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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Delhi et les pouvoirs occidentaux contre la révolution népalaise ?

20 Juillet 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Sous continent indien

Les valeurs de gauche semblaient marquer des points au Népal depuis le renversement de la monarchie le 29 mai dernier, qui devait conduire à la formation d'un gouvernement dirigé par les ex-rebelles maoïstes. Mais c'était compter sans la méfiance que cette perspective éveille dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis qui maintiennent le parti maoïste sur leur liste des "organisations terroristes".

Les parlementaires népalais n'ont pas réussi, samedi 19 juillet, à élire le premier président du pays. Depuis sept semaines, la plupart des décisions politiques ont été paralysées par le blocage sur le choix du président (qui n'aura pourtant qu'un rôle honorifique) et le ton commence à monter entre les trois principaux partis qui conduisent le processus de passage à la République. Pushpa Kamal Dahal 'Prachanda' leader du parti maoïste a mis en garde le parti de Congrès népalais, le parti communiste-marxiste léniniste, et le Madhesi Janadhikar Forum (représentant les habitants de la plaine du Terai) contre toute alliance "contrenature" entre eux. Netra Bikram Chand, membre du secrétariat central du comité central du parti maoïste, dans un discours prononcé à Birgunj samedi, a dénoncé une conspiration d'éléments extérieurs contre l'arrivée au pouvoir des maoïstes et n'a pas exclu un retour à la lutte armée (http://www.nepalnews.com/archive/2008/jul/jul19/news09.php).

Officiellement pourtant les puissances occidentales semblent soutenir le consensus des partis politiques népalais. Lord Malloch Brown ministre britannique des affaires étrangères chargé de  l'Afrique et de l'Asie en visite au Népal samedi dernier s'est dit attaché à ce que les partis népalais travaillent ensemble (http://www.nepalnews.com/archive/2008/jul/jul19/news03.php).

Netra Bikram Chand avait déjà développé la thèse d'un complot en juin dernier."Le Parti du Congrès népalais est devenu la marionnette (stooge) des étrangers et son objectif final est de désintégrer le pays" avait-il déclaré "Les impérialistes et les forces féodales se serrent les coudes (have joined hands) pour marginaliser la victoire du peuple népalais ".  (Weekly Telegraph 29 juin 2008 http://telegraphnepal.com/news_det.php?news_id=3644)

L'attaque viserait surtout l'Inde. Certains analystes font remarquer que l'Inde entretenait des relations positives avec les maoïstes népalais au moment de l'abolition de la monarchie, notamment par l'intermédiaire de Sitaram Yachuri, membre du bureau politique du parti communiste indien, qui servait de courroie de transmission entre Delhi et les ex-guérilleros népalais (http://www.peoplesreview.com.np/2006/040506/index.html). Mais le 9 juillet dernier le Parti communiste d'Inde (marxiste) a retiré son soutien au gouvernement indien de centre-gauche en raison de sa détermination à ratifier l'accord nucléaire avec les Etats-Unis annoncé par le président Bush en 2007(http://www.washtimes.com/news/2008/jul/09/communists-leave-coalition/). La fin de la médiation du PC indien aurait accéléré la prise de distance entre les maoïstes et l'Inde.

On serait ainsi dans un schéma où l'Inde, après avoir joué la carte des partis de gauche au Népal, tout en resserrant ses rapports sur la scène internationale avec les Etats-Unis (notamment contre la Chine), entrerait désormais dans une logique d'affrontement avec les maoïstes népalais, devenant ainsi l'instrument des intérêts féodaux népalais et des intérêts occidentaux dans la région (qui n'ont rien à gagner à la mise en oeuvre d'une vraie politique de gauche égalitariste et souverainiste au Népal).

FD
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La grande braderie du Congo (RDC) se poursuit

15 Juillet 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

La grande braderie du Congo (un des Etats africains les plus vastes, les plus peuplés et les plus riches en matières premières) se poursuit. A l’initiative de la Banque mondiale, s’est tenu à Kinshasa du 24 au 25 juin 2008, un séminaire regroupant les représentants du gouvernement, du comité de gestion de la SNEL (Société nationale d’électricité) et la délégation syndicale de cette entreprise.

