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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 14:33

Trois semaines de bombardements par les avions de combat britanniques, français et étatsuniens n'ont pour l'heure réussi qu'à instaurer une partition de fait entre une Tripolitaine (où les civils sont désormais armés) qui fait bloc derrière le colonel Kadhafi et une Cyrénaïque où les insurgés peu aguerris n'ont pas pu remporter de succès militaires décisifs, malgré le soutien aérien occidental.

 

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Officiellement les bombardiers étatsuniens ne participent plus aux actions directes sur la Libye depuis le 4 avril date du transfert du commandement à l'OTAN, mais ce retrait officiel ne serait en fait que partiel. Il laisse en tout cas sur le terrain une pénurie de bombardiers que la France voudrait combler en demandant aux 22 des 28 membres de l'OTAN hostiles à toute participation militaire de s'impliquer davantage.

 

Devant l'impasse militaire, les responsables états-uniens ne cachent plus leur crainte que la Libye devienne un "failed state", un "Etat manqué" à la somalienne, où s'infiltreront les extrémistes de tous bords. Déjà un millier de djihadistes auraient été recensés dans les rangs des insurgés de Benghazi soutenus par les Occidentaux selon un islamiste repenti Noman Benotman. L'amiral James G. Stavridis a confirmé leur présence devant le congrès des Eatts-Unis et le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen reconnaît qu'Al Qaida pourrait s'y renforcer encore davantage.

 

Foreign Policy et le Fund for Peace qui classent les pays suivant leur degré de stabilité viennent d'ajouter la Libye dans la liste des pays "à la limite" de l'instabilité durable - au même titre que le Mexique et l'Ukraine.

 

La guerre occidentale en Libye qui viole la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU votée uniquement dans le but de protéger les civils, est de plus en plus impopulaire dans le monde. Les cinq pays émergents du Brics (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) qui représentent plus de 40% de la population et 18% du PIB de la planète, réunis à Sanya en Chine, se sont prononcés aujourd'hui contre l'usage de la force en Libye. Dans les pays voisins de la Libye, l'opinion publique en Algérie et en Tunisie est hostile à l'opération militaire de l'OTAN.

 

Sur le terrain les conséquences de la guerre sont désastreuses. Alors que la Libye est le pays le plus riche d'Afrique du Nord, plus de la moitié de la population (3,5 millions d'habitants) pourrait nécessiter une aide humanitaire, et 500 000 personnes ont déjà fui le pays. Les Occidentaux accusent les forces de Kadhafi de tirer sur les populations civiles à Misrata qui est sur la ligne de front depuis plusieurs jours. Réciproquement il y a quinze jours une déclaration du porte parole du ministère russe des affaires étrangères Alexandre Loukachevitch mettait en cause des frappes effectuées par les Occidentaux sur des sites non-militaires à Tripoli, Tarhuna, Maâmura et pointait la mort de 48 civils (150 blessés), la destruction partielle d'un centre cardiologique, de routes et de ponts. Le bilan des pertes civiles reste opaque. Le gouvernement libyen en dénombre une centaine depuis le début des opérations, un chiffre vraisemblable et peut-être même sousestimé compte tenu du fait que les forces loyalistes sont disséminées dans les villes contrôlées par le gouvernement.

 

Au delà de ces effets immédiats, la guerre pourrait aussi générer une catastrophe à moyen terme dans l'ensemble de l'Afrique du Nord-Ouest. Selon le quotidien algérien El Watan, des centaines de jeunes Touaregs du Mali et d'Algérie se sont rendus ces derniers temps à Tripoli pour défendre le régime du colonel Kadhafi, attirés par la perspective d'avoir de l'argent et des armes. Parallèlement aux forces d'Al Qaida Maghreb venues soutenir les insurgés de Benghazi, ils sont un facteur préoccupant de dissémination du conflit dans tout le Sahara à moyen terme.

 

Les chances de trouver une sortie décente au bourbier libyen restent cependant minces,le Conseil national de transition de Benghazi posant toujours comme préalable à la paix la démission de Kadhafi.

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 12:39

ha-ti.jpgEn décembre nous avions expliqué en quoi les atermoiements de la commission électorale ivoirienne, dans un contexte où celle-ci subissait de fortes pressions françaises, et tandis que les irrégularités importantes entâchaient le vote dans les deux camps il était devenu impossible de savoir lequel des deux candidats à l'élection présidentielle avait remporté le scrutin.

 

Cela n'a pas empêché les puissances occidentales de faire valider par l'ONU, malgré les réticences russes, l'élection de leur protégé, M. Ouattara, et d'assurer sa défense militaire à l'hôtel  du Golf d'Abidjan.

 

Les supporters de Laurent Gbagbo dont les ressources fiscales ont été sensiblement réduites par le boycott international, notamment celui du FMI n'ont dans un premier temps guère opposé de résistance aux Forces républicaines d'Allassane Ouattara, armées par les Occidentaux, qui sont passées à l'offensive le 28 mars dernier.

