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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 10:38

La coalition Séléka a pris le pouvoir par les armes à Bangui (Centrafrique). En janvier le régime de Bozize (un allié de la France et des USA qui avait eu le tort de se rapprocher un peu trop de la Chine ces derniers temps) avait accusé ce groupe d'être dirigé par Moussa Mohammed Dhaffane et Nourredine Younous Adim Birema, wahabbites formés en Arabie Saoudite et au Qatar. Le ministre de la défense sud-africain Pikkie Greeff demande à la Cour Pénale internationale d'inculper le nouveau président autoproclamé Michel Djotodia. Djotodia a cependant donné des gages de stabilité au pays en maintenant le premier ministre Nicolas Tiangaye au pouvoir.

 

Mercredi la puissance pétrolière et militaire montante qui soutenait Bozizé, le Tchad, réunit la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale. Le président sud-africain Jacob Zuma y participera.

 

A Doha au Qatar un rebelle tchadien Timan Erdimi leader de la coalition Union des forces de résistance a affirmé vouloir renverser le régime du président tchadien Idriss Déby. L’opposant souhaite rallier à sa cause l’ANCD de Mahamat Nouri, mais aussi les « déçus » de la Séléka centrafricaine, qui accusent leur mouvement d’être désormais "à la solde du Tchad". Il a invité les rebelles à se concentrer au Soudan, et pourrait tirer profit de l'implication des Tchadiens au Mali pour renverser le régime de N'Djamena.

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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 11:56

Le commandant militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM), le général Carter F. Ham a été reçu jeudi 12 juillet par le président Denis Sassou N’Guesso à Brazzaville.

 

Les gardes côtes américains assistent le Congo dans la mise en œuvre des dispositions du Code international sur la sureté des navires et des installations portuaires (Code ISPS).

 

Denis Sassous-Nguesso, au pouvoir depuis plus de 25 ans (il est revenu au pouvoir après un coup d'Etat en 1997 au terme d'une éclipse de 5 ans, avec l'aide d'Elf et la bénédiction des grands médias occidentaux malgré les massacres commis), et une des principales fortunes d'Afrique en raison notamment de sa mainmise sur pétrole du Congo et des sociétés contrôlées par sa famille est la cible depuis 2007, comme le  président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang et Omar Bongo Odimba du Gabon d'une offensive judiciaire en France dans le cadre d'une affaire dite des "bien mal acquis" menée par Me William Bourdon avocat, à travers son association Sherpa, financée notamment par l’Open Society Institute du spéculateur George Soros qui dispose de nombreux actifs en Afrique et la faction française de l’ONG Transparency International financée notamment par le gouvernement britannique, les pétroliers Exxon, Shell et BP.

 

Mais le président congolais, qui rivalise avec son homoogue camerounais pour prendre le leadership de la Françafrique laissé vacant par le décès du gabonais Omar Bongo, a su conserver une image positive à Washington auprès des démocrates pourtant devenus méfiants à l'égard des autocrates africains. Il a investi pour ce faire beaucoup d'argent auprès de lobbying comme Trout Cacheris, GrayLoeffler, Private Public Solutions, Chlopak, Leonard, Schechter and Associates pour agir non seulement contre les fonds vautours (des fonds d’investissement spéculatifs qui tiennent leur surnom de leurs pratiques qui consistent à racheter à très bas prix des parts de la dette de pays du Sud et d’intenter ensuite des procès contre ces pays afin d’obtenir le paiement intégral de la valeur faciale des créances, intérêts compris) mais aussi pour se donner une image de champion de la lutte contre le réchauffement climatique et se poser en gardien des ressources du bassin du fleuve Congo. Il s'est rendu en fin septembre 2009 au sommet de la Conservation Caucus Foundation à Washington (qui regoupe de sénateurs et représentats démocrates et républicains) pour demander aux Etats-Unis de financer la conservation du patimoine naturel du bassin (où deux tiers de la forêt est menacé à l'horizon 2040), alors même que la Fondation Heinrich Böll la même année l'a accusé d'avoir accepté un projet d'exploitation de sables bitumineux par ENI qui menace directement la forêt et que la production de grumes a été mulipliée par 5 en 10 ans, au profit de multinationales dans le cadre de contrat léonins, voire de la propre fille du président. Cette image environnementaliste a été à nouveau orchestrée au sommet Rio+20 le 20 juin dernier.

 

Malgré des désaccords passagers (le soutien de Sassou Nguesso à Kadhafi en 2011, son hostilité persistante au régime de Kagame au Rwanda et à Joseph Kabila qu'il accuse de travailler secrètement pour Kagame) l'alliance américano-congolaise paraît donc rester au beau fixe. Il s'agit peut-être aussi là d'un effet de compensation de la relative froideur du président français François Hollande qui, après avoir dénoncé pendant la campagne présidentielle l'accueil du président congolais par M. Sarkozy, aurait ostensiblement refusé une visite de M. Sassou Nguesso à Paris le mois dernier, préférant s'afficher aux côtés du président du Gabon (auquel il avait déjà envoyé une émissaire avant son élection)...

