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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Le général américain Carter F. Ham à Alger

9 Juin 2011 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Maghreb - Afrique occidentale

great_seal_of_the_us.pngLe général Carter F. Ham, chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom, basé à Stuttgart - Allemagne) a effectué une visite de deux jours du 31 mai au 2 juin.


Selon Brahim Takheroubt de L'Expression, deux hypothèses se dégagent de cette visite :

 

«La première est que le général américain est venu solliciter l’approbation de l’Algérie pour le transfert du siège de l’Africom en Afrique, plus précisément au Burkina Faso ou alors carrément au sud de la Libye, "ce que l’Algérie n’acceptera jamais" (...) La deuxième lecture faite à cette visite du général consiste à dire qu’il y a une véritable pression sur l’Algérie pour la convaincre d’accepter une action militaire sur la Libye à partir du territoire algérien. »

 

Selon le quotidien arabophone Al Khabar «l’Algérie a refusé de permettre à des appareils de la coalition ayant décollé des bases aériennes américaines en Espagne et en Angleterre, d’utiliser son espace aérien, pour bombarder les forces pro-Kadhafi».  

 

Le même journal révèle également que «des pays qui conduisent les frappes militaires contre la Libye ont demandé ces derniers jours à l’Algérie, à travers des voies diplomatiques et militaires officielles, d’autoriser l’utilisation de l’espace aérien algérien, pour parvenir à la région des opérations militaires en Libye». Jusque-là, les appareils de la coalition n’arrivent pas à atteindre la profondeur du Sahara libyen où Kadhafi se réfugierait.

 

L'Algérie est souvent accusée par les Occidentaux de faire obstacle au renversement du régime libyen. Comme la Syrie, l'Algérie au mois de mars s'était opposée à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye. En avril la ligue des droits de l’Homme libyenne a affirmé que des mercenaires arrêtés par les rebelles avaient été recrutés par les services de sécurité algériens (DRS), mais le commandant de l'Africom lui-même l'a démenti lors de son passage à Alger (pour des raisons diplomatiques ?). Selon Jeune Afrique, Aïcha, la fille unique de Kaddafi, "serait réfugiée dans le plus grand secret en Algérie depuis le 16 mai sous la protection personnelle du président Bouteflika à la suite de l'assassinat de son frère cadet par l'OTAN.

 

Il est vrai que les services de sécurité algériens redoutent que les éléments islamistes proches d'Al Qaida qui ont massivement intégré l'armée rebelle de Benghazi ne relancent le terrorisme et la guerre civile sur le territoire algérien.L'Expression le 19 avril parlait de "complot de déstabilisation" de l'Algérie.

 

Le Quotidien d'Oran, pour sa part, estime que la visite de l'officier étatsunien est surtout liée à la coordination de la lutte anti-terroriste dans le Sahel : il note qu'elle "intervient une semaine après la fin de la réunion des chefs d'état-major des pays du Sahel à Bamako (Mali), où l'accent a été mis sur l'urgence d'une généralisation de la lutte contre les groupes d'Al Qaida Maghreb (AQMI). L'appel à une union des forces et des moyens militaires des pays concernés est d'autant nécessaire que le danger terroriste, avec les dommages provoqués par la guerre civile en Libye, risque de se propager rapidement dans plusieurs pays, et particulièrement en Tunisie. C'est dans cette perspective que les quatre pays du Sahel, à travers leur état-major conjoint (Cemoc) ont pris la décision de confier à l'Algérie la préparation d'une rencontre à Alger vers le 3ème trimestre 2011 sur la lutte contre le terrorisme dans la région. Une réunion à laquelle seront conviés les experts des pays de l'Union européenne et des Etats-Unis."

 

Mais cette lutte anti-terroriste dans toute l'Afrique du Nord-Ouest est elle-même liée à la guerre de Libye. Selon les services de sécurité algériens, début avril un convoi composé de 8 véhicules tout-terrain, chargé de missiles russes terre-air de type SA-7, l´équivalent du Stinger occidental et de matériels de guerre divers puisés par les rebelles de Banghazi dans les stocks de l´armée libyenne a déjà été acheminé au Mali, via le Tchad puis le Niger pour se retrouver entre les mains de l'AQMI. D'autres on peut-être circulé. L'Algérie a dû affecter plus de 7 000 hommes à la protection de ses frontières dans le désert pour limiter ces trafics.

 

Ainsi pendant que les Etats-Unis jouent les pompiers pyromanes de l'Afrique du Nord en poursuivant la guerre en Libye, ils se "coordonnent" avec l'Algérie pour gérer la répression de groupes terroristes dont ils facilitent par ailleurs l'approvisionnement en armes. Une contradiction qui n'augure rien de bon pour la stabilité de l'Algérie.

