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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Résistances au Proche-Orient (Syrie-Egypte)

11 Avril 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Proche-Orient

Bien que tous les commentateurs s'accordent à relever que le sommet de la Ligue arabe à Damas n'a pas permis de réaliser l'unité des participants sur la question libanaise, il apparaît que la tenue de cette réunion dans le dernier pays ouvertement hostile à la politique israélo-américaine dans la région est en soi un succès pour la diplomatie syrienne, alors que les Etats-Unis ont fait pression sur de nombreux participants pour qu'ils n'y assistent pas. Le président syrien a même pu enregistrer le ralliement inattendu du colonel Kadhafi pourtant devenu ami des Etats-Unis : le dirigeant libyen a averti ses pairs enclins au compromis avec Washington qu’ils pourraient connaître un sort similaire à celui de l’ancien président iraqien Saddam Hussein, pendu en 2006 après l’invasion de son pays par l’armée américaine trois ans plus tôt (http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2008/4/2/leve1.htm). Beaucoup d'analystes estiment que l'endurance syrienne face aux tentatives de destabilisation étatsuniennes est due au soutien russe - Damas ayant accordé à Vladimir Poutine l'établissement de bases militaires à Tartus et Latakie grâce auxquelles la flotte russe a retrouvé une présence en Méditerrannée (http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticle&code=IVA20060728&articleId=2847 et http://www.pinr.com/report.php?ac=view_report&report_id=520&language_id=1).

 
Par ailleurs, un acteur clé du jeu proche-oriental est sous la pression populaire en ce moment : l'Egypte. Travaillé par des conflits sociaux durs depuis plusieurs années (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-6859073.html), ce pays a vécu une grève générale dimanche dernier qui s'est soldée par l'arrestation de nombreux militants démocrates. Ont été notamment victimes de la répression :


- le docteur George Ishaq responsable du groupe Kifaya ("Ca suffit") un mouvement anti-impérialiste né en 2003 qui a réussi à fédérer toutes les oppositions du pays (http://www.dandurand.uqam.ca/download/pdf/publication/Kifaya.pdf), il a été emprisonné cette semaine 

- mais aussi des activistes de la liberté d'expression plus anonymes comme le membre de Kifaya Mustafa Khalil (fils du député du Parti national démocratique au pouvoir qui porte le même nom), le bloggeur Malek (http://malek-x.net/node/467), et des membres du Parti travailliste (Labour Party) égyptien (http://www.globalvoicesonline.org/2008/04/05/egypt-gears-up-for-a-general-strike-sunday/). Au total 800 personnes auraient été arrêtées.

Cette vague de répression brutale n'a pas éveillé de véritable élan de condamnation en Europe, c'est le moins qu'on puisse dire.  Une pétition contre la répression peut être signée sur le site britannique http://www.respectcoalition.org/index.php?ite=1878.

Quelques jours avant la grève générale s'était tenue au Caire, du 27 au 30 mars, une Conférence Internationale contre l’Occupation américaine (http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8685) fédérant des mouvances aussi différentes que les Frères musulmans, des marxistes jordaniens, des syndicalistes anglais (notamment Oliur Rahman de la coalition anglaise Respect, conseiller de Tower Hamlets), des représentants du Hezbollah, des membres de la résistance irakienne, une délégation canadienne du mouvement anti-guerre etc. A cette occasion Magdi Ahmed Hossein, le chef du Parti travailliste égyptien, s’en est pris aux Frères Musulmans en les accusant de ne pas en faire assez pour leurs frères à Gaza. Un kilo de sucre à la main, il a exhorté : «Remplissez des camions de nourriture, de médicaments et brisez le siège de Gaza !» (http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8685).

Un mouvement de solidarité internationale avec les anti-impérialistes égyptiens pourrait aider à desserrer l'étau autour de Gaza, plus généralement de la Palestine, et du Liban.

FD
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Zimbabwe : défaite de la ZANU-PF, incertitude pour Mugabe

8 Avril 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique australe

Les élections législatives et présidentielles de fin mars 2008 s’annonçaient depuis plusieurs mois difficiles pour l’ancien leader de la résistance anti-coloniale et anti-apartheid Robert Mugabe et son parti, dans un pays où l’inflation dépasse les 100 000 % et où la récente confiscation des terres des grands propriétaires blancs n’a pas permis d’améliorer la situation alimentaire.