 


 

 

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 07:36

libye2.gifAu lendemain des élections législatives en Libye, les grands médias occidentaux soucieux de cautionner le nouveau régime politique imposé par l'OTAN ont annoncé la victoire des libéraux de l'Alliance des forces nationales, sous la houlette de Mahmoud Jibril, face aux Frères Musulmans du Parti pour la justice et le développement de Mohamed Sawan dans les grandes villes, et l'échec des autonomistes de Benghazi, mécontents de la répartition des sièges à l'assemblée constituante à faire échouer la tenue du scrutin (ils avaient détruit le bureau de la commission électorale à Adjdabia et ordonné la fermeture des entreprises de raffinage de pétrole de Syrte).

 

Les Frères musulmans paieraient ainsi le prix de leur proximité avec Seif-el-Islam Kadhafi (actuellement détenu à Zeitan) après qu'il eût fait libérer 150 d'entre eux en 2003 (ils avaient boycotté la conférence de l'opposition à Londres en 2005 appelant au renversement du régime) ainsi que leurs liens trop visibles avec le Qatar. Toutefois l'avance de Jibril, candidat des Occidentaux, président du Conseil national de transition et ancien patron des réformes économiques sous Kadhafi, est toute relative. En outre 80 des 200 sièges de l'assemblée constituante seulement sont  attribués aux partis politiques, les autres des "indépendants". Ce montage a été suggéré par les "spin doctors" américains logés à l'hôtel Rixos en vue de marginaliser les Frères musulmans et les salafistes comme Abdelhakim Belhadj, et devrait conduire de toute façon à un gouvernement d'union nationale entre islamistes et libéraux en vue de l'élaboration d'une constitution qui débouchera seulement en 2013 sur l'élction d'une assemblée législative définitive.

 

Ce que les médias occidentaux oublient de dire, c'est que, comme en Irak en 2004, ou en Haïti sous l'occupation de l'ONU, les élections sous le nouveau régime ne sont pas démocratiques puisque tous les courants d'expression ne sont pas libres de concourir au scrutin (notamment les partisans de l'ancien régime) et que le règne des milices compromet la liberté d'expression et de pensée.

 

Début juillet Amnesty International a publié un rapport d'enquête sur des faits des mois de mai et juin dernier intitulé « Libya: rule of law or rule of militias ? » (Libye règne de la loi ou règne des milices ?).

 

Le rapport cite notamment le cas de Hasna Shaeeb (Chahib, en retranscription française), une femme de 31 ans, enlevée à son domicile de Tripoli en octobre dernier par des hommes en tenue militaire et transférée à l'ancien Bureau du fonds de dotation islamique dans la capitale. Elle a été accusée d'avoir été une loyaliste pro-Kadhafi et un sniper. On l'a faite s'asseoir sur une chaise avec ses mains menottées dans le dos et elle a reçu des décharges électriques à sa jambe droite, aux parties intimes et la tête. Les gardes a menacé d'introduire sa mère dans la cellule et de la violer, et ont versé de l'urine sur elle.

 

Après qu'elle a été libérée de sa chaise, ses tortionnaires n'ont pas pu ouvrir ses menottes avec une clé, et ont donc tiré dessus avec un pistolet, des débris de balle se sont incrustés dans sa chair. Libérée après trois jours, Mme Shaeeb a fait constater par un médecin ses blessures et s'est plainte aux autorités. Celles-ci n'ont rien fait, mais Mme Shaeeb a reçu un appel téléphonique menaçant du milicien qui l'avait arrêtée et la façade de sa maison a été mitraillée.

 

Ce qui fait la singularité de l'histoire de Mme Shaeeb, c'est seulement le fait qu'elle a déposé une plainte officielle, beaucoup d'autres ont trop peur de le faire.  Le gouvernement estime qu'il détient 3 000 détenus dans ses prisons et les milices 4 000 autres. Les tortures à mort sont fréquentes.

Bien loin des préoccupations d'Amnesty international, les milieux d'affaire internationaux eux sont satisfaits de la transition politique actuelle en Libye.  Ainsi Mario Zotelle,  directeur de la Joint Libyan Construction Company (JLCC), un consortium de sociétés dépendant de Asamer Holdings (basée en Autriche) intervenait à Doubaï le 27 juin à l'invitation de la chambre de commerce et d'industrie de ce pays la semaine dernière dans le cadre d'une conférence "Forum sur le développement à venir de la Libye 2012 : infrastructure et reconstruction" devant les 150 représentants de 60 compagnies d'Europe, des pays du Golfe et d'Afrique. « Nous fondons des attentes importantes sur ces élections, a-t-il déclaré, et sur le nouveau climat politique qui devrait fonctionner pour créer un cadre institutionnel et commercial plus fort ». « La  Libye a besoin de réforme de l'éducation, a-t-il ajouté, afin de répondre à la demande pour les professionnels. Il faut également une réforme du secteur bancaire et la sécurité garantie dans tout le pays. Les transport et la fourniture d'électricité et de gaz doivent être améliorés. Mais le potentiel pour les entreprises et la participation de l'investissement dans la reconstruction de la Libye est important. »

Asamer possède et gère trois cimenteries en Libye. Pendant la "révolution", Asamer a soutenu ses travailleurs et les insurgés de Benghazi, la livraison de l'aide humanitaire. La compagnie a payé 2011 salaires à ses travailleurs malgré l'arrêt de la production pendant la crise.

