Intervention militaire étatsunienne en Ouganda
"J'ai autorisé un nombre restreint de forces combattantes équipées américaines à se déployer en Afrique centrale pour fournir une aide aux forces régionales qui travaillent à évincer Joseph Kony du champ de bataille "a indiqué le président Obama dans vendredi dernier dans une lettre envoyée aux présidents de la Chambre des représentants et du Sénat en se fondant sur une loi d'assistance votée par le Congrès en 2009 (Northern Uganda Recovery Act of 2009).
L'envoi d'une centaine de soldats américains en Ouganda pour combattre l' Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army - LRA) a surpris. Certes la LRA a ravagé l'Ouganda pendant 25 ans avec ses milices d'enfants tueurs mais elle ne s'est jamais opposée aux Etats-Unis et l'affirmation selon laquelle l'engagement de Washington contre elle correspond à « un intérêt de sécurité nationale » pour les Etats-Unis en a laissé plus d'un perplexe. Dans les milieux conservateurs américains le chroniqueur Rush Limbaugh a mis en cause cette décision en jugeant inopportun que les Etats-Unis s'attaquent à une guérilla chrétienne, et le libertarien Ron Paul que cet envoi de troupes est inconstitutionnel. L'un et l'autre ont en commun de souligner que cet engagement cache sans doute un projet belliciste plus ambitieux. La LRA compte en effet environ 500 combattants et l'envoi de 100 soldats américains face à eux paraît disproportionné.
En réalité il s'agit d'une opération qui permettra à l'Ouganda de devenir une base de projection de l'armée américaine dans les pays voisins, notamment au Soudan et au Congo.
L'Ouganda voit ainsi consacrer son rôle de partenaire privilégié de Washington dans la zone. Il est déjà lourdement impliqué dans la répression des milices islamistes Shebab en Somalie et fonctionne comme un sous-traitant des Etats-Unis dans ce pays (ce qui lui a valu de subir un attentat islamiste dans sa capitale récemment). En juin dernier le Pentagone lui a octroyé 45 millions de dollars d'équipement militaire (malgré la crise financière) ainsi qu'au Burundi (équipement de vision de nuit, drones etc).
Le Kenya (où se trouveraient des bases secrètes américaines de drones pour des assassinats ciblés en Somalie) est aussi impliqué dans cette guerre : hier dimanche, à la suite d'enlèvements perpétrés sur le territoire de ce pays, une quarantaine de véhicules militaires kenyans sont entrés dans la ville somalienne de Dhobley, une ingérence qui a été désavouée à demi-mots par le porte-parole du gouvernement somalien Abdirahman Omar Osman qui a dit apprécier l'aide kényane mais ne pas souhaiter de présence militaire de son voisin sur le sol somalien.
Les Shebab contrôlent la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie, mais ils ont perdu l'essentiel de la capitale, Mogadiscio, et reculent en ce moment devant les forces gouvernementales qui ont conquis la semaine dernière Qoqani, une ville de la région de la Basse Juba, à la frontière kenyane.
Le président ougandais Yoweri Museveni a insisté hier sur le fait que les GIs étatsuniens sont de simples "conseillers militaires" qui ne participeront pas aux combats. Le site Antiwar.com rappelle cependant qu'il s'agit de forces spéciales qui se tiennent rarement en marge du champ de bataille, et que la guerre du Vietnam elle aussi avait commencé par l'envoi de soldats censés uniquement "conseiller" l'armée du Sud-Vietnam.
Francis Dourègue
Le Laos encore lié au souvenir de l'URSS et de la guerre du Vietnam
Le président laotien Choummaly Sayasone était en visite aujourd'hui à Moscou. "Les sociétés russes souhaitent collaborer avec le Laos dans les domaines les plus prometteurs: le secteur hydroénergétique, les télécommunications, la production et la transformation des ressources minières", a indiqué à cette occasion le premier ministre russe Vladimir Poutine. Déjà en ce moment plus de 7 000 étudiants laotiens font leurs études dans les universités russes (contre 4 700 étudiants laotiens au Vietnam, qui est pourtant un "pays frère" pour le Laos).
