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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 14:49

Dans un article mis en ligne le 24 août, Bruno Angsthelm, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD, une ONG influente basée à Paris) s'alarme de l'impossibilité d'une alternance politique au Cameroun. Le Président Paul Biya aujourd'hui âgé de 77 ans a obtenu en 2008 la modification de la constitution permettant qu'il exerce un nouveau mandat.  Les élections auront lieu l'an prochain. Au pouvoir depuis 1982, responsable d'une répression sanglante des émeutes de la faim en février 2008, le président Biya est dans le collimateur de plusieurs ONG sur la question du respect du pluralisme et des droits de l'homme.

 

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L'International crisis group financé par George Soros et proche des démocrates aux Etats-Unis s'est aussi intéressée au régime de Paul Biya très récemment. Fin mai un de ses rapports soulignait l'instabilité potentielle du Cameroun. Dans la foulée, le 8 juin, à Douala, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun Janet E. Garvey  s’est adressée à des hommes d’affaires, membres de la Chambre de commerce américaine, une structure créée au Cameroun il y a trois ans, pour dénoncer la corruption au sommet de l'Etat camerounais. Certains courants du parti démocrate à Washington pousseraient au Cameroun la candidature de Christopher Fomunyoh , le coordonnateur pour l’Afrique centrale du National Democratic Institute (Ndi), proche lui aussi du parti démocrate étatsunien, à l’élection présidentielle de 2011. 

 

Toutefois les Etats-Unis, tout comme la France, sont très loin d'avoir abandonné Paul Biya.  Leur allié, Israël, a récemment formé un corps d'élite au sein de l'armée camerounaise, le Bataillon d’intervention rapide, apparemment en concurrençant les cadres militaires français, spécialement pour sa protection. Nicolas Sarkozy à l'issue d'une visite de son ami Paul Biya en France lui a imposé la nomination d'un vice-président, afin que le système camerounais puisse se reproduire dans de meilleures conditions que le régime togolais à la mort d'Eyadéma ou le régime ivoirien après le décès d'Houphouët Boigny, ce qui n'est pas sans poser des problèmes ethniques. La désignation du vice-président pourrait être un moyen de ménager les intérêts états-uniens et français au Cameroun en ouvrant les perspectives d'une sortie "en douceur" de l'ère Biya.

 

L'économie du Cameroun est largement entre les mains de la holding française Bolloré qui contrôle ses chemins de fer, son port maritime (Douala), et directement ou indirectement une bonne partie de son agriculture (le groupe a lancé récemment des actions en justice contre des journalistes qui mettaient en cause la manière dont il traitait sa main d'oeuvre au Cameroun). En octobre 2007, le journal du groupe Bolloré Matin Plus en collaboration avec le Monde a vanté la politique de Paul Biya, et le groupe soutient la Fondation de l'épouse du chef de l'Etat Chantal Biya, une association caritative dont le nom a été évoqué à diverses reprises dans des affaires de corruption (fondation qui bénéficie certes aussi de dons chinois...). La découverte récente de nouveaux gisements pétroliers par Total devrait rendre ce pays (qui déjà tire la moitié de ses recettes à l'exportation des hydrocarbures) encore plus attractif pour ses parrains occidentaux.

 

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 23:13

Dans un contexte où le président français Sarkozy s'est employé à vanter les bienfaits du colonialisme, et à durcir son discours à l'égard des immigrés et Français issus de l'immigration postcoloniale, diverses initiatives ont été prises récemment en Algérie qui témoignent de la vivacité du sentiment anti-colonial.
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Comme le rappelle Jeune Afrique, le 13 janvier 2010, Moussa Abdi, élu du Front de libération nationale (FLN), a présenté à l'assemblée nationale populaire algérienne un texte demandant la criminalisation du colonialisme. Cette proposition de loi si elle avait été adoptée aurait pu entraîner la création de juridictions spéciales chargées de juger les responsables politiques et militaires français pour les crimes de guerre perpétrés entre 1954 et 1962, et pour les crimes contre l’humanité qui auraient eu lieu durant la longue période coloniale (cent trente-deux ans de présence française en Algérie). En plus des excuses demandées à ­l’ancienne métropole et de la reconnaissance du « génocide », des compensations financières comme ce que la Libye a obtenu de l'Italie auraient été exigées. Le texte était soutenu par 125 députés (sur 389) du Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, le Mouvement pour la société de la paix (MSP, islamiste) et El Islah. 

