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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Iskander contre ABM

23 Août 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #x - Non alignement - résistances

Après l’agression géorgienne contre l’Ossétie du Sud, les relations entre Washington et Moscou se tendent. Les États-Unis ont renoncé à participer aux exercices antiterroristes russo-américains Active Endeavour en Méditerranée, qui ont lieu régulièrement depuis 2005, a annoncé vendredi à Sébastopol un responsable de l'État-major de la flotte russe de la mer Noire (http://fr.rian.ru/world/20080822/116217546.html ). Les Russes eux ont suspendu leur coopération avec l’OTAN. Le représentant spécial de l'OTAN dans le Caucase Sud Robert Simmons a promis que son organisation soutiendrait la candidature de la Géorgie à son entrée dans l'Alliance atlantique et le général John Craddock qui l'accompagnait a promis l'aide américaine à la reconstruction de l'armée de ce pays (http://www.kommersant.com/p1014239/Russia_Georgia_South_Ossetia_conflict/). Divers pays ralliés à l’OTAN à la périphérie de la Russie comme la Pologne et la Roumanie se sont rendus au chevet du régime de Saakachvili ces derniers temps.


La réplique russe aux pressions exercées à ses frontières pourrait avoir des effets dans diverses régions de l’Eurasie, à commencer par le Proche-Orient.


La Syrie, dont le président est en visite à Moscou, a annoncé son intention d’inciter la Russie à baser des missiles défensifs Iskander sur son territoire. "Notre position est la suivante : nous sommes prêts à collaborer avec la Russie dans le renforcement de sa sécurité. J'estime que la Russie doit penser à sa réponse lorsqu'elle sera encerclée" a déclaré le président Bachar El-Assad au quotidien Kommersant. Ce pourrait être la réplique russe à l'installation du dispositif antimissile américain en Europe de l'Est (http://fr.rian.ru/world/20080820/116150189.html). Il avait été question quelques semaines plus tôt  d’installer des missiles russes à Cuba, mais le gouvernement cubain a refusé, se disant mécontent de la façon dont les Russes en 2001 ont fermé sur leur sol la station radar Lourdes sans les consulter (http://fr.rian.ru/world/20080804/115675726.html).


Le renforcement du dispositif défensif de la Syrie ne sera évidemment pas sans conséquence sur le rapport de force entre alliés et adversaires des Etats-Unis dans la zone.


Le déploiement des missiles Iskander comme réplique possible au bouclier anti-missile (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-5776544.html) américain (ABM) est également envisagé par certains commentateurs russes en Europe de l’Est.
Vladimir Zaritski, commandant des Troupes de missiles et d'artillerie des forces armées russes, avait avancé l’hypothèse en novembre dernier d’un déploiement en Biélorussie, ce qui supposait la dénonciation du Traité sur l'élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée (FNI) - http://fr.rian.ru/analysis/20071116/88413280.html .  

Pas de vente de missiles en vue en Asie centrale, mais la poursuite d’une coopération militaire : le ministre de la défense russe s’est rendu à Tachkent cette semaine à l’occasion d’exercices de défense antiterroriste russo-ouzbeks. A Tachkent se tient en ce moment le procès controversé du groupe Akramia accusé d'être responsable de l’insurrection d'Andijan en Ouzbékistan en 2005 (un procès qui fait quelques victimes collatérales parmi divers opposants au gouvernement ouzbek si on en croit le journal Kommersant http://www.kommersant.com/t611084/r_2/n_20/A_Trial_Is_Executed/, voir sur ce dossier http://www.voltairenet.org/image/article17291.html et http://www.carnegieendowment.org/publications/index.cfm?fa=view&id=18453&prog=zru).