Asamer a investi plus de 100 millions dans les usines afin d'accroître l'efficacité énergétique, production, qualité et les normes du travail et d'installer un système de protection de l'environnement.

La conférence de Doubaï était introduite par Charles Gurdon, directeur de l'agence anglaise de consulting Menas qui avait entre autre fait du lobbying pour le Conseil national de transition dans le New York Times en août 2011. Charles Gurdon sera aussi présent les 6-8 novembre 2012 au sommet du pétrole et du gaz de Vienne aux côtés des responsables de Total, de Repsol, de Haliburton etc, soit des représentants de 27 pays (notamment 30 % des compagnies pétrolières nationales du monde). Une conférence qu'il sera sans doute intéressant de suivre pour comprendre les stratégies pétrolières internationales dans la région...


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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 18:42

Samedi 30 juin, sept des seize mausolées de Tombouctou, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ont été détruits par les Wahhabites, puis les destructions se sont poursuivies dansles jours qui ont suivi, puis le 2 juillet ce sont les mosquées de la ville qui ont été prises pour cibles. Les Occidentaux craignent qu’ils ne s’en prennent désormais aux dizaines de milliers de manuscrits de la ville dont certains remontent au Moyen-Age. Ces textes rédigés en arabe ou en peul sur des omoplates de chameaux, des peaux de moutons ou de l’écorce, ces textes traitent de théologie, d’histoire, de géographie, d’astronomie, de musique, de littérature, de botanique, de généalogie, d’anatomie (des manuscrits qui avaient déjà été largement négligés par la soi disant communauté internationale qui n'a débloqué des fonds pour leur conservation que le 3 juillet dernier - cf l'Express).

 

Ces exactions s'ajoutent aux nombreux assassinats, pillages et viols commis dans la région depuis six mois. Elles s'insèrent dans un plan d'instauration d'un Islam rigoriste au Nord Mali qui était resté jusque là étranger à la culture salafiste.

 

tombouctou.jpgA Tombouctou, le responsable des destructions est Sanda Ould Boumama, narco-trafiquant proche de l'AQMI (Al Qaida Maghreb), présenté à tort par les agences occidentales selon des sources locales comme un porte parole de Ansar Dine. A Gao, la ville a été prise le 27 juin par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). Le MUJAO considéré comme dissident de l'AQMI est un mouvement mauritanien qui a notamment enlevé quatre personnes à Tindouf en 2011. Il protège dans ses rangs des membres du Croissant rouge du Qatar qui contribuent ainsi à légitimer son action à Gao... (sur les relations entre le Qatar et le gouvernement français de M. Hollande voir Le Parisien du 23 juin dernier).

 

La ministre malienne de la culture en visite à St Petersbourg s'est prononcée pour une intervention de l'ONU en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel de son pays, et le Maroc fait pression pour une action en ce sens des pays islamiques. L'Algérie jusqu'ici sur une ligne de non-ingérence a reçu diverses demandes d'intervention militaire du gouvernement malien.

 

Tandis que le Niger  (pourtant hostile à la présence de bases françaises sur son sol) fait pression sur la France pour intervenir militairement, les Etats-Unis pour leur part ont déconseillé à la CEDEAO de le faire estimant que le contingent de 3 300 hommes prévu pour intervenir au Mali devrait rester dans la partie sud du pays. Le ministre des affaires étrangères français M. Fabius hier s'est dit confiant qu'une résolution du conseil de sécurité de l'ONU autoriserait prochainement l'usage de la force au Nord Mali (alors que celui-ci début juin encore jouait la carte de l'attentisme). Mais en Afrique des voix comme celle du président guinéen Alpha Conde estiment qu'un envoi de troupes au nord du pays ne serait légitime que si elle était sollicitée par un gouvernement d'union nationale malien, qui n'existe pas en ce moment (du fait notamment ds tergiversations de a CEDEAO sur le sujet).

 

Les effets secondaires de l'intervention militaire des Occidentaux en Libye en 2011 qui ont contribué à transformer l'Ouest africain en un nouvel Afghanistan semble vouer la région à la spirale des interventions extérieures incessantes.

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 11:12

800px-LocationAfrica.pngLe 12 avril dernier, dans l'entre-deux tours des élections présidentielles, le président intérimaire de la Guinée-Bissau (voisine du Sénégal) Raimundo Pereira et le Premier ministre Carlos Gomes Junior (favori du  second tour) ont été arrêtés par un «commandement militaire» basé à l'état-major de l'armée, qui dénonçait la signature d'un accord secret avec l'Angola.Les militaires ont ensuite engagé des discussions avec d'ex-opposants pour former un gouvernement d'"union". Le  coup d'Etat a suscité des condamnations internationales unanimes y compris de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui a décidé d'envoyer une force de maintien de l'ordre dans ce pays.

 Le 7 mai lors de la réunion du conseil de sécurité des Naitons-Unis, le Rwandais Joseph Mutaboba, chef du Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (Uniogbis) révélait dans un langage codé la lutte d'influence entre Angola et Nigéria qui se joue en Guinée-Bissau. « La communauté internationale se doit d'être unie dans son engagement. Il est essentiel que tous les partenaires internationaux se mettent d'accord sur une réponse commune », expliquait-il. De l'avis de nombreux analystes l'Angola s'emploie via la CPLP (la Communauté des pays de langue portugaise) à faire condamner les putschistes tandis que le Nigeria a convaincu la Cedeao  (et notamment les francophones - Sénégal et Burkina Faso) de leur être plus favorable.