 

Le 30 mars, la France a fait adopter au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution 1975 autorisant la force de maintien de la paix Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) à utiliser « tous les moyens nécessaires pour mettre en œuvre son mandat de protéger les civils (…) y compris pour prévenir l’usage d’armes lourdes »

 

Cette résolution, comme son équivalent n°1973 en Libye, a été rapidement détournée pour cautionner l'implication des forces françaises de l'opération Licorne, spécialement à Abidjan lorsque les forces de M. Gbagbo ont pu se reconstituer et offrir une résistance efficace. La bataille d'Abidjan au cours de laquelle l'armée française n'a pas hésité à bombarder les sites stratégiques des forces de Gbagbo, a duré douze jours à partir du 31 mars 2011, et s'est soldée le 12 avril au soir par la capture de Laurent Gbago dans son palais présidentiel le 13 avril 2011 par les forces spéciales françaises ou du moins avec leur concours.

 

L'opération de conquête militaire menée par les forces pro-occidentales d'Alassane Ouattara a été émaillée de massacres de masse face auxquels la cour pénal internationale - qui était intervenue à propos de Kadhafi alors que la Libye est étrangère à sa juridiction - est demeurée étrangement silencieuse. Human Rights Watch a notamment dévoilé le massacre de plusieurs centaines de membres de l'ethnie Guéré, favorable à Laurent Gbagbo dans la région de Douékoué entre le 6 et le 30 mars, notamment à Bloléquin le jour du passage à l'offensive de l'armée de Ouattara. Les villages de Didier Drogba, de Charles Blé Goudé et du Président Gbagbo ont été pillés et incendiés par les rebelles.

 

La prise du palais présidentiel après l'arrestation de L. Gbagbo a aussi été le théâtre d'atrocités. Le ministre de l'intérieur Désiré Trago a été assassiné, la liste des responsables tués ou grièvement blessés est ici. Plus d'une centaine de personnes, dignitaires du gouvernement et leur famille ont été arrêtés.Les partisans de l'ex-président mettent notamment en avant le viol collectif de l'épouse du président, et l'élimination systématique depuis deux jours des partisans de l'ex-président à Abidjan (notamment dans les quartiers de Yopougon et Koumassi) et des étés (de l'ethnie de Gbagbo) sans que l'ONUCI ne s'interpose.

 

Le détournement de la résolution 1975 par la France a fait l'objet de nombreuses condamnations. Le ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, a accusé l'ONU d'outrepasser son mandat en Côte d'Ivoire.L'Union africaine a également dénoncé sans appel l'ingérence néo-coloniale française.

 

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 16:22

Avec la complicité de la Ligue Arabe et de puissances pourtant traditionnellement hostiles à l'ingérence humanitaire de l'OTAN (Russie, Chine, Brésil) qui ont préféré cette fois s'abstenir au Conseil de sécurité, les puissances occidentales ont pu faire adopter une résolution n°1793 autorisant implicitement l'usage de la force en Libye pour la mise en oeuvre d'une zone d'exclusion aérienne alors que le gouvernement libyen semblait en passe de réprimer l'insurrection basée à Benghazi et lourdement armée par le nouveau gouvernement militaire installé à la tête de l'Egypte par la CIA.

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Les Etats-Unis craignant pour leur image à l'égard du monde arabe ont délégué en partie à la France le soin de bombarder la Libye pour leur compte. L'opération qui s'inspire du programme Southern Mistral 2011 pourrait servir de tremplain à une nouvelle présence étatsunienne en Afrique.

 

Dès le vote de la résolution le gouvernement libyen a annoncé un cessez-le feu. Celui-ci a été rompu peu après sans que l'on sache si les troupes du colonel Kadhafi ou les insurgés sont à l'origine de la reprise des combats, ce qui a servi de prétexte au bombardement par les aviations française, américaine et britannique des positions militaires gouvernementales.

 

Le gouvernement libyen qui avait auparavant accepté une offre de médiation vénézuélienne rejetée par les insurgés avait dès le 18 mars invité vendredi la Turquie et Malte à contrôler la mise en application du cessez-le-feu, puis a demandé le lendemain au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon l'envoi d'observateurs impartiaux, sans résultat pour l'heure.

 

 L'Union africaine (UA) a rejeté "toute intervention militaire étrangère qu'elle qu'en soit la forme" par la voix du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à l'ouverture d'une réunion à Nouakchott des membres de ce comité. Devant l'empressement de Paris, Londres et Washington à traduire la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne par le bombardement de l'armée libyenne, le secrétaire général de la Ligue arabe s'est désolidarisé de ce qu'il considère comme une violation du mandat accordé aux Occidentaux et a appelé à une réunion d'urgence de l'organisme dont il a la charge. La Russie elle aussi a dit "regretter" l'intervention armée étrangère en Libye, selon un communiqué d' Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

 

Pendant ce temps l'Arabie séoudite alliée des Etats-Unis réprimait la révolte populaire au Bahrein.