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L'hégémonisme étatsunien en Asie ne faiblit pas

9 Juin 2011 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Chine-Extrême Orient

Les États-Unis augmenteront leur participation militaire et leur engagement en Asie, particulièrement en Asie du Sud-Est, malgré les restrictions budgétaires, a annoncé le secrétaire à la défense Robert Gates le vendredi 28 mai, lors d'une conférence annuelle (II SS Shangri-La Security Dialogue) devant les hauts responsables militaires du Pentagone.

 

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Il a évoqué parmi les mesures prioritaires des mois à venir l'augmentation de la présence navale des États-Unis en Australie, le déploiement de navires de guerre à Singapour, y compris le nouveau bateau de combat littoral, et l'accélération du concept d'Air-Sea battle (une meilleure intégration de la Marine et de l'armée de l'air afin notamment de répliquer aux efforts de la Chine pour se donner les moyens de détruire les porte-avions étatsuniens qui patrouillent au large de ses côtes).

 

« Pris ensemble, tous ces développements démontrent l'engagement des Etats-Unis à soutenir une présence militaire robuste en Asie - une présence qui garantit la stabilité en soutenant et en rassurant des alliés tout en décourageant, et au besoin en mettant en déroute, les adversaires potentiels, » a déclaré Robert Gates. Son discours officiel toutefois s'abstient d'inclure explicitement la Chine parmi ces "adversaires potentiels", contrairement à ce qu'il avait fait lors de la précédente conférence en 2010.

 

Gates a cependant reconnu que la guerre en Irak et en Afghanistan avait affaibli l'appareil de guerre étatsunien et que la demande de Barack Obama de réduire de 400 milliards de dollars les dépenses militaires étatsuniennes dans les douze ans qui viennent compliquent les objectifs de renforcement des moyens offensifs des Etats-Unis en Asie.

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Le Pérou bascule à gauche

6 Juin 2011 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

A la tête d'une coalition électorale Gana Perú (le Pérou gagne) regroupant le  Parti nationaliste péruvien (PNP) qu'il a fondé, le Parti communiste du Pérou, le Parti socialiste et le Parti socialiste révolutionnaire, l'ancien officier Ollanta Humala vient de remporter avec environ 51 % les élections présidentielles face à Keiko Fujimori.

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Il succède ainsi au social démocrate rallié au néo-libéralisme Alan Garcia. La presse conservatrice estime que Humala doit son succès au fait qu'il a pris ses distances avec Hugo Chavez, qu'il s'est engagé à ne pas faire entrer son pays dans l'Alliance bolivarienne pour les Amériques et qu'il souhaite plutôt s'inspirer du modèle brésilien, alors que sa proximité avec Chavez lui aurait fait perdre les élections de 2006.

 

Il n'en demeure pas moins que Humala, d’origine indienne (quechua), veut une redistribution des richesses au profit des régions andines, son programme prévoit également la nationalisation de secteurs stratégiques, et l'adoption d'une nouvelle constitution.

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L'Australie offensive à l'égard de la puissance chinoise

6 Juin 2011 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Asie du Sud-Est-Pacifique

Le chapitre dédié à l'Océanie dans l'Atlas alternatif  décrivait déjà en 2006 l'hégémonisme australien dans la zone. Il semble que cet hégémonisme s'inquiète de la montée en puissance de la Chine dans le Pacifique et que certains courants dans la classe politique australienne soient dans une logique de confrontation avec Pékin.

 

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En décembre dernier, Wikileaks révélait (avec le concours du Guardian) qu'en mars 2009 dans le cadre d'un entretien avec Hilary Clinton, l'ancien premier ministre australien Kevin Rudd (devenu en septembre dernier ministre des affaires étrangères) avait ni plus ni moins suggéré à l'actuelle Secrétaire d'Etat étatsunienne d' "utiliser la force" contre Pékin (au risque d'une confrontation nucléaire...) si la situation dégénérait et incité celle-ci à demander l'autonomie du Tibet. Le câble qui rend compte de cette  rencontre précise aussi que le programme d'acquisition de nouveau sous-marins d'attaque présenté par le gouvernement travailliste en 2008 visait directement à contrer la capacité de projection chinoise.

 

En septembre dernier la presse chinoise présentait des avis d'experts selon lesquels le nouveau premier ministre travailliste Julia Gillard pourrait être moins anti-chinoise que son prédécesseur Kevin Rudd. Mais en mars 2011 à Washington celle-ci a insisté sur l'importance de l'alliance stratégique avec les Etats-Unis, et le gouvernement de Camberra se montre plus interventionniste encore que Washington sur des dossiers comme la Libye ou la Syrie (l'Australie demande l'inculpation de Bachar el Assad devant la justice internationale), ce qui n'est pas précisément le signe d'une aptitude de ce pays à oeuvrer à la bonne entente entre les nations.

