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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Les Etats-Unis et Israël face au rapprochement turco-chinois

13 Octobre 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Proche-Orient

Noam Chomsky le déclare dans une interview au journal Zaman ce mois ci : la Turquie peut jouer un rôle constructif au Proche-Orient. Il la félicite notamment d'avoir accompli, avec le Brésil, un office de médiateur sur le dossier du nucléaire iranien.turkey-flag.png

 

Après s'être rapprochée de la Syrie et de l'Iran (dans une sorte de triangle sunnite-laïque-chiite), et accessoirement du Qatar, Ankara aurait organisé début octobre des manoeuvres militaires conjointes avec la Chine. Selon le quotidien Haaretz cité par des blogs et sites français et par Al Manar des avions de combats chinois de type « Sukhoi 27 » venus en survolant le Pakistan et la Turquie ont participé à ces exercices aux cotés des avions F16 turcs. Israël se serait dit préoccupé par ces maoeuvres secrètes. L'information toutefois ne figure pas (ou plus) dans les archives d'Haaretz ni sur les sites anglophones.

 

Quoi qu'il en soit, et cette info-là peut être vérifiée dans la presse turque, le premier ministre chinois Wen Jiabao et son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan se sont pubiquement félicités le 8 octobre dernier de la coopération stratégique sino-turque, une coopération qui se met en place malgré le lobbying des sécessionnistes ouïgours à Ankara, dont beaucoup sont manipulés par les Etats-Unis.


Ce rapprochement sino-turc intervient alors que le prix Nobel de la paix attribué à un dissident chinois vient compléter sur le plan idéologique les pressions que les occidentaux font peser sur le plan militaire par l'installation de bases de missiles en Corée, le déploiement de forces navales et l'encerclement "en croissant" de ce pays.

 

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Peut-être en partie pour contrer ce nouveau rapprochement stratégique, la Fondation Lantos basée aux Etats-Unis et placée sous le patronnage moral du président israélien Shimon Peres, soutient des personnalités dans le collimateur du gouvernement chinois, comme l'artiste Shen Yun, en l'honneur de laquelle la présidente de la Fondation Lantos a organisé une réception au mois d'août dernier. En 2009, elle avait remis le prix Tom Lantos des droits de l'homme au Dalai Lama.

 

Nul doute que la Fondation Lantos agit ici en symbiose avec le gouvernement des Etats-Unis. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton vient de nommer Tomicah Tillemann-Dick, le fils de la présidente de la Fondation Lantos (et veuve du congressman Lantos), conseiller pour la société civile et les démocraties émergentes. Un poste utile pour relancer les révolutions colorées en direction de la Chine.

 

F. Delorca

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Escalade de la guerre étatsunienne au Pakistan

6 Octobre 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Sous continent indien

C'est un grand classique depuis la guerre du Vietnam : les pays qui servent de base arrière aux rebelles deviennent rapidement des cibles et font les frais du conflit qui se déroule chez le voisin.

 

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Tel est le cas du Pakistan aujourd'hui. Depuis début septembre les autorités pakistanaises ont recensé 24 frappes de drones sur leur territoire qui ont causé plus de 140 morts (90 % de civils selon les médias pakistanais).

 

Selon le journaliste Eric Margolis, les récentes alertes sur un risque d'attentat en Europe auraient précisément pour but de justifier la stratégie du Pentagone de plus en plus axée sur l'attaque du Pakistan.


La semaine dernière, le Pakistan a temporairement fermé l'itinéraire d'approvisionnement principal des Etats-Unis et de l'OTAN qui va de Karachi à la frontière afghane à Torkham après le massacre de trois soldats pakistanais depuis des hélicoptères militaires étatsuniens. Trois convois de fourniture en combustible étatsuniens ont été brûlés par des activistes pakistanais. Les Etats-Unis dépensent beaucoup d'argent le long de cette route pour acheter les fonctionnaires, les chefs de guerre pachtounes, et certains talibans afin que l'approvisionnement des troupes en Afghanistan ne soit pas coupé, et ce, en plus de l'aide annuelle officielle de 2 milliards de dollars au gouvernement de Karachi. Les forces spéciales sont infiltrées sur place. Mais le sentiment anti-étatsunien dans la région est à son comble - ce qui d'ailleurs a favorisé un rapprochement entre le Pakistan et l'Iran.