 

 

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 14:31

Le 25  février l'OTAN s'est réuni pour préparer une zone d'exclusion aérienne au dessus du territoire libyen semblable à celle qui fut imposée à l'Irak dans les années 1990 (une suggestion de la France et de la Grande Bretagne). Cette option a été ensuite soumise au conseil de sécurité de l'ONU. Le même jour Ian Birrel dans le journal de gauche britannique le Guardian recommandait une invasion militaire directe. Aux Etats-Unis les anciens partisans de l'invasion de l'Irak John McCain et le Joe Lieberman ont plaidé pour la reconnaissance d'un gouvernement libyen d'opposition et son armement lourd par Washington. Une autre option est de faire intervenir militairement la Tunisie ou l'Egypte, mais les exactions provoquées par l'intervention de l'Ethiopie en Somalie pour le compte des Etats-Unis et le risque de remobilisation patriotique derrière Kadhafi contre l'ingérence extérieur font hésiter les analystes. L'intervention militaire directe ou indirecte reste cependant sur la table, et Washington a pris des contacts dans ce sens avec ses alliés. Londres envisage quant à elle d'envoyer des forces spéciales, officiellement pour venir en aide à ses ressortissants mais les autres pays comme la Chine évacuent leurs ressortissants sans présence militaire.

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Les velléités interventionnistes occidentales ont été accélérées au cours des derniers jours par la décision du colonel Kadhafi révélée dans Time par un ancien agent de la CIA (mais l'information est-elle fiable ?) le 23 février de saboter les puits de pétrole de Libye. Les importations du pétrole libyen couvrent 51% des besoins de l’Italie, 13% de l’Allemagne et 5% de la France. Le risque de perdre le pétrole libyen a fait flamber les cours aux alentours de cent dollars le baril sur les places boursières internationales (un record depuis 2008).

 

Par ailleurs selon l'analyste russe Grigori Melamedov, la crainte d'un exode massif de réfugiés libyens et l'annonce par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaïm de la proclamation par Al-Qaïda d'un émirat islamique dans la ville de Derna dans l’Est de la Libye aurait aussi précipité l'ardeur des Occidentaux (et rallié aussi l'Iran au souhait de voir Kadhafi renversé, Téhéran étant inquiet du risque de la montée d'Al Qaida en Afrique du Nord).

 

Le représentant de la Russie dans le cadre d'une réunion du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU à Genève a clairement refusé toute ingérence étrangère en Libye, de même que le gouvernement vénézuélien et les gouvernements cubain et nicaraguayen.

 

F. Delorca

 

PS : Pour un éclairage sur les zones d'exclusion aérienne voyez l'article très intéressant du contributeur de l'Atlas alternatif Karim Lakjaa ici.

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 13:54

Dans un billet daté d'hier très diffusé dans la gauche latino-américaine l'ex-dirigeant Fidel Castro accusait l'OTAN de préparer une invasion de la Libye. De même le ministre des affaires étrangères vénézuélien Nicolás Maduro a formulé des voeux pour que le peuple libyen parvienne à surmonter la crise actuelle pacifiquement "sans l'ingérence de l'impérialisme dont les intérêts dans la région se sont trouvés affectés ces derniers temps". Il a par ailleurs condamné l'irresponsabilité du ministre des affaires étrangères britannique William Hague qui a fait courir le bruit que le colonel Kadhafi s'était réfugié au Vénézuela.

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La Libye est un allié du Venezuela (Hugo Chavez a remis à Mouamar Kadhafi récemment l'épe du Libérateur Bolivar) mais entretient aussi de bonnes relations avec l'Italie et la France (elle s'était même rapprochée ostensiblement des Etats-Unis après l'invasion de l'Irak en renonçant à son programme de production d'armes de destruction massive, avant de se déclarer déçue du fait que ce rapprochement n'ait pas permis une complète normalisation des rapports entre les deux pays).

 

A l'heure où la répression contre l'insurrection a fait plus de 250 morts, faut-il penser que la révolution libyenne est un mouvement spontané dès son origine comme en Tunisie et en Egypte (les Etats-Unis n'ayant soutenu la chute des dictateurs que lorsque l'insurrection avait déjà pris une certaine ampleur) ou s'agit-il d'une action très soutenue par les Occidentaux et destinée à "compenser" leur possible perte de contrôle sur l'Egypte - au cas où le pouvoir militaire qui a renversé Moubarak devait céder ?

 

Certains éléments d'ingérence occidentale sont visibles en ce qui concerne la Libye qui ne se sont pas trouvés en Egypte.

 

Ainsi, le fait que le 21 février le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen ait lui-même pris l'initiative de condamner la violence de la répression alors que sur l'Egypte et la Tunisie l'OTAN était restée muette. C'est cette déclaration qui fait redouter à Fidel Castro l'existence d'un plan d'occupation militaire du pays. De même le fait que le conseil de sécurité des Nations Unies qui ne s'était pas réuni à propos de l'Egypte, soit saisi, selon Al Jazeera à la demande du représentant libyen à l'ONU lui-même, Ibrahim Dabbashi, qui s'est rallié aux manifestants.

 

Le moins que l'on puisse dire est que Washington, qui s'était montré hésitant pendant plusieurs semaines à l'égard de Moubarak avant de donner un coup de pouce au coup d'Etat militaire contre lui, a les coudées plus franches sur le dossier libyen.