 

Néanmoins le Conseil d'affaires australien (Business council of Australia), qui regroupe les cent plus grandes entreprises australiennes, a rappelé contre les velléités protectionnistes du sénateur de droite Barnaby Joyce, que l'Australie aurait besoin des investissements chinois dans les années à venir et que les capitaux proviendraient dorénavant davantage d'Asie que des pays occidentaux. Cette interdépendance croissante sur le plan économique entre Pékin et Camberra pourrait malgré tout atténuer les humeurs bellicistes des travaillistes australiens.

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Le cuivre zambien pillé par Glencore avec la complicité de l'Union européenne

6 Juin 2011 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique australe

Le 6 juin la chaîne de télévision France 5 programmait la dernière diffusion du documentaire dérangeant "Zambie : à qui profite le cuivre ?" d'Audrey Gallet et Alice Odiot qui dévoile le système d'exploitation de la société de négoce Glencore (longtemps non cotée en bourse bourse pour échapper aux contrôles et basée dans le paradis fiscal du canton de Zoug en Suisse)  et les méfaits écologiques et humains qu'elle a provoqué en Zambie avec sa mine de cuivre Mopani  qui fonctionne au mépris des normes envrionnementales (pollution au dioxyde de soufre) et alors que la multinationale paie très peu d'impôts à la Zambie (voir le résumé dans la vidéo ci-dessous).

 

En avril 2011, cinq ONG (Sherpa, Déclaration de Berne, CTPD, Mining watch et l’Entraide missionnaire) ouvraient un procès à l'encontre de Glencore pour violation des principes de l'OCDE.

 

Le scandale fiscal est aujourd'hui le mieux connu. La société Mopani qui exploite le complexe minier du même nom (le second du pays) facturait son cuivre à 25 % seulement des tarifs du marché à la maison mère Glencore, privant ainsi l'Etat zambien d'une masse fiscale énorme. Dans un pays où les exportations de cuivre représentent 70 % des devises, on comprend ce que ce pillage pur et simple de matières premières a pu représenter comme manque à gagner pour le gouvernement zambien - le chiffre d'un manque à gagner de 700 millions de dollars de 2003 à 2008 pour le seul cuivre, sans compter le cobalt a été avancé.

 

Ce pillage a été encouragé par la banque européenne d'investissement (BEI), une institution liée à l'Union européenne et dont les gouvernements européens sont actionnaires, qui a joué aussi un rôle controversé au Congo, et qui a prêté 48 millions d'euros pour le développement de Mopani en 2005.

 

"Aujourd'hui gênée par cette situation, la BEI répète que l'outil qu'elle a financé (un des fours de la mine) « fonctionne et qu'il est moins polluant ». Ce que la banque ne dit pas, ce sont les intentions cachées de ce type de prêts. Alice Odiot décrypte :

« L'UE a besoin d'investir dans les mines afin de devenir client privilégié face à la concurrence des agences chinoises. Le cuivre s'épuise, alors qu'on en commande 10 kg par an par Européen, notamment pour les ordinateurs, les voitures… »" note Rue89 à propos du documentaire d'Audrey Gallet et Alice Odiot.

Malgré la publication par les Amis de la terre d'un audit (commandité par le fisc zambien à des cabinets norvégiens, Grant Thornton et Econ Pöyry mais qui aurait dû rester secret) sur les fraudes fiscales de Mopani l'an dernier, le ministre des finances zambien est resté silencieux, ce qui entretient le soupçon d'une corruption généralisée du régime du président Rupiah Banda par les compagnies minières.

 

La question de la corruption des pouvoirs occidentaux est aussi posée par ce reportage : de 1983 à 2001, le fondateur de Glencore Marc Rich figure sur la liste des des Dix Fugitifs les plus recherchés du FBI pour fraude fiscale aux USA. Le 20 janvier 2001, quelques heures avant que Bill Clinton quitte la présidence, un de ses derniers actes officiels est de grâcier Marc Rich. Cette amnistie présidentielle déclenche un scandale, amplifié lorsque l'on apprend que Denise Rich, ex-épouse de l'homme d'affaires, avait fait des dons d'un million de dollars au parti démocrate et à la fondation des Clinton.

 

Glencore est également en cause pour l'exploitation dans des conditions scandaleuses de deux mines au Congo (Katanga).

 

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