 

L'ancien chef d'Etat major pakistanais, le général Mirza Aslam Beg, a récemment suggéré à son gouvernement de tirer sur les drones américains qui survolent illégalement le territoire.

 

Toujours selon Margolis, Washington ne ferait plus confiance au gouvernement civil d'Asif Ali Zardari et compterait surtout sur le pouvoir militaire du général Ashfaq Kayani, un général d'infanterie qui a été autrefois propulsé dans la hiérarchie par Benazir Bhutto (qu'un livre écrit par sa nièce qui vient de paraître chez Penguin Books India démystifie sérieusement).

 

Cette politique pourrait encore se durcir en cas de victoire des Républicains aux élections du Congrès. Les néo-conservateurs étatsuniens continuent de suggérer l'élimination de l'arsenal nucléaire pakistanais par les forces spéciales et la division non seulement de l'Afghanistan mais aussi du Pakistan en entités ethniques qu'ils pourraient contrôler plus facilement, comme ils ont aussi voulu le faire en Irak.

 

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La Corée du Sud, nouveau molosse pro-américain dans le Pacifique-Nord ?

4 Octobre 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Chine-Extrême Orient

Après Israël, l'Ouganda, la Colombie et la Géorgie, la Corée du Sud aurait-elle intégré le club des alliés des Etats-Unis les plus bellicistes du moment ?

 

Le journaliste étatsunien Mathiew Reiss le laisse entendre dans un article publié dans Le Monde diplomatique d'octobre 2010 intitulé "Séoul se voit en shérif régional".

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Déjà de 1999 à 2006 les dépenses militaires de la Corée du Sud ont augmenté de 70 %. Et ce n'est pas fini. L'arrivée au pouvoir du président Lee Myung-bak en 2008 a marqué un revirement dans la politique extérieure de ce pays. A  peine élu il dénonçait les engagements bilatéraux passés avec la Corée du Nord, et abrogeait la réforme de libéralisation des médias initiée par son prédécesseur. L'incident du naufrage de la corvette Cheonan cet été, aux causes pourtant opaques, n'a fait que légitimer à ses yeux son discours belliciste.

 

La petite île sud-coréenne de Jeju au sud de la péninsule coréenne, qui est actuellement un modèle pour l'écotourisme, pourrait prochainement devenir une base militaire de premier plan, pour le plus grand profit du conglomérat militaro-industriel formé par Hyundai et Lockheed, et malgré l'opposition de la population locale (comme aux Antilles néerlandaises, le point de vue des insulaires ne compte pas).

 

A l'heure où le Japon, sous la houlette du Parti démocratique du Japon (PDJ), se fait plus modéré (il a même tenté d'expulser la base étatsunienne d'Okinawa), Jeju pourrait jouer un rôle crucial dans l'encerclement "en croissant" de la Chine, et la neutralisation de sa dissuasion nucléaire par des missiles anti-ballistiques étatsuniens. Autrement dit, grâce au dispositif d'encerclement mis en place par les Etats-Unis et dont l'île coréenne de Jeju serait un maillon important, la force nucléaire de dissuasion chinoise serait rendue inopérationnelle et les Etats-Unis pourraient s'offrir le luxe d'une première frappe nucléaire sans en subir de conséquences dommageables. 

 

Les 11 et 12 novembre prochain le G20 se réunira à Séoul. Amnesty international a déjà dénoncé les restrictions au pluralisme en Corée du Sud et les méthodes de répression musclées du gouvernement de ce pays. Les militants altermondialistes n'auront qu'à bien se tenir...

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Le président équatorien Rafael Correa victime d'un complot de la droite et des Etats-Unis?

2 Octobre 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

L’armée équatorienne a pris d’assaut, le 30 septembre au soir, l’hôpital de Quito. Le président bolivarien Rafael Correa y était était encerclé depuis plusieurs heures par des policiers qui manifestaient contre la loi du Service public récemment votée.

 

Quelques soldats s'étaient joints aux policiers furieux de voir certaines de leurs primes diminuer, tandis que 5 000 habitants de Quito venaient soutenir le président devant l'hôpital. Un groupe de militaires a même pris momentanément le contrôle du principal aéroport du pays, à Quito.