En janvier M. Abdi avait annoncé sa ­volonté d’associer les parlementaires des autres anciennes colonies ou protectorats français (Maroc, Tunisie) au projet de ­criminalisation de la colonisation. Des élus algériens parmi les ­signataires de la proposition de loi se sont rendus au Vietnam la première semaine de février. Selon le quotidien algérien El Watan, la proposition « a été accueillie froidement » à Hanoi, et en Algérie-même la direction du FLN ne paraissait guère favorable au vote de la proposition de loi de M. Abdi. Des médias kabyles ont dénoncé aussi une opération "populiste" de l'aile conservatrice du FLN. Il semble que les partis de gauche algériens comme le Parti des travailleurs, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (représentés à l’APN) ainsi que le Front des forces socialistes (sans députés) ne soutenaient pas cette initiative. Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, le 13 février à Zéralda, lors de son rapport d’ouverture des travaux de la commission nationale des élus de son parti, a émis des réserves sur le fond, la forme et l’opportunité même du projet de M. Abdi, s’interrogeant au passage sur ses dessous et ses desseins et laissant entendre que le «timing» choisi pour cela ne serait pas étranger à le tenue du 9e congrès du FLN. Elle n'a cependant pas attaqué le fond du texte, espérant même sur un ton ambigu "que ce projet survivra au prochain congrès du FLN".Le député RCD, Noureddine Ait Hamouda, a jugé le projet inutile « parce que les initiateurs n’ont pas la légitimité nécessaire pour mener un projet de cette envergure ». Le 19 février le projet a finalement été retiré sous la pression du président Bouteflika, qui aurait été sensible aux menaces de Paris quant aux effets d'une telle loi sur les relations diplomatiques et économiques bilatérales. Il n'est pas absolument évident toutefois que le projet soit définitivement enterré par ses initiateurs.

La France reste par ailleurs sur la sellette en ce qui concerne les essais nucléaires qu'elle a réalisés dans le Sahara entre 1960 et 1966. Le 13 février, l’avocate Fatma ­Benbraham a ­annoncé qu’elle disposait de ­suffisamment de preuves pour attaquer devant les tribunaux internationaux la France pour génocide. « Un rapport militaire ­français relève la présence au moment des expériences nucléaires de quelque 40 000 ­habitants dans cette région, entre nomades et sédentaires, explique-t-elle. Cela ­contredit la version officielle soutenant que les essais ont eu lieu dans des zones sans vie, comme l’avait promis le représentant de la ­France aux Nations unies en 1957. » 

Dans un autre registre, le discours anticolonialiste au Maghreb s'est également déployé récemment à Bir Lahlou, en plein désert, 64 km à l’est du “mur de la honte” érigé par les Marocains au début des années 80, et qui sépare les territoires occupés des territoires sahraouis, où le Front polisario a célébré l’an 34 de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). S'étaient déplacés jusqu'à cette bourgade inhospitalière l’ambassadeur de Cuba à Alger, Eumelio Caballero Redriguez, et celui du Venezuela, Michel Mujica, le chargé d’affaires de l’ambassade de l’Afrique de Sud à Alger, une forte délégation venue de Pretoria, composée des responsables de l’ANC, du Parti communiste et des représentants des syndicats, le président de la commission de travail au Parlement nigérian, des universitaires, des représentants du mouvement ouvrier et d’étudiants de ce pays. D’autres pays africains qui ont combattu armes à la main le colonialisme étaient également représentés tels que le Mozambique, le Ghana, l’Angola, la Guinée-Bissau. L’Algérie était représentée par le Comité national de solidarité avec le peuple sahraoui. Les Africains ne connaîtront pas la paix et le repos tant qu’il y a un peuple africain sous le joug de la colonisation. » a déclaré le représentant de l'ANC paraphrasant Nkrumah.

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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 13:28
L’association de défense de l’environnement Greenpeace a publié un rapport sur les mines d’uranium exploités par le groupe français Areva, au nord du Niger. Une équipe de l’organisation s’est rendue sur les lieux du 1er au 9 novembre. Cette étude révèle les risques de contamination radioactive pour les populations locales.

L'association de défense de l'environnement Greenpeace relève des niveaux élevés de radiation dans les rues d’Akokan à l’ouest d’Arlit. « Les enfants qui jouent dans ces rues, explique le rapport, sont exposés à des risques inacceptables des rayonnements radioactifs.» A certains endroits de cette cité minière, la dose de radiation au niveau du sol est 500 fois plus élevée que le niveau naturel constate Greenpeace. « Même les passants peuvent être exposés gravement » note le mouvement écologiste.