 

L'Angola en 2011 a soutenu discrètement Laurent Gbagbo en Côte d'ivoire. Des accords commerciaux ont été signés avec la Guinée-Bisau, qui prévoyaient notamment qu'une société angolaise qui exploite un gisement de bauxite construise un port en eau profonde ainsi qu'une ligne de chemin de fer vers le Mali, risquant ainsi de concurrencer le port de Dakar.


Des soldats angolais (Missang) puis des armes lourdes (y compris de schars d'assaut) ont été acheminées dans ce pays sans que l'armée bissau-guinéenne n'en soit avertie. Voyant dès avant les élections présidentielles que cette présence inquiétait l'armée bissau-guinéenne coutumière des coups d'Etat Luanda avait annoncé un possible retrait.

 

Le 18 mai soit le jour même où un contingent de la Cedeao (plus de 600 hommes) débarquait en Guinée Bissau, l'Angola et le Portugal faisaient adopter à l'unanimité au Conseil de sécurité une résolution sanctionnant les auteurs du coup d'Etat bissau-guinéen (alors que jusqu'ici l'ONU avait pris l'habitude de laisser la Cedeao agir en première ligne pour ensuite s'aligner sur elle (sur l'affaire malienne). Boundi Ouoba du journal bukinabe Le Pays laisse entendre qu'il y a là une instrumentalisation dangereuse du Conseil de Sécurité de l'ONU par l'Angola.

 

L'épisode illustre la montée en puissance de l'Angola dans la région.

 

L'Angola défend une position ambiguë depuis quelques mois à l'égard des puissances occidentales. Hostile à la reconnaissance du Conseil national de Transition libyen en septembre 2011, il s'est abstenu sur la résolution qui condamne le régime syrien, comme sur celle qui prône une enquête au Sri Lanka, allant en cela moins loin que son allié traditionnel cubain par exemple. Il compte d'ailleur envoyer 3 000 hommes pour combattre les islamistes en Somalie aux côtés de l'Ethopie, alliée des USA. En novembre dernier, le président angolais avait annoncé son intention d'acheter des parts dans des grands groupes industriels portugais comme Energias de Portugal et REN (alors pourtant que deux tiers des Angolais vivent avec moins d'un dollar par jour ou que seuls 25 % des enfants sont scolarisés). La banque angolaise BIC a acheté le Banco Português de Negócios et une société de Luanda s'est procuré la principale fabriquant de meubles du Portugal (le Brésil aussi, premier employeur en Angola, investit massivement au Portugal). L'Angola est aujourd'hui une des économies les plus dynamiques du Golfe de Guinée avec le Nigéria et le Ghana.

 

Se dirige-t-on en Afrique de l'Ouest vers une opposition ponctuelle entre un bloc luso-brésilo-angolais d'une part et les anglophones et les francophones d'autre part ?

 

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 15:31

L'émirat du Qatar, sous-traitant des opérations occidentales en Libye et en Syrie, fer de lance avec les pétromonarchies voisine de la répression du "printemps arabe" au Bahrein, qui ne cesse de racheter des actifs en Europe et de propager sa propagande via la chaîne Al-Jazeera, est aussi actif au Sahel.

 

oil_well.jpgSelon le journal malien l'Indépendant, le vendredi 6 avril dernier (le lendemain de l'enlèvement du consul d'Algérie par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), un cargo qatariote a atterri à l’aéroport de Gao pour livrer des armes et des stupéfiants aux rebelles. Un comité d’accueil a été formé autour de l’appareil sous la conduite d’Iyad Ag Ghaly, leader touareg du mouvement islamiste salafiste Ansar Eddine qui contrôle Tombouctou et Kidal en coopération avec l'AQMI. Celui-ci, ancien consul du Mali à Djeddah (Arabie Saoudite), avait profité dans les années 2000 de son statut de diplomate pour nouer des relations avec des organisations islamiques de la région. Au point que l’Arabie Saoudite, son pays d’accréditation, l’avait menacé d’expulsion en 2010. Revenu au Mali il y a organisé le développement de l'islamisme. Selon d'autres sources maliennes, juste après la prise de Tessalit le 10 mars 2012 par les nationalistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un avion cargo  du Qatar avait aussi atterri dans cette localité avant de déverser une importante quantité d’armes sophistiquées, des munitions et des 4×4 pour le compte des assaillant, probablement lorsque Ansar Eddine a évincé le MNLA de la région.

 

Depuis lors des islamistes affluent du Sud du Niger, du Tchad et du Nigeria (Boko Haram) dans le Nord du Mali, plaçant l'Algérie par principe non-interventionniste dans la position délicate d'accepter soit le développement de l'insurrection islamiste à sa frontière sud, soit une intervention militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) très contrôlée par les Etats-Unis et la France. Le nouveau régime malien, issu d'un coup d'Etat récent mené par des mutins proches de Washington, lui, est déjà engagé dans les négociations avec la CEDEAO pour la restitution du pouvoir aux civils et le règlement de la crise du Nord.