 

Les ingérences proviennent aussi de divers pays musulmans. Le premier ministre du Qatar (pays qui héberge Al Jazeera) a saisi la Ligue arabe. La Turquie et l'Iran ont appelé le gouvernement libyen à mettre fin à la répression.En Egypte, le prédicateur membre des frères musulmans cheikh Yousouf al-Qaradawi n'a pas hésité, toujours sur Al Jazeera (en pointe dans le combat anti-Kadhafi), à lancer une fatwa appelant tout militaire libyen à tuer Mouammar Kadhafi.

 

Un des fils de Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam Kadhafi, que la presse occidentale présente comme un "réformiste", conscient du degré de corruption du régime, quoiqu'attaché aux idéaux socialistes du "Livre vert" de son père, a affirmé le 21 février que les partisans du colonel Kadhafi étaient confrontés à un plan de destabilisation provoqué par des éléments libyens et étrangers visant à détruire l'unité du pays et instaurer une république islamiste. Il a souligné que son père n'était pas un dictateur prêt à quitter le pays avec le butin de l'argent volé au peuple comme les présidents tunisien et libyen, mais qu'il resterait jusqu'au bout et que l'affrontement déboucherait sur une guerre civile meurtrière "comme en 1936".

 

D'importants diplomates libyens qui ont lâché le régime de Kadhafi ont accusé celui-ci d'employer des mercenaires pour réprimer les manifestants (ce que le sous-secrétaire au ministre des affaires étrangères Khaled Al Gaeem a démenti avec véhémence), et la chaîne de télévision Al Jazeera a fait état du bombardement par l'armée des populations de Tripoli et Bengazi (d'où sont partis les troubles le 15 février), alors que le gouvernement a évoqué le bombardement de dépôts d'armes. Après l'incendie de nombreux batiments publics, la police se serait retirée de nombreuses villes. Mais les informations sont difficilement vérifiables les journalistes n'étant pas autorisés à se rendre dans le pays.

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 11:51

Alors qu'une mission de l'Union africaine (UA) chargée de trouver une solution à l'impasse politique où se trouve la Côte d'Ivoire vient d'achever son travail dans la discrétion, et que le spectre d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'éloigne, l'Afrique du Sud a envoyé une frégate au large d'Abidjan.

 

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"Cela ne peut que compliquer les choses" a déclaré le Ghanéen James Victor Gbeho, président pro-occidental de la Commission (pouvoir exécutif) de la Cédéao. "La solidarité qui s'est faite jour au sein de la communauté internationale est en train de s'effriter rapidement parce que certains pays prennent parti et ne sont pas d'accord avec la décision qui a déjà été prise (de défendre la victoire électorale d'Alassane Ouattara, ndlr)", a-t-il ajouté selon la correspondante de Libération et de Radio France International Sabine Cessou sur le blog Posts Afrique.

 

Prétoria a affirmé que cette frégate n'est là que pour facilter d'éventuelles négociations, comme Nelson Mandela avait dépêché une frégate au large du Congo-Zaïre en 1997 pour permettre le dialogue entre Laurent Désiré Kabila et Mobutu Sese Seko. Le journal "Le Pays", lui, accuse l'Afrique du Sud de s'apprêter à livrer des armes au président Gbagbo.

 

Selon, Renaldo Depagne, un responsable de l'International Crisis Group (ICG) financée par la fondation Soros, le camp africain des pro-Gbagbo, mené par l'Afrique du Sud, compterait l'Ouganda, la Gambie et le Zimbabwe.

 

Il semble qu'en France au sein même du parti gouvernemental UMP des voix commencent à s'élever pour mettre fin au boycott du gouvernement de Laurent Gbagbo. Le 8 février l'Elysée a empêché in extrémis un déplacement à Abidjan des députés UMP Yves Censi, Cécile Dumoulin et Jean-François Mancel, voyage que les agences de presse couvrent de sarcasmes mais qui semble correspondre à des convictions profondes chez eux puisqu'ils s'étaient déjà distingués en novembre dernier en se prononçant contre l'isolement infligé par la "communauté internationale" au gouvernement de Madagascar.

 

L'unanimité pour une pression sur le gouvernement d'Abidjan est donc loin d'être acquise.

 

Autour du Zimbabwe aussi le débat sur l'ingérence occidentale connaît de nouveaux développements. Selon un câble publié vendredi sur le site de Wikileaks, en avril 2009 lors d'une réunion à Paris Bruno Joubert conseiller diplomatique adjoint de l'Elysée, Eric Chevallier et Charlotte Montel conseillers techniques au cabinet de Kouchner auraient fait pression sur le ministre britannique Malloch-Brown pour une levée des sanctions après la constitution du gouvernement d'union nationale, ce qui a permis la reprise des pourparlers avec l'Union européenne, malgré la présence d'un fort lobby anti-Mugabe dans la classe politique britannique. Il est vrai que les sanctions économiques n'ont pas empêché le pays le pays de connaître une croissance de 5,7% en 2009, 8,1 en 2010 grâce à une bonne reprise de l'agriculture, ce qui justifie de bonnes anticipations économiques pour les années à venir.

