Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Kirghizstan : encore une révolution de couleur qui sombre ?

15 Avril 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Asie centrale

Le président du Kirghizstan Kourmanbek Bakiev  a été renversé mercredi 7 avril à l'issue de violents affrontements entre policiers et manifestants qui ont fait 81 morts et se trouve depuis dans le sud du Kirghizstan. La chef du gouvernement par intérim, Rosa Otounbaïeva, l'accuse de fomenter une guerre civile. L'ex-président et ses proches, ont vidé les coffres de l'Etat avant de s'enfuir, forçant le gouvernement par intérim, à court d'argent, à geler le système bancaire, a indiqué un haut responsable des autorités intérimaires.

 

csto.png

Bakiev avait été porté au pouvoir par une "révolution des tulipes" financée par les Etats-Unis. Puis l'an dernier celui-ci a tenté de faire monter les enchères entre la Russie et les Etats-Unis, promettant à la première (sous la pression de son opinion publique intérieure) un accord aérien et la fermeture de sa base aérienne étatsunienne, puis finalement acceptant le maintien de cette base après avoir obtenu que Washington en triple le louer.

 

C'est à l'annulation des effets de la précédente révolution de couleur qu'on a affaire, semble-t-il, puisque cette fois-ci c'est la Russie qui soutient le nouveau gouvernement par intérim, sans toutefois, il est vrai, avoir à proprement commandité, semble-t-il, ce "contre-coup d'Etat" ainsi que l'a reconnu un officiel étatsunien .

 

Tandis que le nouveau gouvernement kirghize envisageait à son tour de fermer la base étatsunienne (une option finalement abandonnée après un coup de fil d'Hillary Clinton), Eric McGlinchey dans le New York Times, incitait Washington à ne pas engager l'épreuve de force dans un pays qui est l' "arrière cour de la Russie". Pour beaucoup de commentateurs Washington est de plus en plus obligé à adopter une stratégie de profil bas; comme pendant la période qui a suivi la guerre du Vietnam, la base kirghyze étant essentielle dans le dispositif d'occupation de l'Afghanistan. 

 

Les tenants et les aboutissants de la situation actuelle restent encore obscurs cependant. Le coopérant Michael Cecire, ancien volontaire du corps de maintien de la paix en Géorgie estime pour sa part que cette nouvelle révolution pourrait tout aussi bien être un coup de la CIA pour se débarrasser d'un Bakiev devenu imprévisible, d'autant que la nouvelle responsable du gouvernement a servi aussi bien sous les régimes pro-russes que pro-occidentaux.

 

En tout cas, le dernier président issu des révolutions colorées à ne pas avoir été renversé, le géorgien Mikheil Saakashvili, proche des néo-conservateurs étatsuniens a accusé Moscou d'être derrière le renversement de Bakiev, ce qui révèle tout de même que les pro-Occidentaux ont le sentiment d'avoir "perdu le Kyrghyzstan"...

 

F. Delorca

Lire la suite

Le Honduras sous la botte des putschistes

13 Avril 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

Plus de neuf mois après le coup d'Etat du 28 juin 2009 qui a renversé le président légal du Honduras, le silence s'installe autour de la situation de ce pays.

 

honduras.jpg

Le 27 janvier s’est terminé officiellement le mandat de M. Manuel Zelaya à la présidence de la République du Honduras. Elu le 29 novembre, au cours d’un scrutin illégitime (21,5 % de participation) organisé par le gouvernement putschiste Roberto Micheletti, le conservateur Porfirio Lobo a pris ses fonctions.

 

Le président du Guatemala a lancé un processus d'intégration du gouvernement putschiste dans le Système de l'Intégration Centraméricaine (SICA). Mme Clinton a annoncé le 4 mars dernier que les Etats-Unis reprendraient leur aide économique au gouvernement issu du putsch, en estimant que le pays a donné suffisamment de gages de démocratie.