Après un décompte difficile des voix, il est apparu , le mercredi 2 avril, que, comme le président yougoslave Milosevic en 2000, le parti du président Mugabe a perdu la confiance des zones rurales qui votaient massivement pour lui jusque là, et, par voie de conséquence, le contrôle de la chambre basse du Parlement.

Le parti de Morgan Tsvangirai, Mouvement du Changement démocratique (MDC) a remporté des succès dans des régions où depuis 2000 il n’avait jamais eu aucun siège : le Masvingo (dans le sud), le Mashonaland (au centre du pays), ou au nord de Harare.

Les résultats des principaux dignitaires du pays sont révélateurs des problèmes de la révolution menée par Robert Mugabe.

Ont perdu leur siège à l’Assemblée :

- Patrick Chinamasa (ministre de la justice), ancien garde de sécurité, souvent présenté comme un dur, qui a joué un rôle actif dans l’expropriation des grands fermiers blancs et dans la mise au pas de la magistrature – il avait été limogé par Mugabe en 2005 avant d’être réintégré (http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2005/01/05/wzim05.xml&sSheet=/news/2005/01/05/ixworld.html)

- Joseph Made (ministre de la mécanisation de l’agriculture) qui avait promis des récoltes exceptionnelles (http://www.jeuneafrique.com/pays/zimbabwe/article_depeche.asp?art_cle=XIN70027lezimsellen0) mais qui, malgré les crédits chinois (http://www.pleinchamp.com/article/detail.aspx?id=27372&menu_id=2&page=1&local=false&pub_id=2 )  et les tracteurs iraniens (http://www.angolapress-angop.ao/noticia-f.asp?ID=226363), n’a pu améliorer la situation des 4 millions de Zimbabwéens qui vivent de l’aide alimentaire extérieure (http://www.ipsnews.net/fr/_note.asp?idnews=3100). Sa nomination comme candidat dans l’Est du pays avait été contestée au sein même du parti majoritaire ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique), un parti souvent présenté comme indiscipliné et très déchiré par les luttes de factions (http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/conjonctures/093105.pdf  et http://www.sudonline.sn/spip.php?page=imprimer&id_article=9772)

- Mike Nyambuya (ministre de l’énergie), un ancien général et gouverneur du Manicaland (http://www.sadocc.at/news/2005/2005-101.shtml)

- Chris Mushowe (ministre des transports) qui avait plaidé en vain pour un redécoupage électoral qui favorise le parti au pouvoir (http://www.pr-inside.com/former-zimbabwe-finance-minister-simba-r402173.htm)

- Chen Chimutengwende (ministre des affaires publiques et interactives), ancien ministre de l’information, qui avait notamment fait parler de lui en septembre 2005 quand il avait accusé l’administration Bush de racisme pour s’être abstenue de secourir les Noirs de la Nouvelle Orléans après le passage du cyclone Katrina (http://www.mwinda.org/envoi/nvelleorleans_envoi.html)

- Oppah Muchinguri (ministre des affaires féminines et des questions de genre) : elle avait annoncé que les membres de Ligue des Femmes (un mouvement lié à la ZANU) manifesteraient nues dans les rues en soutien à Robert Mugabe si celui perdait le pouvoir (une manifestation de femmes nues en Afrique vaut malédiction, le procédé fut utilisé à divers endroits, notamment au Nigéria contre les multinationales occidentales) - http://www.zimbabwetoday.co.uk/2007/11/girls-lets-get-.html .


Ont sauvé leur mandat en revanche dans le Mashonaland Central et l’Ouest la Vice Présidente Joice Mujuru, 53 ans, ancienne commandante de la guérilla que dirigeait Mugabe, épouse d’un ancien chef d’état major et qui gère avec lui une ferme prise aux Blancs (http://www.mujuru.com/?page_id=4), ainsi que le ministre du travail Nicholas Goche, l’homme d’affaire Saviour Kasukuwere, et le ministre du gouvernement local et de développement urbain Ignatius Chombo.

