Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Reprise du débat sur la guerre en Afghanistan après les fuites sur WikiLeaks

29 Juillet 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Asie centrale

usmarine.jpgQuelque 92.0000 documents secrets sur la situation en Afghanistan depuis 2004 ont été publiés le lundi 26 juillet par le site WikiLeaks (accessible aussi ici). Ces éléments qui n'apportaient rien de neuf au débat public ont néanmoins permis de faire rebondir les discussions. Le sénateur républicain  du Texas, ex-candidat à la présidence, et adversaire convaincu des guerres impériales américaines, Ron Paul ainsi que le représentant démocrate de gauche Dennis Kucinich ont tenté de faire adopter au Congrès le 27 juillet un amendement au War power Act sur la présence des troupes américaines au Pakistan, base arrière des talibans, pour en obtenir le retrait. Il n' ont toutefois obtenu que 38 voix (un dixième du total) dont 32 démocrates. La Chambre des représentants a néanmoins débloqué près de 60 milliards de dollars pour le financement du conflit afghan et l'envoi des 30.000 soldats supplémentaires annoncés par le président Obama en décembre

 

En Allemagne les fuites de documents secrets sur la guerre d'Afghanistan semblent pousser les sociaux-démocrates et les Verts, qui découvrent dans ces documents des éléments dont le gouvernement de Mme Merkel ne leur avait jamais parlé, à s'opposer à l'extension des missions des soldats allemands dans ce pays (cependant le premier ministre est de toute façon assuré de pouvoir recueillir suffisamment de voix pour faire passer son projet).

 

Selon l'organisation afghane de la protection des droits de l’Homme Afghanistan Rights Monitor qui, depuis le premier jour de l’invasion, fait le compte des victimes civiles du conflit national, au premier semestre de cette année, 1074 civils ont été tués et 1500 ont été blessés. Durant la même période de 2009 le nombre de victimes était de 1059. Ces chiffres pourraient s'alourdir à l'heure où le général Petraeus recommande aux soldats de se rapprocher de la population afghane pour avoir de meilleurs contact avec elle (ce qui peut aussi attirer les combats vers les centres urbains).

 

La guerre d'Afghanistan fait cependant au moins un heureux : le président géorgien Mikhaïl Saakachvili, qui a déclaré le 28 juillet au ministère de la défense de Tbilissi : "Vu la situation géopolitique de la Géorgie, Tbilissi a un intérêt direct au succès de l'opération afghane et à l'instauration d'une paix définitive (en Afghanistan, ndlr) (…). Nous devons non seulement continuer à prendre part aux opérations de l'ISAF (force internationale d'assistance et de sécurité), mais trouver un moyen d'intensifier notre participation en Afghanistan. En plus c'est une énorme école militaire", L'entraînement des soldats géorgiens en Afghanistan pourra ainsi servir à préparer d'autres guerres, en Abkhazie et en Ossétie du Sud par exemple.

 

F. Delorca

Lire la suite

Albanie : cette fronde anti-Berisha dont on parle si peu

1 Juillet 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Balkans

Son Parlement boycotté par l'opposition (65 députés sur 140) ne fonctionne plus depuis le 28 juin 2009. 200 sympathisants du Parti socialiste de ce pays dont plusieurs députés sont en grève de la faim depuis le 30 avril dernier pour obtenir un nouveau décompte des voix de lélection législative de 2009. Manifestations et contre-manifestations  se succèdent. Ce pays c'est l'Albanie. L'Union européenne (UE) a annoncé que ce blocage risquait de compromettre la politique de libéralisation des visas avec ce pays. Pour le reste, elle demeure passive. Selon certains, les dirigeants européens miseraient ainsi sur l'épuisement progressif du Parti socialiste. Il est vrai que le premier ministre de droite Sali Berisha, accusé de fraude électorale, garde le soutien de la droite européenne : en avril dernier la Fondation Robert Shuman le recevait à Bruxelles en présence de Joseph Daul, président du Parti populaire européen. Deux mois plus tard, ce dernier se rendait à Tirana pour demander aux socialistes d'arrêter leur boycott, et se vantait d'avoir été à l'initiative d'une résolution du Parlement européen en faveur d'une politique d'assouplissement des visas.

 balkans.jpg

Pourtant la politique de Sali Berisha reste des plus douteuses. Quand il prend des initiatives, il s'emploie surtout à réviser les manuels d'histoire pour salir la mémoire des résistants antifascistes et à cimenter l'unité nationale autour du souvenir de Mère Teresa (pourtant née en macédoine). Il souhaite aussi construire une centrale nucléaire en partenariat avec son ami Berlusconi, qui a proclamé récemment son goût pour les prostituées albanaises, alors pourtant que le coût de cette centrale serait égal à la moitié du PNB du pays !  

 

En début de semaine le président Bérisha avait laissé entrevoir un signe d'assouplissement en envisageant une loi de réforme du code électoral. Mais la situation s'est à nouveau tendu le 30 juin.

 

L'Albanie est un des pays les plus pauvres de l'Europe avec un PNB par habitant de 2 730 dollars en 2005. Un million d'Albanais sur les 4 que comptait le pays a émigré à l'étranger au cours des quinze dernières années.

 

Dans le système économique albanais, les mafias spécialisées dans le trafic d’êtres humains et de la drogue jouent un rôle important surtout dans le nord du pays, à structure clanique, qui est aussi depuis 1945 traditionnellement le fief des anti-comunistes et de la droite nationaliste - alors que le Sud peuplé de travailleurs agricoles tosks était la base sociale du régime d'Enver Hodja. Bérisha lui-même est originaire des populations gheg du nord et y recrutait sa garde prétorienne dans les années 1990, du temps où il fut président de la République.

 

Une partie de ces mafias du Nord liées à l'UCK kosovare sont impliquées dans des affaires de trafic d'organes de civils serbes qui remontent à 1998-99 qui font l'objet d'investigations de l'ONU et du Tribunal pénal international. Les réticences de l'Albanie à coopérer avec l'ONU sur ce dossier jouent en sa défaveur aux yeux de l'UE. Mais selon le Washington Times Washington aurait continué de soutenir les albano-kosovars et leur aspiration à l'indépendance en 2008 largement par crainte des violences que ceux-ci pouvaient développer à l'encontre même de leurs protecteurs occidentaux. Le lobbying pro-kosovar des occidentaux dans les conférences internationales se poursuit en tout cas avec la participation active de l'ancien président Clinton.

 

Aujourd'hui Sali Berisha a beau proclamer qu'il a réprimé la mafia, l'Albanie qui a intégré l'OTAN en 2008 et entretient un contingent en Afghanistan malgré son faible budget militaire, est très loin de pouvoir envisager une intégration prochaine à l'UE, comme elle l'avait  espéré pendant un temps. La poursuite de la crise politique pourrait même déboucher sur une situation insurrectionnelle comme le pays l'a connue en 1997.

Lire la suite