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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Une ONG catholique et un lobby états-unien critiquent le régime du Cameroun

30 Août 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Maghreb - Afrique occidentale

Dans un article mis en ligne le 24 août, Bruno Angsthelm, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD, une ONG influente basée à Paris) s'alarme de l'impossibilité d'une alternance politique au Cameroun. Le Président Paul Biya aujourd'hui âgé de 77 ans a obtenu en 2008 la modification de la constitution permettant qu'il exerce un nouveau mandat.  Les élections auront lieu l'an prochain. Au pouvoir depuis 1982, responsable d'une répression sanglante des émeutes de la faim en février 2008, le président Biya est dans le collimateur de plusieurs ONG sur la question du respect du pluralisme et des droits de l'homme.

 

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L'International crisis group financé par George Soros et proche des démocrates aux Etats-Unis s'est aussi intéressée au régime de Paul Biya très récemment. Fin mai un de ses rapports soulignait l'instabilité potentielle du Cameroun. Dans la foulée, le 8 juin, à Douala, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun Janet E. Garvey  s’est adressée à des hommes d’affaires, membres de la Chambre de commerce américaine, une structure créée au Cameroun il y a trois ans, pour dénoncer la corruption au sommet de l'Etat camerounais. Certains courants du parti démocrate à Washington pousseraient au Cameroun la candidature de Christopher Fomunyoh , le coordonnateur pour l’Afrique centrale du National Democratic Institute (Ndi), proche lui aussi du parti démocrate étatsunien, à l’élection présidentielle de 2011. 

 

Toutefois les Etats-Unis, tout comme la France, sont très loin d'avoir abandonné Paul Biya.  Leur allié, Israël, a récemment formé un corps d'élite au sein de l'armée camerounaise, le Bataillon d’intervention rapide, apparemment en concurrençant les cadres militaires français, spécialement pour sa protection. Nicolas Sarkozy à l'issue d'une visite de son ami Paul Biya en France lui a imposé la nomination d'un vice-président, afin que le système camerounais puisse se reproduire dans de meilleures conditions que le régime togolais à la mort d'Eyadéma ou le régime ivoirien après le décès d'Houphouët Boigny, ce qui n'est pas sans poser des problèmes ethniques. La désignation du vice-président pourrait être un moyen de ménager les intérêts états-uniens et français au Cameroun en ouvrant les perspectives d'une sortie "en douceur" de l'ère Biya.

 

L'économie du Cameroun est largement entre les mains de la holding française Bolloré qui contrôle ses chemins de fer, son port maritime (Douala), et directement ou indirectement une bonne partie de son agriculture (le groupe a lancé récemment des actions en justice contre des journalistes qui mettaient en cause la manière dont il traitait sa main d'oeuvre au Cameroun). En octobre 2007, le journal du groupe Bolloré Matin Plus en collaboration avec le Monde a vanté la politique de Paul Biya, et le groupe soutient la Fondation de l'épouse du chef de l'Etat Chantal Biya, une association caritative dont le nom a été évoqué à diverses reprises dans des affaires de corruption (fondation qui bénéficie certes aussi de dons chinois...). La découverte récente de nouveaux gisements pétroliers par Total devrait rendre ce pays (qui déjà tire la moitié de ses recettes à l'exportation des hydrocarbures) encore plus attractif pour ses parrains occidentaux.

 

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Après la Mer Jaune, l'US Navy s'invite en Mer de Chine méridionale

20 Août 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Chine-Extrême Orient

A la "Une" du Quotidien du Peuple (organe du comité central du PC chinois) aujourd'hui "Est-ce que les Etats-Unis cherchent des noises dans la mer de Chine méridionale ou est-ce qu'ils veulent maintenir le paix ?"

 

great_seal_of_the_us.pngL'article fait suite aux déclarations de l'amiral Robert F. Willard le 18 août selon lesquelles les Etats-Unis se maintidendront militairement pour longtemps dans la mer de Chine méridionale pour "s'opposer à l'usage de la force" dans le cadre du litige opposant la Chine, le Vietnam, Taiwan, les Philippines, la Malaisie et Brunei sur  l'achipel des Spartleys (dont chacun occupe une partie). Il accuse Willard d'exagérer la nature des tensions dans cette région et rappelle que la Chine aux côtés de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) s'est engagé avec tous les pays d'Asie du Sud-Est à rechercher des issues pacifiques aux litiges territoriaux.

 

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Il s'avère en effet que l'ASEAN et la Chine ont défini en 2002 un code de bonne conduite pour la résolution du litige territorial des Spartly et des négociations sont en cours pour le rendre plus contraignant. Dans ce contexte, les déclarations successives de Robert Gates, Hillary Cinton et de l'amiral Willard sur l' "intérêt national" des Etats-Unis à garantir par leur présence militaire dans cette zone le règlement pacifique des contentieux ne peut apparaître que comme une ingérence assez brutale.