 

Wikileaks a aussi révélé quel rôle les sanctions internationales jouaient dans la manipulation de la classe politique zimbabwéenne : le parti d'opposition MDC-T dont le dirigeant a été nommé premier ministre auprès du président Mugabe sous la pression étrangère, a négocié directement avec l'Union européenne des levées des sanctions au profit de ministres ou d'entreprises proches de ce parti pour l'aider à prendre l'ascendant contre le parti de Mugabe.

 

Le 9 février le quotidien zimbabwéen The Herald mettait à l'honneur une déclaration de l'ambassadeur iranien à Harare qui affirmait que l'Occident punissait le Zimbabwe pour sa résistance au néo-colonialisme et annonçait la visite du ministre des affaires étrangères chinois dont le pays coopère beaucoup avec le Zimbabwe.


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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 12:37

Le 19 décembre (le 17 selon d'autres sources) à Sidi Bouzid en Tunisie, un jeune homme s’était immolé par le feu avec de l’essence devant la préfecture, après s’être fait confisqué la marchandise qu’il vendait illégalement. Cinq jours plus tard, un autre jeune s’est mortellement électrocuté en public, en grimpant au sommet d’un poteau électrique.

 

De nombreux jeunes chômeurs et des travailleurs sont descendus dans la rue. Des villes des alentours de Sidi Bouzid ont rejoint le mouvement dans un premier temps, puis des villes du nord au sud du pays jusque la capitale, Tunis. Tout en faisant part de sa compréhension, le président Ben Ali a lancé un processus répressif. Le 24 décembre un jeune manifestant tué par balle lors des violents affrontements qui ont secoué la ville de Menzel Bouzayane (ces tirs auraient répliqué à une tentative de groupes de jeune d'incendier un véhicule de police). Des journaux ont été saisis. A l'issue d'un sit-in des avocats à Tunis, maîtres Raouf El Ayadi et Choukri Belaïd ont été arrêtés, dans la soirée du mardi 28 décembre avant d'être libérés le lendemain.Ammar Amroussia, porte parole du Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT) et correspondant du site albadil.org, a été arrêté à Gafsa pour ses publications et ses déclarations dès le début de ce mouvement de colère des déshérités ; ainsi qu'Attia Athmouni, porte parole du comité de soutien de Sidi Bouzid et membre du Parti démocrate progressiste (PDP) et le journaliste Mouldi Zouabi.Selon sa radio ce dernier était au palais de justice de Jendouba en compagnie des avocats le 29 décembre pour couvrir leur action de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid. Dans sa communication téléphonique avant que la police ne confisque son portable, le journaliste a déclaré depuis le commissariat qu’il a été agressé violement par des agents de police qui ont également cassé ses lunettes.

 

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La répression n'a toutefois pas découragé le mouvement social. A Sidi Bouzid la commission administrative de l’union régionale du travail de Sidi Bouzid sous la présidence de Mohamed Saad a tenu, le jeudi 30 décembre, une réunion à l’issue de laquelle une décision de grève générale pour le 12 janvier a été prise à l’unanimité. Selon radio Kalima à Jelma samedi "des syndicalistes et un nombre important d’activistes rejoints par une impressionnante foule de citoyens se sont rassemblés devant le siège de l’Union régionale du travail puis ont marché dans les rues de la ville. Les manifestants ont scandé des slogans pour dénoncer la corruption, demander leur droit aux travail et la levée de l’état de siège qui frappe Sidi Bouzid depuis le début des événements. La police a dispersé les manifestants à coups de matraques.

 

A Jerba la police a empêché les avocats de sortir du palais de la justice. Ces derniers étaient contraints d’improviser leur réunion dans le hall du palais.  Les avocats ont brandi des slogans pour demander la levée de l’état de siège imposé sur la ville de sidi Bouzid et dénoncer la corruption et la tyrannie. Le même scenario s’est produit au siège de l’Union régionale du travail où des citoyens venu se joindre au syndicalistes ont été empêché d’y accéder. La police a utilisé les matraques pour venir à bout de cette action. Kalima a appris que la syndicaliste Nejah Hamdani, membre du syndicat de l’enseignement secondaire a été grièvement blessé après avoir été agressé à coup de matraques par des policiers ; son fils a été lui aussi roué de coups. D’autres actions similaires ont eu lieu dans les ville de Makther , Siliana, Jebniana et Sousse." A Jbeniana plus précisément "des affrontements ont éclaté, vendredi le 31 décembre à 22h, entre les habitants de la ville et les forces de l’ordre. Ces dernières ont lancé des bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants. Deux jeunes ont été arrêtés puis relâchés dans la matinée du samedi après avoir été soumis à la torture selon leurs déclarations."

 

Des sit-ins ont eu lieu devant des consulats tunisiens en Europe. Les partis égyptiens Karama, et Alraad, le parti communiste libanais, la Confédération syndicale internationale  ont exprimé leur soutien aux manifestants.

