Second sommet Afrique-Amérique latine au Vénézuéla
Hugo Chavez accueille ce week-end sur l'île de Margarita le second sommet Afrique-Amérique latine, dont il espère que sortira un front "anti-impéraliste" des pays du Sud.
Un des rares médias dominants à en parler, Reuters insiste sur le fait que le leader venezuélien attire à lui des leaders assez radicaux tels que les présidents libyen, zimbabwéen et soudanais, alors que l'Afrique du Sud serait davantage sur la ligne du Brésil et que beaucoup d'Etats africains seraient maintenant plus favorables aux Etats-Unis (depuis que le président Obama affiche une ligne "modérée").
Il faut noter tout de même que 61 pays (49 africains et 12 latino-américains) sont représentés, la plupart d'entre eux à un niveau présidentiel (Algérie, Burkina Faso, Gambie, Ghana, Libye, Mali, Mauritanie, Equateur, Namibie, Niger, République centrafricaine, Soudan, Sao Tomé et Principe, Swaziland, Afrique du Sud, Togo, Argentine, Bolivie, Chili, Brésil, Paraguay, Uruguay et Zimbabwe). Les absents sont les alliés des Etats-Unis (Colombie, Pérou, Guyana, Surinam). Le 1er sommet afro- latino américain s'est tenu les 30 novembre et 1er décembre 2006 à Abuja (Nigéria).
En marge du sommet de cette année divers accords bilatéraux seront signés entre pays africains et sudaméricains. Le Vénézuéla a notamment signé 7 accords de coopération avec la Libye. "La Libye, a déclaré l'ambassadeur vénézuelien à Tripoli Afif Tajeldine, pour nous est la porte de l'Afrique, car c'est un pays qui a un comportement socialiste reconnu par tous".
Dans son discours inaugural le président Chavez a annoncé la fin du monde unipolaire. Le président libyen qui s'exprimait juste après lui a estimé : "Les puissances mondiales veulent continuer à préserver leur pouvoir. Quand ils ont eu l'occasion de nous aider, ils nous ont traités comme des animaux, ils ont détruit nos terres. Nous avons aujourd'hui la chance de construire notre propre puissance." Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a proposé samedi la création d'une alliance militaire du Sud, calquée sur le modèle de l'Otan et sans objectifs "bellicistes", opérationnel à l'horizon 2011. La présidente argentine Cristina Kirshner Fernández a promis l'instauration de nouvelles relations internationales basées sur "la coopération et non plus la subordination" et offert l'aide de l'Argentine aux pays africains.
Les membres du sommet ont aussi dénoncé l'usage de la part des putschistes honduriens de gaz toxiques dans les locaux de l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa où le président légal du pays s'est installé.
F. Delorca
Sous prétexte d'une "menace" russe et chinoise, Big Brother durcira ses activités

A l'occasion de la présentation du rapport "2009 National Intelligence Strategy" le 16 septembre, le directeur du Renseignement national l'ex-amiral Dennis Blair a accusé Pékin de menacer le monde en modernisant son armée et en recherchant des matières premières sur d'autres continents.
Moscou inquiète aussi Washington. La Russie est considérée comme un Etat qui rétablit activement son influence globale et régionale. Moscou et Pékin figurent parmi les menaces potentielles pour les Etats-Unis dans le cyber-espace.
Dès lors, cela donne le droit aux Etats-Unis, selon Blair, de renforcer leur activité de renseignement. Andreï Fediachine sur Ria Novosi rapporte que "Dennis Blair a l'intention de doter le renseignement américain (toutes ses agences) de fonctions de contre-espionnage. Auparavant, cela signifiait le dépistage d'agents des services de renseignements étrangers. A présent, à en croire la nouvelle directive, le contre-espionnage devient l'une des tâches primordiales de l'ensemble du renseignement américain, il doit viser (pour reprendre les paroles de Dennis Blair), "en tant qu'objectifs, non seulement les gouvernements étrangers, mais aussi les agents non gouvernementaux, les groupements extrémistes, les hackers et les organisations criminelles qui sapent de plus en plus les intérêts des Etats-Unis par des myriades de moyens". Selon Dennis Blair, la communauté du renseignement devra lutter désormais contre les tentatives de manipuler la politique des Etats-Unis et les efforts diplomatiques, de torpiller nos plans militaires et nos systèmes d'armements, de détruire nos avantages économiques et technologiques". "
Ces déclarations interviennent à l'heure où l'extrême-droite états-unienne attaque Obama sur les questions de défense nationale.Une conférence spéciale sur le système de défense antimissile en Europe s'est tenue le 15 septembre à Washington, dans la fondation conservatrice Heritage, pour demander qu'Obama ne transige pas avec la Russie sur le projet de bouclier anti-missile (ce qu'Obama a cependant fait trois jours plus tard).
Succès et revers des pro-israéliens