Dans un article du Monde Diplomatique de juin 2008, Anna Bednik décrivait l'action du mouvement touareg MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice) pour que les collectivités locales nigériennes puissent avoir le contrôle des recettes de l'exploitation de l'uranium. Le Niger est le troisième exportateur mondial de ce minerai. Il est exploité par deux sociétés franco-nigériennes dont Areva NC est l’actionnaire majoritaire. Mais le gouvernement nigérien commercialise désormais une partie de la production directement sur le marché, et le monopole français de l’extraction de l’uranium au Niger est terminé. A. Bednik indique notamment qu'en novembre 2007, Sino-Uranium, filiale de l’entreprise publique chinoise China National Nuclear Corporation (CNNC) qui explore depuis 2006 l’importante concession de Tegguidda, a obtenu le permis d’exploitation du gisement d’Azelik. Au vu des actions de la guérilla touaregs contre la CNNC, l'hypothèse d'une manipulation de celle-ci par Areva a été avancée pendant un temps, puis démentie par la suite. Une dialectique entre violence des rebelles et le durcissement du gouvernemet de Niamey s'est engagée dans un contexte d'appauvrissement croissant des populations locales et de désertification, avec toutes les conséquences que l'on peut imagine (sur la répression, voir par exemple le témoignage d'Amnesty International en 2007).

Dans une préface au récent livre de Yash Tandon "En finir avec la dépendance à l'aide" (exd. CETIM), l'économiste Samir Amin, contributeur de l'Atlas alternatif, cite la situation du Niger comme illustration de l' "aiguisement des conflits pour l'accès aux ressourcs naturelles de la planète", contexte dans leque les pays du Nord entendent se réserver l'accès exclusif à une "Afrique "utile" (celle des ressources naturelles), et en interdire l'accès aux "pays émergents" " comme la Chine. L'aide au développement (dont les modalités sont définies de façon unilatérale et qui, dans le cas du Niger, représente la moitié de son buget) servant à maintenir les classes moyennes nationales dans une position clientélaire à l'égard des pays riches.

F. Delorca

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 05:39
Le 6 août  dernier, un conseil de 11 militaires dirigé par le général Ould Abdel Aziz a annoncé avoir « mis fin au pouvoir du président » élu en mars 2007. Il a promis une élection présidentielle « libre et transparente » dans « une période qui sera la plus courte possible ». Une marche organisée en soutien aux putschistes a réuni, quelques jours plus tard à Nouakchott, quelque centaines de véhicules et un millier de personnes qui ont défilé aux cris de « Aziz ! Aziz ! ». Quasiment au même moment, la police a dispersé « à coups de grenades lacrymogènes » un rassemblement en faveur du chef de l’Etat renversé, selon le secrétaire général du parti présidentiel, Mohamed Mahmoud Ould Dahmane. Cette manifestation contre le putsch était organisée par quatre partis politiques constitués en Front national pour la défense de la démocratie. Dans son premier communiqué, ce Front a affirmé que Sidi Ould Cheikh Abdallahi restait le « seul et unique président légitime » et a invité les militaires « à regagner leurs casernes » (http://www.elwatan.com/Les-militaires-promettent-une).

Les puissances étrangères n'ont pas tardé à réagir. A Bruxelles, la Commission européenne a demandé la libération du président et du Premier ministre, comme préalable à l’organisation de nouvelles élections. L’Egypte s’est dite « consternée » par le coup d’Etat, et la Ligue arabe faisait part de son « extrême » inquiétude.La France, ex-puissance coloniale, a « réaffirmé sa totale condamnation du coup d’Etat inacceptable » et menacé la junte de « conséquences sur les relations » de ce pays avec l’Union européenne s’il n’y avait pas de « retour à la légalité constitutionnelle ». Washington a suspendu son aide non-humanitaire à la Mauritanie.

Le Conseil de Paix et de Sécurité de (CPS) de l'Union africaine pour sa part lançait un  ultimatum aux nouvelles autorités de Nouakchott le 22 septembre  dernier, à l'occasion d'une réunion tenue à New York, en marge de  l'Assemblée générale des Nations unies, leur donnant un délai jusqu'au 6 octobre prochain pour libérer le président déchu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, et pour  rétablir l'ordre constitutionnel. Le nouveau régime de Nouakchott a rejeté cet ultimatum.