FD

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Crimes de guerre géorgiens et défaite américaine

15 Août 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Caucase

A près avoir favorisé les incidents frontaliers dans les zones de "conflit gelé" en juillet (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-21143606.html), le gouvernement nationaliste géorgien a attaqué l'Ossétie du Sud dans la nuit du 7 au 8 août 2008, provoquant en une seule nuit entre 1 600 et 3 500 morts dans une population civile de seulement 95 000 habitants et dont un tiers avait pourtant déjà fui vers la Russie (voir le blog http://ossetie.canalblog.com/).

Les gouvernements occidentaux, prompts à soutenir les sécessionnistes contre les pays qu’ils n’aiment pas (celui du Kosovo contre la Serbie, celui du Tibet contre la Chine) avaient refusé 1991 d’approuver l’indépendance des minorités opprimées de Géorgie comme les Abkhazes, et les Ossètes du Sud, fidèles à l'URSS (qu'elles ont soutenue dans un référendum de 1991), puis constitués en Républiques autoproclamées (ratifiées par référendum en Ossétie du Sud en 1992 et 2006, et en Abkhazie en 1999). Après avoir renversé le régime de Chevarnadze en 2003 à l'aide d'une "révolution des Roses" financée par les ONG étatsuniennes, ils ont massivement armé la Géorgie. Parmi les principaux fournisseurs d'armes au cours des derniers mois figurent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Grèce, la Turquie, Israël, la Lituanie, l'Estonie, l'Ukraine et même le gouvernement pro-occidental de la Serbie qui espérait probablement que l'action militaire géorgienne légitime son propre souhait de récupérer le Kosovo, au risque de se brouiller avec Moscou qui, pourtant, soutient sa position à l'égard de Pristina, à moins qu'il ne sagisse comme l'affirme le ministre de la défense serbe de munitions acheminées via la Croatie sans l'accord des autorités de Belgrade (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=08&dd=15&nav_id=52722)

La désinformation pour présenter ce conflit comme le résultat d'une "agression russe" a fonctionné à plein régime dans les grands médias, qui n'ont pas dit un mot des exactions géorgiennes contre les civils.

L'attaque géorgienne présentait plusieurs avantages pour les Occidentaux. Outre celui de mettre la Russie en difficulté diplomatique, elle offrait une chance de sécuriser le projet de pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui amènerait le gaz d'Azerbaïdjan et le pétrole du Turkménistan en Israël et en Europe occidentale via la Géorgie et la Turquie (http://www.debka.com/article.php?aid=1358) et de montrer aux puissances eurasiatiques tentées de collaborer entre elles (la Russie, l'Iran, l'Inde) que les alliés des Occidentaux restent en position de force dans la zone.

La contre-attaque russe s'est révélée particulièrement efficace. Malgré l'aide des avions de transport états-uniens qui ont rapatrié en Géorgie 2 000 soldats de ce pays stationnés en Irak(http://fr.rian.ru/world/20080811/115952146.html), les Géorgiens ont dû très vite battre en retraite. Comme l'a souligné le cabinet de conseil Stratfor Washington avait sous-estimé l'armée russe (http://www.stratfor.com/memberships/121623), le conflit en Ossétie du Sud a démontré la capacité de Moscou à mener des opérations militaires et à s'imposer face aux troupes formées par des instructeurs américains, ce que les Etats-Unis n'avaient pas cru possible. C. J. Chivers  du New-York Times parlait le 11 août d'une possible catastrophe pour les USA et faisait état des doutes de certains spécialistes sur le soutien apporté à Saakachvili (http://www.iht.com/articles/2008/08/11/europe/11ticktock.php?page=1), une situation qui rappelle la position des Occidentaux après l'échec de la Blitzkrieg israélienne au Liban en 2006.

Poussant leur avantage au delà de la simple réconquête de l'Ossétie du Sud, les Russes ont empiété sur le territoire géorgien, donnant l'occasion aux Occidentaux de multiplier les condamnations, et les menaces de représailles diplomatiques. La rhétorique des pays de l'OTAN a toutefois subi quelques nuances de la part de certains pays comme l'Italie : Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères dans La Stampa du 11 août 2008 mettait en garde contre la constitution d'une "coalition anti-russe".  Certains spécialistes estiment que la victoire russe donne raison à l'Allemagne et la France qui avaient refusé l'adhésion de la Géorgie à l'OTAN au printemps (http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/7557915.stm).