 

Pourtant la répression militaire se poursuit dans ce pays. Globadia.com cite le cas d'un journaliste assassiné de plus de trente balles le 14 mars. Ils ont été au moins trois à faire l'objet d'exécutions sommaires en mars 2010, six depuis le début de l'année. Le 15 février le syndicaliste Funes Benítez  était assassiné par des hommes en moto sans que la police accepte d'enregistrer la plainte. Tandis que les paramilitaires visent spécifiquement ceux qui ont participé aux marches de soutien au président Zelaya, l'armée, elle s'en prend au mouvement paysan : hier un fort contingent de soldats a été déployé cette semaine contre la communauté paysanne de Guadalupe Carney qui s 'est approprié les terres d'un riche propriétaire qui les avait illégalement expropriés pour planter des palmes (une culture agrotoxique pour l'environnement et qui prive les petits paysans de leurs ressources) dans la région du Bas Aguan. Pour faire accepter la répression, le journal de droite La Prensa a prétendu que les opposants radicaux s'étaient alliés aux narcotraficants pour installer une guérilla armée dans le Bas Aguan.

 

L'opposition du Honduras néanmoins ne désarme pas. L'ancien Front populaire national contre le coup d'Etat rebaptisé Front national de résistance populaire qui réunit des secteurs variés de la société réclame maintenant une nouvelle constitution et va lancer une campagne de signatures dans ce but.

 

F. Delorca

Lire la suite

Thaïlande : par delà le point de vue des grandes agences

13 Avril 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Asie du Sud-Est-Pacifique

Nous avions signalé l'an dernier la désinformation dont faisait l'objet le mouvement des Chemises Rouges thaïlandais. La tendance a perduré cette année où le mouvement s'est installé pacifiquement à Bangkok en mars dernier, dans le but de faire tomber le gouvernement en place (un gouvernement issu d'un coup d'Etat). 21 personnes ont trouvé la mort samedi dernier dans les affrontements entre l'armée et les manifestants, et, tandis que les négociations reprennent entre les autorités et les manifestants, l'Agence france presse et Reuters présentent encore ces derniers comme des sortes de milices à la solde de l'ex-premier ministre Thaksin Shinawatra, avec des termes comme "les manifestants favorables à l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra". Un observateur français sur place "Vinalys" sur son blog a récemment confirmé qu'il n'en était rien.

 

Les "chemises rouges" commencent à recevoir un timide soutien de la gauche européenne. Le Parti communiste du Royaume uni a appelé à bombarder l'ambassade de Thaïlande à Londres de protestations contre la répression du peuple à Bangkok. En France des blogs du NPA relayent un appel à la solidarité de partis de gauche d'Asie du Sud-Est.

 

 

Lire la suite

Les amis des multinationales occidentales au Rwanda et au Congo

13 Avril 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

La démocrature rwandaise de Paul Kagame serait-elle fragilisée ? A quelques mois des élections présidentielles prévues le 9 août 2010, deux événements récents laissent supposer à certains une fragilisation du régime nationaliste tutsi de Paul Kagame.

  kagame.jpg

En premier lieu le harcèlement policier contre la Présidente des Forces Démocratiques Unifiées « FDU – Inkingi », Victoire Ingabire Umuhoza, une jeune hutu venue à la politique bien après le génocide mais que le pouvoir rwandais prétend associer aux forces armées hutues  Forces Démocratiques de Libération du Rwanda « FDLR » basées au Congo. Elle est fréquemment interrogée depuis son retour de son exil, et présentée comme une "hooligan" par le  président Kagamé, qui ne cesse aussi de demander l'extradition de responsables de l'opposition en exil. Le pouvoir du président Kagamé est d'ailleurs occasionnelle appuyé par l'ONU dans ses attaques contre le FDU, un rapport d'expert récent ayant reproché à Mme Ingabire d'avoir siégé à une table de dialogue national à laquelle se trouvaient des représentants du FDLR. Des Tutsis francophones sont aussi inquiétés.

 

Le deuxième élément est le remplacement du général James Kabarebe au poste de chef d'Etat major qui pourrait traduire une méfiance à l'égard de l'armée, mais cette information n'est citée semble-t-il que sur un blog.

