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Le blog de l'Atlas alternatif / L'autre info sur le monde

Seuls contre tous : Washington et les blocus

30 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #x - Ingérence impérialisme global

L'autisme états-unien à l'égard du reste du monde perdure . undefined

Hier (mardi 29 janvier 2008), face à l'opposition des Etats-Unis à tout débat, le Conseil de sécurité a décidé d'arrêter les discussions sur un projet de déclaration non contraignante sur la situation à Gaza, et ce malgré les efforts diplomatiques du représentant libyen (pays nouvellement rallié à Washington) pour amender le projet. 

La semaine dernière, l'ambassadeur israélien à l'ONU, Dan Gillerman, avait estimé que le Conseil de sécurité "perdait son temps" dans un débat "futile" qui ne servirait qu'à "récompenser le Hamas." (AFP).

Le 24 janvier, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU avait demandé à Israël de lever le blocus, par 30 voix pour, 15 abstentions et 1 voix contre (le Canada s'étant dévoué pour se faire le porte des Etats-Unis et d'Israël, qui ont préféré pratiquer la politique de la chaise vide) - http://www.europalestine.com/spip.php?article2962.

undefined Le cruel blocus qu'inflige Israël à la bande de Gaza, qualifié de "crime de guerre" par le secrétaire général de la Ligue arabe (http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3679) provoque un véritable désastre humanitaire notamment dans les hôpitaux (http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3680). Les observateurs relèvent par ailleurs que cette opération israëlienne purement gratuite contre la population de Gaza a échoué dans tous ses objectifs politiques (tout come d'ailleurs l'opération d'armement de Dahlan en mai dernier http://www.palestine-solidarite.org/analyses.atlas_alternatif.280507.htm) puisqu'elle n'a ni accentué la fracture entre le Hamas et Mahmoud Abbas ni provoqué d'insurrection populaire contre le Hamas.

En décembre dernier un site de géopolitique avait épinglé un signe supplémentaire de l'inféodation des Etats-Unis à Israël, seuls face au reste du monde, à l'occasion d'un retrait in extremis par l'ambassadeur américain d'un projet de résolution du Conseil de sécurité, pourtant bien inoffensif, qui appuyait l’accord israélo-palestinien intervenu quarante huit heures auparavant lors de la rencontre d’Annapolis (http://www.geopolitique.com/editorial/la-fabrique-de-la-politique-etrangere-americaine-329.html).

undefined Le même isolement des Etats-Unis dans le monde se rencontre sur la question du blocus de Cuba - seuls Israël, les Iles Marshall et Palau soutiennent Washington sur cette question (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-13518243.html). Pourtant, le site vénézuélien Aporrea notait récemment que l'ensemble des candidats à l'élection présidentielle états-unienne (les démocrates Hillary Clinton et Barack Obama et les républicains Rudy Giuliani, Mike Huckabee, John McCain, Mit Rommey et Fred Thompson) soutenaient ce blocus (John Edwards et Ron Paul n'ont pas répondu à la question sur ce thème posée par la Fondation cubano-américaine , mais on ne peut rien en déduire quant à leur position) -http://www.aporrea.org/internacionales/n108059.html

FD

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L'extrémisme occidental, jouant contre ses propres intérêts, pousse la Serbie dans les bras de la Russie

29 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Balkans

Copie-de-gas-20pipeline-copie-1.jpg L'intransigeance des Occidentaux sur la question du Kosovo a déjà fait une victime collatérale : la politique énergétique des Etats-Unis en Europe.

