria, Norvège, Pérou, Pologne,Moldavie, Roumanie, Espagne, Suisse, Etats-Unis, Uruguay
Abst 8
Angola, Botswana, Burkina, Djibouti, Jordanie, Kyrghizistan, Malaisie, Sénégal
Non 15
Bangladesh, Chine, Congo, Cuba, Equateur, Indonésie, Koweit, Maldives, Mauritanie, Philippines, Qatar, FR de Russie, Arabie saoudite, Thaïlande, Ouganda
Coup d'Etat aux Maldives
Le 7 février dernier les forces militaires et la police se sont solidarisées avec les manifestations de protestation populaires, et ont renversé le président des Maldives Mohamed Nasheed qui avait été régulièrement élu en 2008. Mohamed Nasheed, surnommé dans certains milieux environnementalistes le "Mandela de l'Océan indien" avait par ailleurs attiré l'attention internationale en menant une croisade contre les effets du réchauffement climatique sur son archipel.
Les Etats-Unis et l'Inde ont immédiatement reconnu le nouveau président (l'ex-vice-président de Nasheed) soutenu par l'ancien dictateur Gayoom (lequel avait bénéficié en 1988 d'une intervention militaire de l'Inde pour le remettre au pouvoir après son renversement) et par l'industrie hôtelière. Mohamed Waheed Deen, ministre de la justice de Nasheed et patron Bandos Island Resort a été nommé vice-président (cf Daily Telegraph). Les partisans de Nasheed ont été battus par la police et arrêtés. La "communauté internationale" a opté pour un mutisme prudent devant ce coup d'Etat. Le secrétaire général Ban Ki-Moon a seulement formulé des voeux pour une "solution pacifique".
Si le président Nasheed avait, sur le plan intérieur, inquiété l'industrie du tourisme par sa campagne anti-corruption. Cependant sa politique économique avait pour le moins manqué de cohérence, puisqu'il avait aussi privatisé l'aéroport, ainsi qu'une partie de la sécurité sociale, tandis que sa politique favorable aux offices de massage provoquait la colère des islamistes (l'île est majoritairement musulmane sunnite). Il a par ailleurs fait l'objet d'accusations de corruption au profit de son propre camp. De même en politique étrangère : en décembre dernier il avait à la fois milité pour les sanctions économiques contre la Syrie (après son entrée au comité des droits de l'homme de l'ONU) et contre l'ingérence internationale dans le processus d'enquête sur les crimes de guerre au Sri Lanka (où il est d'ailleurs actuellement réfugié). Il était par ailleurs proche d'Israël et après son renversement aurait même tenté, selon Rajje News proche du parti d'opposition (DRP fondé par Gayoom), de faire pression sur Tel-Aviv, via l'homme d'affaire, Ismail Saadiq, pour pousser les Etats-Unis à ne pas reconnaître le nouveau président. Nasheed avait aussi fait venir des infirmiers israéliens à l'hôpital Indira Gandhi ce qui avait provoqué la colère du DRP, lequel avait crié au risque de trafic d'organes.
Cette orientation politique explique sans doute que les adversaires traditionnels des coups d'Etat oligarchiques (Venezuela, Cuba, Bolivie), n'aient pas manifesté de solidarité avec le président maldivien déchu. The Times of israel quant à lui affirme sans détour qu'Israël perd un de ses rares alliés dans le monde musulman.
Des élections présidentielles sont prévues pour 2013 où la fille de Gayoom sera candidate.
L'Union européenne étend ses sanctions contre le gouvernement biélorusse
Les pays de l'UE ont convenu le 29 février dernier d'élargir la liste des fonctionnaires biélorusses soumis à des "mesures restrictives". La Biélorussie a rappelé mardi son représentant permanent auprès de l'UE et son ambassadeur en Pologne, puis la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé que "tous les ambassadeurs des pays-membres de l'UE en Biélorussie seront rappelés pour consultations en signe de solidarité et d'unité".
La Russie qui a pourtant entretenu l'an dernier des relations difficiles avec Minsk qu'elle pousse à libéraliser son économie, a haussé le ton aujourd'hui et annoncé par la voix du vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine qu'elle apportera son entier soutien à la Biélorussie en cas de durcissement des sanctions européennes à son encontre.