 

Pendant ce temps les tribunaux rwandais tardent à juger l’ex-chef historique de la rébellion congolaise, Laurent Nkunda, arrêté au Rwanda en janvier 2009, accusé d'avoir commis de nombreux crime sde guerre au Congo, et toujours détenu à Kigali.

 

En ce qui concerne le Congo justement, sur Dissident voice, le journaliste Keith Harmon Snow accuse les forces de l'ONU d'avoir soutenu les forces gouvernementales congolaises contre la nouvelle guérilla les "Patriotes-Résistants de Dongo" dans la province d'Equateur et met en cause la propagande occidentale de l'Agence france presse et de Reuters qui dissimulent les vrais enjeux de la guerre au Congo oriental. Il rappelle aussi que la dernière grande opération humanitaire, l'initiative Congo, menée par l'acteur Ben Affleck est financée par Howard Buffet, dont la holding Berkshire Hathaway possède 18,5 % des parts du Washington Post (ce qui n'est guère de nature à assurer l'indépendance des grands médias étatsuniens sur ce sujet) et qu'en septembre 2008 le milliardaire Bill Gates, Howard Buffet, Paul Kagame et Yoweri Museveni ont lancé ensemble un partenariat “Purchase for Progress” avec le Programe alimentaire des Nations-Unies. Il révèle aussi que l'OTAN, le commandement africain des troupes américaines (Africom), les compagnies de sécurité privées Dyncorp and PAE (Pacific Architect & Engineers) d'avoir encadré des soldats ougandais et rwandais impliqués dans la répression de l'insurrection à Kisangani, mais aussi engagés au Soudan, en Irak et en Afghanistan comme supplétifs de l'armée américaine.

 

La nouvelle insurrection de Dongo est en tout cas en train d'infliger des revers sérieux aux troupes occidentales, sur lesquels les agences de presse occidentales restent pour le moins discrètes.

Lire la suite

Les USA perdent-il leurs alliés en Afghanistan et en Irak ?

7 Avril 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #x - Ingérence impérialisme global

Le 1er avril dernier le président de la République afghane placé au pouvoir à Kaboul par M. George W. Bush en lieu et place des talibans, M. Hamid Karzaï, a révélé le vrai visage des dernières élections du mois d'août en accusant les Etats-Unis et les Occidentaux d'avoir organisé des fraudes massives, largement acceptées par l'ONU. Dans la surenchère verbale qui a suivi ces déclarations, M. Karzaï a menacé de rejoindre les rangs des talibans.

 baghdad-bank.jpg

Le secrétaire de presse à la Maison blanche a refusé de dire s'il considérait toujour M. Karzaï comme un allié des Etats-Unis.

 

En Irak, aucun gouvernement n'a pu être constitué depuis les élections parlementaires du début du mois de mars. Trois des quatre partis chiites irakiens majoritaires n'ont pas hésité à se réunir directement en Iran pour être à l'abri des pressions américaines. Les dernières élections ont placé le premier ministre actuel Al Maliki juste derrière son rival, Iyad Allaoui qui a reçu beaucoup de voix sunnites et le soutien financier des monarchies du Golfe méfiantes à l'égard du chiisme. En Irak Allaoui est soupçonné de bénéficier du soutien de la CIA en tant que rempart potentiel contre l'Iran. D'ex membres de la CIA avaient déclaré en 2004 qu'Allaoui avait organisé des attentats pour le compte de leur agence en Irak dans les années 1990. L'issue des négociations sur la constitution d'un nouveau gouvernement reste des plus incertaines.

 

Tandis qu'une vidéo embarrassante montre des soldats américains tirant sur des journalistes de Reuters, on déplorait 41 morts et 437 blessés dans une série d'attentats à  Bagdad le weekend dernier. Les morts violentes de civils sont quotidiennes dans ces deux pays depuis l'invasion américaine.

Lire la suite

La Russie à l'épreuve du Caucase

3 Avril 2010 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Caucase

stbasile_spasskayatower_red_square_moscow.hires.jpgTrente-huit personnes, en plus de deux femmes kamikazes, ont été tuées dans le double attentat suicide commis lundi 29 mars dans la matinée dans le métro de Moscou. Par ailleurs douze personnes, dont neuf policiers, ont été tuées dans deux attentats-suicide mercredi à Kizlyar, près de la frontière avec la Tchétchénie le1er avril.

