Les deux grandes puissances qui en ce moment se font face sur l'échiquier planétaire, les Etats-Unis et la Chine doivent affronter en ce moment une agitation populaire grandissante, l'une à Minneapolis, l'autre à Hong-Kong. Concernant Hong-Kong, voici une version des faits peu connue du grand public que mettait en avant l'an dernier le journaliste Dan Cohen pour TheGrayZone. En 2019 les manifestations ont apparemment commencé en opposition à un amendement proposé à la convention d'extradition entre Hong Kong, Taïwan, la Chine continentale et Macao, qui aurait permis aux autorités taïwanaises de poursuivre un homme de Hong Kong pour meurtre de sa petite amie enceinte.
Des réseaux hautement organisés de manifestants anti-Chine se sont rapidement mobilisés contre la convention, obligeant l'administratrice générale de Hong Kong, Carrie Lam, à retirer le projet de loi.
Mais les manifestations se sont poursuivies même après que la loi sur l'extradition a été retirée de la table - et ces manifestations ont dégénéré en scènes violentes. Des centaines d'émeutiers masqués ont occupé l'aéroport de Hong Kong, forçant l'annulation des vols entrants tout en harcelant les voyageurs et en agressant violemment les journalistes et la police . Derrière des porte-parole télégéniques se trouvaient des éléments plus extrêmes tels que le Parti national de Hong Kong de «reprendre Hong Kong» aux continentaux chinois qu'ils représentent comme une horde de sauterelles. Une image qui vient du Apple Daily qui en 2012 appelait à l'arrêt de «l'invasion illimitée de Hong Kong par des femmes enceintes du continent ».
Les manifestants ont même adopté l'un des symboles les plus largement reconnus de l'alt-right, arborant des images de Pepe la grenouille dans leurs slogans protestataires. Parmi les influenceurs principaux figurait le "Rupert Murdoch d'Asie", Jimmy Lai. Lai, patron de la marque Giordano et du Apple Daily (entre autres), fanatique du néo-libéralisme de Melton Friedman, a assis son pouvoir en investissant des millions de dollars dans la manifestation de 2014 Occupy Central, connue sous le nom de Mouvement des parapluies. Bien que les médias occidentaux aient décrit les manifestants de Hong Kong comme la voix de tout un peuple aspirant à la liberté, l'île est profondément divisée. En août dernier, un groupe de manifestants s'est mobilisé devant la maison de Jimmy Lai, dénonçant son allégeance aux néo-conservateurs américains. Des millions de dollars ont afflué des tenues de changement de régime des États-Unis comme le National Endowment for Democracy (NED) dans la société civile.
Lai n'a cessé d'exploiter sans vergogne le désarroi des jeunes de Hong-Kong devant la délocalisation massive de leurs industrie vers la Chine continentale où les salaires sont plus bas. Il a aussi largement arrosé les partis politiques locaux. Des courriels fuités ont révélé que Lai a versé plus de 1,2 million de dollars aux sécessionnistes, dont 637 000 USD au Parti démocrate et 382 000 USD au Parti civique. Lai a également donné 115 000 $ US à la Hong Kong Civic Education Foundation et au Hong Kong Democratic Development Network, tous deux cofondés par le révérend Chu Yiu-ming. Il a été reçu par par le champion de l'ingérence de l'administration Trump John Bolton en juillet 2019.
Une partie des manifestants est aussi liée à l'Alt Right (droite alternative) américaine.
Le fondateur de Patriot Prayer, Joey Gibson, a participé en 2019 à une manifestation anti-extradition à Hong Kong, diffusant l'événement en direct à ses dizaines de milliers de followers. Un mois plus tôt, Gibson a été aperçu brutalisant des militants antifa aux côtés de rangs de fascistes armés de clubs. À Hong Kong, il s'est émerveillé de la foule.
"Ils aiment notre drapeau ici plus qu’en Amérique!" S'est exclamé Gibson alors que les marcheurs passaient, lui montrant un signe de pouce levé pendant qu'il faisait signe aux Stars and Stripes.