 

Outre son engagement au Mali, le Qatar fait aussi pression sur la Mauritanie voisine. En janvier dernier il se brouillait avec l'homme fort de Mauritanie, le président Ould Abdel Aziz, en tentant de lui donner des leçons de droits de l'homme (ce qui n'est pourtant pas le fort de l'émir du Qatar). Le Figaro du 12 janvier dernier, plus précis relate même ainsi les faits : "L'émir a voulu donner certaines directives au président Abdel Aziz, usant d'un ton quasi comminatoire, et menaçant d'utiliser sa chaîne al-Jazeera pour faire éclater une révolution en Mauritanie, comme en Tunisie et en Egypte. Le chef de l'Etat mauritanien, un militaire, a alors explosé et a congédié l'émir"... Ce faisant Ould Abdel Aziz (dont le geste a été salué par des groupes non-gouvernementaux mauritaniens comme l'initiative nationale pour la sauvegarde de la constitution  de Salka Mint Sid'Ahmed) compromettait provisoirement le développement d'un projet de prospection pétrolière mené dans ce pays conjointement avec Total (la coopération Total-Qatar est ancienne et remonte à 1936...). Mais Total et le Qatar pourraient bien utiliser les pressions de la rue en Mauritanie pour imposer à nouveau leurs desiderata : hier des milliers de jeunes manifestaient à Nouakchott pour exiger le départ du président. Un de ses principaux organisateurs, le petit parti (5 députés sur 95) islamiste Tewassoul bizarrement qualifié de "modéré" par les agences occidentales, a appelé au "Djihad politique" le 21 avril.

 

L'odeur du pétrole pourrait bien motiver également l'action du Qatar au Mali, car le bassin pétrolier de Taoudéni dont les réserves ont été découvertes récemment couvre les deux pays ainsi que le Niger (1,5 million de kilomètres carrés)... Total et Sipex, filiale internationale de la Sonatrach, société nationale algérienne, ont signé en 2011 un accord visant à unir leurs forces pour obtenir des concessions dans ces pays du Sahel.

 

Ainsi le chaos sahélien ne serait pas une perte pour tout le monde...

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 10:51

En septembre dernier le blog de l'Atlas alternatif a attiré l'attention des lecteurs sur le sort de la ville libyenne essentiellement peuplée de Noirs (ancien centre de trafic d'esclave où vivaient les descendants d'esclaves libérés) de Tawergha (ou Tawarga selon les conventions transcriptions retenues) apparemment victimes de nettoyage ethnique (les villages de Tomina, de Kararim ont également été vidés).

 

En février dernier une vidéo a circulé sur Internet parfois présentée comme montrant des habitants de cette ville faits prisonniers et traités de façon humiliante (parqués dans une cage, traités de chiens - insulte suprême pour un musulman - et forcés à manger l'ancien drapeau libyen).

 

 

Selon Russia Today, les Noirs libyens qui n'ont pu fuir le pays seraient 5 000 dans des centres de détention.

 

Le 16 février dernier Amnesty International a publié un rapport sur ce sujet. Selon Donatella Rovera en janvier et début février, des délégués d'Amnesty se sont rendus dans onze centres de détention contrôlés par les ex-rebelles dans le centre et l'ouest de la Libye et dans dix d'entre eux les prisonniers ont fait état de tortures.

 

En janvier un rapport d'ONG arabes  " Report of the Independent Civil Society Fact-Finding Mission to Libya" a été publié qui, tout en détaillant la répression à balles réelles du "Printemps libyen" et les crimes de guerre commis par les kadhafistes à Misrata et Zawiya notamment, dénonçait l'absence de système judiciaire dans la "nouvelle Libye" post-Kadhafi, critiquait la détention sans jugement de 28 prisonniers qui n'ont pas été des hauts responsables de l'ancien régime à Sibrata, les tortures au centre de Zawiya (om se trouvent des dizaines d'ex soldats noirs d'origine malienne et tchadienne). A propos de Tawergha ce rapport précise que si certains de ses anciens résidents se sont rendus coupables d'atrocités aux côtés des forces kadhafistes, notamment contre Misrata (cf l'exemple de la vente d'une fille de Misrata comme esclave à 7 000 dinars) la population a été victime de "rumeurs" et d'un "mythe urbain" instaurant une culpabilité collective sur cette ville, légitimant ensuite toutes les exactions des rebelles contre elle. Il confirme le rapport de Human Rights Watch sur l'existence d'un nettoyage ethnique systématique dans cette ville, et aborde aussi le problème des victimes directes des frappes de l'OTAN.

 

Un "comité international des juristes pour la Défense des Libyens" composé d'intellectuels qui ont souvent manifesté leur sympathie pour l'ancien régime libyen (et dirigé par avocat de l'ex-Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi) devait quant à lui se réunir le 10 mars à Tunis pour évoquer les violations des droits de l'homme en Libye.

 

La barbarie des milices libyennes ne vise pas seulement les Noirs mais aussi les alliés occidentaux du Conseil national de Transition. Le 29 février une vidéo sur YouTube a été téléchargée montrant la profanation par des miliciens du cimetière de guerre anglais et italien de Benghazi.