 

L'attentat a été revendiqué par Doukka Oumarov, "Emir du Nord Caucase", ancien président de l'Ichkérie qui revendique avoir des bases de l'Abkhazie jusqu'en Azerbaïdjan, une zone de première importance pour les routes du pétrole. La guérilla reste active dans les zones musulmanes du Caucase russe. En juin et en septembre dernier le président tchétchène Ramzan Kadyrov a accusé la CIA et la MI6 d'être présents aux côtés des rebelles islamistes. Par ailleurs l'American Committee for Peace in Chechnya est souvent désigné comme un organe de propagande américaine anti-russe tourné vers la Tchétchénie.

 

Dans cette région, outre l'activisme religieux au Daghestan et en Tchétchénie, le nationalisme circassien est aussi encouragé par des lobbys occidentaux. Comme le note Frédéric Delorca dans son dernier livre, "Abkhazie, A la découverte d'une "République" de survivants" (Ed. du Cygne 2010), un travail de promotion du nationalisme circassien (dans le Nord Ouest du Caucase) se développe dans la perspective des jeux olympiques de Sotchi de 2014, qui rappelle l'insurrection des moines tibétains à la veille des jeux olympiques de Pékin : "Sotchi était le port de départ de milliers de Circassiens déportés vers la Turquie.  2014 marquera la 150ème anniversaire de la victoire russe contre eux. Des voix s’élèvent au Caucase Nord, comme celle de l’Association circassienne internationale basée en république kabardino-balkarienne, et dans la diaspora des peuples déportés, pour que des symboles circassiens figurent dans ces jeux au même titre que les jeux de Vancouvert au Canada ont accordé une place aux Indiens victimes de génocide, ou ceux de Melbourne aux Aborigènes d’Australie . A défaut de pouvoir satisfaire les revendications circassiennes, les jeux de Sotchi pourraient être compris comme une provocation par les peuples du Nord-Ouest du Caucase et enflammer le ressentiment anti-russe. Des analystes russes début 2010 pointaient du doigt la décision récente de l’administration Obama d’augmenter les effectifs de USAID, l’agence des basses œuvres interventionnistes étatsuniennes, et accusait les associations adyguiennes comme Adyghe-Khasa, le Congrès circassien ou l’Association circassienne internationale qui réclament la reconnaissance du « génocide » de leur peuple d’appliquer en fait le programme de thinks tanks américains comme Rand Corp. et la Jamestown Foundation. Selon ces analystes cette activité qui joue sur des cordes tantôt ethniques tantôt religieuses contribue à la dé-russification rampante du Nord-Caucase . On peut d’ailleurs noter que la Fondation Carnegie à travers le Program on New Approaches to Research and Security in Eurasia (PONARS) finance publiquement des recherches très orientées vers le soutien aux revendications circassiennes."

 

Face à cette conjonction entre islamisme et nationalisme sur fond de fort taux de chômage, le Kremlin depuis quelques mois mise sur la répression. En février, le président russe Medvedev a nommé un « consul du Caucase », représentant du président de Russie, et vice-premier ministre, Alexandre Khloponine, 44 ans, ancien directeur de combinat, qui a déjà mis de l’ordre dans la région de Krasnoïarks en Sibérie en y intégrant  les territoires d’Evenk et Taïmyr. A cette occasion une grande région a été créée englobant le territoire de Stavropol et les Républiques autonomes de Karatchaevo-Tcherkessie, Kabardino-Balkarie, Ossétie du Nord, Ingouchie, Tchétchénie et du Daghestan, toutes ces entités pouvant à terme être absorbée par le territoire de Stavropol. Cette mesure, qui s'ajoute aux actions militaires et policières, passe pour un acte de méfiance à l'égard des autorités locales caucasiennes, et a été notamment critiquée par le président de l'Ingouchie

 

La spirale de la répression et du terrorisme pourrait, si elle se developpe, compromettre le retour récent de la Russie sur la scène internationale.

Lire la suite