D'autres sont plus liés aux démocrates américains comme Lee qui a commencé à collaborer avec Lai lors des manifestations de 1989 sur la place Tiananmen. Récipiendaire du «Democracy Award» du National Endowment for Democracy, financé par le gouvernement américain en 1997, Lee est le président fondateur du Parti démocrate de Hong Kong, désormais considéré comme faisant partie de la vieille garde du camp pro-américain. Il a été reçu par le secrétaire d'Etat de Trump en 2019. Des figures plus jeunes comme Joshua Wong ont reçu le soutien ouvert du consulat général des Etats-Unis. Récompensé par la Freedom House à Wsahington en 2015, quelques jours seulement après l'élection de Trump à la présidence en novembre 2016, il était de retour à Washington pour demander plus de soutien américain. Wong a ensuite été embauché dans un réseau d'institutions américaines d'élite, notamment le groupe de réflexion de droite Heritage Foundation et les salles de rédaction du New York Times et du Financial Times . Il a aussi fréquenté Rubio, Cotton, Pelosi et le sénateur Ben Sasse .
Un manifestant a expliqué au New York Times comment le mouvement avait tenté d'adopter une stratégie appelée «théorie de la violence marginale»: en utilisant la «force légère» pour inciter les services de sécurité à attaquer les manifestants, les manifestants visaient à éloigner la sympathie internationale de l'État. Des techniques qui ont aussi fait leurs preuves au Nicaragua et au Venezuela. Puis il y a eu une montée en puissance de la violence avec usage de cocktails molotovs, attaques de véhicules etc.
Les manifestations ont disparu avec l'épidémie de coronavirus, mais en février le magnat Jimmy Lai ainsi que Lee Cheuk Yan et Yeung Sum ont été arrêtés pour leur participation à une manifestation illégale en 2019 et pour avoir tenté d'intimider un journaliste en 2018, ce qui a relancé le mouvement protestataire. Dans China Daily le 11 mai le professeur Tony Kwok mettait pourtant en avant le caractère assez léger de la répression judiciaire. Plus de 8 000 personnes ont été arrêtées, mais seulement 1 365 ont été inculpées et seulement 87 ont été condamnées. Dans les rares cas de poursuites, les juges cléments leur accordent une caution minimale dans la plupart des cas. Il relevait que beaucoup de "chemises noires" qui avaient participé à un assaut contre l'assemblée législative de Hong-Kong s'étaient réfugiés à Taiwan et aux Etats-Unis.
Le 28 mai dernier près de 3000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP) ont adopté une motion qui donne mandat au Comité permanent de l'ANP pour rédiger un projet de loi qui sera incorporé dans la mini-constitution de HongKong, contournant ainsi le vote du Conseil législatif local. Cette loi devra «empêcher, stopper et réprimer toute action qui menace gravement la sécurité nationale, comme le séparatisme, la subversion, la préparation ou la commission d'activités terroristes, ainsi que les activités de forces étrangères qui constituent une ingérence dans les affaires» de Hong Kong, selon le projet qui avait été soumis à l'ANP. Les Etats-Unis en représailles en représailles ont retiré à Hong Kong le statut commercial préférentiel dont il bénéficie de la part de Washington.
Washington n'est pas seule à jouer la carte de l'ingérence. L'ancienne puissance coloniale est aussi de retour. Le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Laab a fait savoir le 21 mai, que "si la Chine donne suite à cette législation sur la sécurité nationale ... Londres donnera aux personnes qui détiennent des passeports BNO (passeports nationaux britanniques d'outre-mer) le droit de venir au Royaume-Uni". Greenville Cross, ancien procureur général de Hong Kong, en mars dernier avait dénoncé parmi les éléments dernier parmi les éléments d'ingérence britannique une enquête sur la répression produite par un Groupe parlementaire multipartite sur Hong Kong présenté par la députée du Parti vert du Royaume-Uni, Natalie Bennett, qui était en fait financée par les mouvements sécessionnistes.