En janvier 2011 une pétition avait été signée par le préfacier de l'Atlas alternatif et un de ses contributeurs contre l'ingérence occidentale en Biélorussie. Au même moment la Biélorussie avait pointé le bout de son nez dans le débat politique français. Le journaliste aux convictions européistes de Libération Jean Quatremer sur son blog le 20 janvier 2011 avait reproché au président du Front de gauche JL Mélenchon de s'être abstenu de voter avec son groupe une résolution du Parlement européen demandant un durcissement des sanctions économiques vis-à-vis du régime biélorusse et de son président à la suite des arrestations brutales et arbitraires des opposants qui ont suivi sa réélection, le 19 décembre dernier. Le leader du Front de gauche lui avait répliqué sur son propre blog le 24 janvier : "Quelles sanctions refusons-nous ? Celles qui gèlent les « aides du FMI et de l'UE », selon le texte de la résolution de la droite. En effet nous sommes opposés au régime des sanctions financières contre les peuples, d’une façon générale. Mais là il s’y ajoute de surcroit que nous sommes opposés aux « aides du FMI » et au système même de l’ingérence du FMI dans la conduite de la politique des pays. En quoi cette position est-elle un soutien au régime en place ? Ce n’est pas tout. Quelles autres propositions de cette résolution de la droite notre texte refusait il encore de soutenir ? Celle qui "invite la Commission à soutenir, par tout moyen financier et politique, les efforts déployés par la société civile biélorusse, les médias indépendants (y compris Belsat, Radio européenne pour la Biélorussie, Radio Racyja et d’autres. » En effet "Balsat TV" est une TV …. polonaise ! Et de surcroit financée par le gouvernement polonais. Nous sommes contre ce type d’ingérence d’un gouvernement contre un autre qui sont des facteurs de tensions internationales évidents et spécialement dans ce cas une incitation à la confrontation, compte tenu du poids de l’histoire dans la zone".
Aux Etats-Unis en juillet dernier le représentant Ron Paul s'était aussi élevé contre la reconduction du “Belarus Democracy Act” qui prévoyait le renforcement de l'aide à l'opposition biélorusse - cf son discours traduit en français ici.
Tout au long de l'année 2011 le lobbying pour le durcissement de la politique européenne à l'égard de Minsk n'a pas faibli. Le 3 novembre 2011, dans Le Monde, l'écologiste interventionniste Daniel Cohn-Bendit, l'ex-ambassadeur Stéphane Hessel, auteur d' "Indignez vous", la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et Jonathan Littel, auteur des "Bienveillantes", très en pointe sur la Syrie, le Soudan et le Congo, demandaient à l'Union européenne de mener une politique diplomatique "ferme" suite à l'inculpation d'Ales Bialiatski responsable du Centre des droits de l'homme "Viasna" (Printemps), lauréat du Prix danois de la liberté Politiken (Politiken Freedom Prize)en 2011, pour évasion fiscale (condamné trois semaines plus tard à quatre ans et demi de prison en première instance). Bialiatski est lui même vice président de la FIDH. De passage à Paris en mars 2011, il avait appelé à l'étranglement économique du gouvernement biélorusse qui selon lui avait "l'estomac à la place du cerveau". Les autorités biélorusses l'accusent d'avoir soustrait au contrôle du fisc 40 000 dollars reçus d'organisations étrangères.
En ce qui concerne les turpitudes des ONG anti-gouvernementales à Minsk, les gens qui lisent le russe peuvent aussi se reporter à l'article d'Elena Pustovoitova sur le site de la Fondation pour la culture stratégique à propos notamment du "Théâtre libre de Biélorussie" fondé selon elle par des membres de l'Eglise de Scientologie et qui n'avaient aucun succès à Minsk, mais qui ont reçu des prix importants en Europe et aux USA et qui ont réussi à faire croire qu'ils étaient persécutés parce qu'en 2007 la police leur a rendu visite sur plainte des voisins parce qu'il y avait des coups de feux (le théâtre jouait la pièce "Onze Débardeurs" d'Edward Bond où les acteurs tirent des coups de feu). "Depuis lors, Kolyada et Khalézine présentent cette affaire comme une action planifiée et l'exemple de la répression systématique contre leur équipe.", note Pustovoitova.Les organisations des droits de l'homme occidentales listent une trentaine de prisonniers politiques en Biélorussie. Le point de vue des partisans de Loukachenko sur une partie de ces personnes est accessible sur le site Predatelli.com. Pour une lecture de la situation économique et sociale favorable au modèle de développement socialisant conservé par la Biélorussie, on peut se reporter au témoignage (en anglais) de l'américaine Michèle Brand sur Counterpunch.org.