L'Agence de presse chinoise Xinhua signale qu'aujourd'hui les députés favorables au putsch sont majoritaires en Mauritanie (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-09/29/content_730738.htm). Le Sénat mauritanien a adopté il y a le 18 septembre de jours une feuille de route pour le  retour à un ordre constitutionnel normal qui se félicite des mesures prises par les forces armées et de sécurité contre le président déchu sans effusion de sang (http://actualites.marweb.com/mauritanie/politique/senat-adopte-proposition-resolution-situation-politique-pays.html).

Cependant, en Mauritanie, la crainte des sanctions internationales est à son comble. Khalil Balla Gueye, ancien premier conseiller d’ambassade à Bagdad, agitait le spectre d'un "catastrophe humanitaire" comparable à celle qu'a connu l'Irak, si les militaires ne rendent pas le pouvoir aux civils (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-la-trame-d-un-genocide-economique.html). La Mauritanie dépend à hauteur d'un tiers de son budget de l'aide extérieure (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-de-l-aide-au-developpement-a-l-autosuffisance.html).

Se joignant aux Occidentaux, la branche maghrébine d'Al-Qaïda, a proclamé une guerre sainte contre le nouveau régime. L'armée mauritanienne a lancé une opération de ratissage dans le nord du pays (http://www.click4mauritania.com/mauritanie-l-armee-traque-al-qaida.html).

Une des premières mesures de la junte a été de nommer un nouveau Président du Conseil d'administration de la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) (http://www.click4mauritania.com/communique-du-conseil-des-ministres-du-25-septembre-2008.html). La Mauritanie est devenue producteur de pétrole début 2006. Un gisement de pétrole a été découvert dans l'océan Atlantique et la société australienne Woodside exploitera les champs de Chinguetti. Le gouvernement table sur une production à terme de 100 000 barils par jour. Plusieurs autres gisements (Tioff, Banda, Tevel) ont été repérés, et l'exploration continue, menée notamment par Woodside, Dana Petroleum, et Total. Par ailleurs la Mauritanie est le 13eme producteur de fer au monde. Elle fournit 12 % du fer importé par la France (http://www.sfc.fr/Donnees/metaux/fe/texfe.htm). Elle intéresse à ce titre la Chine :  un contrat de vente d'environ 1,5  million de tonnes de minerai de fer par an, sur une période de 7  ans, a été signé récemment entre la Société Nationale Industrielle et  Minière(SNIM) de Mauritanie et la société chinoise China Minmetals Corporation (http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-03/24/content_602229.htm). La Russie et la Chine sont aujourd'hui les 2ème et 3ème partenaires commerciaux de la Mauritanie pour les importations derrière la France (http://www.economie.gov.mr/NR/rdonlyres/EB41D705-A5D6-4859-9803-20B14F28CFF4/0/note_trimestrielle_commerce_exterieur_12008.pdf).

FD
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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 18:00
Hier 19 juin, le géant pétrolier Royal Dutch Shell a dû suspendre l'exploitation du brut nigérien à la suite d'une violente attaque contre sa plateforme off-shore de Bonga, à 120 km des côtes nigérianes, dont la capacité est de 220 000 barils par jour. Le groupe MEND a revendiqué cette action ainsi que l'enlèvement du capitaine états-unien Jack Stone, de la firme de services pétroliers Tidex (Reuters). L'attaque des terminaux pétroliers et des oléoducs par ce groupe dans le Delta du Niger a déjà contribué depuis début 2006 à réduire de 20 % la production pétrolière du Nigéria qui est sixième exportateur mondial de pétrole (et le cinquième fournisseur des États-Unis),  et dont les réserves seraient immenses. La crainte d'une interruption totale des exportations nigérianes serait un des facteurs principaux de la flambée des prix du brut sur les marchés internationaux en ce moment.