 

Certains partisans du président dénoncent déjà un vaste complot de la droite derrière cette insurrection des policiers. La députée María Augusta Calle d'Alianza País a souligné le rôle de responsables de droite qui le jour même du coup s'indignaient de la baisse des primes des policiers, et surtout le fait que les média privés ont été immédiatement sur place pour filmer les opérations des policiers contre le président. Ces mêmes médias, tandis que le président était encerclé, jouaient la carte du pire, donnant la parole au général Mario Pazmiño (accusé d'avoir aidé l'armée colombienne à effectuer des incursions en territoire équatorien en 2008) qui incitait les équatoriens à retirer immédiatement leur argent des banques - ce qui pouvait provoquer le chaos économique. Selon María Augusta Calle la droite a entretenu auprès des policiers une désinformation concernant le contenu réel de la loi du Service public (qui comporte des avantages substantiels pour la police et les pompiers comme le paiement de leurs heures supplémentaires), et aurait même organisé des pillages à divers endroits du pays. En outre des partisans de l'ancien président de la République le colonel Lucio Gutiérrez auraient tenté d'empêcher la télévision publique équatorienne de continuer à diffuser des informations pendant l'encerclement du président. Le président Correa lui-même aprè sa libération a dénoncé des manoeuvres d'infiltration de la police par la droite.

 

Les Etats-Unis sont également en cause, et pas seulement du fait de leur financement des médias privés et de la façon dont CNN a couvert la tentative de coup d'Etat. Aporrea rappelle qu'un rapport du ministère de la défense équatorien de 2008 expliquait, sur la base de fuites livrées par l'ex agent de la CIA Philip Agee que l'ambassade des Etats-Unis à Quito corrompait un grand nombre d'officiers de la police équatorienne. Trois colonels de la police ont été arrêtés. De nouvelles révélations pourraient apparaître dans les semaines qui viennent.

 

Frédéric Delorca

 

 



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Le rapport sur le "génocide" au Congo met l'ONU en porte-à-faux

2 Octobre 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

flagcongo.pngUn rapport de 550 pages vient d'être publié par le Haut commissariat pour les droits de l’Homme de l'ONU sur les atrocités commises en République démocratique du Congo (RDC) de 1993 à 2003 contre les populations hutu qui y étaient réfugiées après le génocide commis par les extrémistes hutu au Rwanda. Ce rapport n'avait été communiqué en juin et juillet qu'à six pays impliqués dans la tragédie des Grands Lacs. Les autorités rwandaises alliées des Etats-Unis ont évidemment condamné son contenu. (Le président Kagamé très démocratiquement rééelu récemment avec 93 % des voix s'exprimait dans le cadre d'une conférence de l'Institut international d'études stratégiques à Londres, un institut qui en son temps avait légitimé la thèse de la possession des armes de destructions massives biologiques et chimiques par l'Irak). Le Burundi, l'Ouganda et l'Angola également incriminés à divers niveaux ont fait de même.

 

Un ex enquêteur de l’ONU sur les massacres au Congo, Reed Brody, qui travaille pour Human Rights Watch et s’est distingué par ses actions à l’encontre de l’ancien dictateur tchadien Hissene Habré, a estimé que le rapport de l’ONU devrait servir d’argument, de base de données pour amener les coupables devant la justice.

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La publication de ce rapport met l'ONU en complet porte-à-faux car les Nations-Unies ont misé sur le Rwanda pour de nombreuses missions de maintien de la paix en Afrique, notamment au Soudan (Paul Kagamé a d'ailleurs menacé de retirer ses troupes si des suites favorables étaient données au rapport qui l'accuse de crime contre l'humanité). En outre, alors que l'ONU a critiqué l'invitation par les chefs d'Etat africains du président soudanais Omar El-Béchir inculpé devant la cour pénale internationale (CPI), il devient tout aussi critiquable que l'institution soit représentée en la personne de l'adjoint du procureur de la CPI à la cérémonie d'investiture de Paul Kagamé... qui lui même pourrait se voir inculper devant cette même cour sur la base du rapport de l'ONU prochainement....

 

La nouvelle intervient alors qu'au même moment, au mois de septembre, à la faveur d'un réchauffement des rapports entre Paris et Kigali, le juge français Marc Trevidic qui a repris à zero l’enquête du juge Bruguière sur l’attentat contre l’avion présidentiel du président Habyarimana en 1994 s'est rendu au Rwanda pour finaliser son enquête. Des officiers de l'armée de M. Kagamé ont été traduits pour crimes de masse devant la justice espagnole dont l'enquête constitue une pression supplémentaire sur le régime de Kigali.

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