Conflits sociaux en Egypte
Une vague de grèves secoue l'Égypte depuis 2004 malgré l'interdiction ordonnée par la Fédération générale des syndicats à la botte du gouvernement. Elle a d'abord affecté le secteur textile puis s'est étendue aux autres secteurs (http://www.lariposte.com/Une-vague-de-greve-secoue-l-Egypte-869.html) .
Middle East Report Online raconte le succès de la grève à Mahallah Al-Kubra, dans le delta du Nil en décembre 2006, où les femmes ont joué un rôle très important. Le mouvement fait tâche d'huile. En mars le quotidien libéral al-Masri al-Yawm recensait 222 sites de grève dont l'usine d'Arab Polvara Spinning and Weaving à Alexandrie, une entreprise de tissage privatisée dans les années 1990 où 12 000 salariés ont protesté contre les prix des maigres dividendes d'actions qui leur étaient versés en guise de suppléments de salaires (eux-mêmes très bas). Le gouvernement a accusé les Frères musulmans d'inciter à la grève mais ceux-ci sont peu implantés dans les milieux industriels et osent à peine proposer la création d'un syndicat indépendant (http://www.merip.org/mero/mero050907.html). Aussi bien les Frères musulmans que l'opposition de gauche ont été victimes d'une telle persécution et souffrent de telles divisions internes qu'ils semblent peu à même d'organiser le mouvement qui repose surtout sur des coordinations spontanées.
Al Jazeera le 1er juin 2007 consacrait une émission à la grève des employées de Mansoura-España Garments - un sous-traitant de clients de la multinationale Wal-Mart (http://arabist.net/arabawy/2007/06/19/more-on-the-wal-mart-mansoura-espana-link/) qui exploite les salariés dans des conditions particulièrement dures (sur Wal-Mart voir l'article de Serge Halimi http://www.monde-diplomatique.fr/2006/01/HALIMI/13083). Les anglicistes peuvent voir l'émission sur : http://www.youtube.com/watch?v=goQmvIygUAk&eurl=http%3A%2F%2Farabist%2Enet%2Farabawy%2F2007%2F06%2F13%2Fal%2Djazeera%2Dprogram%2Don%2Dmansoura%2Despana%2Dgarments%2Dcompany%2Dwomen%2Dworkers%2F. En ce qui concerne cette entreprise, le 21 juin le journaliste Hossam el-Hamalawy a annoncé qu'après deux mois d'occupation de l'usine de Talkha les travailleuses ont obtenu gain de cause, à savoir : le versement de leurs primes et salaires et l'engagement de la United Bank à ne pas mettre l'entreprise en liquidation (http://arabist.net/arabawy/2007/06/21/victory-for-the-mansoura-espana-%d8%a5%d9%86%d8%aa%d8%b5%d9%80%d9%80%d9%80%d8%a7%d8%b1-%d8%b9%d9%85%d8%a7%d9%84-%d8%a7%d9%84%d9%85%d9%86%d8%b5%d9%88%d8%b1%d8%a9-%d8%a3%d8%b3%d8%a8%d8%a7%d9%86%d9%8a/). Le blog Arabist.net fournit régulièrement des comptes-rendus en arabe des conflits sociaux en Egypte (http://arabist.net/arabawy/category/egypt/).
L'avenir de la Transnistrie en question
Entre la Moldavie et l'Ukraine perdure une sorte de "Jurassic Park de l'époque soviétique", du moins est-ce ainsi que de nombreux visiteurs la décrivent, où les statues de Lénine et les faucilles et les marteaux n'ont pas été supprimés : la République autoproclamée de Transnistrie. Il s'agit d'une zone à population principalement russe, ukrainienne et moldave qui, au début des années 1990, a vu plutôt d'un mauvais oeil la proclamation d'indépendance de la Moldavie - dont tout laissait croire qu'elle se fondrait dans une "Grande Roumanie". Une autre minorité, les Gagaouzes (des Turcs), restait également fidèle à l'URSS, mais seuls les Transnistriens purent acquérir une indépendance de fait à l'égard des Moldaves grâce à la protection de la 14 ème armée russe. L'armée russe ne garde plus qu'une présence allégée sur place, mais un "force de maintien de la paix" à dominante russe est restée, et l'enclave transnistrienne (capitale Tiraspol) a perduré depuis plus de quinze ans, hors d'atteinte du gouvernement moldave (basé à Chisinau).