 

Derrière ces gesticulations se cache en fait un nouvel épisode de la guerre du pétrole entre la Chine et les Etats-Unis.

 

Bien que l'archipel des Spratleys ne représente que quelques centaines d'îlots, ils sont censés reposer sur de grandes réservations de pétrole et de gaz naturel, et ils contrôlent des voies de la navigation de la région et des fonds de pêche principaux. La flambée des prix du pétrole n’a pas facilité les choses. La Chine qui souffre d’une pénurie d’énergie qui l’a conduite à des coupures d’électricité s’intéresse aux réserves d’hydrocarbures de l’archipel. En juillet 2004, les Philippines ont protesté contre les actions exploratoires de PétroChina trop près des îles contestées.

 

Le mois précédent, Taiwan avait demandé une clarification des frontières autour de l’archipel. Taipeh entretient des bases sur les îles de Dongsha et de Nansha proches de l’archipel litigieux et a construit un poste d'observation sur un récif au large de la plus grande île de l'archipel. Les Vietnamiens, eux, ont construit le petit aéroport sur Truong Sa Lon sur une autre île. Les sources vietnamiennes prétendent que les 600m de la piste sont seulement conçus pour accueilir des vols de touristes. Les Américains et les Philippins ont de leur côté organisé des manoeuvres militaires dans la province occidentale de Palawan pas loin des Spratleys au début de l'année.

 

Selon les experts américains une guerre en mer de Chine méridionale serait désastreuse pour le commerce international, 50 % du tonnage marchand et 30 des cargaisons de pétrole brut passent par les Spratleys.

 

La nouvelle source de tension en mer de Chine méridionale fait suite à un autre bras de fer, qui a eu lieu en juillet en Mer Jaune, plus au nord. Après que la Corée du Nord ait été accusée d'avoir coulé un navire militaire sud-coréen, le Cheonan, en mai dernier (en fait un navire qui pourrait bien avoir été plutôt coulé par une mine flottante américaine), les Etats-Unis ont organisé dans la Mer jaune des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud en vue d'impressionner Pyongyang. La Chine s'est opposée vivement à la participation du porte-avion à propulsion nucléaire le George Washington, néanmoins les Etats-Unis ont maintenu leur décision et le porte-avion continuera de participer à des manoeuvres conjointes avec la Corée du Sud dans les mois qui viennent, comme il l'a fait en octobre 2009. Notons d'ailleurs que la Corée du Sud depuis qu'elle a élu un président belliciste en 2008 ne cache plus ses intentions d'envahir la Corée du Nord (même si certains supporters de Washington préfèreraient que la Chine se charge elle-même du "sale boulot"). 

 

Ces tensions n'ont cependant pas empêché la Chine d'envoyer une flottille à Vladivostok pour participer à des manoeuvres navales le 22 août avec Russes, Américains et Japonais dans le cadre d'opérations de lutte contre le trafic de drogue dans le Pacifique nord.

 

Le Pacifique est depuis 10 ans le lieu d'une course aux armements généralisée et une des zones les plus dangereuses pour la paix mondiale.

 

F. Delorca

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Nouvelles pressions sur l'Iran

2 Août 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Proche-Orient

Sommes-nous à la veille d'une intervention militaire contre l'Iran ? Fidel Castro l'a affirmé avec véhémence à la fin du mois de juin. L'ancien ministre de Reagan Paul Craig Roberts faisait le même pronostic en mars dernier en ces termes :

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"Aux dernières nouvelles, les militaires des États-Unis acheminent des bombes anti-bunker d'expédition à la base aérienne des États-Unis chez Diego Garcia dans l'Océan Indien. Le Herald Scotland signale que les experts disent que les bombes sont concentrées pour une attaque sur les installations nucléaires de l'Iran. Le journal cite Dan Plesch, directeur du centre pour des études internationales et de diplomatie de l'Université de Londres : « Ils se dirigent vers la destruction totale de l'Iran. »

 

La prochaine étape sera la mise en scène d'une « attaque terroriste», un leurre prévu par l'opération Northwoods, et l'Iran sera accusée. Comme l'Iran et sa conduite sont déjà diabolisés, ce leurre suffira pour obtenir le soutien public européen et étatsunien pour bombarder l'Iran. Le bombardement ira au delà des installations nucléaires et continuera jusqu'à ce que les Iraniens soient d'accord sur le changement de régime et l'installation d'un gouvernement de marionnettes. Les médias américains corrompus présenteront la nouvelle marionnette sous le nom de « liberté et démocratie. »"

 

Il est vrai que Paul Craig Roberts avait fait la même prophétie en 2008 heureusement à tort... L'envoi d'une flotte de douze bateaux de guerre étatsunien et un israélien dans le Golfe persique en juin dernier a cependant accru les interrogations a ce sujet, tandis qu'un attentat contre une mosquée iranienne à Zahedan le 15 juillet dernier, pose à nouveau la question de l'ingérence des services secrets occidentaux dans la déstabilisation du pays (comme en octobre dernier au Sistan-Balouchistan, le gouvernement iranien met en cause la milice sunnite des Soldats de Dieu, les Joundallah qui serait en contact avec le CIA au Pakistan).