Le président serbe Boris Tadic et le premier ministre Vojislav Kostunica ont signé vendredi dernier à Moscou un accord pour trente ans qui vend à la compagnie russe Gazprom 51 % des parts de la compagnie gazière d'Etat serbe NIS, et ce au prix qu'avaient demandé les Russes. Dans le cadre de cet accord, un gazoduc de 10 milliards de mètres cubes sera construit à travers la Serbie, et Gazprom contrôlera 78 % du marché de détail des carburants dérivés du pétrole dans ce pays, 12 % allant à un autre géant russe, Loukoil . Pour compléter le dispositif, Gazprom a signé avec la compagnie autrichienne OMV un accord prévoyant le transfert au monopole russe du gaz de 50% de Central Europe Gas Hub (CEGH), filiale d'OMV Gas International, et dont le siège se trouve dans la ville autrichienne de Baumgarten. Il ne manque plus à Gazprom qu'un accord avec la Hongrie, pour espérer pouvoir mettre en service son dispositif de gazoduc South Stream. Budapest va donc pouvoir faire monter les enchères. Si la Hongrie ne parvient pas à s'entendre avec Moscou, Gazprom peut utiliser un itinéraire alternatif passant de la Bulgarie en Grèce puis, par la Méditerranée, en Italie. Mais, dans ce cas, le projet de gazoduc en Serbie sera dans l'impasse (http://www.kommersant.com/p846202/r_500/natural_gas_pipelines/).

Les autorités américaines ont manifesté une inquiétude particulière au sujet du développement de la coopération énergétique entre la Russie et la Serbie et rappelé à l'Union européenne leur préférence pour le projet de gazoduc de Nabucco, destiné à acheminer du gaz en Autriche via la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Peut-être pour apaiser l'interventionnisme états-unien, les autorités iraniennes la semaine dernière ont annoncé être prêtes à accorder des ressources pour Nabucco... (http://fr.rian.ru/business/20080128/97862287.html).

Face à cela l'offre de l'Union européenne à l'égard de la Serbie (qui pourtant depuis un siècle regarde davantage vers l'Ouest que vers la Russie) reste timide. Alors que l'Autriche avait convaincu en 2006 l'Union de ne plus exiger de la Croatie la coopération avec le TPIY pour intégrer l'Empire européen, les Pays-Bas, dans un bel élan anti-fédéraliste, ont maintenu, contre les autres Etats de l'Union, un veto sur la signature d'un accord de stabilisation et d'association tant que le général Ratko Mladic n'était pas livré à ce tribunal (source : RFI). Ce veto néerlandais fait l'affaire du nationaliste Tomislav Nikolic, vainqueur du premier tour de l'élection présidentielle serbe, qui dit ne rien attendre de l'Union européenne tant que celle-ci veut arracher le Kosovo à la Serbie et affirme même regretter que la Serbie "ne soit pas une province de la Russie" (http://www.dw-world.de/popups/popup_printcontent/0,,3087792,00.html). (NB : En dépit de ces appels du pied de M. Nikolic, V. Poutine continue toutefois de soutenir Boris Tadic.)

Les Européens, présidés en ce moment par les Slovènes, ont malgré tout proposé un accord réduit aux Serbes (sur les visas, le dialogue politique), leur promettant même à demi-mots une entrée à terme dans l'Union, pourvu qu'ils ne votent pas pour M. Nikolic. La question pèsera lourd sur l'issue du second tour du scrutin, y compris sur les conditions du soutien du premier ministre Kostunica à son frère ennemi Tadic.

Du côté états-unien, les menaces contre la Serbie et la Russie ne sont pas l'apanage des néo-conservateurs. Dans un article publié dans le Guardian du 28 janvier 2008, Morton Abramowitz suggère que l'OTAN augmente sa présence militaire au Kosovo pour empêcher les Serbes de cette province de faire sécession en cas de déclaration unilatérale d'indépendance de la part des représentants albanais, et exorte à s'opposer aux positions de Moscou si la Russie dans la foulée reconnaît l'indépendance de l'Abkhazie (hypothèse pourtant exclue par la Russie http://fr.rian.ru/world/20080129/97954887.html). Morton Abramowitz, fondateur de l’International crisis group et surtout éminence grise de l’administration Clinton pendant la guerre du Kosovo auprès de l’UÇK, soutient en ce moment Barak Obama à l'élection présidentielle. Richard Holbrooke, lui, qui fut l'artisan de la politique clintonienne pro-UÇK à Rambouillet en 1999, et qui conseille maintenant Hillary Clinton, expliquait dans Le Monde du 25 janvier : "Notre défi,
c'est assurer un leadership (des Etats-Unis), mais sans hégémonie" (
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2008/01/25/richard-holdbrooke-l-administration-bush-ne-pourra-pas-attaquer-l-iran_1003828_829254.html#ens_id=904503). La nuance sémantique n'est pas énorme... Les électeurs états-uniens n'ont guère le choix qu'entre les auteurs des bombardements contre la Serbie, et les promoteurs de la guerre d'Irak. undefined

