L'Empire s'inquiète pour son pétrole nigérian

On sait peu de choses sur le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (MEND) à part qu'il réclame une distribution plus équitable des revenus du pétrole (la manne pétrolière nigériane partagée entre les multinationales et le gouvernement profite fort peu à la population). Ses détracteurs y voient un ramassis de criminels, ses sympathisants, par exemple l’écrivain, prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, un groupe de jeunes gens disciplinés et déterminés, mus par des objectifs politiques au service d'une meilleure répartition de la rente (voir par exemple l'analyse d'une chercheuse membre de la Ligue communiste révolutionnaire Kohou Mbwélili sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=5313). Certaines de leurs revendications ponctuelles ont révélé une proximité avec des opposants nigérians qui ne sont pas faits pour plaire à l'Empire occidental : ils ont notamment demandé la libération de l'ex-gouverneur de l'Etat de Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha, jugé coupable de corruption et celle de «Mujahid» Dokubo Asari, "un converti à l’islam, un gangster admirateur d’Oussama Ben Laden, selon ses détracteurs, un chef charismatique qui affirme mener ses actions au nom de la défense des ijaw, selon ses admirateurs" d'après RFI (http://www.rfi.fr/actufr/articles/074/article_41998.asp). Jugé coupable de «trahison» par la Haute-Cour fédérale en octobre 2005, Asari dirigeait une milice armée désormais interdite, la Force des volontaires du peuple du delta du Niger (NDVPF), dont le MEND a pris la relève.
Les actions de sabotage du MEND rappellent celles de la résistance irakienne. La résistance nigériane semble d'ailleurs, comme celle d'Irak, divisée entre de nombreux groupes rivaux dont MEND serait le plus efficace ou peut-être l'étiquette commune à l'égard de l'extérieur (http://www.wjla.com/news/stories/1207/481135.html).

F. Delorca
La Serbie s'accroche à l'Union européenne, malgré le "non" irlandais

La cause de ce revirement d'alliance est la promesse faite par Bruxelles à Belgrade de signer un Accord d'association avec elle, prélude à une adhésion possible de la Serbie à l'UE si les pro-occidentaux dirigent le gouvernement. Le SPS, dont l'appui est nécessaire aux pro- ou aux anti-européens pour avoir la majorité au Parlement voit dans le ralliement à l'européisme une occasion de se réhabiliter au regard des pouvoirs occidentaux (comme l'avait déjà tenté du reste Slobodan Milosevic à plusieurs reprises, notamment en signant les accords de Dayton sur la Bosnie en 1995).
Dans une déclaration Večernje novosti, aujourd'hui 20 juin, le leader du Parti radical (SRS) tirait déjà les leçons des dernières semaines de négociation et imputait la défection du SPS au Premier ministre sortant Vojislav Kostunica. Selon lui, puisque le leader du SPS Ivica Dačić était au départ d'accord pour une alliance avec les souverainistes, Kostunica aurait dû dialoguer davantage avec le Parti des retraités associés et Serbie unie, qui étaient coalisés avec le SPS et ont été les premiers à lui demander de rechercher plutôt l'alliance avec les pro-occidentaux. Nikolic estime dans cette interview que Kostunica "n'a pas vraiment voulu" former un gouvernement avec son parti et le SPS, et fait également sa propre autocritique sur le score plus modeste que prévu du SRS aux élections, notamment en Voïvodine (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=06&dd=20&nav_id=51246). Les membres de la coalition d'opposition DSS-SRS-NS considèrent toutefois que le clivage avec le SPS ne s'est pas fait sur la question de l'Accord d'association, mais sur le fait de savoir si Belgrade accepterait de le signer alors que celui-ci ne prévoit pas explicitement que le Kosovo reste dans sa juridiction. La volte-face du SPS obscurcit en tout cas le sens du dernier scrutin législatif qui avait donné la majorité aux partis favorables au maintien de la question du Kosovo au centre des négociations avec l'Union européenne (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=06&dd=22&nav_id=51288).
FD
L'Erythrée, un îlot résistant en Afrique de l'Est

L'Erythrée fait l'objet de pressions permanentes. Djibouti (qui accueille une base française et une base américaine sur son sol) a récemment accusé l’armée érythréenne d’avoir violé sa frontière nord (ce qu'Asmara a démenti), et le différend frontalier avec l'Ethiopie (client de Washington, qui occupe en ce moment militairement la Somalie) n'est toujours pas réglé. Le thème religieux fonctionne comme instrument de l'impérialisme occidental contre l'Erythrée. En 2004 la Commission sur la Liberté religieuse internationale américaine (USCIRF) - un organisme gouvernemental étatsunien - a dépêché une délégation en Erythrée en 2004. Elle a classé en 2005 l'Erythrée dans la liste de ses "pays de préoccupation particulière" (countries of particular concern), avec le Myanmar, la China, l'Iran, la Corée du nord, l'Arabie Saoudite, le Soudan, le Turkéménistan, l'Ouzbékistan, la Pakistan et le Vietnam (http://www.uscirf.gov/index.php?option=com_content&task=view&id=1456&Itemid=59). Comme conséquence de cette inscription, l'Erythrée a fait l'objet par le Département d'Etat en septembre 2005 d'un embargo sur les ventes d'armes. Le rapport de l'USCIRF pour 2006 lui reproche d'être méfiante ("suspicious") à l'égard des groupes religieux baptistes, pentecôtistes, évangélistes et autres groupes chrétiens qui ne sont pas traditionnellement implantés en Erythrée (à la différence de l'Eglise copte et de l'Eglise catholique qui y sont institutionnalisées) - http://www.uscirf.gov/images/AR_2007/eritrea.pdf. On rappellera que les églises évangélistes sont directement liées aux intérêts étatsuniens. Par exemple, via leurs ONG, elles tentent de diffuser des OGM auprès des paysans, comme cela s'est produit en Ouzbékistan (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-12868350.html). L'USCIRFdans son dernier rapport encourage le financement d'une commission des droits de l'homme "indépendante" (c'est à dire pro-occidentale) en Erythrée. L'Agence d'Etat pour le Développement international américaine USAID a fermé ses bureaux à Asmara le 31 décembre 2005 à la demande du gouvernement érythréen.
Les relations avec l'Union européenne, alliée des Etats-Unis, ont aussi été souvent tendues. En novembre 2001, l'Eythrée avait expulsé l'ambassadeur d'Italie après une ingérence dans sa politique de réglementation des médias. Le Parlement de Strasbourg a voté une résolution contre le gouvernement érythréen 7 février 2002(http://www.shaebia.org/natural_to_protest_unfair_resolution.html) L'Union européenne depuis lors multiplie régulièrement les demandes d'instauration du pluralisme dans ce pays en vue du développement de partis plus favorables aux intérêts occidentaux (http://www.eritreadaily.net/News0407/article0907193.htm). Elle incite aussi le gouvernment érythréen à favoriser davantage le secteur privé capitaliste en libéralisant le marché et diminuant les impôts sur les sociétés (http://www.deleri.ec.europa.eu/eu_and_eritrea/country_strategy_paper_2002-2007.pdf p. 11)
A l'heure où Washington multiplie les sources de conflits (au Soudan, en Somalie) pour contrôler la Corne de l'Afrique sur la route du pétrole, l'Erythrée serait-elle pour les pouvoirs occidentaux un nouveau village d'Astérix à renverser ?
FD.