La Transnistrie est aujourd'hui une des rares régions d'Europe qui restent au moins partiellement à l'abri du néo-libéralisme triomphant - c'est la "Cuba de l'Europe" selon certains journalistes http://www.transdniestria.com/independent-transdniestria-news/transdniestriacubaeurope.html. C'est aussi, et surtout, une des clés du remaniement possible des frontières en Europe de l'Est, à l'heure où les nationalistes albanais du Kosovo réclament à cor et à cri l'indépendance du berceau de la culture serbe.
Vladimir Poutine a en effet fait savoir qu'il n'excluait pas de reconnaître la Transnistrie, ainsi que d'autres "Républiques" informelles restées fidèles à la Russie comme l'Abkhazie ou l'Ossétie du Sud, en cas de reconnaissance unilatérale par les Occidentaux de l'indépendance du Kosovo.
Il est en cela soutenu par au moins une partie lobby serbe aux Etats-Unis. James Jatras, avocat, ancien analyste en politique étrangère pour le groupe républicain au Sénat déclarait le 28 mars 2007 dans le Tiraspol Times que la Transnistrie, du point de vue de ses structures étatiques, était plus qualifiée pour demander l'indépendance que le Kosovo.M. Jatras le 8 septembre 2004 avait été choisi par Slobodan Milosevic pour s'exprimer sur l'alliance entre Bill Clinton et les islamistes en Bosnie (http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=europe/20040908.OBS6510.html&datebase=20040908 ). Il est membre de l'American Council for Kosovo (http://www.savekosovo.org/ ) et raisonne beaucoup (peut-être beaucoup trop) en termes de péril intégriste (http://www.orthodoxytoday.org/articles6/BorojevicJatras.php ). Mais sa comparaison entre les enclaves pro-russes et la province à majorité albanaise mérite qu'on s'y intéresse.
Cependant la Russie garde deux fers au feu, et pourrait aussi négocier avec Chisinau la fin de la République de Transnistrie si la Moldavie retournait dans le giron russe (http://www.transdniestria.com/independent-transdniestria-news/possibletransdniestriaagreemen.html). Certains observateurs ont du reste remarqué que Vladimir Poutine se montrait ces derniers temps plus sévère à l'égard de la Géorgie qu'à l'égard de la Moldavie (http://www.moldpres.md/default.asp?Lang=en&ID=68533 ).
Le ralliement de la Moldavie à Moscou ne pourrait toutefois résulter que d'un revirement à 180 dégrés. Le Parti communiste au pouvoir à Chisinau reste pour l'heure tourné vers l'OTAN. Samedi 16 juin la Moldavie a encore envoyé un nouveau contingent en Irak (http://www.tiraspoltimes.com/news/pmr_says_no_thanks_as_moldova_ships_more_soldiers_to_iraq.html)
La Chine, elle, fidèle à sa tradition hostile aux sécessionnismes, penche clairement du côté de la Moldavie. Au début du mois de juin le général de division Ion Ursu, directeur des services de sécurité et d'information moldaves, était à Pékin pour y discuter des méthodes de lutte contre le séparatisme (http://www.kommersant.com/p-10869/China_Moldova/ ).
Le bras de fer prévisible entre Moscou et Washington sur le Kosovo, sur les questions de défense et sur le partage des sphères d'influence (et du pétrole) en Asie centrale et dans le Caucase, ne manquera sans doute pas de remettre régulièrement sur la table dans les mois qui viennent l'avenir de la Transnistrie. Affaire à suivre...
Les Occidentaux isolés à l'ONU sur Cuba
Comme elle le fait pratiquement chaque année (voir par exemple http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=453), Christine Chanet, représentante spéciale pour Cuba du Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a présenté au Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies (auparavant c'était devant la Commission des droits de l'homme récemment remaniée) un rapport hostile au gouvernement cubain, accusé de maintenir en détention arbitraire des opposants (environ 80, selon Mme Chanet dont beaucoup en réalité travaillaient pour des officines subventionnées par les Etats-Unis et l'Europe) - http://www.unhchr.ch/huricane/huricane.nsf/newsroomfrench.
