Que veulent les Etats-Unis au Yémen ?

Mais des interrogations se développent autour des intentions véritables des Etats-Unis dans ce pays.
Le Yémen est, comme l'Afghanistan, un pays montagneux qui se prête à des actions de guérilla. Il compte une minorité chiite opprimée de près de 45 % de la population dont certains combattants s'inspirent du Hezbollah libanais, ce qui menace d'effet domino le sultanat pro-occidental d'Oman ibadite, et l'Arabie Saoudite, en phase de succession dynastique. Un article du Socialist Worker montrait récemment comment la stratégie occidentale avait abouti à laisser se développer à la fois des rebellions sunnites et chiites dans ce pays (alors qu'à l'époque de Nasser les chiites avaient été les alliés des Occidentaux), et comment l'Arabie saoudite était maintenant chargée de réprimer les Chiites au nord du yémen, quand les USA réprimeraient les sunnites du sud réputés sympathisants d'Al Qaida, avec dans les deux cas un gros risque d'échec militaire.
Dans un article récent d'Asiatimes, M K Bhadrakumar, diplomate indien, rappelle qu'il y a un an, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, faisait une révélation fracassante : les forces de sécurité de son pays avaient appréhendé un groupe d’islamistes liés aux forces des services secrets israéliens, signe de leur activité intense dans la région.
Il observe qu'en intervenant au Yémen, les Etats-Unis empêchent les Russes de reprendre leur base d'Aden (dans l'ex-Yémen du Sud à l'époque soviétique), et renforcent leur contrôle des routes commerciales vers l'Asie (surtout vers la Chine, ce qui est un moyen de contrecarrer les intérêts commerciaux de ce pays). Ils se dotent aussi d'une base supplémentaire pour pouvoir attaquer l'Iran.
Pour M K Bhadrakumar, il se joue là un renforcement l'alliance israélo-américano-indienne pour le contrôle de l'Océan indien (l'Inde a d'ailleurs renforcé sa présence militaire au large d'Oman). On rappellera à ce propos que l'OTAN pour la première fois de son histoire s'est dotée en 2008 d'une présence dans l'Océan indien au large de la Somalie.
70 % des Américains seraient favorables à l'envoi de troupes au Yémen alors pourtant que le gouvernement yéménite a clairement affirmé qu'il n'accepterait que des opérations aériennes, et que chacun s'accorde à voir dans le relief du Yémen un piège parfait pour les troupes américaines. A la demande du gouvernement américain, malgré sa pauvreté, le gouvernement yéménite doit assumer une campagne militaire et a massé ses troupes dans la région montagneuse de Mareb. En juillet, la même opération militaire dans cette région n'avait rien donné. Le gouvernement yéménite estime qu'il lutterait plus efficacement contre l'intégrisme islamiste en construisant des écoles, mais aucune aide consistante ne lui a jamais été donnée pour cela.
F. Delorca
Drame haïtien et néo-colonialisme

La mise en scène de l'aide humanitaire intenationale est l'occasion d'une véritable "pornographie compassionnelle néocoloniale" dans les médias occidentaux comme le souligne un article d'un site vénézuélien en français.
La France n'a pas été en reste en matière d'hypocrisie en demandant l'annuation de la dette d'Haïti, après avoir protégé pendant des décennies la dictature de la famille Duvalier (elle y a trouvé refuge en 1986 avec sa fortune personnelle volée à Haïti). La dictature duvaliériste a joué un grand rôle dans l'apauvrissement du pays, et la France a par ailleurs organisé, en 2004, avec les Etats-Unis (voir Atlas alternatif) le renversement d'Aristide, qui signait le refus de laisser à Haïti sa souveraineté - ce pays depuis lors est de fait sous tutelle de l'ONU.
Sur le terrain, le néocolonialisme était aussi à l'oeuvre. Le 16 janvier, à Port au Prince, des soldats américains de la 82ème division aéroportée se sont déployés sur l'aéroport pour empêcher une foule désespérée de fuir le pays. Les soldats américains, premiers arrivés sur les lieux, d'autorité ont sélectionné les réfugiés titulaires d'un passeport américain, refoulant les autres (y compris les titulaires de passeports européens), les condamnant ainsi à rester bloqués au milieu de l'enfer haïtien.
Aujourd'hui l'Etat haïtien sort ruiné du tremblement de terre, ce qui réduit à néant de nombreux efforts des ONG mais aussi des pays voisins membre de l'ALBA (Cuba, Venezuela) qui l'avaient associé à leurs programmes de coopération (notamment Pétrocaribe), pour redonner à ce pays une souveraineté. Les médecins cubains ont été parmi les premières équipes de secours sur place. Après les dons d'urgence, quand les caméras se seront éloignées, l'heure sera bientôt de nouveau à la remise en cause des raisons structurelles de la pauvreté d'Haïti qui la rend si démunie face aux catastrophes naturelles - la remise en cause du système impérialiste qu'elle subit depuis plus de deux siècles.
Diplomatie autour du nouvel Eldorado mongol
Dans Renaissance Capital du mois de décembre dernier, les spécialistes Roland Nash et Ovanes Oganisian estimaient que la Mongolie pourrait être le prochain tigre asiatique, grace à ses ressources en minerais.
La Mongolie a les premières réserves mondiales en cuivre. les neuvièmes réserves de charbon, ainsi que de l'uranium et des métaux rares. Son produit national brut devrait doubler d'ici à 2014. Elle serait ainsi une des économies les plus dynamiques dans les années à venir avec l'Azerbaïdjan et l'Angola. Le gisement d'or et de cuivre de Oyu Tolgoi dans le désert de Gobi devrait représenter à lui seul 10 % de ce PNB. Il sera exploité par la société canadienne Ivanhoe Mines en consortium avec l'australien Rio Tinto.
Pour affermir son indépendance face à la Russie et la Chine la petite Mongolie (3 millions d'habitants) dans les années 2000 s'était rapprochée des Etats-Unis, envoyant notamment un contingent de soldats en Irak et même en août dernier en Afghanistan pour aider Washington qu'elle appelle son "troisième voisin". Il n'y a toutefois pas eu de visite officielle étatsunienne de haut niveau depuis plusieurs années, Mme Clinton, qui s'était rendue en Mongolie en 1995, s'étant bornée à envoyer un message vidéo en décembre dernier.
Toutefois la dynamique économique de ce pays semble toujours tournée vers l'Eurasie (80 % de son commerce étant réalisé avec la Russie et la Chine). Le premier ministre mongol était en Chine en avril dernier. Un accord de coopération renforcé a été signé entre Vladimir Poutine et son homologue mongol en mars dernier portant sur l'agriculture, les infrastructures de transport, la formation universitaire et militaire ainsi que sur la coopération nucléaire (la construction d'une centrale est à l'étude).
La Mongolie cherche aussi de nouveaux partenaires en Eurasie. Le secrétaire général du Parti révolutionnaire du peuple mongol (membre de l'Internationale socialiste), Ukhnaa Khurelsukh était en visite au Vietnam cette semaine où il devait notamment rencontrer son homologue du PC vietnamien (il s'agissait donc d'une rencontre de parti à parti, et non d'une rencontre entre Etats). De son côté, l'Inde en août dernier a prêté 25 millions de dollars à ce pays pour combler son déficit budgétaire.
L'annonce des bonnes perspectives économiques de la Mongolie, répercutée depuis plus d'un an dans toute la presse internationale d'affaire, semble aussi raviver l'intérêt de certains européens. Javier Solana a reçu le premier ministre mongol à Bruxelles le 23 mars dernier. La presse n'a pas fait état des résultats de cet entretien.