 

Les prédictions sur les chances réelles de voir une guerre ouverte éclater sont toujours délicates. Faire croire en la possibilité d'une guerre fait partie intégrante du jeu politique pour impressionner l'adversaire. Et cependant il n'est jamais certain que le bluff ne débouchera pas sur un conflit effectif.

 

Il est clair en tout cas que les Occidentaux ont marqué des points récemment sur le plan du rapport de force politique en obtenant le ralliement de la Russie à une politique de sanctions contre Téhéran. Le 10 juin dernier le Conseil de sécurité de l'ONU a donc pu voter une quatrième série de sanctions prévoyant des interdictions de voyage et des restrictions financières visant plusieurs individus et entités liés aux activités nucléaires de Téhéran, notamment les compagnies maritimes iraniennes et les Gardiens de la Révolution. Seuls la Turquie et le Brésil très actifs dans la recherche d'une solution diplomatique (Ahmadinejad était à Brasilia en novembre dernier) ont voté contre, le Liban s'est abstenu.

 

Dans la foulée, les Etats-Unis et l'Union européenne ont adopté leur propre train de sanctions unilatérales contre l’Iran plus sévères que celles prévues par le Conseil de sécurité de l'ONU, notamment en ce qui concerne les investissements énergétiques. La Russie a toutefois condamné ces mesures complémentaires, les jugeant «inacceptables ». Comme le soulignait récemment l'Asia Times, ces mesures pourraient coûter cher à l'Union européenne, qui, à la différence des Etats-Unis, importe du pétrole iranien et pourrait se faire dépasser par les pays asiatique sur ce marché.

 

Comme si cela ne suffisait pas, des entreprises prennent des initiatives unilatérales non prévues par l'Union européenne. Tel est le cas de Total, qui a décidé d’arrêter de vendre de l’essence à l’Iran. Comme le rappelle Alain Gresh du Monde Diplomatique, "en 1996, le congrès américain avait adopté l’Iran-Libya Sanctions Act, qui permettait de prendre des sanctions contre des sociétés étrangères investissant plus de 20 millions de dollars par an dans le secteur énergétique libyen ou iranien. A l’époque, la France avait refusé de se soumettre à ce diktat. Autres temps, autres mœurs..."


Les néoconservateurs américains, eux, se préparent à intensifier leur campagne pour une intervention militaire contre l’Iran. La revue Commentary estime que les sanctions n'ont servi à rien et qu'il faut passer à l'action militaire. De même Jeff Goldberg dans The Atlantic, correspondant du New Yorker et autrefois fervent adepte de la guerre en Irak. D'une manière générale les anciens partisans de la guerre d'Irak retrouvent de la voix sur le dossier iranien, même en Europe. Ainsi le 26 juin dernier, l’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar, l’ancien ambassadeur américain à l’ONU John Bolton, étaient âux côtés centaines de parlementaires européens, canadiens et du Moyen-Orient à Taverny (région parisienne) pour soutenir l'organisation politico-militaire d'opposition, les Moudjahidines du peuple qui y organisait une grande manifestation. Mais dans cette affaire les jeux d'alliance sont complexes. Si l'on accuse les Moudjahidines du peuple d'être financés par la CIA, et de compter de nombreux soutiens parlementaires aux Etats-Unis (où ils sont pourtant officiellement inscrits sur la liste des organisations terroristes), ceux-ci ont aussi récemment reçu, bien au delà des cercles néoconservateurs, le soutien de 320 députés français, sous l'impulsion de l'apparenté communiste Jean-Pierre Brard, qui ont signé un appel demandant notamment aux Etats-Unis de protéger les Moudjahidines du peuple basés en Irak.

 

L’Iran de son côté s’est dit prêt à des négociations avec Catherine Ashton (« ministre des affaires étrangères » de l’Union européenne) après le ramadan. D’autre part, l’AIEA a confirmé « avoir reçu la réponse de Téhéran aux interrogations du groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) sur la proposition d’échange de combustible nucléaire faite par le Brésil, la Turquie et la République islamique ».

 

Le 2 août Mahmoud Ahmadinejad a proposé au président Barack Obama un débat télévisé, et a annoncé qu'il s'exprimera à l'assemblée générale des Nations Unies en septembre. La proposition de débat a été immédiatement taxée de "défi" et de "provocation" par les grands médias bellicistes occidentaux. Noam Chomsky rappelait récemment que l'escalade anti-iranienne des derniers mois, et notamment la militarisation croissante du golfe persique et de la base de Diego Garcia dans l'Océan indien ne contribue qu'à faire reculer le programme de dénucléarisation de la planète officiellement avancé par les grandes puissances.

 

 

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