Mme Chanet est une juriste française championne de l'ingérence judiciaire occidentale dans le tiers-monde (http://perso.orange.fr/joel.donnet/Articl66.htm). Elle travaille sous l'autorité de Louise Arbour, ex procureur général du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie qui, dans les années 1990, avait entretenu un climat anti-serbe dans l'opinion publique pour légitimer l'ingérence occidentale dans les Balkans.
Les rapports successifs de Christine Chanet (qui n'a jamais pu enquêter sur l'île, où elle est personna non grata) ont souvent été critiqués par les délégations non-occidentales (http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=etranger/20050414.OBS4024.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/). Cette année, la levée de bouclier face à l'anti-castrisme de la représentante a été très majoritaire. La Russie, l'Inde, l'Indonésie, la République démocratique populaire de Corée, l'Algérie, la Syrie, le Soudan, la Malaisie, la Libye, l'Angola, le Zimbabwe, le Bangladesh, la Bielorussie, le Pakistan, l'Ouzbekistan, le Sri Lanka, le Nicaragua, le Venezuela, le Vietnam, l'Equateur, l'Iran, la Bolivie, la Chine et l' Afrique du Sud se sont exprimés successivement par la voix de leurs représentants le 12 juin dans un sens défavorable à Mme Chanel soit pour critiquer son rapport soit pour demander que prennent fin les mandats spécifiques par pays tels que celui que détient Mme Chanet pour Cuba et qui visent à stigmatiser les opposants à l'impérialisme occidental. "Nous porterons bientôt un toast avec nos amis cubains, dès que ces mandats politiques et sélectifs auront pris fin, et nous chanterons Guantanamera" a déclaré le réprésentant de la Palestine à la tribune, provoquant le rire dans cette assemblée habituellement très sérieuse (http://members5.boardhost.com/medialens/msg/1181916464.html). Le représentant du Soudan a félicité Cuba pour sa politique de santé et d'éducation, celui du Sri Lanka a salué l'engagement militaire cubain contre l'apartheid dans les années 1970-80 en rappelant que Nelson Mandela n'aurait pas été libéré sans cet engagement. De nombreuses délégations ont par la même occasion dénoncé l'embargo états-unien dont Cuba est victime. Seules les délégations occidentales (Etats-Unis, Canada et Allemagne au nom de l'Union européenne) ont clairement soutenu le rapport de Mme Chanet sans remettre en cause son mandat (http://www.unhchr.ch/huricane/huricane.nsf/newsroomfrench).
La grande presse occidentale évidemment n'a pas dit un mot de cette séance du Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies. Elle n'a évoqué que l'issue finale des débats le 19 juin.
Le 18 juin peu avant minuit, et à deux doigts de la clôture de la session, un accord est intervenu, à l'initiative du Mexique, entre le bloc occidental partisan du statu quo, et les non-alignés alliés à la Russie et à la Chine, qui souhaitaient la disparition des mandats d'experts par pays. Le Conseil a supprimé les experts des droits de l'homme sur Cuba et la Biélorussie, ce qui signifie que ces pays ne feront plus l'objet de rapports annuels stigmatisants de la part de l'ONU laquelle devrait désormais en priorité inspecter les pays membres du Conseil (AFP - http://cf.news.yahoo.com/s/afp/070619/monde/onu_conseil_droitshomme_4 et http://www.la-croix.com/afp.static/pages/070618060156.w5qtt56d ). Les officines occidentales comme Human Rights Watch (voir une analyse documentée des liens de cette organisation avec l'Establishment américain sur http://web.inter.nl.net/users/Paul.Treanor/HRW.html ) se sont indignées. La chancellerie cubaine a salué "une victoire historique dans la lutte de notre peuple pour faire prévaloir la justice et mettre fin à la manoeuvre anti-cubaine conçue par les Etats-Unis" (http://larepublica.es/spip.php?article5875 ).
Village gaulois de Gaza
Le plan d'Elliot Abrams à Gaza dont nous faisions état il y a quelques jours (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-6702092.html) a complètement échoué. Le Hamas, avec le soutien de la population, vient de mettre en déroute, presque sans coup férir, le "Pinochet palestinien" Mohammed Dahlan - dont la résidence a été mise à sac -, et de prendre possession des nombreuses armes que lui avaient fournies les Etats-Unis.