Persécutions racistes, profanation de cimetière et sécession en Libye
En septembre dernier le blog de l'Atlas alternatif a attiré l'attention des lecteurs sur le sort de la ville libyenne essentiellement peuplée de Noirs (ancien centre de trafic d'esclave où vivaient les descendants d'esclaves libérés) de Tawergha (ou Tawarga selon les conventions transcriptions retenues) apparemment victimes de nettoyage ethnique (les villages de Tomina, de Kararim ont également été vidés).
En février dernier une vidéo a circulé sur Internet parfois présentée comme montrant des habitants de cette ville faits prisonniers et traités de façon humiliante (parqués dans une cage, traités de chiens - insulte suprême pour un musulman - et forcés à manger l'ancien drapeau libyen).
Selon Russia Today, les Noirs libyens qui n'ont pu fuir le pays seraient 5 000 dans des centres de détention.
Le 16 février dernier Amnesty International a publié un rapport sur ce sujet. Selon Donatella Rovera en janvier et début février, des délégués d'Amnesty se sont rendus dans onze centres de détention contrôlés par les ex-rebelles dans le centre et l'ouest de la Libye et dans dix d'entre eux les prisonniers ont fait état de tortures.
En janvier un rapport d'ONG arabes " Report of the Independent Civil Society Fact-Finding Mission to Libya" a été publié qui, tout en détaillant la répression à balles réelles du "Printemps libyen" et les crimes de guerre commis par les kadhafistes à Misrata et Zawiya notamment, dénonçait l'absence de système judiciaire dans la "nouvelle Libye" post-Kadhafi, critiquait la détention sans jugement de 28 prisonniers qui n'ont pas été des hauts responsables de l'ancien régime à Sibrata, les tortures au centre de Zawiya (om se trouvent des dizaines d'ex soldats noirs d'origine malienne et tchadienne). A propos de Tawergha ce rapport précise que si certains de ses anciens résidents se sont rendus coupables d'atrocités aux côtés des forces kadhafistes, notamment contre Misrata (cf l'exemple de la vente d'une fille de Misrata comme esclave à 7 000 dinars) la population a été victime de "rumeurs" et d'un "mythe urbain" instaurant une culpabilité collective sur cette ville, légitimant ensuite toutes les exactions des rebelles contre elle. Il confirme le rapport de Human Rights Watch sur l'existence d'un nettoyage ethnique systématique dans cette ville, et aborde aussi le problème des victimes directes des frappes de l'OTAN.
Un "comité international des juristes pour la Défense des Libyens" composé d'intellectuels qui ont souvent manifesté leur sympathie pour l'ancien régime libyen (et dirigé par avocat de l'ex-Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi) devait quant à lui se réunir le 10 mars à Tunis pour évoquer les violations des droits de l'homme en Libye.
La barbarie des milices libyennes ne vise pas seulement les Noirs mais aussi les alliés occidentaux du Conseil national de Transition. Le 29 février une vidéo sur YouTube a été téléchargée montrant la profanation par des miliciens du cimetière de guerre anglais et italien de Benghazi.
Par ailleurs à Barqa le 6 mars dernier un "congrès" a nommé un Conseil suprême chargé de gouverner la nouvelle entité baptisée Cyrénaïque. La présidence du Congrès a été confiée au cheikh Ahmed Zoubaïr, cousin de l'ancien roi Idriss al-Senoussi renversé par Kadhafi. Le président du CNT les a accusés d'être financés par des pays arabes, mais Zoubaïr a démenti cette accusation.En tout cas M. Adnane Manser, consul de Tunisie à Benghazi était présent à la réunion de ce congrès, ce qui lui a valu d'être rappelé par son gouvernement à titre de sanction aujourd'hui 15 mars. Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a déclaré quant à lui que son pays restait engagé à soutenir l'intégrité territoriale de la Libye comme celle du Mali.