 

Ont appelé à une manifestation de solidarité Place de la fontaine des innocents à Paris le 6 janvier à 18 h les organisations ci-dessous : C ! - ACHR - ACORT - AFASPA - AMF - ASDHOM -ATF-ATF Paris - ATMF - ATTAC - CAPJPO-EuroPalestine - CEDETIM - CISA - CNT -Comité National de Soutien au Mouvement du Bassin minier - CourantNationaliste Progressiste - CORELSO - CPR -- CRLDHT - DAL - Etoile NordAfricaine - Europe Écologie Les Verts - La pelle et la pioche - FASE (Fédération pour une alternative Sociale et Écologique) - FDLT (Forum démocratique pour la liberté et le Travail) - FTCR - Les Alternatifs - Le Mouvement pour une alternative socale, écologique et démocratique, Lutte ouvrière,-Manifeste des Libertés - Mouvement Nahdha - Mouvement Tajdid France - MRAP - NO-VOX - NPA - PCF - PCOF - PCOT - PDP - PG -Réseau Stop la Précarité - Respaix Conscience Musulmane - Reveil des Consciences - SOLIDAIRES - Solidarité Tunisienne -- Sorti du colonialisme - UTIT - Voie Démocratique Maroc - Voix Libre)

 

Le Parti Socialiste français a publié un communiqué le 30 décembre dans lequel il a critiqué les autorités tunisiennes qui ont recouru à la violence contre des manifestants pacifiques. Le PS a demandé dans le même communiqué aux autorités tunisiennes le respect des libertés et la libération de tous les manifestants arrêtés. Rappelons que le Parti du dictateur est membre de l'Internationale socialiste.

 

Selon un câble diplomatique du 17 juillet 2009 publié par Wikileaks  l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis avait estimé : "La Tunisie a de gros problèmes. Le Président Ben Ali est vieillissant, son régime est sclérosé et il n’y a pas de successeur évident. De nombreux Tunisiens sont frustrés par le manque de libertés politiques et éprouvent de la colère envers la famille présidentielle, la corruption, le chômage élevé et les inégalités régionales. L’extrémisme fait peser une menace permanente. [...] La Tunisie est un État policier, avec peu de liberté d’expression et d’association, et de graves problèmes de droits humains. [...] Pour chaque pas en avant, il y en a un autre en arrière, par exemple le récent rachat d’importants médias privés par des personnes proches du président Ben Ali.

  [Ben Ali] et son régime ont perdu le contact avec le peuple tunisien. Ils ne tolèrent pas de conseils ou de critiques, ni nationales ni internationales. Ils s’appuient de plus en plus sur le contrôle par la police et se concentrent sur la préservation du pouvoir. La corruption dans les premiers cercles s’accentue. Même les Tunisiens moyens sont à présent très conscients de cela, et le choeur de leurs plaintes s’amplifie [...]. Les Tunisiens n’aiment vraiment pas, voire détestent la première dame Leila Trabelsi et sa famille. En privé, les opposants au régime se moquent d’elle. Même dans les cercles proches du pouvoir on exprime de la consternation face à ses frasques. Entretemps, la colère monte face au taux de chômage qui grimpe et aux inégalités régionales. En conséquence, les risques pour la stabilité à long terme du régime sont en augmentation."

 

La porte-parole du Ministère des affaires étrangères français a appelé à "l'apaisement". Le soutien de M. Sarkozy et de l'UMP au régime tunisien, semble toujours de rigueur.

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 18:39

Alors que les dernières élections tenues dans des conditions suspectes au Burkina et en Guinée ont renforcé les partisans de la Françafrique, Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire a refusé de reconnaître la victoire du candidat de Nicolas Sarkozy Alassane Ouattara. Le conseil constitutionnel a attribué à Laurent Gbagbo 51,45 % aux élections 28 novembre.

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Selon Dedy Seri, sociologue, membre de la coordination des intellectuels africains et des diasporas, et responsable de la doctrine au sein du Front populaire ivoirien (FPI) - le parti présidentiel -, des électeurs ont été empêchés de voter dans le nord du pays. Les votes à Paris ont été invalidés dans 28 bureaux à cause de troubles dans 8 bureaux, ce qui a contribué à compliquer le calcul des résultats. Le 1er décembre au soir, alors que les résultats n'étaient toujours pas connus Youssouf Bakayoko, le président de la commission électorale indépendante CEI (qui comprendrait un majorité de membres du RHDP et du Rassemblement des républicains) aurait subi de fortes pressions à quelques minutes de la forclusion de son mandat, c'est à dire juste avant que celle-ci soit légalement dessaisie au profit du conseil constitutionnel, ce qui l'aurait même conduit à tenter de proclamer des résultats dans des conditions douteuses. Puis le lendemain Bakayoko aurait été pris en otage à l'Hôtel du Golf, siège de l'opposant Ouattara,pour proclamer l'élection de celui-ci, au delà de la forclusion, alors que seul seul le conseil constitutionnel était désormais habilité à publier les résultats (cf la vidéo, la version des faits relatée là est différente de la présentation par Wikipedia et les médias dominants).

 

On notera d'ailleurs que le 8 décembre au conseil de sécurité de l'ONU (présidé par le Gabon ami de la France), la Russie a émis des doutes sur les conditions de la proclamation de la victoire de M Ouattara et sur la méthode de vérification adoptée par l'émissaire de l'ONU Choi Young-jin sur 20 000 procès verbaux.

