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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Israël, l'Afrique de l'Est et la bataille du Nil

19 Mai 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

Vendredi dernier (14 mai), l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont signé un accord remettant en cause le traité de partage des eaux du Nil élaboré en 1929, à l’époque de l’occupation britannique, et amendé au moment des indépendances africaines. Cet accord très favorable aux deux pays en aval attribue à l’Egypte (55 milliards de m³) et le Soudan (18 milliards) près de 90% du volume annuel du fleuve. Le traité octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d’affecter son débit. En 1978, le président égyptien Anouar el-Sadate avait ainsi menacé de bombarder l’Ethiopie si les travaux d’un barrage n’étaient pas interrompus. ­Addis-Abeba avait cédé.

 

Aujourd'hui l'Ethiopie se sent davantage en position de force et prévoit de construire une quarantaine de micro-barrages. L'Egypte l'accuse d'avoir sur ce point le soutien d'Israël qui pourrait en financer quelques-uns.

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En septembre 2009, le ministre des affaires étrangères israélien M. Avigdor Lieberman a rendu visite aux trois pays qui contrôlent le bassin du Nil : l'Ouganda, le Kenya (où s'était rendu le président M. Ahmadinejad quelques mois plus tôt) et l'Ethiopie. Certains analystes arabes comme Galal Nassar dans Al -Ahram estiment qu'Israël utilise les pays en amont du Nil pour mettre en péril la survie de l'Egypte dont l'agriculture dépend complètement du Nil (et en dépendra encore davantage à mesure que sa population augmente). Au Kenya, Lieberman a d'ailleurs signé un important accord sur l'eau. Le ministre qui en 1998 avait recommandé de bombarder le barrage d'Assouan pour inonder l'Egypte aurait ainsi plutôt opté pour le chantage à l'assèchement.

 

Israël a du reste tout autant besoin d'eau que l'Egypte. Le 8 septembre, à propos de la visite de Lieberman en Afrique, le journal français Le Figaro remarquait d'ailleurs : "En 1974, un projet envisageant la restitution de Jérusalem-Est aux Palestiniens en échange du transfert annuel de 840 millions de m³ - suffisants pour couvrir les besoins en eau d'Israël à l'époque - s'est encore heurté à l'hostilité de l'Éthiopie et du Soudan et au veto du premier ministre israélien Menahem Begin. Cinq ans plus tard, Israël a retenté sa chance après la signature du traité de paix de Camp David. Mais l'Égypte s'y est opposée, arguant qu'une telle décision requiert l'accord de tous les pays riverains. Israël a retenu la leçon. Et prépare peut-être la prochaine offensive."

 

En ce qui concerne l'autre grand pays arrosé par le Nil, le Soudan, son instabilité sert aussi les intérêts israéliens. Israël a mené des raids aériens au Soudan en 2009 et entretenu la sécession au Darfour et du Sud-Soudan. Dans ce pays le processus électoral du mois dernier, qui s'est déroulé dans le cadre d'un plan de paix visant à un meilleur partage des ressources, semble de plus en plus compromis, tandis que les armes affluent à nouveau, ravivant le risque de reprise de la guerre civile.

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