Tout en manifestant son attachement formel à l'unité libyenne dans un cadre fédéral, le gouvernement autoproclamé de Cyrénaïque s'est doté de sa propre armée et certains experts affirment que son but est de priver le reste de la Libye des dividendes pétroliers de cette région.
Malgré cela les autorités centrales du CNT à Tripoli minimisent les risques d'anarchie dans le pays. La production de pétrole représente 75 % de ce qu'elle était à l'époque de Kadhafi et la petite bourse de Tripoli (un marché de 3 milliards de dollars contre 65 milliards au Caire) vient de réouvrir après un an de fermeture. Des élections législatives sont prévues pour le mois de juin.
Présence américaine en Inde, et pressions sur Delhi
Lors d'une audition devant le Congrès des Etats-unis, l'amiral Robert Willard commandant des forces américaines dans le Pacifique a révélé que des forces spéciales américaines étaient stationnées en Inde, au Nepal, au Bangladesh, au Sri Lanka et aux Maldives dans le cadre de la "lutte anti-terroriste" (face à des groupes comme Lashkar-e-Taiba).
Le vendredi 2 mars, le ministre des affaires étrangères indien, interpellé à ce sujet par le parti communiste (PCIM très anti-impérialiste qui a condamné le dernier vote de l'Inde sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU en février), a démenti la présence permanente de ces forces et précisé qu'elles n'avaient participé en Inde qu'à des exercices d'entraînement pour une période limitée. Les gouvernements des Maldives, du Népal et du Sri Lanka et l'ambassadeur américain au Bangladesh ont aussi démenti la déclaration de Willard.
Le journal The Hindu du 3 mars observe toutefois que le ministère des affaires étrangères n'a pas répondu lorsqu'on lui a demandé si ces forces pouvaient être stationnées dans les ambassades ou les consulats américains en Inde pour mener à bien des opérations de sabotage ou d'assassinats ciblés. Il ajoute que les déclarations des officiers américains devant le Congrès sont faites sous serment, et qu'un amiral est peu susceptible de confondre une présence permanente avec une période courte d'entraînement.
Le rapprochement militaire entre l'Inde et les Etats-Unis continue d'inquiéter les milieux pacifistes en Asie. Selon l'Okinawa Times, le destroyer indien Ranjit était dans les eaux du nouveau port de Naha près d'Okinawa au Japon les 28 et 29 février dernier. Un soldat indien en assurait la garde armé sur le quai en violation de la loi japonaise ce qui a provoqué l'émotion des syndicats de travailleurs du port. La coopération navale indo-américano-japonaise s'inscrit dans un objectif d'encerclement de la Chine.
L'Inde fait par ailleurs l'objet de pressions occidentales fortes en ce moment pour stopper ses échanges commerciaux avec l'Iran, après que les Occidentaux soient parvenus à la dissocier du bloc des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud) à l'ONU sur la question syrienne.
Assassinats ciblés, tirs de roquettes et attaques de drones à Gaza
Le 9 mars dernier, l'aviation israélienne a assassiné à Gaza Zouheir al-Qaïssi secrétaire général des Comités de résistance populaire (comme elle avait tué son prédecesseur) et Ahmad al-Khanini, haut responsable de cette organisation récemment libéré lors de l'échange de prisonniers contre Shalit. (Rappelons que de 12002 à 2008, 387 Palestiniens ont été ainsi tué dans des assassinats ciblés selon une étude du rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires Philip Alston de 2010 qui essaie de poser des critères de nature à limiter cette pratique).
Les Comités de résistance populaire et le Djihad islamique (mais pas le Hamas) ont répliqué par l'envoi de 200 roquettes sur Israël. Selon Asia Times Online qui reprend les chiffres gouvernementaux israéliens 85 % ont été arrêtées par le système "Dome de Fer" (Iron Dome), un bouclier anti-missile de 200 millions de dollars livré par l'administration Obama. (L'agence russe Ria Novosti, elle, retient elle le chiffre de 35 % sur 120 roquettes envoyées, mais aucun autre média n'a retenu ce chiffre qui semble faux). De sorte qu'aucun civil israélien n'a perdu la vie. En revanche 21 à 25 Palestiniens ont été tués par des drones israéliens en représaille dont 6 civils y compris 2 enfants.