Au total le MDC a décroché 99 sièges, contre 97 à la ZANU-PF et 10 à la faction dissidente du MDC Mutambara.

Une semaine après les élections la commission électorale ne parvenait toujours pas à publier les résultats complets des élections sénatoriales ni ceux de l’élection présidentielle (ce qui arrive aussi dans de nombreux pays du nord). Le MDC, qui estime que son leader a gagné avec 50,3 % des voix contre 43,8 % à Mugabe, a saisi la cour suprême du pays (http://en.afrik.com/article13082.html). Le système électoral zimbabwéen impose en tout état de cause que le gagnant obtienne 51 % des voix sans quoi un second tour est nécessaire.

Le 4 avril, le président Mugabe s’est entretenu avec le Politburo de son parti (la ZANU-PF) pour discuter de la question de savoir s’il devait négocier un départ immédiat, organiser un second tour le 19 avril, ou instaurer l’état d’urgence pour gagner du temps. L’organisation d’un second tour n’allait pas de soi compte tenu de l’état désastreux du budget et du coût des élections.

Dans l’intervalle, les déclarations impérialistes se sont bousculées. 

Condoleezza Rice, en visite à Jérusalem le 31 mars, a estimé que Robert Mugabe était une honte(« disgrace ») pour le Zimbabwe, pour l'Afrique australe et pour l'Afrique entière  (http://rawstory.com/news/afp/Rice_slams_Mugabe_regime_as_disgrac_03302008.html). Il est vrai qu’un contentieux particulier oppose Mme Rice à la ZANU-PF : le journal d’Etat The Herald avait qualifié celle-ci de « Noire qui lave les péchés du pouvoir blanc » et l’avait comparée à Colin Powell, lui-même accusé d’être un « Oncle Tom» (http://www.newzimbabwe.com/pages/powell20.12178.html). Le Département d’Etat mercredi a pressé la commission électorale de publier tous les résultats (http://news.xinhuanet.com/english/2008-04/03/content_7908017.htm) puis a tourné en dérision la demande de la ZANU-PF de recompter les voix (http://news.xinhuanet.com/english/2008-04/08/content_7936002.htm). Le secrétaire général de l’ONU ami de George W. Bush Ban Ki-Moon a aussi demandé à la commission électorale de proclamer au plus vite le résultat de l’élection présidentielle (http://news.xinhuanet.com/english/2008-04/08/content_7936087.htm ).

Des eurodéputés comme l’anglais Geoffrey Van Orden (un militaire conservateur, chaud partisan de la guerre en Irak en 2003 http://www.europa-eu-un.org/articles/es/article_2111_es.htm) et l’allemand Michael Gahler, (un chrétien démocrate qui a notamment montré ses ardeurs interventionnistes contre la Chine - http://fr.clearharmony.net/articles/200503/19020.html) ont demandé à l’Union européenne de reconnaître immédiatement la victoire de Morgan Tvangirai (http://en.afrik.com/article13062.html)

L’ambassadeur du Zimbabwe à l’ONU Boniface Chidyausiku a rappelé dans une interview à ZBC News que les élections zimbabwéennes sont une affaire interne à ce pays qui ne menace en rien le reste du monde et souligné que l’ONU et les grandes puissances feraient mieux de s’intéresser à des affaires plus graves comme la situation de la Somalie ou du Proche-Orient (http://www.newsnet.co.zw/index.php?nID=12315).

FD

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Elargissement de l'OTAN limité à la Croatie et à l'Albanie

4 Avril 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Balkans

Les Etats-Unis, le Canada et les pays d'Europe centrale voulaient élargir l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie. La France et l'Allemagne, soucieuses de ménager la Russie, ont fait échouer le projet au sommet de l'OTAN de Bucarest cette semaine.