On sait peu de choses sur le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (MEND) à part qu'il réclame une distribution plus équitable des revenus du pétrole (la manne pétrolière nigériane partagée entre les multinationales et le gouvernement profite fort peu à la population). Ses détracteurs y voient un ramassis de criminels, ses sympathisants, par exemple l’écrivain, prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, un groupe de jeunes gens disciplinés et déterminés, mus par des objectifs politiques au service d'une meilleure répartition de la rente (voir par exemple l'analyse d'une chercheuse membre de la Ligue communiste révolutionnaire Kohou Mbwélili sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=5313). Certaines de leurs revendications ponctuelles ont révélé une proximité avec des opposants nigérians qui ne sont pas faits pour plaire à l'Empire occidental : ils ont notamment demandé la libération de l'ex-gouverneur de l'Etat de Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha, jugé coupable de corruption et celle de «Mujahid» Dokubo Asari, "un converti à l’islam, un gangster admirateur d’Oussama Ben Laden, selon ses détracteurs, un chef charismatique qui affirme mener ses actions au nom de la défense des ijaw, selon ses admirateurs" d'après RFI (http://www.rfi.fr/actufr/articles/074/article_41998.asp). Jugé coupable de «trahison» par la Haute-Cour fédérale en octobre 2005, Asari dirigeait une milice armée désormais interdite, la Force des volontaires du peuple du delta du Niger (NDVPF), dont le MEND a pris la relève.

Les actions de sabotage du MEND rappellent celles de la résistance irakienne. La résistance nigériane semble d'ailleurs, comme celle d'Irak, divisée entre de nombreux groupes rivaux dont MEND serait le plus efficace ou peut-être l'étiquette commune à l'égard de l'extérieur (http://www.wjla.com/news/stories/1207/481135.html). 

Depuis peu, une certaine gauche droit-de-l'hommiste états-unienne s'intéresse au MEND, comme par exemple Sandra Cioffi dont on peut lire l'interview sur Democracy now! (http://i2.democracynow.org/2008/5/9/free_from_nigerian_military_custody_sweet ). Sandra Cioffi a réalisé un film documentaire au Nigéria sur le pétrole - Sweet crude (http://www.sweetcrudemovie.com/ et http://www.sandycioffi.com/home.php) -, ce qui lui a valu d'être arrêtée par le gouvernement nigérian, mais elle a pu être libérée au bout de six jours notamment grâce aux pressions de membres de la Commission des affaires étrangères du Sénat étatsunien. Après que le MEND ait demandé la médiation de personnalités comme George Clooney ou Jimmy Carter, elle estime que que la multinationale américaine Chevron, qui est, le deuxième exploitant pétrolier au Nigéria après Shell, devrait s'impliquer dans la résolution du conflit, et la négociation sur la redistribution de la rente... avant qu'elle ne soit remplacée par des compagnies chinoises. Elle serait, dit-elle, un "meilleur joueur que les autres compagnies pétrolières, en particulier les chinoises, par exemple, qui ont indiqué qu'elles désirent s'installer là, et qui n'ont rien à faire des atteintes aux droits de l'homme dans le Delta". Le site de son film appelle les juristes, politiciens et journalistes de l'Union européenne et des Etats-Unis à promouvoir au Nigeria un "Good Friday Peace Agreement" sur le modèle des négociations d'Irlande du Nord en 1998 afin d'obtenir par des voies "démocratiques" une stabilisation de la zone avant que la logique du conflit militaire ne la plonge davantage dans le chaos. Dans un style ambigu il observe : " Que l'objectif soit de traiter une crise humanitaire ou de sécuriser nos approvisionnements pétroliers, il est temps d'avoir une nouvelle approche"  (http://www.sweetcrudemovie.com/politicalAction.php).

F. Delorca


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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 10:42
On a beaucoup parlé du Darfour et du Tchad... Mais aujourd'hui c'est aussi la partie occidentale du Sahel qui s'embrase dans un contexte de raréfaction de l'eau et d'appauvrissement économique. La multiplication des foyers de tension dans cette zone éveille des soupçons de manipulation de la part des puissances occidentales.