M. Sayasone a pour sa part noté que le Laos considérait la Russie comme "un ami de longue date", et qu'il appréciait la contribution du "peuple soviétique à la libération du Laos". La citation est révélatrice de l'attachement des cadres du Parti révolutionnaire du peuple (LPRP), qui dirige le Laos, à l'héritage de l'époque soviétique. C'est sans doute aussi au nom de cet héritage que le président laotien était en visite en Corée du Nord le 23 septembre, juste après la rencontre de Kim Jong Il avec le président Medvedev. Le Laos entretient également des relations privilégiées avec Cuba et la Chine avec lesquelles il partage l'objectif de maintenir un système socialiste ouvert à la libre entreprise (en juin 2009, le président américain Obama a jugé que le Laos a "cessé d'être un pays marxiste-léniniste" et l'a retiré d'une liste noire des pays portant atteintes aux règles du commerce international, le pays envisage d'intégrer l'Organisation mondiale du commerce et a ouvert une petite bourse en janvier dernier, mais dépourvu d'industrie à part la fabrication d'électricité il n'a soumis à cotation pour l'instant que des organismes para-étatiques et ne devrait pas éveiller trop d'appétits capitalistes dans les années qui viennent selon les Agences de presse occidentales).
A l'ONU le Laos s'est fermement engagé en septembre dernier pour la reconnaissance de l'Etat palestinien et contre l'embargo américain sur Cuba. Néanmoins la latitude d'action du Laos reste des plus limitées. C'est un petit pays très pauvre (revenu par habitant 1 800 dollars par an, malgré une croissance assez dynamique) de 6,7 millions d'habitants (principalement des paysans) dont le développement est largement grevé par les munitions non explosées (UXO) que les Etats-Unis ont laissées sur son sol pendant la guerre du Vietnam. Environ un quart des villages laotiens sont touchés par ces bombes, mines, grenades etc soit 80 millions d'engins. Le Laos est le pays au mode qui a reçu le plus de bombes par tête d'habitants. Entre 1964 et 2008, 50 000 personnes au Laos sont mortes à cause de ces engins qui explosent accidentèlement, soit plus d'un millier par an.
Stratégie de la tension dans les territoires palestiniens
Selon l'agence de presse chinoise Xinhua, aujourd'hui 13 octobre, des colons israéliens auraient agressé à coup de pierres et de bouteilles villes des petites élèves de l'école de filles de Kortoba à Hébron. L'Autorité palestiniene dénonce l'existece d'un plan israélien d'agitation en réplique à la demande de reconnaissance de l'Etat palestinien présentée par Mahmoud Abbas à l'Organisation des nations unies le 23 septembre dernier.
Hier le Haut commissaire de Nations Unies pour les droits de l'homme (UNHCHR) a demandé au gouvernement israélien d'arrêter ses attaques contre les civils palestiniens en Cisjordanie. Il a cité quelques exemples récents de la connivence du régime de Tel Aviv avec des colons, tels que le meurtre d'un homme palestinien dans le village occupé de Qusra au sud de Naplouse le 23 septembre, les violences contre deux enfants palestiniens arrêtés par les troupes israéliennes le même jour, et la destruction de 200 oliviers dans le village le 6 octobre.
Au cours des dernières semaines, les territoires occupés ont subi une hausse de la violence israélienne, avec l'arrachage de centaines d'oliviers palestiniens, la destruction des récoltes, la profanation de mosquées et de cimetières.
Ce durcissement intervient alors que le gouvernement israélien a décidé de remettre en liberté plus d'un millier de militants du Hamas en Cisjordanie en échange de la libération du soldat Gilad Shalit. Selon divers analystes cet échange de prisonniers permettrait au premier ministre israélien d'affaiblir politiquement le Fatah en renforçant le Hamas dans les territoires occupés.