Le premier jour des travaux, les représentants de la SNEL, le comité de gestion et la délégation syndicale étaient fermement opposés à la restructuration de l’entreprise et la journée s’est terminée sans aucune avancée majeure. Le jour suivant, coup de théâtre, sans aucune explication les représentants de la SNEL ont d’une même voix adhéré à la restructuration de leur entreprise. Ce revirement laisse croire à une opération de corruption de dernière minute, fréquente au Congo. Entreprise publique, créée en 1970, la SNEL, comme EDF en France, avait pour mission la production, le transport, la distribution et la commercialisation de l’électricité sur toute l’étendue de la République du Zaïre. A ce titre, toute l’infrastructure du réseau électrique de la RDC a été mise à sa disposition.

La Banque mondiale estime que la SNEL n’est pas rentable. La SNEL exporte, par la ligne Inga Kolwezi, l’électricité produite à Inga vers les réseaux interconnectés de l’Afrique australe : Luano (Zambie), Kariba nord (Zambie), Kariba Sud (Zimbabwe), Insukamini (Zimbabwe), Phokoje (Botswana) et Matimba (Afrique du sud).. Les recettes d’exportation en Afrique australe qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars ne rentrent jamais dans les caisses de la SNEL. De plus, les autorités politiques opèrent régulièrement des ponctions dans les finances de la SNEL pour leur propre compte à tel point que l’entreprise est souvent obligée de recourir à des découverts bancaires pour payer le salaire de son personnel. Les créances de l’Etat congolais et des entreprises paraétatiques dues à leurs factures d’électricité s’élèvent à plus d’un milliard de dollars. La Banque mondiale a financé à plusieurs reprises la réhabilitation des centrales d’Inga. Tous ces financements ont été détournés avec la complicité des experts de cette institution qui venaient à Inga pour suivre l’exécution de ces projets

Mais le choix de la privatisation risque de coûter cher aux consommateurs locaux. L’électricité sera vendue par les entreprises privées à un prix inabordable pour la majorité de la population qui se trouve dans une situation d’extrême pauvreté. Elle prive en outre l'Etat congolais d'un moyen supplémentaire de lancer des projets de développement et défendre sa souveraineté et la souveraineté de l'Afrique. Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde consacre une analyse à ce sujet qui dénonce dans sa conclusion le poids de la dette lequel interdit au gouvernement d’investir dans les entreprises publiques (http://www.cadtm.org/spip.php?article3539).

Cette ONG publie en outre un article de Victor Nzuzi qui fait le bilan de « l’indépendance congolaise » à l’occasion de son quarante-huitième anniversaire (célébré le 30 juin 2008) en ces termes :
« 1 – Il y a 17.500 casques bleus de l’ONU en RDC et près de 2.000 agents de la mission civile de l’ONU.
2 - Nos élections locales ne sont pas tenues depuis plus d’une année du fait que ceux qui donnent l’argent, au Nord, sont fâchés de la présence chinoise dans les mines de cuivre et de cobalt ; aussi, dans des affaires de construction de routes ...
3 - Notre budget est d’à peine 3 milliards $ US dont la moitié vient de l’étranger.
4 - Chaque fois que nous devons faire le Budget de l’Etat, le FMI est là pour donner ses directives.
5 - Pour gérer toutes les ressources naturelles : bois de la forêt, minerais, eau..., les instructions viennent du FMI et de la Banque mondiale. Ils nous ont imposé les codes de gestion qui font qu’aujourd’hui, 33% du territoire national est un champ minier où les investisseurs vont exploiter pendant 20, 30 ans sans presque rien donner au peuple congolais (seuls, quelques individus au Congo prennent leurs petites parts).
NB : dans mon village, les terres sont occupées depuis 1923, par la compagnie J V L d’un agro-industriel belge. Au moment où je vous écris, ce colon est là. Ses vaches polluent les eaux et nous manquons de terre pour cultiver…
Alors, dois je parler de l’indépendance ?
Actuellement, ceux qui prennent les mines déplacent certains villages, il y a même dans certains coins du Katanga, des écoles de plus de 1.000 élèves qu’ils veulent déplacer pour creuser leurs mines de cuivre»
(http://www.cadtm.org/spip.php?article3510 )

A ce tableau il faut ajouter la présence militaire directe ou par milices interposées au Nord Est du pays des forces tutsies rwandaises (http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=413855&no_categorie= )

Le président de la fragile République démocratique du Congo qui peut à peine payer ses soldats (http://english.people.com.cn/90001/90777/90855/6450610.html ), Joseph Kabila, effectuera une visite d'Etat en France les 16 et 17 juillet 2008.