L'association propalestinienne Europalestine parle en outre de 80 blessés (chiffre corroboré par d'autres sources), et rappelle aussi au passage la poursuite de violences en Cisjordanie le weekend dernier (80 oliviers déracinés, raids de nuit et incursions au domicile de Palestiniens dans 19 camps de réfugiés, villes et villages palestiniens, arrestations brutales de 15 Palestiniens)
Le premier ministre israélien a menacé de passer à l'offensive terrestre. Pour l'heure un accord de cessez-le-feu a été signé mais son respect reste incertain.
Dans la presse israélien, Haaretz tente de faire porter la responsabilité de l'activisme des tireurs de roquettes à l'Iran et à la Syrie, protecteurs du Djihad islamique. Il laisse entendre que le secrétaire général du Djihad islamique Ramadan Shallah toujours basé à Damas (et protégé par Bachar El-Assad) pourrait inciter ses partisans à poursuivre les lancements de roquettes pour accroître la visibilité de son mouvement face à un Hamas accusé de renoncer à la résistance, et paralysé en ce moment entre sa dépendance contradictoire à l'égard de l'Iran (qui achemine l'aide économique mais aussi humanitaire à Gaza), de la Syrie (qui l'héberge) et des pétromonarchies du Golfe.
Les partis proches des Frères musulmans dans les pays où ils sont majoritaires ont réagi vivement. Ainsi le gouvernement tunisien a "dénoncé la nature hostile de l'entité sioniste", il condamne les crimes contre les civils et "exhorte l'Organisation des Nations Unies à prendre conscience de l'ampleur des dangers qui guettent la région" Lundi l'Assemblée populaire égyptienne (Chambre basse du Parlement) a appelé d'un commun accord à l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël au Caire en raison de la poursuite des raids aériens sur la bande de Gaza. Les députés ont par ailleurs demandé au gouvernement de cesser immédiatement les exportations de gaz vers Israël en raison des violations des droits de l'Homme commises par Israël dans son agression des civils palestiniens. Des manifestations de solidarité avec Gaza ont eu lieu dans le Sinaï.
Washington et les pétromonarchies continuent leur bras de fer avec le "printemps" yéménite
Le 2 mars dernier un "officier de la CIA" aurait été tué lors d'une attaque dans la province d'Aden par le groupe Ansar al-Charia. Ansar al-Charia (les "supporters de la charia") est un groupe nouveau, dont on ignore s'il est distinct d'Al Qaida, qui controle dans le sud Shawa et Abyan, et fournit dans ces zones une aide importante aux pauvres tout en imposant une version dure de la loi islamique. Le Pentagone a reconnu qu'une "équipe de sécurité" américaine a été la cible de tirs, ce qui pose la question d'une présence militaire américaine cachée, alors qu'Obama a toujours démenti toute intention d'envoyer des troupes dans ce pays.
La nouvelle intervient alors que les Etats-Unis et leurs alliés saoudiens et qatariens poursuivent leur bras de fer avec le mouvement populaire yéménite.
Le 27 février dernier, après un an de manifestations populaires (et d'une répression qui a fait plus de 2 000 morts), le président sortant Ali Abdallah Saleh a démissionné, en application d'un accord signé avec ses voisins et alliés, les pétromonarchies du Golfe, du 23 novembre dernier, en échange du maintien de son impunité judiciaire. Une transition en douceur bien différente de celle que l'OTAN a imposée en Libye. Tandis que les Occidentaux s'indignaient de voir Bachar-El-Assad organiser un référendum constitutionnel en Syrie, ils faisaient avaliser par le peuple sur un mode plébiscitaire l'élection à la présidence du Yémen pour deux ans d'Abd Rabbo Mansour Hadi, un officier originaire du Sud formé par les britanniques et qui a été le vice-président de Saleh depuis 1994 Abd Rabbo Mansour Hadi - il a été élu avec 99,8 % des voix, et une participation de 65 % (officiellement).
Les Etats-Unis, qui ont reproché à Saleh de laisser Al-Qaida et Ansar-al-Charia gagner du terrain dans le Sud et l'Est pour se donner le rôle du défenseur de l'unité menacée du pays, espèrent ainsi orchestrer une remise en ordre du pays.
Mais le peuple yéménite ne l'entend pas forcément de cette oreille. Les séparatistes du Yémen du Sud (ancienne république communiste qui a rejoint son voisin du Nord il y a vingt ans) et les rebelles chiites Zaidi (Houthis) du Nord ont boycotté le scrutin. Et le peuple à Sanaa lui-même continue de protester contre le fait que les forces de sécurité restent entre les mains des fils et neveux de Saleh.