L'éditorialiste du quotidien algérien Al Watan du 7 janvier 2008, Amine Lofti, en fait la remarque : "L’apparition presque concomitante de mouvements de rébellion au Niger et au Mali, l’irruption violente du terrorisme armé en Mauritanie ne peuvent pas constituer en eux-mêmes des événements spontanés et sans liens entre eux tant ils relèvent d’une quasi unité d’espace et de temps. Cette déstabilisation à grande échelle, si elle tente de mettre à mal les pays du Sahel, n’est pas dénuée d’intentions malveillantes à l’égard de l’Algérie qui partage avec eux d’immenses frontières. La question se pose alors de savoir qui tire les ficelles sans tomber dans la psychose du complot ourdi. Il est à noter en effet que les troubles et les attentats terroristes surviennent au moment où des pays comme le Mali, le Niger et la Mauritanie s’engagent dans un processus de démocratisation de la vie politique dont nombre d’observateurs ont établi le bien-fondé."  "D’où viennent les armes et le matériel de guerre qui circulent dans le Sahel pour alimenter des rébellions ?" demande le journaliste, qui conclut : "Il convient de s’interroger aujourd’hui sur les implications géopolitiques et militaires de cette escalade que certains ne craignent pas (d'imputer) à une volonté de mainmise sur cette région de puissances étrangères, les Etats-Unis ne faisant pas mystère à cet égard (de leur intention) d’installer des bases dans la région de l’Afrique en s’appuyant sur le prétexte de la défendre. Ce qui reviendrait à une occupation militaire, notamment de pays du Sahel fragilisés par les conflits, qui ne s’embarrasserait même plus de cacher son nom. "  http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=84196

FD

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17 mai 2007 4 17 /05 /mai /2007 12:48

 Deal entre le Maroc et Israël, sur le dos des Sahraouis et des Palestiniens

Les activités diplomatiques entre le Maroc et Israël se sont fortement accélérées ces derniers temps, malgré le fait de que le Maroc ait rompu les relations avec Jérusalem il y a six ans. Des sources sahraouies affirment avoir des preuves montrant que le Maroc a offert le rétablissement des relations diplomatiques avec Israël en échange d’un fort lobbying israélien en faveur de la politique de Rabat sur le Sahara Occidental.

En effet, la presse israélienne a révélé cette semaine que les relations entre les deux pays sont en train de se dégeler. Avant le début de l’Intifada palestinienne il y a six ans, le Maroc était parmi les rares pays arabes à avoir des relations formelles et cordiales avec Jérusalem. De plus, le Maroc a été traditionnellement  l’un des abris les plus sûrs pour les juifs dans le monde arabe. En solidarité avec les Palestiniens, le Maroc a pourtant fermé sa représentation officielle en Israël et rompu toute relation diplomatique.

Selon le quotidien israélien Maariv, la solidarité de Rabat n’était cependant que superficielle. Depuis 2003, il y a eu des contacts réguliers au plus haut niveau entre les deux pays. En septembre 2003, le roi Mohammed VI a même reçu l’alors Ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, dans l’un de ses palais de vacances pour des conversations politiques.

Le quotidien affirme avoir des informations indiquant que le Maroc pourrait être maintenant « en train de rétablir ses relations avec l’Israël ». Il remarque certains voyages secrets à Jérusalem par de hauts responsables marocains, se réunissant discrètement avec des fonctionnaires du Ministère des Affaires étrangères. « Les Marocains signalent qu’ils sont prêts à dégeler le blocage politique avec l’Israël », a indiqué une importante source politique d’après Maariv.

Les mêmes sources ont aussi révélé le « prix » marocain pour le rétablissement des relations. Le maquignonnage comprend la garantie par le gouvernement israélien de « promouvoir les intérêts marocains » dans la communauté internationale. Les sources israéliennes n’ont pas donné plus de détails.

Mais d’autres sources, outre-Atlantique, affirment avoir vu les premiers résultats de ce maquignonnage israélo-marocain. À Washington, « Israël et les lobbyistes juifs » ont augmenté la pression sur le gouvernement US pour qu’il accepte le prétendu plan marocain d’autonomie pour le Sahara Occidental –l’ancienne colonie espagnole occupée par le Maroc depuis 1976 malgré de nombreuses protestations des Nations Unies. Le plan d’autonomie controversé s’oppose aux demandes des Nations Unies d’un referendum d’indépendance au Sahara Occidental et propose par contre faire du territoire disputé une province marocaine autonome.

D’après des sources des milieux du lobby pro-sahraoui aux USA, leurs efforts pour soulever la question du Sahara Occidental au Congrès et au Sénat US ont de plus en plus rencontré un « soutien américain juif et israélien aux initiatives marocaines concernant le Sahara Occidental » de plus en plus actif.

Rien que le mois dernier, avant que le Conseil de Sécurité des Nations Unies discute les diverses solutions au conflit du Sahara Occidental, le président US George W. Bush a reçu une lettre soutenant fermement les points de vue marocains, signée par presque 170 membres du Congrès. Les congressistes demandaient au président Bush d’adopter la proposition marocaine afin d’assurer que le Maroc pourrait continuer ses efforts pour combattre le terrorisme dans la volatile région du Nord de l’Afrique.