FD

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Bruits de bottes dans le Caucase

10 Juillet 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Caucase

Alors que l'installation du dispositif anti-missile en République tchèque se précise, un autre élément de l'encerclement de la Russie réapparaît dans l'actualité. Il tient aux manoeuvres militaires de la Géorgie dans le Caucase.

Deux militaires de la République autoproclamée d'Abkhazie ont été blessés dans une fusillade entre soldats abkhazes et géorgiens dans les gorges de Kodori, mercredi dernier 9 juillet, a annoncé à l'agence russe RIA Novosti le ministre abkhaz de la Défense Merab Kichmaria (http://fr.rian.ru/world/20080709/113622996.html). La veille le Département d'Etat américain était intervenu dans le conflit abkhazo-géorgien, évoquant aussi bien la nécessité d'une reprise des négociations entre la Géorgie et l'Abkhazie que son intention d'obtenir l'introduction d'une force multinationale en évinçant par là même les forces de paix russes (RBC Daily, Vedomosti et Moskovski komsomolets). Au cours des dernières semaines une série d'attentats commis en Abkhazie contre les civils de la république non reconnue et les soldats de la paix ont fait quatre morts.

Alkhaz Tcholokoua, porte-parole du président abkhaze, a expliqué que  toutes les actions proposées par les Etats-Unis font le jeu de la Géorgie : Tbilissi commet des actes terroristes en Abkhazie en vue de contraindre les forces de paix russes à quitter la république. L'un des objectifs poursuivis par ces explosions est de persuader la communauté mondiale de l'incompétence des soldats de la paix alors pourtant que les Abkhazes estiment que le contingent russe donne toute satisfaction dans le contrôle de la situation.

Les autorités de l'autre République autoproclamée, l'Ossétie du Sud, craignent elles aussi une prochaine agression militaire contre elle de la part de la Géorgie. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, les militaires géorgiens ont quitté l'état-major des forces de paix. Les militaires géorgiens évacuent les enfants des villages géorgiens de la région de Tskhinvali, a fait savoir Irina Gagloïeva, présidente du comité pour l'information et la presse de l'Ossétie du Sud.

La supériorité des Géorgiens sur les sécessionnistes en matière d'instruction au combat est indiscutable, et ce, grâce au travail effectué depuis plusieurs années par des instructeurs américains et israéliens. En outre, leur supériorité sur le plan du matériel de guerre est considérable: la Géorgie a récemment acheté le nouveau système lance-roquettes GRADLAR conçu en Israël (http://fr.rian.ru/world/20080709/113617924.html).

On ne sait plus aujourd'hui qui de Washington ou de Tbilissi tire les ficelles. Dans un livre pourtant favorable à la pensée dominante paru en janvier dernier, Le diplomate et l'intrus, Bertrand Badie remarquait (p. 228) : "N'ayant aucune raison de craindre une défection américaine et n'ayant plus à faire face à la menace soviétique, Tel-Aviv est en mesure désormais d'imposer certains de ses choix stratégiques régionaux à la Maison Blanche. La Géorgie de Saakaschvili ou l'Ukraine de Iouchtchenko disposent de la même asymétrie tournant à leur profit : sachant pertinemment que les Etats-Unis n'ont aucun intérêt à les lâcher, quels que soient leurs choix, elles se laissent l'une et l'autre convaincre que l'hégémon américain est désormais privé, par l'évolution même du système international, de tout argument les contraignant à l'obésissance". Le client deviendrait ainsi le donneur d'ordre... Mais l'avantage pour Washington en terme de contrôle stratégique du Sud de la Russie et des voies des oléoducs et gazoducs d'Asie centrale n'est plus à démontrer.

FD
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