Le choix de la tension pourrait être une réplique au contexte international de plus en plus incertain pour Israël. Le régime syrien qui vient d'échapper à une condamnation internationale grâce au double véto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l'ONU a organisé hier une manifestation de soutien à sa cause dans les rues de Damas, réunissant entre quelques dizaines de milliers et un million de personnes selon les sources derrière des slogans du genre « Amérique, dégage, la Syrie restera libre ! ». En Egypte les prochaines élections pourraient amener les Frères musulmans au pouvoir, avec le risque de rupture des accords de Camp David que cela peut impliquer, et la Turquie a ouvertement menacé Israël de lui opposer sa flotte de guerre le mois dernier (encore que les dernières prises de position de la Turquie contre Damas et pour l'installation d'un dispositif antimissile de l'OTAN, susceptible de protéger aussi Israël, sur son sol ait pu apparaître aux yeux de l'Iran notamment comme un signe de double langage...)
Au niveau des Nations-Unies, les tractations autour de la question de la reconnaissance de la Palestine se poursuivent.
La position de la France aura son importance puisqu'elle peut influencer, au Conseil de sécurité, des pays hésitants comme le Gabon et la Bosnie Herzégovine. Le président N. Sarkozy pour éviter aux Etats-Unis d'opposer un véto unilatéral tente depuis plusieurs semaines de dégager un compromis en faveur de l'adoption d'un statut d'observateur pour la Palestine. L'Unesco, elle, a d'ores et déjà reconnu cet Etat.
Les partisans du gouvernement israélien continuent de mener la bataille politique aussi dans l'opinion publique française. Alors qu'un groupe de députés français a signé une pétition pour la reconnaissance de l'Etat palestinien, un autre groupe inspiré par le CRIF recommandait au contraire la "poursuite des négociations" en lieu et place de la reconnaissance (les internautes peuvent écrire aux députés signataires de ces pétitions pour leur dire ce qu'ils en pensent). Le Jerusalem Post en ligne publie une article dénonçant une "troisième Intifada" que la chaine publique de télévision française France 2 aurait lancée contre Israël du fait d'une "désinformation" sur la situation en Cisjordanie. Le Syndicat national des journalistes, pour sa part, accuse l'ambassade d'Israël et le CRIF de faire obstacle à la liberté d'information de cette chaîne et lance une pétition sur ce thème.
Ingérences et manipulations autour des récents incidents de Bolivie
Le président Évo Morales, dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, a dénoncé l’insécurité générée par les nouvelles méthodes des Etats-Unis et de l’Otan visant la déstabilisation et le renversement de gouvernements. La crise économique les pousse vers les pays riches en pétrole, minerais et richesses de toute nature.
Cette déclaration fait suite à une nouvelle tentative de déstabilisation dont a été victime la Bolivie, comme le rappelle dans son article le québecquois Oscar Fortin, à l'occasion de la mise en chantier par une entreprise brésilienne d'une autoroute qui passe par le Territoire Indigène et le Parc National Isiboro Sécure ((TIPNIS) lequel relie les départements de Beni et Cochabamba (ce qui peut à la fois désenclaver des communautés indigènes pour l'accès au soin et l'accès de leurs producteurs aux marchés agricoles, et accélérer l'exploitation de l'Amazonie par les multinationales). Il s’agit d’un parc où vivent plusieurs communautés indiennes. Un certaine nombre de communautés (mais pas toutes car certaines sont favorables à l'autoroute) ont manifesté tout au long de l’été contre le passage de cette route sur leur territoire. Le 15 août dernier, une marche, regroupant près de 600 personnes a été organisée pour protester contre ce projet. Elle avait pour destination la capitale La Paz.
