Le monde multipolaire au menu de l'OCS
Une réunion du Conseil des chefs de gouvernement des pays membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), notamment consacrée à la crise financière mondiale, s'est tenue les 29 et 30 octobre à Astana (Kazakhstan). L'OCS regroupe la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan. L'Iran, le Pakistan, l'Inde et la Mongolie ont le statut d'observateurs.
Le Premier-ministre russe Vladimir Poutine s'y est fait l'avocat d'un monde multipolaire en train de se constituer : selon lui, la confusion qui règne dans l'économie mondiale et sur les marchés financiers témoigne du changement dans les relations internationales. "Le déclin de la politique d'égoïsme économique s'est dévoilé dans toute sa splendeur", a-t-il conclu (http://fr.rian.ru/world/20081030/118026599.html).
Le chef du gouvernement chinois Wen Jiabao pour sa part a dévoilé une série de propositions en vue d'intensifier la coopération avec les Etats membres de l'OCS, visant à simplifier le commerce et les investissements, à créer un réseau régional d'infrastructures (énergie, transports, communications) et à resserrer les liens entre les cercles d'affaires (http://fr.rian.ru/world/20081030/118028547.html). La Chine, dont les échanges avec les pays de l'OCS entre janvier et août ont atteint 55,8 milliards de dollars (+35% en glissement annuel), espère que cet indicateur atteindra 80 à 100 milliards de dollars à la fin de l'année. Il existe une l'Union interbancaire de l'OCS qui devrait se réunir dans quelques jours en Chine pour étudier une stratégie commune de résistance à la crise financière mondiale (http://fr.rian.ru/business/20081030/118029435.html). Un des apects de cette stratégie pourrait être le renoncement progressif au dollar comme monnaie de réserve et d'échange (http://fr.rian.ru/world/20081030/118032387.html).
Le premier ministre kirghiz Igor Tchoudnov a proposé quant à lui d'élaborer une Stratégie de sécurité alimentaire de l'OCS - http://fr.rian.ru/world/20081030/118026787.html.
En marge du sommet le Premier ministre chinois a rencontré le premier vice- président iranien Parviz Davoudi (http://www2.irna.ir/fr/news/view/menu-374/0810313421174450.htm).
FD
Et pendant ce temps en Palestine...
L'Egypte a apporté une nouvelle fois sa contribution au blocus qui asphyxie le territoire palestinien de Gaza en détruisant récemment trois tunnels facilitant la contrebande à sa frontière avec l'enclave palestinienne de la bande de Gaza, a rapporté samedi l'agence de presse égyptienne MENA. L'Egypte a intensifié la lutte contre les tunnels après avoir négocié un cessez-le-feu entre le Hamas et le côté israélien en juin 2008, tuant au total 40 trafiquants palestiniens depuis le début de l'année (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-11/02/content_753281.htm).
Néanmoins c'est au Caire que devrait se tenir le 9 novembre un dialogue rassemblant toutes les factions palestiniennes en vue de la constitution d'un gouvernement d'union nationale entre le Fatah qui gouverne la Cisjordanie (et réprime les opposants pour plaire à l'occupant israélien http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5282) et le Hamas qui gouverne Gaza (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-11/02/content_753271.htm).
Des initiatives de solidarité avec la population de Gaza continuent dans le monde. Le 29 octobre, le bateau "Dignity", parti de Chypre la veille, a accosté à Gaza vers 8 H ce mercredi matin, avec à son bord 27 militants des droits de l’Homme, venus de 13 pays, dont le prix Nobel de la Paix Mairead Corrigan Maguire, le ténor italien Joe Fallisi, le député palestinien Moustapha Barghouti, le député israélien du parti arabe Balad, des avocats, des médecins. Israël avait menacé de l'arraisonner mais s'est abstenu (http://www.europalestine.com/spip.php?article3445).
Pour avoir une idée des conséquences du blocus israélien de Gaza sur la population, on peut se reporter au témoignage du journaliste Samah A. Habeeb sur http://www.europalestine.com/spip.php?article3429.
En ce moment un citoyen français Salah Hamouri, membre d’une association de jeunesse réputée proche du Front Populaire de Libération de la Palestine, est incarcéré en Israël depuis trois ans sans jugement (http://www.france-palestine.org/article7743.html). Le Quai d'Orsay ne se mobilise guère pour sa libération (http://www.oulala.net/Portail/IMG/_article_PDF/article_3696.pdf).
FD
Attaque contre la Syrie

Ces deux attaques contre des pays souverains suscitent des réactions hostiles dans l'opinion publique internationale y compris chez les alliés ou ex-alliés de Washington. Les Britanniques eux-mêmes se sont indignés de l'agression contre le Pakistan (http://dailytimes.com.pk/default.asp?page=2008\11\01\story_1-11-2008_pg7_25). En ce qui concerne la Syrie, le gouvernement irakien pro-américain s'est senti embarrassé par les frappes. Ni le Premier ministre Nuri al-Maliki ni le Président Jalal Talabani n'avaient été préalablement informés de l'attaque(http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/JK01Ak05.html).
La Syrie est l'objet d'agressions fréquentes de la part des Etats-Unis et d'Israël. Le gouvernement de Tel-Aviv avait bombardé Deir Al-Zour, en septembre 2007. Des "accidents" mystérieux ont eu lieu sur le territoire syrien : l’assassinat d’Imad Mughniyeh, leader du Hezbollah, assassiné à Damas, en février dernier, celui du général Mohammed Suleiman, conseiller pour la sécurité du président Assad, assassiné à Tartous, ville côtière au nord de la Syrie, il y a environ deux mois (http://fr.rian.ru/analysis/20081028/117998491.html). "Le dénominateur commun de toutes ces opérations est que plus personne ne prend la Syrie au sérieux, étant donné les violations répétées de sa souveraineté. Le pays n’a sans doute jamais connu une telle instabilité." conclut même le quotidien israélien Haaretz ( http://www.courrierinternational.com/article.asp ?obj_id=90851).
Par delà le succès militaire très douteux de ce qui est peut-être une des dernières opérations de l'administration Bush, l'effet politique, lui est désastreux, dans la région. Les sunnites iraquiens qui ont été bien traités par la Syrie depuis 2003 (des centaines de milliers y sont d'ailleurs réfugiés, un certain nombre de leurs "tribus" étant à cheval sur les deux côtés de la frontière) ont été exaspérés par cette attaque contre leur voisin et pourraient se montrer plus réticents à aider les Etats-Unis à combattre Al Qaida dans le cadre des Awakening Councils (conseils des sages). Les chiites redoutent que l'attaque contre la Syrie soit une étape dans une reprise du processus de guerre contre l'Iran. Le néoconservateur John Bolton, ex ambassadeur de Bush aux Nations-Unis, a d'ailleurs à nouveau agité le spectre de la guerre sur la chaine saoudienne al-Arabiya (émission Bi Saraha) - voir l'analyse de Sami Moubayed sur Asia Times Online http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/JK01Ak05.html.
Surtout le regain d'anti-américanisme que cela provoque en Irak rend difficile la signature de l'accord avec le gouvernement de Bagdad sur le statut des forces d'occupation états-uniennes (Status of Forces Agreement - SOFA) dont le mandat validé a posteriori par l'ONU prend fin cette année.

FD