La situation actuelle dans les Balkans ne cesse cependant de provoquer des inquiétudes qui s'expriment dans des forums peu médiatisés. Ainsi par exemple l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe le 22 janvier dernier a-t-elle très sérieusement contesté un projet de résolution élaboré par le représentant britannique Lord Russell-Johnston jugé trop favorable au point de vue occidental. A l'occasion des débats de cette assemblée, la représentante du PC tchèque Katerina Konecna a comparé l'enlèvement du Kosovo à la Serbie au démantèlement de la Tchécoslovaquie par les accords de Munich. La délégation d'Azerbaïdjan à cette occasion a dénoncé le risque que la sécession du Kosovo ait des effets désastreux sur un autre conflit "gelé" de l'ère post-soviétique, celui du Nagorny-Karabakh (http://www.kommersant.com/p844517/r_527/PACE_Kosovo_EU/ ).

A l'heure où la marine russe reprend ses patrouilles dans l'Atlantique et en Méditerrannée pour la première fois depuis 1992 (http://fr.rian.ru/defense/20080129/97934362.html), l 'Europe et son allié états-unien avancent chaque jour davantage dans une logique de guerre froide, qui pourrait, en de nombreux points, dégénérer en conflits ouverts.

FD
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Après l'assassinat de Benazir Butto

21 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Sous continent indien

La secrétaire d'Etat états-unienne Condolezza Rice est attendue au Pakistan cette semaine après une visite à Berlin où elle veut inciter l'Allemagne à s'investir davantage dans la guerre néo-coloniale d'Afghanistan, ainsi qu’à Kaboul (AFP 20 janvier 2008). Le président pakistanais Pervez Musharraf est pour sa part aujourd'hui en tournée en Europe pour améliorer l’image de son pays.

L'assassinat de l'ex-premier ministre Benazir Butto le 27 décembre dernier continue de faire couler beaucoup d'encre. La CIA l'impute à Al Qaida, et la Maison blanche décrit la victime comme une héroïne de la lutte pour la défense des valeurs occidentales au Moyen-Orient.

Mais la réalité sur le terrain était plus complexe. Certains observateurs ne manquent pas de relever que l'intéressée a été tuée dans une ville garnison réputée la plus sûre du pays, Rawalpindi, un fief des services de sécurité pakistanais (l'ISI), amis de la CIA, dont les liens avec les islamistes ont souvent été ambigus. Le gouvernement a d'ailleurs tardé à faire preuve de transparence sur les circonstances du meurtre, le président Musharraf ayant finalement admis presque à contrecoeur que Mme Butto avait été tuée par balle avant l'explosion d'une bombe (http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2008/1/9/bref2.htm ).

Mme Butto elle-même est loin d'avoir toujours été claire sur la question de l'islamisme. Larry Chin sur Globalisation.ca/Mondialisation.ca (www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=7742 ) ressort la thèse du livre de Ahmed Rashid  Fundamentalism in Central Asia and Jihad: The Rise of Militant Islam in Central Asia selon laquelle à partir de 1993 Mme Butto aurait été plus enthousiaste que l'ISI pour soutenir les talibans afghans dont elle espérait qu'ils sécuriseraient, à Kaboul, la voie de passage d'un pipeline argentin vers le Pakistan (ce choix du pipeline argentin plutôt que celui du pipeline américain d'Unocal lui aurait valu d'être lâchée par les Américains en 1996). A ce moment-là le parti islamiste Jamiat-ul-Ulema-e-Islam siégeait dans le gouvernement Butto.