 

Par ailleurs à Barqa le 6 mars dernier un "congrès" a nommé un Conseil suprême chargé de gouverner la nouvelle entité baptisée Cyrénaïque. La présidence du Congrès a été confiée au cheikh Ahmed Zoubaïr, cousin de l'ancien roi Idriss al-Senoussi renversé par Kadhafi. Le président du CNT les a accusés d'être financés par des pays arabes, mais Zoubaïr a démenti cette accusation.En tout cas M. Adnane Manser, consul de Tunisie à Benghazi était présent à la réunion de ce congrès, ce qui lui a valu d'être rappelé par son gouvernement à titre de sanction aujourd'hui 15 mars. Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a déclaré quant à lui que son pays restait engagé à soutenir l'intégrité territoriale de la Libye comme celle du Mali.  

 

Tout en manifestant son attachement formel à l'unité libyenne dans un cadre fédéral, le gouvernement autoproclamé de Cyrénaïque s'est doté de sa propre armée et certains experts affirment que son but est de priver le reste de la Libye des dividendes pétroliers de cette région. 

 

Malgré cela les autorités centrales du CNT à Tripoli minimisent les risques d'anarchie dans le pays. La production de pétrole représente 75 % de ce qu'elle était à l'époque de Kadhafi et la petite bourse de Tripoli (un marché de 3 milliards de dollars contre 65 milliards au Caire) vient de réouvrir après un an de fermeture. Des élections législatives sont prévues pour le mois de juin.

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 12:43

Depuis le 17 janvier dernier une guerre ouverte violente oppose le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à l'armée malienne dans le Nord de ce pays. Le MNA créé en novembre 2010 se présentait comme un mouvement souhaitant « défendre et valoriser la politique pacifique » et disait « rejeter et condamner la violenceet le terrorisme sous toutes leurs formes ». Mais en octobre 2011 avec la chute de Kadhafi, il a fusionné avec les mercenaires touaregs de l'ex-guide libyen dans un "mouvement de libération nationale" armé.

 

De l'avis de commentateurs comme Cheick Tandina du journal Le Prétoire, le gouvernement malien peinerait à obtenir des soutiens de ses voisins qui ont reçu comme instruction des Occidentaux de combattre en priorité Al Qaïda au Maghreb Islamique(AQMI) responsable de nombreux enlèvements.

 

Au Mali, on va même jusqu'à avancer que la France aurait une sympathie pour le MNLA. Sekou Kyassou Diallo, dans une contribution à Maliweb explique : "Les fondateurs du MNLA auraient contacté, par le biais de certaines hautes personnalités maliennes à Bamako, le Quai d’Orsay qui leur aurait accordé une audience. Au cours de cet entretien, ils auraient promis de pouvoir lutter contre AQMI et de faire libérer les otages français retenus dans le nord malien sans versement de rançon. Ils auraient dit au passage que les autorités de Bamako, que Paris soupçonne d’ailleurs d’être impliquées dans les prises d’otages et autres, seraient les complices de AQMI au Sahel. / Très enchanté par leurs promesses de mettre fin au désordre dans le septentrion malien, le Quai d’Orsay aurait promis de se ranger sur leurs positions pour un départ. C’est cela qui explique d’ailleurs le fait que le ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, a fait publiquement l’éloge des premiers « succès » de ces bandits (des atrocités qu’un ministre d’Etat commente avec plaisir !). Comme pour lancer un signal fort (expression qu’il aime) à Koulouba qu’il y a bien d’autres alternatives de lutter contre les ravisseurs d’otages et leurs complices tapis dans l’ombre. /Cela explique aussi le fait que Paris a accepté d’accueillir les rebelles sur le sol français, de leur donner la possibilité de s’exprimer dans les médias français champions de l’intox et du mensonge, et de leur permettre même de manifester."

 

Oumar Babi dans Le Canard Déchaîné du 13 février 2012 va dans le même sens : selon lui lorsque M. Juppé le 7 février a déclaré que « la rébellion touareg a remporté, récemment, d’importants succès militaires » et appelé à un cessez-le-feu immédiat, il a apporté "de l’eau au moulin de ceux qui pensent, mordicus, que la France n’est pas étrangère à la crise du Nord-Mali". Le Mali au moment de son indépendance a opté pour une voie socialiste non-alignée. Si dans les années 70 le régime militaire a quelque peu dévié de cette voie, depuis la démocratie une partie de la majorité gouvernementale continue de défendre cette option ce qui s'est notamment traduit en 2009 par la résistance du Mali à signer l'accord migratoire que le gouvernement de MM. Sarkozy-Fillon voulait lui imposer.

 

Il semble que les guérillas soient de plus en plus interpénétrées au Sahel occidental, ce qui logiquement devrait inciter la France à ne pas les soutenir (c'est d'ailleurs la position officielle du ministre de la coopération français). Le gouvernement de Bamako a fait état d’une connexion avérée entre les rebelles touaregs du MNLA et l'AQMI. Les soupçons qui pèsent concernant la collaboration entre les Touaregs et les djihadistes (que le MNLA dément) tiennent notamment à la manière dont les soldats maliens ont été exécutés par eux après la prise des villes. Le Mali accuse aussi le Front Polisario sahraoui d'être le principal vecteur du trafic de drogue et des rapts d’Occidentaux pour le compte d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Une activité lucrative qui est devenue indispensable pour le Polisario depuis la chute de Kadhafi, son ancien allié et fournisseur en devises.