À plusieurs reprises le Président s’est dit ouvert au dialogue et a délégué divers représentants de haut niveau pour entamer des négociations avec les communautés locales et leurs dirigeants. La dernière de ces délégations a été envoyée la semaine du 20 septembre. Le ministre des Relations extérieures, lui-même indien de source, a dirigé cette délégation. Un dérapage imprévisible s'est produit lorsque la délégation gouvernementale, le ministre en tête, a été prise en otage et forcée de marcher en tête de la marche, servant de bouclier humain pour franchir la ligne de protection policière qui était là pour éviter qu’il y ait confrontation avec un autre groupe d’indiens, ceux-là en faveur de la route. Les otages ont pu être libérés et la confrontation entre les deux groupes opposés a pu être évitée. Cet incident a aussitôt été rapporté à la commission des droits de l’homme de l’Organisation des États Américains (OEA). Le lendemain (25 septembre), un responsable des forces policières a donné l’ordre d’évacuer les indiens contestataires et de prendre les moyens nécessaires pour y arriver. Cette répression (qui aurait fait des morts) a soulevé la colère dans tout le pays.
Devant l’ampleur de cette crise, le président Morales a fait appel à la Commission des droits de la personne des Nations Unies, à celle qui la représente en Bolivie, aux représentants des communautés indiennes ainsi qu’à la secrétaire d’UNASUR de participer à l’enquête devant faire toute la lumière sur cet événement et s’assurer que tous les responsables de ces actes aient à répondre de leurs gestes.
Les accusations d'ingérence extérieure dans l'affaire de l'autoroute du TIPNIS présentées à l'ONU par Evo Morales ne sont pas gratuites. La Ligue pour la défense de l'environnement - Liga por la Defensa del Medio Ambiente (LIDEMA) - financée par l'agence publique américaine USAID et par la Fondation Konrad Adenauer qui travaille à la déstabilisation du gouvernement cubain à Bruxelles est présente aux côtés des manifestants et finance des actions parmi les communautés indigènes. Des câbles de Wikileaks ont montré qu'USAID cible spécifiquement les communautés indigènes, ce que le militant Federico Fuentes (auteur d'un livre sur le parti de Morales, le MAS) appelle un "impérialisme vert". Au delà de cette action des ONG mêlée aux marches indigènes, il y a aussi les appels à la démission de Morales dans la presse conservatrice, les homélies de l'église institutionnelle en faveur du "dialogue" (comme si Evo Morales n'avait pas recherché le dialogue depuis le début - la moitié du gouvernement au totals s'est rendue sur place pour discuter).
Dans un article du 27 septembre qui ne cite que la presse de droite, Mathilde Gérard du journal Le Monde semble se réjouir à l'idée que "Malgré les distances prises par Evo Morales avec les violences du week-end, la bataille d'opinions ne joue pas en sa faveur. Le président est en train de perdre le soutien des Indiens, soit la moitié de la population du pays, celle qui avait largement contribué à son ascension politique." Une fois de plus la machine à déstabiliser est en marche.
Manifestations et répression au Bahrein
Au Bahrein, pays alliés des Etats-Unis qui héberge sa flotte de guerre, la répression des chiites par la dynastie régnante se poursuit sans que l'ONU ne soit saisie ni que les grands médias s'en émeuvent..
Selon des condamnés chiites la princesse Noora bint Ibrahim al-Khalif, cousine de la reine aurait directement participé à leur torture avec des bâtons et des tuyaux en caoutchouc. Ainsi le docteur Nada Dhaif, 36 ans, condamnée à 15 ans de prison la semaine dernière pour avoir soigné des manifestants blessés, a allégué que la princesse avait été impliquée dans son interrogatoire en mars. Dhaif a déclaré : « Elle m'a giflée, m'a battue et m'a traitée de truie chiite. Elle a enroulé un câble dans des mes oreilles et m'a donné des décharges électriques. » La presse anglo-saxonne livre d'autres témoignages allant dans ce sens.