Le président Abbas otage des Occidentaux a nommé un gouvernement "d'urgence" en Cisjordanie presqu'entièrement occupée par Israël, tandis que le Premier ministre Ismail Haniyeh, issu du parti majoritaire Hamas, a annoncé sa volonté de perpétuer le gouvernement d'union nationale contre ce nouveau gouvernement collaborationniste (http://www.alterinfo.net/Un-revers-pour-la-doctrine-de-Bush-a-Gaza_a9316.html).
Dans une interview à Libération du 15 juin, Khalil Abou Leïla, responsable des relations extérieures du Hamas, déclarait n'être en guerre que contre "le courant sioniste" qui existe au sein du Fatah et être prêt à soutenir la création d'un Etat d'Israël... en France.
La question est maintenant de savoir si l'enclave résistante au sud-ouest d'Israël placée sous la pression de son voisin peut survivre sans aide économique occidentale. Al-Jazeera fait déjà état d'un plan israëlien pour "affamer" Gaza (http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1913).
A retenir aussi dans l'actualité proche-orientale récente l'interview de l'ex-président de la Knesset de 1999 à 2003 et ex-président de l'agence juive, Avraham Burg dans Haaretz du 8 juin qui reconnaît l'échec du projet sioniste en Israël (http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=2655), ainsi que le rapport du coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient Alvaro de Soto qui dénonce la faiblesse de l'ONU face à Washington et au gouvernement israélien ( http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1909).
La bataille d'RCTV à Caracas
La bataille d'RCTV lancée par Washington contre Hugo Chavez s'est poursuivie au cours des deux dernières semaines.
Malgré l'opposition de toute la gauche (y compris les sociaux-démocrates), la droite et l'extrême droite au Parlement européen, aiguillonnées par Reporter sans frontières, ont profité de l'absentéisme pour faire voter par 43 voix contre 22, sur 785 députés (http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=5085) une résolution condamnant le refus de renouvellement des fréquences de la TV putschiste (les citoyens sont encouragés à demander aux députés absents pourquoi ils ont laissé passer cette résolution). La présidence allemande hésite cependant à appuyer trop ouvertement l'offensive anti-Chavez (http://www.anti-imperialism.net/lai/texte.php?langue=1§ion=&id=25401).
Au Venezuela, face aux manifestations organisées par l'oligarchie locale et la droite américaine à grand renfort de dollars US et de slogans marketing, Chavez dans une conférence de presse a cité les travaux de Th. Meyssan sur le rôle de la Albert Enstein Institution depuis quinze ans dans l'organisation des manifestations non-violentes, en Lituanie, en Serbie, en Georgie, en Ukraine, pour renverser les résistances à la globalisation impériale (http://www.voltairenet.org/article148776.html).
Aux Etats-Unis, même les pauvres de Brooklyn qui bénéficient du pétrole venezuelien à bas prix commencent malgré tout à se faire entendre, par la voix du courageux conseiller municipal démocrate du 42 ème district de New York, Charles Barron, ancien membre des Black Panthers, qui n'a pas hésité à défendre Chavez sur la chaine conservatrice Fox News. Après avoir été traité de "fils de pute" par le correspondant de cette chaîne à Caracas Adam Housley (http://larepublica.es/spip.php?article5745), il a affronté le député républicain de Floride Connie Mack (http://mack.house.gov/ ),l'homme du lobby des millionnaires cubains de Miami (http://www.cubanet.org/CNews/y98/feb98/13o8.htm), auteur de grandes initiatives politiques dans l'histoire de l'impérialisme comme la libération d' Orlando Bosch, le terroriste anti-castriste allié de Posada Carriles en 1990 (http://www.paginadigital.com.ar/articulos/2003/2003terc/noticias2/cronolocub17-4.asp), la loi Cuba Democracy Act renforçant l'embargo contre l'île en 1992, la résolution parlementaire condamnant le gouvernement de Caracas en 2005 (http://www.trinicenter.com/modules.php?name=News&file=print&sid=1374).