Selon la TV iranienne le 1er mars 2012, des soldats sont descendus dans la rue pour demander la démission du brigadier-général Hussein Khairan et du commandant de l'aviation Mohammed Salah al-Ahmar (le demi-frère de Saleh) accusés de corruption. Les manifestants scnadaient aussi des slogans anti américains et antisaoudiens. Une dépêche occidentale confirme la manifestation qui réunissait 500 soldats, mais fait l'impasse sur les slogans anti-occidentaux que la presse iranienne rapporte.
Selon l'expert panafricaniste Abayomi Azikiwe, le gouvernement américain va désormais payer directement les militaires yéménites pour contourner la corruption des généraux ce qui est une étape supplémentaire dans le processus d'ingérence.
Les soldats ne sont pas les seuls à manifester. Le 29 février, photographies à l'appui, la TV iranienne faisait état de manifestations à Sanaa brûlant le drapeau américain l'éphigie de l'ambassadeur Gerald Michael Feierstein et exigeant son départ. En décembre Feierstein, qui se comporte en proconsul au Yémen, comme l'avait fait Anne Patterson au Pakistan, s'était déjà attiré les foudres du peuple en qualifiant de "non pacifique" une marche populaire entre Taiz et Sanaa. Une manifestation anti-américaine se serait aussi déroulée à Taiz ville-martyr au Sud-Ouest du pays, qui est le coeur de la révolution yéménite. Le nombre de participants n'est pas connu. Par ailleurs juste avant les élections un millier d'employés du pétrole de Petro Masila s'étaient mis en grève bloquant la production dans l'Hadhramout (Sud-Est) - mais l'activité a repris le 29.
Les Etats-Unis se heurtent à un véritable casse-tête au Yémen aussi bien pour neutraliser les mouvements populaires non-violents que pour liquider les guérillas. Leur volonté de miser sur les ONG financées par USAID a échoué car aucun expert occidental ou pro-occidental n'accepte de se rendre au Yémen. Donc aucun programme de "smart power" ne fonctionne. Sur le plan militaire la seule alternative à l'intervention au sol est l'envoi de drones, une spécialité américaine désormais, mais qui, comme au Pakistan, tue beaucoup de civils innocents et ne fait qu'accroître l'hostilité à Washington dans ce pays.
Pour mémoire au Yémen la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
F. Delorca
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L'ingérence occidentale en Syrie en panne d'option crédible à court terme
Le 24 février s'est tenue à Tunis la conférence des "Amis de la Syrie" réunissant 70 pays, y compris l'Inde, qui a décidé d'y assister après avoir reçu une aide pétrolière de Riyad, mais en l'absence de la Russie et de la Chine. Le groupe a reconnu le Conseil national syrien (CNS) comme "un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique". Il s'est engagé à fournir "un soutien effectif" à l'opposition, sans plus de précisions et prôné l'instauration de couloirs humanitaire vers Homs pilonnée par l'armée syrienne.
Parallèlement à cette réunion, selon le Canard enchaîné du 29 février des représentants des services de renseignements américains, britanniques, français, turcs, saoudiens et qataris ont participé à une réunion secrète pour préparer un coup d'Etat à Damas pour lequel un budget serait prévu, avec une forte mobilisation des services français, sans garantie toutefois de pouvoir rallier des hauts gradés syriens à ce projet.