Dans un communiqué Amnesty international précise que le 28 septembre dernier suivant une procédure expéditive la Cour d’appel pour la sûreté nationale de Manama, administrée par l’armée, a confirmé la condamnation intialement prononcée par le Tribunal de première instance pour la sûreté nationale de 21 personnes (dont le Dr Dhaif) parmi lesquelles sept sont condamnées à la prison à vie.
Le mouvement de contestation malgré la violence des mesures policières et extrapolicières (enlèvements, licenciements d'agents publics, destruction de lieux de culte) se poursuit. Le 23 septembre dernier des manifestants arborant le slogan "ready to die for Bahrain" ("prêt à mourir pour le Bahrein") qui cherchaient à rallier le rond-point du Conseil de la coopération du Golfe (appelée ainsi du fait de l'intervention militaire des pays membres de ce Conseil, autrefois son nom était le rond-point de la Perle) ont été arrêtés. Parmi les personnes appréhendées se trouvent 38 femmes et sept jeunes fille accusées de « rassemblement public illégal », d'émeute et d'agressions contre les forces de sécurité. Toujours selon Amnesty "aucun mandat d'arrêt ne leur a été présenté, il n'y avait pas d'avocat présent lorsqu'elles ont été interrogées et certaines d'entre elles auraient été torturées ou soumises à d'autres formes de mauvais traitements".
La Tanzanie sous la pression des multinationales
Le 21 septembre dernier, la Corporation du développement national (NDC) tanzanienne et la compagnie chinoise Sichuan Hongda ont signé un accord pour la création d'une entreprise nouvelle, la Tanzania China International Mineral Resources Limited pour l'exploitation d'une mine de charbon, d'une mine de fer, et la construction d'une acierie (production prévue 1 million de tonnes d'acier par an) et d'une centrale électrique à Liganga et Mchuhuma, pour un montant d'investissement de 3 milliards de dollars. Cet accord avec les Chinois est offciiellement placé dans le sillage des bonnes relations qu'entretenait autrefois la Tanzanie socialiste avec la Chine de Mao Zedong (l'accord avec la firme russe Borodino l'an dernier qui peut aussi être mise au compte de la tradition "non-alignée" de ce pays).
En apparence c'est une bonne nouvelle pour la Tanzanie qui pourrait ainsi créer 8 000 emplois... Dans les faits des doutes subsistent : il n'est fait aucune mention des impôts que paiera cette nouvelle société, ni des garanties du fait que les parts détenues par la compagnie d'Etat tanzanienne (fixées à 20 % pour l'instant) augmenteront avec le temps. En d'autres termes : ce nouveau complexe a-t-il pour unique objectif de profiter aux besoins de la consommation chinoise ou des bénéfices équilibrés sont-ils à attendre pour la Tanzanie ?
Ces questions ne sont pas purement théoriques. Dans Counterpunch, le journaliste Robert Gordon rappelle qu'en ce qui concerne les mines d'or, la valeur du métal précieux ne cesse d'augmenter, mais que cela ne profite qu'aux sociétés britanniques, australiennes et sud-africaines qui l'exploitent. Les recettes fiscales pour le gouvernement, elles, stagnent depuis 5 ans - ce qui rappelle les problèmes rencontrés avec son cuivre par la Zambie qui vient de changer de président de la République. Gordon explique aussi le bras de fer qui a opposé BP Tanzanie à l'Etat sur la question de la réduction du prix de l'essence. Après que le gouvernement ait abaissé le prix, BP a décidé de ne plus livrer de carburants. L'instance publique de régulation (Energy and Water Utilities Authority) a alors menacé de retirer à BP sa licence d'exploitation qui a finalement renoncé à sa plainte en justice contre le décret de tarification et s'est excusée (non sans avoir revendu ses actifs à la société Puma filiale de Trafigura). Le journaliste note que jamais le gouvernement n'aurait pu retirer sa licence à un opérateur comme BP qui détenait près de 12 % des parts du marché. Les mêmes problèmes peuvent se poser avec les grandes entreprises chinoises qu'avec les sociétés occidentales comme on l'a vu au Zimbabwe où la question des retombées fiscales fut une source de tension (parmi d'autres) entre Harare et Pékin l'an dernier (selon des fuites de Wikileaks).