Le ministre des affaires étrangères français, M. Kouchner à la tribune de l'Assemblée nationale mardi où il plaidait pour l'envoi de près d'un millier de soldats français dans les zones de combat en Afghanistan ( http://www.lcpan.fr/rattrapage_eve_afg_010408.asp?tc=eve_afg_010408), nouvelle idole de l'acteur américain pourtant hostile à la guerre d'Irak George Clooney qui souhaite qu'il soit un jour Président de la République(http://www.tvmag.com/article/Film/36598/EXCLUSIF_TV_Magazine_a_rencontre_George_Clooney.html), a déclaré que la position de la France à Bucarest serait la preuve que Paris peut encore s'opposer à Washington - ce qui pourrait laisser penser qu'il s'agit d'un rideau de fumée pour cacher l'alignement de la France sur Washington sur d'autres dossiers, notamment celui de l'entrée dans le commandement intégré promise pour l'horizon 2009.

Une dépêche d'Associated Press aujourd'hui voyait dans cette division de l'OTAN un succès pour M. Poutine. La Géorgie et l'Ukraine, déçues ont laissé entendre que la dépendance énergétique de la France et de l'Allemagne à l'égard de Moscou expliquait leur position anti-Washington sur ce dossier (http://wiredispatch.com/news/?id=113378). Des sondages récents montraient qu'en Ukraine 60 % de l'opinion publique était hostile à l'entrée du pays dans l'OTAN et le président de ce pays avait promis un référendum sur ce thème (http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/04/02/l-adhesion-a-l-otan-divise-l-ukraine-geographiquement-et-politiquement_1029991_3214.html#ens_id=1020072).

La France et l'Espagne se sont opposées par ailleurs conjointement, par solidarité avec la Grèce, à l'entrée de la Macédoine dans l'OTAN tant qu'elle ne modifie pas son nom (El Mundo http://www.elmundo.es/elmundo/2008/04/03/internacional/1207216253.html).

L'OTAN sera donc étendue dans un premier temps seulement à la Croatie et à l'Albanie. Le jour même de l'annonce de cette extension, le tribunal pénal international publiait l'acquittement de Ramush Haradinaj (Reuters 3 avril), chef de clan albanais du Kosovo, ancien commandant de l'UCK, et ancien premier-ministre du Kosovo impliqué dans des crimes de guerre en 1999 - une mesure qui montre le soutien inconditionnel des Occidentaux aux Albanais, et risque d'accroître le ressentiment nationaliste en Serbie. On notera que Le Conseil d'Etat français, statuant sur un recours contre la décision du 16 mai 2006 du Conseil d'Administration de l'Office Français de protection des réfugiés et apatrides établissant une liste complémentaire de pays d'origine sûrs, a, par décision du 13 février 2008, annulé partiellement cette seconde liste, en procédant au retrait de l'Albanie et du Niger (http://www.ofpra.gouv.fr/annonce.html?dtd_id=16&xmld_id=3117), ce qui signifie en clair que les juridictions françaises ne considèrent pas l'Albanie comme un pays qui accorde des garanties de sécurité politique suffisantes à ses ressortissants (qui peuvent donc avoir plus de chances d'obtenir l'asile politique en France).

La Moldavie, dont les troupes participent à l'occupation de l'Irak, a aussi discrètement fait savoir son intérêt pour une éventuelle adhésion à l'OTAN. Son président Vladimir Voronin était présent au sommet, au grand dam des Transnistriens (http://www.tiraspoltimes.com/news/moldova_at_nato_summit_with_bush_condi.html).

Si le climat se réchauffe entre Washington et Chisinau, il se tend entre M. Bush et M. Loukachenko : Washington mécontent de la création d'une coentreprise pétrolière biélorusso-vénézuélienne qui exploite le gisement de pétrole de Guara Este  au Vénézuéla (d'après ce qu'affirme le gouvernement biélorusse) a bloqué les comptes du groupe pétrochimique public Belneftekhim et de ses filiales. En représailles, il y a dix jours, Minsk a demandé à Washington de réduire les effectifs de son ambassade en Biélorussie (http://fr.rian.ru/world/20080324/102091344.html). Les services de renseignement biélorusses ont dénoncé le 25 mars l'existence d'un réseau d'espionnage américain sur leur sol (http://fr.rian.ru/world/20080325/102191410.html).

FD
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