 

Les deux candidats ont prêté serment le 4 décembre 2010, chacun de son côté, comme présidents de la Côte d'Ivoire. Dans les jours qui ont suivi, des violences ont éclaté entre les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d'Alassane Ouattara, causant la mort de plus de 50 personnes selon l'ONU. Les Etats-Unis, l'Union européenne, l'ONU et la France ont menacé M. Gbagbo de sanctions. L'Union européenne a adopté un premier train de sanctions le 17 décembre.

 

Le quotidien ivoirien pro-Gbagbo Notre Voie du 9 décembre accusait l'Elysée de préparer l'assassinat de Laurent Gbagbo, tandis que, dans le quotidien burkinabe "Le Pays", du 16 décembre, l'avocat Me Vergès dénonçait l'ingérence française dans le processus électoral ivoirien. En réactions aux menaces formulées par Nicolas Sarkozy, le ministre de la Jeunesse, de l'Emploi et de la Formation professionnelle Charles Blé Goudé, a battu le rappel des troupes. Il a cependant souligné qu'il n'incitera pas ses partisans à s'attaquer aux forces internationales présentes dans le pays afin de ne pas donner à la France de prétexte pour intervenir militairement contre les patriotes ivoiriens. Gbagbo lui-même a exigé le départ des casques bleus et des forces françaises de l'opération Licorne en Côte d'Ivoire.

 

Après l'échec de sa médiation le 17 décembre le président de la commission de l'Union africaine, le gabonais Jean Ping s'est envolé directement pour Alger afin de discuter avec le président Abdelaziz Bouteflika de la mise en place d'une éventuelle force d'intervention de l'UA en Côte d'Ivoire. Les pays africains sont divisés : certains, le Nigeria en tête, voudraient une intervention militaire pour déloger Gbagbo du pouvoir, d'autres, comme l'Algérie, préfèreraint encore privilégier une solution diplomatique.

 

Le président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a lancé un appel à Laurent Gbagbo, dimanche 19 décembre au soir à Bamako, pour qu'il accepte les résultats de l'élection présidentielle ivoirienne et "remette le pouvoir au gagnant". Le même jour place de la République à Paris des affrontements entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara ont fait deux blessés. Parmi les personnalités françaises Henri Emmanuelli semble être parmi les derniers à défendre le point de vue de Laurent Gbagbo, alors que le Parti socialiste, autrefois ami du FPI, s'est progressivement rallié au point de vue majoritaire.

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 11:19

Les résultats des dernières élections en Afrique de l'Ouest sont plutôt de bonnes nouvelles pour l'impérialisme français dans la région, puisque les vainqueurs sont des candidats généralement présentés comme bénéficiant d'un certain soutien de Nicolas Sarkozy et des alliés traditionnels de la France en Afrique.

 

C'est particulièrement clair au Burkina Faso, où Blaise Compaoré, l'homme  qui a renversé Thomas Sankara en 1987 avec la bienveillance de la France a remporté une parodie d'élection présidentielle du 21 novembre dernier. Seule une moitié des 7 millions d’électeurs potentiels s’était inscrite sur les listes électorales, et seulement 1,7 millions d’entre eux se sont rendus aux urnes.

 

800px-LocationAfrica.pngSelon Survie, la France, dont l'aide économique augmente régulièrement, a accentué son contrôle du Burkina Faso au cours des dernières années. Le nouvel ambassadeur de M. Sarkozy est le général quatre étoiles Emmanuel Beth, habitué des bases africaines de l’armée française et frère du commandant des troupes d’élites du COS (Commandement des Opérations Spéciales), a été nommé à Ouagadougou cet été, juste avant un redéploiement de troupes françaises dans le pays au titre de la « lutte contre le terrorisme ». L’Union Européenne n’a pas envoyé d’observateurs. L’Observatoire Européen pour la Démocratie et le Développement (OEDD) l'a remplacée. Il s'agit d'une association, cofondée entre autres par Pierre Messmer, liée à l'UMP et au groupe Bolloré. Elle a dépêché sur place une douzaine d’observateurs, lesquels ont validé le scrutin, alors que seuls les représentants du candidat Compaoré et les forces de l’ordre étaient présentes dans les bureaux de vote visités.

 

M. Compaoré devait jouer un rôle de médiateur aux élections présidentielles de Côte d'Ivoire où le président sortant Laurent Gbagbo était donné perdant le 3 décembre par la commission électorale(45,9 %) face à Alassane Dramane Ouattara (54,1 %) à l'élection présidentielle.L'armée a ordonné la veillle au soir soir la fermeture des frontières du pays, sans qu'on sache précisément s'il s'agit d'une réaction des partisans du président sortant au sein de l'état major pour remettre en cause les résultats électoraux. Washington pour sa part a appelé  « toutes les parties » au respect des « résultats annoncés par la Comission électorale indépendante ». « Ces résultats provisoires ont déclaré Alassane Ouattara vainqueur contre le président en exercice Laurent Gbagbo. » Laurent Gbagbo avait à tort ou à raison à Paris l'image d'un opposant au néocolonialisme  et aux réseaux Françafricains. La France sarkozyste tout en ayant conscience d'avoir perdu du terrain en Côte d'Ivoire nourrirait l'espoir d'y reconstituer son influence avec Alassane Ouattara. Le Parti socialiste français n'avait pas hésité quant à lui à envoyer l'ancien ministre Jack Lang faire campagne pour Gbagbo.