 

Pour l'heure on ne trouve pas en France de soutiens importants affichés pour le MNLA. Leur responsable des droits de l'homme est journaliste à France culture et à Radio France internationale. Des mouvements régionalistes comme Corsica Libera ou certains milieux occitanistes ont proclamé leur sympathie, mais il ne semble pas y avoir de lobby réellement puissant derrière ces Touaregs maliens (de même que le soutien que leur porterait le gouvernement mauritanien - ainsi qu'à l'Aqmi - n'est pas démontré). L'évolution des prises de positions de la France à leur égard doit en tout cas être suivie en gardant à l'esprit la possibilité de convergences d'intérêt entre leurs velléités sécessionnistes et le besoin qu'a Paris de renforcer sa présence militaire au Sahel (et donc la possibilité pour la France de les utilités face à la souveraineté du Mali et du Niger).

 

Sans doute pour limiter les effets de contagion, le gouvernement du Niger voisin, qui a vu se mettre en place un front kadhafiste sur son territoire à la fin de l'an dernier a procédé à l'arrestation de Saadi Kadhafi, un des derniers fils vivants du guide libyen. Le refus de l'extrader vers Tripoli a valu au Niger l'expulsion humiliante de son ambassadeurs sous les huées de jeunes miliciens islamistes (cf vidéo ci-dessous). L'effet domino possible sur ce pays où sévit aussi un mouvement de libération touareg n'est pas négligeable, de même qu'au Burkina Faso.

 

 

La Libye quant à elle en ce moment est abandonnée au règne des milices. L'autorité du Conseil national de transition n'y est pas reconnue. Le 26 janvier Médecins sans frontières a dénoncé 115 cas de torture à Misrata. Le gouvernement officiel ne cesse de décevoir ses mentors occidentaux. Il y a cinq jours son ambassadeur a provoqué l'indignation à la commission des droits de l'homme de l'ONU en déclarant  que les gays affectaient "la perpétuation et la reproduction du genre humain".

 

Une guerre des communiqués a opposé hier les pro-kadhafistes annonçant la mort de la journaliste Hala al-Misrati (cf ci-dessous) et les autorités de Tripoli qui ont démenti.

 

 

 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 11:02

Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le gouvernement algérien ces derniers temps.

 

Non seulement le pays est désormais entouré de gouvernements islamistes au Maroc et en Tunisie (la Tunisie qui d'ailleurs se rapproche d'Israël en ce moment), mais l'armée algérienne a intercepté dans la nuit du 11 au 12 décembre deux 4×4 libyens chargés d’armes (des armes semi-automatiques, lance-roquette et des roquettes) sur son territoire au nord de la région de Djanet. Ces mouvements clandestins d'armes en provenance de Libye dont la destination est inconnue sont de mauvais augure pour l'avenir de la région.

 

Une autre menace semble se dessiner du côté du Qatar (qui a été dans les affaires libyenne et syrienne un des bras armés des Occidentaux). Selon le site électronique libanais «Libnanews», «l’opposant» algérien Saad Djebbar est régulièrement reçu par l’émir du Qatar qui l’a désigné comme son avocat personnel. Au même moment, Oussama Madani, un des fils de Abassi Madani (l'ancien président du Front islamique du Salut emprisonné après 1991), ouvre une chaîne de télévision, qui, selon le journal Le Temps, serait financée par la Qatar (où il vit, et maintient par ailleurs des liens avec le CNT libyen) et c'est de Doha la capitale de l'émirat que le numéro 2 du FIS a fait savoir qu’il envisage de poursuivre l’Algérie devant des instances judiciaires internationales pour ne pas avoir accepté le retour, sur la scène politique nationale, de son parti politique.

 

Lors du vote de la Ligue arabe suspendant la Syrie de cette organisation, le chef  de la diplomatie qatariote Cheikh Hamad bin Jassem bin Jabr Al Thani aurait lancé à son homologue algérien «ne défendez  pas trop la Syrie car quand votre tour arrivera, vous aurez certainement besoin de nous». Doha serait donc en train de rassembler les forces islamistes algériennes contre le régime militaire.

 

Dans les colonnes du journal Elkhabar le 13 décembre (en arabe ici), le syndicaliste trotskiste américain Alan Benjamin met en cause Washington (il est bizarrement présenté comme le "dirigeant de l’union syndicale des travailleurs" - algérienne ? - aux Etats-Unis mais sa fonction syndicale aux Etats-Unis est en réalité "membre du San Francisco Labor Council", et à ce titre il s'est aussi impliqué contre la guerre d'Irak). A l'issue de la conférence internationale sur les ingérences et les guerres d’occupation, tenue à Alger,il affirme que son pays aurait déjà anticipé la transition démocratique en Algérie, qu'il existerait déjà un "CNT algérien dans les tiroirs de la Maison blanche" et que des personnalités algériennes ont été déjà contactées pour le former. Hélas des noms jusqu'ici n'ont pas été mentionnés. M. Benjamin ne semble pas avoir publié d'éléments concrets sur ce thème, ni en langue en anglaise ni en français.