Il n’y a pas longtemps, la pression exercée surla Maison Blanche par des politiciens du Sénat et le Congrès américains était dominée par les points de vue pro-sahraouis. Les congressistes Donald Payne et Joseph Pitts ont longtemps conduit avec succès la lutte pour convaincre à la Maison Blanche de rester sceptique envers une solution imposée par le Maroc. Mais ces derniers mois, les analystes politiques dans la capitale US estiment que « Washington s’est déplacé vers la position marocaine ».

Les sources pro-sahraouies à Washington ont aujourd’hui confirmé à afrol News ces observations. Les rumeurs dans la capitale US disent que « les Marocains se sont engagés à reconnaître officiellement Israël en échange du succès de leur ‘plan d’autonomie’ ». Ceci, toukours selon les mêmes rumeurs, expliquerait qu’« Israël est toujours le commun dénominateur du soutien au Maroc à Washington, non pas seulement dans le Congrès mais aussi dans les groupes de réflexion (think tanks), dont la plupart sont connectés au même lobby ».

Les fonctionnaires sahraouis contactés par afrol News n’ont pas voulu commenter la question, signalant que de larges parties de la communauté juive aux USA soutenaient et sympathisaient avec la cause sahraoui.

Cependant les activistes sont très inquiets devant les tentatives du Maroc pour rompre l’isolement diplomatique qu’il a connu jusqu’ici dans le conflit du Sahara Occidental. Mais d’après Ronny Hansen, président du Comité Norvégien de Soutien au Sahara Occidental, « ce ne devrait être une surprise pour personne de voir ces pays [Maroc et Israël] coopérer étroitement ».
 « Tous les deux maintiennent des occupations illégales et brutales sur des pays voisins, avec le soutien de pays plus puissants tels que les USA et la France », a-t-il dit à afrol News. « Malgré toute l’expérience d’Israël pour ce qui est d’esquiver les lois internationales et les critiques de son occupation, le Maroc a probablement beaucoup à apprendre aux Israéliens : il est difficile d’égaler le régime marocain pour ce qui est de la tromperie, de la manipulation des faits et du double langage orwellien. C’est vraiment une alliance impie qui n’apportera que plus de malheur dans la région », a averti l’activiste.

La comparaison et les avertissements ne sont pas exagérés. Dans les années 1980, au moment où le Maroc a bâti son mur à travers le désert pour séparer ses troupes des combattants pour l’indépendance du Polisario, des ingénieurs et des experts israéliens ont joué un rôle central dans la planification et la cnstruction, comme l’ indique un nombre croissant de preuves.

 Afrol News, 10 mai 2007

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Source : http://www.afrol.com/articles/25374 <http://www.afrol.com/articles/25374Traduit>
Traduit <http://www.afrol.com/articles/25374Traduit> de l’anglais par Nuria Álvarez Agüí et révisé par Fausto Giudice, membres de Tlaxcala <http://www.tlaxcala.es/> , le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.
URL de cet article : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2680&lg=fr

 

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7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 18:49

Le 27 février 2007, à l'occasion de la célébration du 31e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique à Tifariti le président de la République arabe sahraouie (gouvernement en exil reconnu par une cinquantaine d'Etats) a critiqué certains Etats qui entravent le processus de décolonisation du Sahara occidental (http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=62031). L'attaque vise la France et l'Espagne, accusées de soutenir le plan d'autonomie marocain arrêté en 2005, qui viole les résolutions des Nations Unies reconnaissant au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination (voir l'interview http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=62177). Le président du Conseil espagnol achevait hier le 6 mars sa visite au Maroc à la veille d'un réexamen de la situation du Sahara occidental par les Nations Unies. L'opinion publique de l'Espagne, ancien tuteur colonial de ce pays aujourd'hui occupé par le Maroc,  est très sensibilisée au problème. L'Audience nationale a demandé au juge Baltasar Garzon d’enquêter sur les accusations de « crimes internationaux » commis par « 32 dirigeants et militaires marocains » au Sahara-Occidental depuis 1975 (http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=62575). La coalition de gauche Izquierda Unida a critiqué le 5 mars dernier l'orientation pro-marocaine du gouvernement Zapatero (http://www.larepublica.es/spip.php?article4368).