A l'occasion de l'investiture du président paraguayen Fernando Lugo à Asuncion, le président vénézuélien Hugo Chavez a accusé les Occidentaux d'avoir ordonné aux Géorgiens d'envahir l'Ossétie du Sud. "L'administration des Etats-Unis, à laquelle les dirigeants géorgiens sont totalement soumis, a provoqué l'incendie qui a embrasé le Caucase. Le président américain, l'impérialiste Georges Bush, a sans aucun doute donné l'ordre aux forces armées géorgiennes d'envahir l'Ossétie du Sud en brûlant les villes et les villages et en tuant des innocents. La partie russe avait toutes les raisons d'agir comme elle l'a fait", a t-il déclaré (http://fr.rian.ru/world/20080815/116063740.html).

Les liens entre les dirigeants occidentaux et le régime de Saakachvili à Tbilissi commencent à faire l'objet d'investigations. Seumas Milne dans The Guardian du 14 août 2008 révèle que le néo-conservateur Randy Scheunemann, ancien conseiller de  Rumsfeld et président du Committee for the Liberation of Iraq, maintenant conseiller pour les affaires étrangères du candidat républicain John McCain a reçu 900 000 dollars du gouvernement géogien depuis 2004 (http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2008/aug/14/russia.georgia). Milne souligne que si la Géorgie avait fait partie de l'OTAN, l'agression déclenchée par le gouvernement de Saakachvili aurait été susceptible de conduire, en vertu des closes-mêmes du Traité de l'Atlantique nord, tous les pays occidentaux à intervenir militairement au soutien de Tbilissi.

 

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Pour contrer certaines caricatures occidentales sur la Chine

6 Août 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Chine-Extrême Orient

Dictature brutale d’un parti monolithique, pays nationaliste voire xénophobe, régime qui surexploite sa main d’oeuvre sous-payée. Toujours les mêmes clichés circulent à propos de la Chine depuis dix ans.

A l’approche des Jeux-Olympiques toutefois quelques sons de cloches différents se font entendre qui révèlent une réalité plus complexe.

Sur le traitement de la main d’œuvre un chroniqueur déclare « J’ai visité en Chine des usines où les ouvrier(e)s travaillaient pour 90 à 100 € par mois, dans de bonnes conditions de travail. C’est un bon salaire là-bas. Mais dans une grosse boîte de la sidérurgie, c’était 600 €, ce qui est un très bon salaire. Mais ça reste toujours inférieur aux nôtres, en chiffres absolus. Certaines catégories sont (ou étaient) certainement sous-payées. Mais les choses changent. De nouvelles lois sur le travail (contrats, salaires, etc.). font que les entreprises peuvent de moins en moins faire ce qu’elles veulent. La présence de l’ACFTU (syndicat officiel) pèse, malgré toutes les critiques adressées à son égard par les médias occidentaux. » (Marc van Campen http://romaindecourcelles.spaces.live.com/blog/cns!AF336575BD9B73BE!1269.entry). Le même chroniqueur note qu’une des preuves de la progression des salaires se trouve le fait que le numéro deux mondial des équipements sportifs, l’allemand Adidas, va transférer une partie de sa production car il juge le niveau des salaires en Chine dorénavant trop élevé. Le revenu par habitant a été multiplié par cinq ! Il était, d’après la Banque mondiale, de 190 dollars l’an en 1978, il est de 1000 dollars environ en 2004. Cela a permis  à 400 millions de Chinois de sortir de l’extrême pauvreté-moins d’un dollar par jour. Réservés à l’élite pendant un temps, le réfrigérateur, le vélo et le téléphone sont devenus des biens de consommation courante pour des centaines de millions de personnes. En termes de « parité de pouvoir d’achat », la Banque mondiale estime à 4000 dollars le PIB par habitant, dix fois moins « seulement» que celui des Etats-Unis.» (Erik Izraelewicz  Quand la Chine change le monde, Paris, Grasset, 2005).