De leur côté, les partisans du régime syrien affichent leur optimisme. Le 14 février un article de la Komsmolskaia Pravda égrainait une série de nouvelles triomphalistes : "Le 7 février, une importante délégation russe, incluant les plus hauts responsables du renseignement extérieur, est arrivée à Damas où elle a été accueillie par une foule en liesse (...)Une série d’accords a été conclue pour le retour à la paix. La Syrie a restitué 49 instructeurs militaires faits prisonniers par l’armée syrienne. La Turquie est intervenue pour faire libérer les ingénieurs et les pèlerins iraniens enlevés, y compris ceux qui étaient détenus par les Français (au passage, le lieutenant Tlass qui les séquestrait pour le compte de la DGSE a été liquidé). La Turquie a cessé tout soutien à l’ « Armée syrienne libre », a fermé ses installations (hormis celle située sur la base de l’OTAN à Incirlik), et a livré son chef, le colonel Riad el-Assad. La Russie, qui s’est portée garante des accords, a été autorisée à réactiver l’ancienne base soviétique d’interception du mont Qassioum." Puis "les armées nationales non seulement de la Syrie, mais aussi du Liban, ont donné l’assaut des bases de la Légion wahhabite. Au Nord du Liban, un gigantesque arsenal a été saisi à Tripoli et quatre officiers occidentaux ont été faits prisonniers dans le Akkar dans une école désaffectée de l’UNRWA transformée en QG militaire. En Syrie, le général Assef Chawkat en personne a commandé les opérations. Au moins 1 500 combattants ont été faits prisonniers, dont un colonel français du service technique de communication de la DGSE, et plus d’un millier de personnes ont été tuées."
Ces informations ne sont pas toutes fiables. Ainsi par exemple celle selon laquelle le colonel Riad El-Assad a été livré par la Turquie est directement démentie par la dépêche publiée par Le Point quinze jours plus tard qui interviewe ledit colonel... Toutefois l'embarras des Occidentaux et leurs hésitations à suivre les wahabites saoudiens et qatariens dans leurs projets d'intervention en Syrie sont sensibles depuis la réunion de Tunis. Il ne semble pas y avoir de stratégie de rechange sérieuse après la position ferme adoptée par les Russes et les Chinois.
Par ailleurs, divers éléments confirment que le soutien militaire des pétromonarchies et des Occidentaux à l'opposition syrienne armée ne fait pas l'unanimité au Proche-Orient y compris même parmi les alliés potentiels des opposants à Bachar El-Assad. Ainsi dans l'Ouest de l'Irak, alors qu'Al Qaida a appelé au Djihad en Syrie, les chefs tribaux sunnites hostiles au gouvernement de Damas sont beaucoup plus modérés. Al Arabiya aujourd'hui cite les cheikhs Khaled Khalifa, Hnein, et Ali Ayed qui tous soulignent que l'aide à la guérilla nuira au peuple syrien et que les pétromonarchies devraient plutôt exercer des pressions politiques sur le régime syrien. Au Liban, le Quotidien L'Orient-le-Jour cite aujourd'hui les propos du chef de l'église maronnite Mgr Béchara Raï. Celui-ci, qui se défend de soutenir le régime syrien, mais condamne le soutien à la rébellion armée. « La Syrie, comme d’autres pays, a besoin des réformes que le peuple réclame et que même son président, Bachar el-Assad, avait annoncées depuis mars dernier », estime-t-il. « Il est vrai que le régime du Baas est une dictature, mais il en existe plusieurs sur son modèle dans le monde arabe », a-t-il poursuivi en enchaînant : « Dans tous les pays arabes, la religion de l’État est l’islam, sauf en Syrie où l’on indique seulement que le président doit être musulman sans considérer l’État comme étant islamique. » « La Syrie est la plus proche d’une démocratie » ajoute-t-il en faisant référence à la liberté religieuse qui y règne. Faisant état de « plans destructeurs établis dans le cadre des politiques internationales », Mgr Raï estime que ce sont « des États et non pas les peuples qui soutiennent financièrement, militairement et politiquement les mouvements intégristes ». Le patriarche maronite libanais est certes accusé par certains sites de dépendre de Damas mais sa position, comme celle du général Aoun, traduit pour le moins une division des chrétiens libanais sur le dossier syrien (alors que ceux-ci sont traditionnellement proches des positions occidentales).
Pendant ce temps les combats contre les déserteurs de l'Armée de Libération syrienne se poursuivent à Homs et Rastane.
Pour mieux comprendre la situation syrienne, on peut se reporter au rapport d'une mission organisée par le Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et d’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) et le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) présenté lors d'une conférence de presse à Paris le 10 février dernier (devant des médias arabes notamment, mais L'Humanité était le seul médias français à y assister). Ce rapport, tout en étant sans concession à l'égard du régime répressif syrien, montre clairement les enjeux géopolitiques extérieurs qui se sont greffés sur le cas syrien (notamment l'ingérence des Occidentaux et des pétromonarchie), venant compromettre sciemment les chances d'une démocratisation pacifique du pays. Il est en ligne ici.