Le conseiller Barron l'a accusé de participer à "la suprématie des hommes blancs" ("white men supremacy") en voulant dire aux Vénézueliens pour qui ils doivent voter (http://www.youtube.com/watch?v=Mb8JVwnUy-M et http://www.youtube.com/watch?v=5iNaPW_tXqc&mode=related&search=).
La situation au Venezuela reste tendue. Dayana Carolina Azueje, professeur à l'université nationale expérimentale politechnique des forces armées, et Gabriel Tovar tous deux dirigeants de la Coordinadora Simón Bolívar ont été assassinés après avoir accusé, sur la chaine de TV de droite Globovision, la FEDECAMARAS (le syndicat des patrons vénézueliens) d'organiser les troubles dans le pays (http://www.anncol.org/es/site/doc.php?id=3118).
En France, le Cercle bolivarien de Paris a appelé le 7 juin à une manifestation de soutien à la République bolivarienne au Trocadéro (http://cbparis.free.fr/). Une antenne française de la télévision vénézuelienne Vive vient de voir le jour (http://www.vive-fr.org/vive/), tandis que Telesur en langue espagnole est toujours accessible sur le Net (http://www.telesurtv.net/secciones/alamedida/telesurnoticias/index.php). En Amérique latine, Cuba, le gouvernement du Panama, le Parti des travailleurs brésilien, divers intellectuels argentins (le prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquive; le cinéaste, Fernando Pino Solanas; les sociologues Atilio Borón et Alcira Argumedo), l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca (au Mexique) entre autres ont manifesté leur soutient au gouvernement bolivarien face au lobby d'RCTV (http://www.congresobolivariano.org/modules.php?name=News).
L'Empire au Darfour
Le lobby de la guerre en Irak - les néo-conservateurs, les évangélistes, les sionistes, les deux grands partis politiques des Etats-Unis (dont le Congrès a appelé à l'intervention contre le "génocide" dès 2004 à la presque unanimité http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/3918765.stm), M. Blair, M. Kouchner et son nouvel ami M. Sarkozy - sont mobilisés ce printemps pour provoquer une intervention militaire au Darfour. Cible de l'opération : le gouvernement trop "non-aligné" de Khartoum, et, derrière lui, la Chine.
M. Sarkozy est chargé aujourd'hui, le 7 juin, de présenter son projet de "corridors humanitaires" devant le G8, et d'infléchir la doctrine européenne, jusque là plutôt réservée sur l'intervention au Soudan (http://www.alterinfo.net/index.php?action=breve&id_article=652760).
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, fidèle vassal de Washington, y est allé aussi de son petit geste, en nommant au poste de conseiller spécial pour la prévention des génocides (AFP 30 mai) le professeur Francis Deng, un Soudanais du Sud, directeur du Sudan Peace Support Project à l'Institut américain pour la paix (U.S. Institute of Peace, USIP, financé par le gouvernement américain, M. Bush nomme des membres de son comité directeur - http://www.danielpipes.org/usip.php), directement lié aux lobbies interventionnistes (voir par exemple sa conférence au Musée de l'Holocauste de Washington à l'invitation de la Coalition for Darfur le 19 octobre 2005 http://www.warandfaithinsudan.com/links.htm)
Dans un article récent, F. William Engdahl, un spécialiste du pétrole publié chez l'excellent éditeur de gauche anglais Pluto Press, démontait l'accusation de "génocide" adressée au gouvernement de Khartoum, et révélait les enjeux pétroliers de l'interventionnisme américain dans cette guerre civile (http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2876&lg=fr).
Sur le terrain, de nombreuses ONG humanitaires s'opposent au dispositif militaire des corridors. Le Tchad aussi, bien qu'allié à la France, et qui accueille de nombreux réfugiés, a fait connaître son refus (Reuters 5 juin). Le gouvernement soudanais quant à lui négocie avec l'Union africaine un aménagement de la force de paix que l'UA entretient déjà sur place (Reuters 6 juin).
Du coup, les interventionnistes occidentaux semblent hésiter. Si Washington demande toujours un durcissement des sanctions, le Dr Kouchner vient de reconnaître, concernant le système des couloirs humanitaires, qu'il n'est "pas du tout sûr qu'on puisse le faire" (AFP 6 juin)...