La diplomatie française au Sahara occidental sous le deuxième mandat de Jacques Chirac, placée sous le signe du soutien au Maroc, a, quant à elle, évolué vers un isolement croissant tandis que les Etats-Unis en 2003 se posaient de plus en plus en médiateurs entre les parties (http://www.bladi.net/imprimer-6667-la-france-et-le-dossier-du-sahara.html). Les partis de gauche en France soutiennent l'autodétermination du Sahara occidental, mais la question n'est pratiquement jamais abordée dans le débat public.

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7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 18:05

Les Etats-Unis ont annoncé le 6 février lors d'une conférence à Dakar, placée sous l'égide du Partenariat trans-saharien contre le terrorisme (TSCTP),  une structure rassemblant 10 pays, qui a pour but d'empêcher le terrorisme de s'implanter dans les zones transfrontalières du sahara et du Sahel, leur projet de création d'un commandement chargé de l'Afrique (Africom) au Pentagone - le TSCTP qui inclut toute l'Afrique du Nord-Ouest y compris la Libye devrait permettre aux USA d'organiser des manoeuvres miliraires conjointes dans la zone.

Mais l'Algérie vient de refuser la création d'une base états-unienne sur son territoire dans ce cadre (Reuters - http://archive.gulfnews.com/articles/07/03/04/10108509.html), si bien que l'ambassadeur américain à Alger a dû piteusement démentir lundi avoir sollicité la création d'une telle base (Le Monde 5 mars 2007).  Un choix difficile pour l'Algérie qui est à nouveau confrontée à des attaques terroristes, mais conforme à sa tradition de non-alignement. Le Quotidien d'Oran souligne que l'Africom s'inscrit dans une stratégie globale américaine, où les volets sécuritaires sont liés à une volonté de contrôler les sources d’approvisionnement en énergie et de contenir l'influence chinoise en Afrique (http://www.algerie-dz.com/article8555.html).

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28 janvier 2007 7 28 /01 /janvier /2007 11:49

Depuis le 9 janvier, la Guinée-Conakry est paralysée par une grève générale. La répression a fait officiellement 59 morts (Le Monde 27 janvier 2007). Le président-dictateur aurait accepté vendredi soir 26 janvier un texte de loi élaboré par les syndicats et les grévistes qui lui fait renoncer à une grande partie de ses prérogatives au profit d'un chef de gouvernement, selon un schéma déjà testé dans de nombreux pays mais qui n'a jamais abouti à des progrès sociaux sensibles pour la population.

Le colonel Lansana Conté est arrivé au pouvoir en avril 1984, par un coup d’État militaire, et a parachevé la "normalisation" des relations de la Guinée avec les Occidentaux après une tentative d'échapper à la tutelle (néo-) coloniale sous Sekou Touré. Comme le rappelle l'association Survie "Avant de faire carrière dans l’armée guinéenne il avait participé, comme sergent dans l’armée française, à la guerre d’Algérie. Après l’instauration du multipartisme dans les années 90, il a remporté par la fraude les élections de 1993 et de 1998, provoquant la réprobation de l’opinion internationale, mais félicité par l’ambassadeur de France. Il a ensuite fait ratifier par referendum le droit d’exercer un nombre illimité de mandats.

Malgré ces abus, une corruption galopante, l’emprisonnement d’opposants, tel Alpha Condé, candidat à l’élection présidentielle, détenu pendant deux ans, le général Lansana Conté a toujours été soutenu par la France, qui est le fournisseur du matériel anti-émeutes utilisé à maintes reprises contre les manifestations, faisant de nombreuses victimes. La Guinée, sous la coupe du clan présidentiel, tente d’en sortir." (http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=873)

L’industrie française de l'aluminium reste tributaire de la bauxite d’Afrique francophone à 86 % et la Guinée est le deuxième producteur de ce minerai au monde. Les Etats-Unis exploitent aussi la bauxite guinéenne à travers Enron. Ils fournissent une aide militaire 627 000 dollars. Une centaine de volontaires des Peace Corps, travaillent à des missions de coopération financées par l'agence états-unienne USAID (http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/2824.htm). Les Etats-Unis accordent également l'asile politique à des opposants du régime dans l'intention de garder "deux fers au feu".

Sur l'impérialisme français en Afrique occidentale, et les rivalités avec les Etats-Unis voir les articles de B. Founou, A. Forcellini et C. Gramizzi dans l'Atlas alternatif, et, plus largement une étude de fond sur http://www.reseau-ipam.org/article.php3?id_article=740.

 

 

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