Alors que les autorités pridnestroviennes (transdniestriennes) s'appliquent depuis plusieurs mois à développer le multipartisme dans leur pays en vue d'obtenir une reconnaissance européenne, et mettent en avant leur refus de la référence communiste (http://www.tiraspoltimes.com/features/igor_smirnov_pridnestrovies_khozyain_president.html), l'ambassadeur des Etats-Unis en Moldavie, Michael Kirby, a été accueilli avec tous les honneurs le 19 juillet à Tiraspol. Il a même reçu une décoration du parti "Proriv" (La Percée), une organisation qui affiche l'image du Che sur ses enseignes (http://www.tiraspoltimes.com/news/american_ambassadors_tiraspol_visit_a_public_diplomacy_win.html) et constitue une sorte d'Otpor local - à ceci près qu'il était jusque là anti-OTAN (http://www.tiraspoltimes.com/interviews/alena_arshinova_we_are_prepared_to_make_a_sacrifice_for_sovereign_statehood.html), ce qui lui valait d'être affectueusement comparée aux Jeunesses hitlériennes (http://www.transdniestria.com/independent-transdniestria-news/transdniestriacubaeurope.html) par Oazu Nantoi, ancien fondateur du Parti social démocrate à Chisinau (http://www.azi.md/news?ID=43575).
Cette visite intervient à l'heure où la Moldavie amorce un rapprochement avec Moscou. Voilà qui pourrait augurer de quelques rebondissements dans la guerre du gaz qui se joue autour de ce pays(http://www.voltairenet.org/article149653.html).
Entre la Moldavie et l'Ukraine perdure une sorte de "Jurassic Park de l'époque soviétique", du moins est-ce ainsi que de nombreux visiteurs la décrivent, où les statues de Lénine et les faucilles et les marteaux n'ont pas été supprimés : la République autoproclamée de Transnistrie. Il s'agit d'une zone à population principalement russe, ukrainienne et moldave qui, au début des années 1990, a vu plutôt d'un mauvais oeil la proclamation d'indépendance de la Moldavie - dont tout laissait croire qu'elle se fondrait dans une "Grande Roumanie". Une autre minorité, les Gagaouzes (des Turcs), restait également fidèle à l'URSS, mais seuls les Transnistriens purent acquérir une indépendance de fait à l'égard des Moldaves grâce à la protection de la 14 ème armée russe. L'armée russe ne garde plus qu'une présence allégée sur place, mais un "force de maintien de la paix" à dominante russe est restée, et l'enclave transnistrienne (capitale Tiraspol) a perduré depuis plus de quinze ans, hors d'atteinte du gouvernement moldave (basé à Chisinau).
La Transnistrie est aujourd'hui une des rares régions d'Europe qui restent au moins partiellement à l'abri du néo-libéralisme triomphant - c'est la "Cuba de l'Europe" selon certains journalistes http://www.transdniestria.com/independent-transdniestria-news/transdniestriacubaeurope.html. C'est aussi, et surtout, une des clés du remaniement possible des frontières en Europe de l'Est, à l'heure où les nationalistes albanais du Kosovo réclament à cor et à cri l'indépendance du berceau de la culture serbe.
Vladimir Poutine a en effet fait savoir qu'il n'excluait pas de reconnaître la Transnistrie, ainsi que d'autres "Républiques" informelles restées fidèles à la Russie comme l'Abkhazie ou l'Ossétie du Sud, en cas de reconnaissance unilatérale par les Occidentaux de l'indépendance du Kosovo.
Il est en cela soutenu par au moins une partie lobby serbe aux Etats-Unis. James Jatras, avocat, ancien analyste en politique étrangère pour le groupe républicain au Sénat déclarait le 28 mars 2007 dans le Tiraspol Times que la Transnistrie, du point de vue de ses structures étatiques, était plus qualifiée pour demander l'indépendance que le Kosovo.M. Jatras le 8 septembre 2004 avait été choisi par Slobodan Milosevic pour s'exprimer sur l'alliance entre Bill Clinton et les islamistes en Bosnie (http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=europe/20040908.OBS6510.html&datebase=20040908 ). Il est membre de l'American Council for Kosovo (http://www.savekosovo.org/ ) et raisonne beaucoup (peut-être beaucoup trop) en termes de péril intégriste (http://www.orthodoxytoday.org/articles6/BorojevicJatras.php ). Mais sa comparaison entre les enclaves pro-russes et la province à majorité albanaise mérite qu'on s'y intéresse.