 

En Guinée aussi c'est un ami de la France qui est élu. La Cour suprême de ce pays a confirmé, dans la nuit du 2 au 3 décembre, la victoire de l'opposant historique Alpha Condé à l'élection présidentielle avec 52,52% des voix, contre 47,48% à Cellou Dalein Diallo. M. Condé était connu pour entretenir des relations d'amitié personnelle avec M. Kouchner et Mme Alliot-Marie. En Guinée comme au Burkina le caractère démocratique des élections ne peut convaincre personne. Le taux d'inscription sur les listes électorales était faible. En outre les Peuls ont souligné avoir été empêchés de voter pour leur candidat Diallo dans les préfectures de Kouroussa et Siguiri. La proclamation des premiers résultats, qui donnaient déjà M. Alpha Condé gagnant, avaient suscité des émeutes. Les agents de la Force spéciale de sécurisation du processus électoral (Fossepel) et les unités ‘Béret rouge’ avaient tiré sur des manifestants à balles réelles dans plusieurs quartiers de Conakry pour rétablir l'ordre selon le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, faisant des dizaines de morts, et le Conseil de sécurité des Nations Unies avait appelé à une modération de la répression.

 

Le regain d'influence de la France dans ces trois pays est favorisé par la communauté d'intérêts qui se dessine entre les Etats-Unis et la France (après les rivalités de l'époque de George W. Bush), notamment face à la Chine, malgré quelques nuances tactiques en ce qui concerne le Sahel.

 

FD

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 20:30

Le 8 novembre dernier policiers et gendarmes marocains en tenue anti-émeute ont démantelé par la force un campement (Gdeim Izik) de 15 000 personnes installées à Laâyoune (El Ayoun), la capitale du Sahara occidental, qui demandaient des logements sociaux, un revenu minimum pour les familles dans le besoin, des embauches dans la fonction publique pour les jeunes diplômés . L'intervention des policiers a suscité une émeute, et des affrontements ont eu lieu. Le bilan officiel fait état de 12 morts, 10 parmi les forces de l'ordre et deux civils, ainsi que d'une centaine d'arrestations. Le Polisario évoque un grand nombre de blessés, sans les identifier. En outre, selon ministère sahraoui  de l’Information.plus de 2000 personnes ont été emprisonnées.

 

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La ministre des affaires étrangères espagnole a rappelé que l'Espagne, ancienne autorité coloniale du Sahara occidental, soutient le droit à l'autodétermination du peuple Saharaoui, mais les activistes à Madrid accusent le gouvernemet de JL Zapatero de n'avoir rien fait pour empêcher la police marocaine d'intervenir. En outre le PSOE au pouvoir s'est désolidarisé de la résolution proposée par sa députée Fátima Aburto qui condamnait la violence au Sahara occidental. Les activistes ne sont pas les seuls à attaquer l'inertie de Madrid sur ce sujet, puisque le leader du PPMariano Rajoy a accusé le gouvernement madrolène "d'abdiquer ses responsabilités", ce qui d'ailleurs lui a valu une réaction birulente du premier ministre marocain lui reprochant de porter "atteinte à l'intégrité territoriale" du Maroc.

 

Maja Kocijancic, porte-parole de la haute représentante de l'Union européenne Catherine Ashton a simplement indiqué que l'UE suivait "de près" la situation.

 

Aux Etats-Unis la U.S. Western Sahara Foundation (bizarrement présidée par une pasionaria républicaine qui fait aussi du lobbying contre la Corée du Nord) a aussi interpelé le président Obama, sans résultat.

 

Le président Hugo Chavez Frias quant à lui a condamné la répression marocaine à Laâyoune. L'Union africaine a appelé le Maroc à éviter le recours à la violence.

 

Une pétition pour la mise en œuvre d’une enquête internationale sur les événements qui se déroulent depuis le 8 novembre à El Ayoun occupée, suite à l’assaut des forces de l’ordre marocaines contre le campement de civils sahraouis de Gdeym Izik a été lancée par des associations solidaires avec le peuple sahraoui et 60 organisations membres du Comité international du Forum  social mondial. L’eurodéputée Nicole Kiil-Nielsen, députée européenne  Europe écologie, membre de la sous-commission des droits de l’homme du parti des Verts suisses, a estimé samedi que «la répression a révélé malheureusement le vrai visage du régime marocain.»

 

En France les députés communistes ont demandé à Paris de réagir d'autant qu'un des leurs, Jean-Paul Lecoq (Seine-Maritime) s'est vu interdire de quitter l'aéroport de Casablanca de même que le député européen communiste espagnol Willy Meyer alors que tous deux souhaitaient se rendre à Laâyoune. Depuis le second mandat de Jacques Chirac la France est clairement alignée sur la position marocaine en ce qui concerne le Sahara occidental, position confirmée par M. Sarkozy en octobre 2007.

 

FD

 

ps : Le 17.11, La France a empêché le Conseil de sécurité (réunià la demande du Mexique et de la Grande-Bretagne) d'envoyer une mission d'enquête internationale au Sahara occidental.

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