 

Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des travailleurs algérien (PT) et résistante historique de la guerre de décolonisation, a de son côté condamné, les manœuvres extérieures auxquelles doit faire face l’Algérie, en citant « la révolution du 17 septembre », appel lancé sur Facebook (et qui serait selon le quotidien Ennahar l'oeuvre de l'écrivain Bernard-Henri Lévy qui est né en Algérie, mais aucune preuve n'est apportée sur ce point - le ministre de l'intérieur M. Ould Kablia dans le même journal met en cause aussi Israël du fait que le 17 septembre est l'anniversaire des accords de Camp David, mais là encore les preuves font défaut). Dans son rapport d'ouverture, en marge de la session ordinaire du bureau politique, organisée au siège de son parti, elle a estimé que cet appel est lancé par une source inconnue qui veut déstabiliser l'union du pays. Elle a accusé, dans ce cadre, les lobbies qui veulent servir les intérêts étrangers et qui œuvrent pour diviser le pays.

 

Selon Samira Azzegag du journal le Temps, évoquant la situation actuelle en Libye, Mme Hanoune a précisé que ce qui se passe dans le pays voisin n'est pas une révolution, mais une anarchie totale, dictée par une force étrangère et dont l'avenir est incertain. Cette incertitude inquiète l'oratrice qui n'a pas manqué de mettre en garde contre les répercussions «cruciales» de cette crise et de «l'intervention militaire de l'Otan». Et d'enchaîner : «L'Algérie, en tant que pays, ne doit pas reconnaître la légitimité du CNT. Abondant dans ce sens, la première dame du PT est convaincue que la priorité du CNT est de préserver l'intérêt de la France». La reconnaissance de ce conseil n'est autre, aux yeux de Mme Hanoune, qu'une «légitimation de la guerre et de la présence des forces d'occupation étrangères».

oil_well.jpgLes infiltrations d'armes, et les rumeurs d'ingérence extérieure ne sont en tout cas pas faites pour arranger les relations entre la Libye et l'Algérie, d'autant que les deux pays sont en rivalité sur la question pétrolière : la Libye ayant annoncé qu'elle augmentera sa production pourrait nuire au quota de production au sein de l'OPEP de l'Algérie qui est sa concurrente directe, dans un contexte où tous les producteurs sont enclins à produire plus, et où la consommation occidentale pourrait décroître avec la crise, tirant ainsi les prix vers le bas. Pour lever un sujet de contentieux avec les Libyens et les Occidentaux, les autorités algériennes vont en tout cas cesser d'héberger sur leur territoire Aïcha Kadhafi, qui pourrait prendre la tête d'une chaîne de télévision au Venezuela.

Djibril Cissoko

 

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 20:11

Cote_d-Ivoire-carte.pngL'ancien président Laurent Gbagbo a été transféré dans la nuit du 29 au 30 novembre à la Cour pénale internationale (CPI). D'autres responsables ivoiriens subiront prochainement le même sort, l'arrestation du président déchu ivoirien Laurent Ggagbo n'étant "qu'un début", selon le procureur argentin de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo, un inquisiteur fort controversé qui avait déjà démontré la légèreté de ses enquêtes sur le Darfour et la Libye.

 

Selon Le Figaro du 3 décembre, Gbagbo aurait été déféré à La Haye en vertu mandat d'arrêt international émis le 23 novembre par le procureur Moreno-Ocampo, sans que les magistrats de la chambre d'accusation de la Cour d’appel d’Abidjan qui avait notifié le mandat d'arrêt acceptent d'entendre sa défense et sans même avoir pu amener des bagages avec lui. La décision fait du reste suite à une rencontre secrète Ouattara- Moreno-Ocampo à Paris (selon L'Express) qui laisse entendre que le gouvernement français

 

Pour beaucoup ce transfèrement brutal à quelques jours des élections législatives du 11 décembre pourrait compromettre le processus de réconciliation nationale annoncé par Alassane Ouattara. Dès l'annonce de cette arrestation le Front populaire ivoirien (FPI), parti du président déchu a d'ailleurs annoncé sa décision de boycotter les élections.

 

Pendant ce temps le président Ouattara essaie de se concilier les chrétiens évangélistes ivoiriens autrefois favorables à Laurent Gbagbo. Il a ainsi offert un pélerinage de douze jours en Israël le 2 décembre dernier à 200 évangélistes. Il n'est pas certain que cela suffise à apaiser le climat en Côte d'Ivoire où la démocratie est loin de régner. Ainsi le 28 novembre 2011 trois journalistes de "Notre Voie" (pro-FPI) ont été arrêtés (sans que cela suscite d'émoi international).

 

L'ingérence de la CPI dans le processus électoral ivoirien est d'autant plus contestée par les partisans de Gbagbo que les crimes imputés au camp Ouattara, notamment le massacre de Duékoué fin mars 2009, n'ont toujours donné lieu à aucune investigation.

 

Le transfèrement de Gbgbo n'a guère suscité d'éditoriaux ou de communiqués en France. Citons juste une réaction favorable prévisible, celle du rédacteur en chef du Nouvel Observateur (centre-gauche) Jean-Marie Bouguereau qui demande que le même sort soit infligé au président syrien Bachar el Assad, et le communiqué du Parti communiste français qui critique la décision de la CPI et les méthodes de la Françafrique.

 

Delphine Jaen

 

 

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