La question de savoir si le meurtre de Benazir Butto profite aux Etats-Unis ou pas restera sans doute ouverte, Washington pouvant de toute façon compter sur le soutien de la majeure partie des élites pakistanaises dans l’establishment militaire comme dans les partis civils. De même reste indécidable la question de savoir si la déclaration de Mme Butto (cf video ci dessous) selon laquelle Oussama Ben Laden a été tué, relevait ou non du lapsus…

FD

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Situation au Nord-Kivu

20 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

Après l'accélération du conflit opposant, dans la province du Nord-Kivu, l’armée régulière de la République Démocratique du Congo, les soldats insurgés fidèles au général dissident Laurent Nkunda, des milices hutus et tutsies rwandaises, et plusieurs groupes armés congolais alliés, du nom de Maï-Maï, une conférence de paix s'est réunie le 9 janvier à Goma (http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_article=58132&id_edition=4225). 

En France le Réseau voltaire (http://www.voltairenet.org/article153877.html), qui est un site d'information internationale très visité, avait publié en décembre une interview parue dans la presse suisse (http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=646&print=1&no_cache=1) de Mgr. Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu (Sud Kivu) qui dénonçait l'ingérence du gouvernement FPR rwandais de Paul Kagame au soutien des troupes du rebelle Laurent Nkunda, et l'utilisation du viol systématique des femmes civiles comme arme de guerre. Cette interview a été reprise également cette semaine par le site "La Banlieue s'exprime" (http://labanlieuesexprime.org/article.php3?id_article=2445). maroy-copie-1.jpg

Le nouvel archevêque nommé en 2006 a déployé une intense activité auprès de l'ambassade de France en 2007. Cet activisme lui a valu une salve d'attaques de la part d'alliés du gouvernement rwandais souvent basés aux Etats-Unis (par exemple Dorcas Lokendo http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=330733&no_categorie=) qui déjà appellent à son inculpation préventive devant la justice internationale : "si jamais la présente campagne de haine ethnique conduisait à des massacres contre les Tutsis, l’archevêque de Bukavu devrait alors être considéré comme un des principaux responsables. En conséquence, il devrait faire face à la justice internationale, comme tout autre criminel de guerre ou responsable de crimes contre l’humanité", écrit Sébastien Bakatu, directeur du clergé international de l'archevêché de New Brighton (USA) - cf http://www.stjohnnb.com/Forerunner/2006/Forerunner9_06_8.html -, dans un article qui illustre toutes les ambiguïtés de l'utilisation de la justice internationale dans le cadre de conflits politiques (http://www.spcm.org/Journal/spip.php?article12063).

Près de 2 millions de personnes sont mortes pendant la guerre civile congolaise qui a prolongé la guerre civile du Rwanda (http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/2582239.stm). Les tensions au Nord-Kivu mettent en péril une fois de plus la souveraineté du Congo. A la clé les ressources de cette province riche en minerais précieux comme la cassitérite, le coltan, la wolframite et l’or. Une étude de « Pole Institute » du mois de juillet 2007 a révélé la liste des sociétés qui exportent frauduleusement les minerais vers des pays voisins pour être vendus en Afrique du Sud, aux Pays-Bas,  en Allemagne, aux Emirats Arabes Unis, en Belgique, et en Chine - http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=345597&no_categorie=. Ce trafic permet de financer la guerre dans cette région sans que les grandes puissances occidentales ne cherchent à s'y opposer. En outre, de source tanzanienne, on apprend que les forces spéciales américaines seraient sur le terrain aux côtés du FPR et de Nkunda (mail C. Black).

F. D. 

(Voir dans l'Atlas alternatif l'article de Chris Black sur le Congo)

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Existe-t-il un plan de déstabilisation du Sahel occidental ?

7 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Maghreb - Afrique occidentale

On a beaucoup parlé du Darfour et du Tchad... Mais aujourd'hui c'est aussi la partie occidentale du Sahel qui s'embrase dans un contexte de raréfaction de l'eau et d'appauvrissement économique. La multiplication des foyers de tension dans cette zone éveille des soupçons de manipulation de la part des puissances occidentales.

