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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

La répression des "chemises rouges" en Thaïlande

14 Avril 2009 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Asie du Sud-Est-Pacifique

Pour la quatrième fois en 40 ans, en Thaïlande l'armée a tiré sur la foule qui demandait plus de démocratie. L'événement n'a pas suscité en Occident la même émotion que la répression de la place Tiananmen en Chine en 1989 et la répression des moines insurgés en Birmanie plus récemment. Et pour cause : le gouvernement qui fait tirer sur la foule est allié des élites occidentales.

La foule, elle, les "chemises rouges", est composée d'ouvriers, de paysans, de laissés pour compte du néo-libéralisme. Elle conteste la légitimité du Premier ministre, et des généraux qui en arrière plan contrôlent le régime. Ces "chemises rouges" soutiennent le millionnaire populiste en exil Thaksin Shinawatra qui lorsqu'il était Premier-ministre a lancé des réformes sociales (notamment il fut le premier à mettre en oeuvre un système de santé gratuite). Mais au sein de ce mouvement contestataire, selon Giles Ji Ungpakorn, professeur de Sciences politiques à l’université Chulalongkorn à Bangkok, des tendances plus autonomes apparaissent qui prennent leurs distances à l'égard de Thaksin et demandent l'abolition de la monarchie. Il ne s'agit donc pas uniquement de "clients" du milliardaire.

La classe dirigeante du pays, pour sa part, est prête à tout pour garder le pouvoir. Le 19 septembre 2006, elle a organisé un coup d'Etat pour renverser le gouvernement de Thaksin Shinawatra récemment réélu, dissout son parti, et organisé des milices (les "chemises jaunes"). Selon Thitinan Pongsudhirak, directeur de l'Institut des études de sécurité à Bangkok interviewé par Christiane Oelrich correspondante de Deutsche Presse-Agentur, si des élections avaient lieu aujourd'hui, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva serait battu et les Chemises rouges prendraient le pouvoir, ce que l'armée et les grandes familles thaïlandaises ne peuvent accepter.

On observe une grande retenue, et un grand embarras, au niveau international à l'égard de la Thaïlande qui est une pièce important de l'ordre économique globalisé (notamment pour le tourisme). Les puissances occidentales ont appelé leurs ressortissants à éviter les zones de tension. A gauche, en Occident, le point de vue des Chemises rouges est relayé au Royaume Uni par la mouvance du Socialist worker's party.

F. Delorca

Nb : pour un traitement particulièrement répugnant du mouvement social thaïlandais dans la presse bourgeoise française, voir Libération du 11 avril - http://www.liberation.fr/monde/0101561444-a-bangkok-la-foule-a-le-droit-de-tout-faire.



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Une nouvelle "révolution orange" en Moldavie ?

8 Avril 2009 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Europe de l'Est - Russie

La Moldavie était jusqu'ici avec Kaliningrad (qui appartient à la Russie) et la Serbie (toujours retenue aux portes de l'UE et qui a signé récemment un accord gazier avec Moscou) une des trois enclaves sur lesquelles la Russie pouvait jouer pour faire pression sur les Occidentaux en Europe. C'est aussi la plus fragile : c'est un petit pays pauvre, rural, à l'identité culturelle peu marquée (les russophones y sont nombreux, même hors de Transnistrie, et la langue roumaine n'y est pas très "académique").

Le président communiste Voronine (au pouvoir depuis 2001) après avoir pendant un temps joué la carte de l'adhésion à l'Union européenne s'était rapproché de Moscou, renonçant à la perspective d'un rattachement avec la Roumanie, voulu par les nationalistes de ce pays. Mais ce rêve du rattachement (qui a provoqué la sécession de la Transnistrie en 1991, aujourd'hui en passe de se réconcilier avec Voronine), un rêve qui mêle l'aspiration à rejoindre l'Union européenne à de vieux relents russophobes (dont les effets les pires se manifestèrent dans les années 1940), est loin d'être épuisé, à Chisinau comme à Bucarest, d'autant que beaucoup de Moldaves depuis 2002 ont acquis la double nationalité moldave-roumaine, tolérée par le gouvernement (notamment pour faciliter les perspectives de migration vers l'Union européenne).