Cependant la Russie garde deux fers au feu, et pourrait aussi négocier avec Chisinau la fin de la République de Transnistrie si la Moldavie retournait dans le giron russe (http://www.transdniestria.com/independent-transdniestria-news/possibletransdniestriaagreemen.html). Certains observateurs ont du reste remarqué que Vladimir Poutine se montrait ces derniers temps plus sévère à l'égard de la Géorgie qu'à l'égard de la Moldavie (http://www.moldpres.md/default.asp?Lang=en&ID=68533 ).
Le ralliement de la Moldavie à Moscou ne pourrait toutefois résulter que d'un revirement à 180 dégrés. Le Parti communiste au pouvoir à Chisinau reste pour l'heure tourné vers l'OTAN. Samedi 16 juin la Moldavie a encore envoyé un nouveau contingent en Irak (http://www.tiraspoltimes.com/news/pmr_says_no_thanks_as_moldova_ships_more_soldiers_to_iraq.html)
La Chine, elle, fidèle à sa tradition hostile aux sécessionnismes, penche clairement du côté de la Moldavie. Au début du mois de juin le général de division Ion Ursu, directeur des services de sécurité et d'information moldaves, était à Pékin pour y discuter des méthodes de lutte contre le séparatisme (http://www.kommersant.com/p-10869/China_Moldova/ ).
Le bras de fer prévisible entre Moscou et Washington sur le Kosovo, sur les questions de défense et sur le partage des sphères d'influence (et du pétrole) en Asie centrale et dans le Caucase, ne manquera sans doute pas de remettre régulièrement sur la table dans les mois qui viennent l'avenir de la Transnistrie. Affaire à suivre...
Après que les Etats-Unis aient échoué à démontrer (et pour cause…) que leur dispositif anti-missile en Europe de l’Est n’avait par pour but de neutraliser la force de dissuasion nucléaire russe, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que la Russie suspendrait l’application du traité limitant les armes conventionnelles (http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/04/26/AR2007042600430.html?hpid=topnews ). La course aux armements serait donc relancée comme nous l’avions déjà suggéré le 24 février dernier.
Sur le front idéologique, la polémique entre la Russie et l'Estonie enfle depuis l'annonce du démantèlement du Monument des libérateurs de Tallinn, lequel pourrait impliquer le déplacement des cadavres de soldats de l'Armée Rouge enterrés sous le monument. Si de tels démantèlements ont également eu lieu en Russie (à Khimki, et encore sans profanation de sépulture), dans les pays baltes ils s’inscrivent dans un contexte de révisionnisme historique très sensible. En 2004 l'Estonie avait été contrainte de démanteler un monument dédié aux combattants antisoviétiques et représentant un soldat en uniforme SS, érigé à Lihula, dans l'ouest du pays, à l'initiative de la commune (http://www.liberation.fr/actualite/monde/238722.FR.php ).
Dans l’ensemble de l’Europe de l’Est alors que les initiatives anticommunistes se développent en Ukraine (http://english.communist.ru/2007/04/24/in-ukraine-the-trial-over-communism-will-be-held.htm) et en Pologne (ce qui a ému l’opinion publique occidentale du fait qu’elles touchent d’anciens membres de Solidarinosc – cf AFP 27 avril 2007), le tabou anti-nazi, lui, est de plus en plus fragilisé, comme l’a montré l’affaire des morceaux de sucre à l’effigie d’Hitler vendus en Croatie en février dernier (http://strange.blosker.com/link/croatia-probes-why-hitler-image-on-sugar-packets-7475)