L'éditorialiste du quotidien algérien Al Watan du 7 janvier 2008, Amine Lofti, en fait la remarque : "L’apparition presque concomitante de mouvements de rébellion au Niger et au Mali, l’irruption violente du terrorisme armé en Mauritanie ne peuvent pas constituer en eux-mêmes des événements spontanés et sans liens entre eux tant ils relèvent d’une quasi unité d’espace et de temps. Cette déstabilisation à grande échelle, si elle tente de mettre à mal les pays du Sahel, n’est pas dénuée d’intentions malveillantes à l’égard de l’Algérie qui partage avec eux d’immenses frontières. La question se pose alors de savoir qui tire les ficelles sans tomber dans la psychose du complot ourdi. Il est à noter en effet que les troubles et les attentats terroristes surviennent au moment où des pays comme le Mali, le Niger et la Mauritanie s’engagent dans un processus de démocratisation de la vie politique dont nombre d’observateurs ont établi le bien-fondé."  "D’où viennent les armes et le matériel de guerre qui circulent dans le Sahel pour alimenter des rébellions ?" demande le journaliste, qui conclut : "Il convient de s’interroger aujourd’hui sur les implications géopolitiques et militaires de cette escalade que certains ne craignent pas (d'imputer) à une volonté de mainmise sur cette région de puissances étrangères, les Etats-Unis ne faisant pas mystère à cet égard (de leur intention) d’installer des bases dans la région de l’Afrique en s’appuyant sur le prétexte de la défendre. Ce qui reviendrait à une occupation militaire, notamment de pays du Sahel fragilisés par les conflits, qui ne s’embarrasserait même plus de cacher son nom. "  http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=84196

FD

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Culture du compromis : Chavez à l'école de Loukachenko

7 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Amérique latine-Caraïbes

Dans le cadre du débat sur les conclusions à tirer de l'échec au référendum constitutionnel de décembre dernier, Hugo Chavez a déclaré le jeudi 3 janvier dernier à l'émission de TV Dando y Dando"Il nous faut élargir nos stratégies d'alliances. Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner par les courants extrémistes. Nous ne sommes pas des extrémistes et nous ne pouvons pas l'être. Non ! Nous devons rechercher des alliances avec les classes moyennes, y compris avec la bourgeoisie nationale". undefined

Le président vénézuélien à incité ses auditeurs à lire les écrits de Lénine, et à écouter les conseils de Fidel Castro et des présidents nicaraguayen et biélorusse Daniel Ortega et Alexander Loukachenko, "qui ne se sont pas contentés de faire des théories mais qui ont gouverné et fait des révolutions".

"Loukachenko vient de l'ère soviétique, et il a vu la chute de l'Union soviétique. Et une des choses qu'il m'a dites c'est  'les chefs d'entreprise, cette bourgeoisie nationale, il faut essayer de faire en sorte  qu'elle ait un sentiment national, un amour de sa Nation et de sa Patrie, même quand ce sont des grands patrons qui ont beaucoup d'argent. Mais qu'ils fassent des investissements dans le pays !' "

Chavez a insisté pour ne pas tomber sous " le chantage des voix de l'extrémisme, des thèses passées de mode qui dans aucune partie du monde ne peuvent réussir : la thèse de l'élimination de la propriété privée. Non, non, non ! Cela n'est pas notre thèse. Il faut chercher, au delà de ça, les alliances pour fortifier le nouveau bloc historique, comme l'appelait (Antonio) Gramsci". http://www.aporrea.org/ideologia/n107017.html  

FD

 

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Violences au Kenya

4 Janvier 2008 , Rédigé par Atlasaltern Publié dans #Afrique de l'Est - Grands lacs

L'annonce de la réélection du président sortant Mwai Kibaki au Kenya à l'issue des élections du 27 décembre dernier a plongé le pays dans le chaos. Le bilan des violences s'élèverait à plusieurs centaines de morts et 70 000 déplacés selon la Croix Rouge (AFP/ Reuters 2 janvier 2008). Les dépêches parlent volontiers de "Violences tribales". Le correspondant du Monde à Nairobi dans un article intitulé "Les démons libérés du Kenya", Jean-Philippe Rémy écrit :