Dimanche dernier à l'issue de la victoire du parti communiste (au pouvoir) au terme d'élections jugées régulières par l'OSCE. A l'annonce des résultats, des manifestants protestant contre la victoire du Parti communiste aux législatives de dimanche avaient pénétré en force dans les bureaux de la présidence et dans l'enceinte du Parlement. D'emblée l'idée qu'il pouvait s'agir d'une "révolution colorée" manipulée de l'extérieur, comme en Ukraine ou en Géorgie, est venue à l'esprit des observateurs. Un député russe, Vladimir Pekhtine, a proposé de l'appeler la "révolution des lilas". Reuters hier témoignait de l'arrivée massive par bus entiers de gens de Roumanie pour soutenir les manifestations à Chisinau, une façon d'organiser des manifestations "spontanées" comme on en vit déjà à Belgrade, à Kiev, à Tbilissi.

Le président moldave Vladimir Voronine a accusé la Roumanie d'être impliquée dans les violentes émeutes. Il a expulsé l'ambassadeur de Roumanie, et approuvé dans la foulée l'introduction d'un régime de visas avec la Roumanie (la Roumanie a introduit un régime de visas pour les Moldaves après son adhésion à Union européenne en 2007).  Il a déclaré aujourd'hui que les "sponsors des troubles" de Chisinau avaient quitté le pays et que 118 organisateurs des violences avaient été arrêtés tout en évitant de réprimer violemment les collégiens et lycéens mobilisés par les opposants. Les médias atlantistes français, à commencer par Le Monde, donnent la parole ce soir aux partisans des insurgés. La BBC qui rapporte les propos du responsable de son service Russie Mark Grigoryan estime toutefois que le PC moldave bénéficie du soutien populaire et que les émeutiers ont peu de chances d'obtenir gain de cause.

FD
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L'ardeur états-unienne s'enflamme contre la Corée du Nord

6 Avril 2009 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Chine-Extrême Orient

Une réunion de trois heures du Conseil de sécurité de Nations Unies hier n'a débouché sur aucune nouvelle résolution contre la Corée du Nord. Les Etats-Unis en particulier avaient plaidé pour une réponse dure suite au lancement manqué d'un satellite de télécommunications par ce pays. La Russie et la Chine, comme c'est souvent le cas dans les conflits, ont tenté de modérer l'ardeur belliqueuse des Etats-Unis et poussé les protagonistes de part et d'autre à "faire preuve de retenue". Dans les discussions à huis-clos les Etats-Unis et le Japon exigeaient la fermeté, mais leur projet de résolution a été largement sabordé par le Vietnam et la Libye.La Russie et la Chine ont obtenu qu'une étude supplémentaire soit menée pour savoir si le lancement correspondait à un satellite ou un missile.

L'ardeur belliqueuse des citoyens étatsuniens semble chauffée à blanc puisque 57 % d'entre eux sont favorables à une attaque militaire de la Corée du Nord (malgré la présence de puissances nucléaires comme la Russie et la Chine à proximité). A Prague M. Obama, le 5 avril, dans un discours qui visait la Corée du Nord et l'Iran (et défendait le bouclier anti-missile qui neutralisera la défense des Russes), avait eu le culot d'affirmer que le fait que les USA aient été les premiers à utiliser l'arme nucléaire à Hiroshima et Nagazaki leur donnait le devoir moral d'empêcher d'autres pays de se défendre en se dotant ce type d'arme ("Les Etats-Unis, en tant que seule puissance nucléaire à avoir jamais utilisé une arme nucléaire, ont la responsabilité morale d'agir"). L'ancien président républicain de la chambre des représentants Newt Green a suggéré sur Fox News de neutraliser les équipements électriques de la Corée du Nord par des impulsions électromagnétiques. La bombe EMP Electromagnetic Pulse ou e-bombe est un engin destiné à saturer l'environnement d'ondes électromagnétiques de toutes longueurs d'ondes pour détruire de façon définitive les composants électroniques de tout ordinateur ou système électronique, supports de communications, lignes électriques ou téléphoniques dans sa zone d'action. Un engin nucléaire de ce type(explique Wikipedia) explosant dans l'atmosphère affecterait une superficie de plusieurs millions de kilomètres carrés, empêchant notamment tous les transferts d'informations véhiculés par des ondes électro-magnétiques (radio, télévision, systèmes informatiques, etc.) Une telle bombe donne un avantage stratégique énorme en paralysant l'ennemi sur son propre terrain et du fait d'un plus que probable black-out provoque une panique au sein de la population.Cette utilisation n'évite pas la contamination radioactive ou l'irradiation. Les habitants d'Extrême-Orient n'ont qu'à bien se tenir...

Le ministre des affaires étrangères de Singapour, sur la même ligne que les Russes et les Chinois, a invité toutes les parties en présence à "faire preuve de retenue" et à "réduire les tensions dans le cadre du dialogue à six" (les deux Corées, la Chine, la Russie, les USA et le Japon). Une position sage...

FD
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