A l'ONU, vendredi dernier, l'ambassadeur des Etats-Unis a vertement dénigré le rapport sur l'attaque de Gaza en décembre 2008, rapport élaboré par le sud-africain Richard Goldstone qui pourtant critiquait non seulement Israël mais ausi le Hamas. Dans une conférence de presse le représentant d'Obama Ian Kelly a déclaré que son pays souhaitait éviter un examen du rapport en assemblée générale ainsi que les risques de poursuites contre Israël devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre. Le même jour l'émissaire américain George J. Mitchell revenait d'Israël sans avoir obtenu le gel de la colonisation en Cisjordanie.
En France Nicolas Sarkozy a nommé la directrice pour la France de l’American Jewish Committee et conseillère UMP de Paris Valérie Hoffenberg "représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient", un poste pas forcément aussi important que le souligne Europalestine, mais cela indique quand même dans quel sens le vent souffle sur les politiques occidentales. Accusé d'antisémitisme et de tiersmondisme anti-israélien en 2006, le premier ministre espagnol Zapatero prévoit maintenant un voyage en Israel en octobre, son ministre des affaires étragères Moratinos étant très proche du ministre des affaires étrangères d'extrême droite israélien Lieberman.
Toutes fois, sur l'échiquier planétaire, les résistances marquent aussi des points : le 13 septembre le Parlement brésilien a recommandé de suspendre la ratification du traité de commerce entre Israël et le Mercosur. A Liverpool, jeudi dernier, le TUC (Trade Union Congress) au Congrès Annuel 2009 de Liverpool ce jeudi, par des syndicats représentants 6,5 millions de travailleurs anglais a voté à une écrasante majorité une motion proposant de mettre en œuvre un mouvement de masse pour boycotter, désinvestir et sanctionner Israël jusqu’à l’obtention d’un accord négocié fondé sur la justice pour les Palestiniens. La même semaine, on apprenait que la multinationale de droit français Veolia, sous a pression de l'opinion publique, a fini par se retirer du projet de tramway. Ce tramway promu par Ariel Sharon (toujours dans le coma depuis trois ans) était destiné à cimenter l’unification de Jérusalem. La survie même du projet qui est maintenant en cause.
La CIA, Al Qaida et la Turquie au Xinjiang et en Asie centrale

Comme l’avait précédemment décrit Mme Edmonds, et comme elle l’a confirmé dans cette interview, ce procédé impliquait l’utilisation de la Turquie (avec l’assistance d’acteurs provenant du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Arabie Saoudite) en tant qu’intermédiaire, qui à son tour utilisait Ben Laden et les talibans comme armée terroriste par procuration.
Selon Mme Edmonds : « Ceci a commencé il y a plus de dix ans, dans le cadre d’une longue opération illégale et à couvert, menée en Asie centrale par un petit groupe aux États-Unis. Ce groupe avait l’intention de promouvoir l’industrie pétrolière et le Complexe Militaro-Industriel en utilisant les employés turcs, les partenaires saoudiens et les alliés pakistanais, cet objectif étant poursuivi au nom de l’Islam. »
Le journaliste new-yorkais Eric Margolis, auteur de War at the top of the World, a affirmé que les Ouïghours, dans les camps d’entrainement en Afghanistan depuis 2001, « ont été entrainés par Ben Laden pour aller combattre les communistes chinois au Xinjiang. La CIA en avait non seulement connaissance, mais apportait son soutien, car elle pensait les utiliser si la guerre éclatait avec la Chine. »
L'action des services secrets états-uniens aux côtés des séparatistes ouïghours du Xinjiang n'est pas seulement passée par Al-Qaïda mais aussi par le milliardaire turc domicilié à Philadelphie depuis 1998 Fetullah Gulen qui finance des écoles islamiques (madrassas) en Asie centrale, et par Enver Yusuf Turani, premier ministre autoproclamé du "gouvernement en exil du Turkestan oriental" (qui est censé englober le Xinjiang chinois)... basé à Washington. Ces personnalités sont liées à Morton I. Abramowitz, directeur du National Endowment for Democracy, qui a joué un rôle important dans le soutien aux islamistes afghans sous Reagan et aux milices bosno-musulmanes et kosovares sous Clinton (dans le cadre de l'International Crisis Group). Le vice-président étatsunien Joe Biden qui s'est répandu en propos incendiaires contre la Russie récemment est aussi sur cette ligne.
Cette politique s'inscrit dans le cadre du plan Bernard Lewis à l'origine supervisé par Zbigniew Brzezinski sous l'administration Carter qui visait à maintenir un "arc de crise" dans les pays musulmans d'Eurasie pour faire main basse sur les ressources d'Asie centrale en hydrocarbures.
Certains observateurs soulignent cependant que vu leur dépendance économique à son égard et l'intérêt qu'ils peuvent avoir à jouer la carte de Pékin contre Moscou les Etats-Unis sont voués à garder officiellement une position modérée sur la politique de la Chine au Xinjiang (où de violentes manifestations touchent la province et provoquent la mort d'au moins 140 personnes le 5 juillet dernier) en compensation de la politique agressive de leurs services secrets dans la zone.
Pékin semble toutefois résolu à contrer les manoeuvres sécessionnistes sur son territoire, mais aussi à mener une action plus en profondeur sur le continent eurasiatique. C'est ainsi en tout cas que Nicolas Bardos-Feltoronyi, contributeur de l'atlas alternatif, analyse le prêt d'1 milliard de dollars que Pékin serait prêt à consentir à la Moldavie, pays charnière entre l'Union européenne et la Russie - un prêt sur 15 ans à un taux d’intérêt hautement favorable de 3%. Cette aide qui pourrait dissuader Chisinau de se rapprocher de l'Union européenne s'inscrirait selon l'auteur dans le cadre d'une coordination accrue des politiques étrangères russe et chinoise. C'est aussi l'analyse qu'en fait Jean Vanitier sur son blog.
Autre réplique à l'impérialisme états-unien en Eurasie, après la Libye, l'Algérie et la Syrie, le président vénézuélien Hugo Chavez s'est rendu le 7 septembre au Turkménistan, quatrième pays au monde pour les réserves de gaz après la Russie, l'Iran et le Qatar. Chavez a proposé à son homologue turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov d'adhérer au cartel gazier déjà évoqué sur ce blog. Le Turkménistan, actuellement en froid avec Moscou, est aussi très courtisé par l'Union européenne qui souhaite le voir adhérer à son projet de gazoduc Nabucco, ainsi que par la Chine.
F. Delorca