Les ouvriers et paysans chinois continuent à défendre des avantages issus du système socialiste face à la logique de la globalisation néo-libérale. Les statistiques des “incidents de masse, manifestations ou révoltes” sont passées de 10 000 en 1994 à 58 000 en 2003 et 74 000 en 2004 (New York Times, 24.8.2005) ce qui est le signe du dynamisme de la société. Un article de la Monthly Review de 2006 (http://www.monthlyreview.org/0606weil.htm) expliquait qu’à la différence de ce qui s’est passé en Europe de l’Est, l’expérience qu’ont beaucoup de travailleurs chinois dans le cadre des anciennes organisations socialistes les aide à résister aux excès du capitalisme et à s’organiser notamment contre la corruption. Dans des villes berceau de la révolution chinoise comme Zhengzhou, même si le degré de participation des travailleurs dans la gestion des usines d’Etat restait limité, ceux-ci gardent le sentiment qu’elles leur appartiennent. L’efficacité de l’organisation ouvrière se réflète dans certains conflits comme celui de l’usine d’équipement de transmission électrique de Zhengzhou en 2001 où la police paya des paysans pour enlever les équipements de l’usine pour faire échouer soulèvement ouvrier contre la privatisation. Le fait que la police ne puisse elle-même faire le travail était le signe de la mobilisation contre elle. Et, même quand les paysans intervinrent,le 24 juillet 2001, 40 000 ouvriers de toutes les usines alentour se liguèrent contre eux en une bataille rangée, et la privatisation échoua. Les mouvements sont menés pour la conservation des « lois de Mao » et la statue de Mao est devenue dans cette ville le point de ralliement de manifestations (interdites) des étudiants de gauche. Le renouveau de la gauche, qu’il soit d’inspiration maoïste ou pas se manifeste dans des pétitions comme celle du Zhengzhou 4 ou la lettre d’anciens membres du PC, militaires et intectuels d’octobre 2004 à Hun Jitao, intitulée « Nos vues et opinions sur le paysage politique actuel ». Malgré la dissolution des communes populaires 1 % des villages ont gardé des structures collectivistes et un renouveau des coopératives a été constaté. L’héritage de la révolution culturelle commence à être réévalué dans les milieux intellectuels où l’on parle de plus en plus « d’apprendre des masses », et, le congrès du PC chinois fut l’occasion d’un débat sans précédent sur le socialisme. Sur le néo-maoïsme en Chine aujourd’hui on peut aussi lire «Renouveau Maoïste et Aspirations Démocratiques » (http://thirdworldforum.net, http://alternatives-international.net/article2346.html) publié le 31 juillet 2008.

Cette situation est de nature à favoriser un réancrage à gauche de certains secteurs du PC chinois lequel n'a pas officiellement renoncé à l’objectif socialiste, dans son discours ni même dans certaines de ses pratiques en témoigne l’article « Li Qiqing: La modernisation du système financier et bancaire en Chine » sur le contrôle des banques dans ce pays (http://socio13.wordpress.com/2008/08/02/li-qiqing-la-modernisation-du-systeme-financier-et-bancaire-en-chine/).

Pour ce qui est du « nationalisme » chinois, et qui doit plutôt être analysé comme un réflexe anti-impérialiste d’une nation humiliée par le colonialisme occidental pendant plusieurs générations (et qui l’est encore bien souvent), on peut se reporter à l’article de Jean-Louis Rocca « Des Chinois contre la mondialisation » dans Critiques internationales 2002- 2 (no 15)| ISSN 1290-7839 | ISSN numérique : en cours | ISBN : 2-7246-2941-8 | page 70 à 74

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