"Le président Mwai Kibaki appartient au groupe des Kikuyu, le plus important numériquement du pays (20 % de la population), influent depuis la période coloniale, fort d'entrepreneurs prospères qui finiraient presque par faire oublier que ses rangs comptent aussi des hordes de miséreux. En face, l'opposition est menée par Raila Odinga, un Luo de l'ouest du pays. Depuis l'indépendance, les Luo attendent impatiemment le jour où l'un des leurs deviendra président, offrant aux siens la promesse d'accéder, accrochés à une gigantesque cordée, à la corne d'abondance du pouvoir. Pour l'anecdote, le père de Barack Obama, le candidat démocrate américain, est un Luo.

Autour gravitent de nombreuses autres ethnies, dont les leaders jouent, depuis quatre décennies, un jeu complexe d'alliances et de trahisons au gré de leurs fortunes personnelles, maquillées sans vergogne en confrontations ethniques. Et la manipulation fonctionne, comme l'ont analysé les auteurs, David Throup et Charles Hornsby, d'un livre de référence sur la politique kényane (Multi-Party Politics in Kenya) : "Depuis le début du multipartisme au Kenya, l'appartenance ethnique s'est révélée nettement plus importante que les idéologies pour déterminer les loyautés politiques." (Le Monde 5 janvier 2008 - http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-995925@51-993693,0.html)  800px-Flag-of-Kenya-svg-copie-1.png

En réalité, selon certains observateurs (cf notamment http://www.newstatesman.com/200801030024), la grille de lecture ethnique cache une fois de plus un problème de classe intimement lié à la mondialisation capitaliste/néo-libérale.

A y regarder d'un peu plus près en effet, et notamment au vu des résultats des élections législatives qui ont eu lieu au même moment, dans de nombreuses circonscriptions kikuyu, beaucoup d'électeurs de cette ethnie ont voté pour le candidat luo ou kalenji ("comme si des électeurs blancs pauvres aux Etats-Unis avaient voté pour Malcom X" ajoutait un commentateur anonyme de cet article). Il s'agit là d'un vote-sanction très fort contre la classe dominante. Une vingtaine de ministres et lieutenants de Kibaki n'ont pas été réélus. Ce vote révèle que la jeunesse kenyane (où la moyenne d'âge est de 18 ans) est prête à évincer une vieille classe politique malgré le respect traditionnel en Afrique à l'égard des anciens.

Depuis quelques années le président Kibaki attirait les capitaux étrangers, et son mode de gestion du pays, qui apportait une croissance soutenue, lui a valu les félicitations des grandes puissances néo-coloniales.

Pourtant cette gestion faite pour plaire à l'Occident (le gouvernement kenyan est même allé jusquà interdire de fumer dans les rues de sa capitale, ce que même en Europe on n'ose pas faire) a laissé les plus pauvres s'enfoncer dans la misère (2/3 des habitants de Nairobi vivent dans des bidonvilles), tandis que régnait la corruption au plus haut niveau de l'Etat.

Le résultat est qu'aujourd'hui le Kenya n'est plus vu comme un pays stable et exemplaire qui attirait 1 million de touristes des pays riches par an, mais comme une "nouvelle Yougoslavie" plongée dans les prémices d'une guerre civile meurtière. Les deux parrains du régime kenyan, le gouvernement britannique et celui des Etats-Unis ont exprimé leur préoccupation devant le peu de crédit qu'inspirent les résultats annoncés par la commission électorale (http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7164890.stm). Le 2 janvier le premier ministre britannique Gordon Brown, s'est entretenu par téléphone avec MM. Kibaki et Odinga, dans l'espoir qu'ils acceptent de "se rejoindre au sein d'un gouvernement d'union nationale". Le président du Ghana et de l'Union africaine, John Kufuor, doit entamer une médiation commune avec le chef de la mission du Commonwealth, Ahmed Tejan Kabbah (AFP Reuters 2 janvier).

            Frédéric Delorca

(article importé du blog de Frédéric Delorca)

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