La latitude d'action de la Tanzanie est d'autant plus réduite qu'elle a absolument besoin de capitaux extérieurs pour son développement et doit donc se montrer attractive. Avec la crise économique d'importants projets occidentaux ont été annulés : un projet américain d'investissement de 3,5 milliards de dollars dans de la fonte d'aluminium à Kabanga, et un projet suisse de 165 millions de dollars pour une mine de nickel. Les puissances occidentales ne perdent cependant pas leur enthousiasme : l'ambassadeur américain Alfonso E. Lenhardt qui organisait la visite de hauts responsables de General Electric dans le pays a déclaré : « L'Afrique offre la prochaine frontière de la croissance et la Tanzanie est bien située parmi nos partenaires. » La justice sociale et la redistribution de la plus-value n'ont guère de place dans ce genre de discours.
FD
L'armée française commet-elle des crimes de guerre à Syrte ?
Propagande et contre-propagande s'opposent en Libye, et il est bien difficile de savoir ce qu'il se passe vraiment.
A la lecture du Monde en ligne aujourd'hui, il n'y aurait que de gentils rebelles débraillés qui ont distribué aux femmes de Syrte apeurées "des jus d'orange et essayé de les apaiser" en leur disant : "C'est de la propagande de Kadhafi, nous ne sommes pas des criminels, mais vos frères et vous êtes les bienvenus dans la Libye libre !" ".
A lire Ozyism.com au contraire, les mercenaires du CNT, les rebelles commettent des crimes de guerre en bombardant l'hôpital de Syrte déjà plongé dans une situation tragique par quinze jours de siège. Ils l'auraient attaqué au lance-roquettes juste après l'entrée de la Croix-Rouge hier.
Cette version d'Ozyism est confirmée par les grandes agences occidentales qui rapportent le témoignage d'Hichem Khadhraou du Comité international de la Croix rouge selon lequel l'hôpital a été pilonné pendant la visite de la croix rouge. Celui-ci s'est étonné du fait que les "rebelles" aient choisi ce moment précis pour déclencher l'attaque, comme s'il s'agissait absolument d'empêcher les volontaires de venir en aide aux blessés assiégés dans l'hôpital. La tour d'approvisionnement en eau a été notamment touchée.
Plus grave pour l'image de la France (car cela implique directement son armée), les avions britanniques et français de l'OTAN bombarderaient des cibles au hasard pour provoquer la panique dans la population civile et les désolidariser des troupes loyalistes.
Une vidéo il y a quinze jours faisait déjà état du bombardement par l'OTAN de l'hopital Ibn Sina (Avicenne) de Syrte le 17 septembre 2011
Une vidéo en arabe situe le bombardement (peut-être un second bombardement) le 20 septembre et montre un médecin ukrainien blessé :
Un autre témoignage fait état de bombardements "5 jours" avant la visite du CICR (soit vers le 26 ou 27 septembre), et encore le soir à la veille de cette visite. Un témoin aurait affirmé que : « de nombreux médecins, infirmières, infirmiers et blessés ont été assassinés et ensevelis sous les décombres de l’hôpital, leur parents ont passé la nuit de samedi à dimanche dans des décombres espérant récupérer les corps des ensevelis.Toute mission de secours avait été finalement arrêtée dans la ville, alors que des centaines de corps de blessées se dispersent dans les espaces après chaque attaque de l’OTAN.» (témoignage anonyme à prendre sous toute réserve)
L'attaque d'un hôpital civil constitue un crime de guerre au sens de l'article 8 du statut de Rome de la Cour pénale internationale et expose à des poursuites sur ce fondement devant cette cour les autorités civiles et militaires qui s'en rendent coupables.