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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 13:45

Titre du Financial Times aujourd'hui "Le rapport Annan accuse ENRC d'avoir coûté 725 millions de dollars au Congo." De fait, l'Africa Progress Panel (APP), organisation présidée par l'ex-secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, devait rendre public, ce vendredi au Cap devant le World Economic Forum, un rapport détaillé  qui raconte notamment comment le Congo (RDC) aurait perdu 1,36 milliard de dollars (1,04 milliard d'euros) à l'occasion de cinq transactions entre 2010 et 2012, trois des cinq étant réalisées par ENRC (Eurasian natural ressources corp.), détenue à 54 % par des oligarques kazakhs.

 

Le même jour on apprend que l’ONG Save the Children qui évalue le bien-être des mères et des enfants dans 176 pays classe la RD du Congo à la dernière place.

 

Les Occidentaux, eux continuent de jouer une partie étrange au Congo. Alors que  le peuple congolais attend la fin du saga du M23 et le début d'une nouvelle stabilisation à l'Est, que Mary Robinson et bientôt Ban Ki Moon se précipitent vers la RDC pour y repéter ce que le M23 et le Rwanda et L'Ouganda disent déjà depuis des semaines, c'est-à-dire "une solution politique est préférable à une solution militaire" et l'ONU stigmatise les forces militaires congolaises. Global Witness lui accuse le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi alliés de Washington syphoner les ressources du Congo.

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 23:21

Quatre mois après la reconnaissance du nouveau président somalien Hassan Cheikh Mohamoud par les USA et le FMI, le morcellement de la souveraineté somalienne se poursuit, non pas sous la menace des milices islamistes Shabab qui se sont retirées des principales villes mais de pouvoirs régionaux à la solde des Britanniques et de multinationales qui gouvernent de fait le pays.

 

Au Somaliland (au nord) devenu protectorat britannique une dizaine de personnes ont été assassinées à la suite des élections municipales de novembre 2012 par l'Unité spéciale de protection somalilandaise formée par le ministère de la défense britannique. La nouvelle ministre des affaires étrangères de la République fédérale de Somalie est d'ailleurs une politicienne du Fawzia Yusuf Haji Adam qui a passé une grande partie de sa vie au Royaume-Uni.

 

oil_well.jpgAu Puntland (en conflit avec le Somaliland) dont les réserves en pétrole sont estimées à 4 milliards de barils sur lesquels British Petroleum a des ambitions, les Britanniques ont installé une marine privée, Typhon, le "Backwater" des mers, financée par Simon Murray ancien légionnaire en France et Président de Glencore, les pilleurs du cuivre zambien, et dirigée par d'anciens amiraux de l'OTAN.

 

Au Sud, au Jubaland, où les forces kenyanes (elles aussi formées par les Britanniques) ont pénétré pour combattre les Shabab et contrôlent en partie la situation politique, une convention locale a lieu actuellement dans la capitale de la province de Basse-Juba Kismayo, ville portuaire d'un grand intérêt pour les firmes capitalistes de la région. Les participants ont récemment adopté une Constitution régionale provisoire et la désignation des membres du Parlement local est en cours. Les membres de ce Parlement voteront ensuite pour désigner le président et les autres dirigeants de la région. Ce processus a été condamné par le gouvernement central de Mogadiscio. Outre le Kenya, l'Ethiopie, autre alliée de Londres et de Washington (elle avait naguère envahi la Somalie pour le compte de Bush) a aussi intérêt à la formation du gouvernement du Jubaland, comme zone tampon pour endiguer les Shabab, mais aussi pour éviter la montée du sécessionnisme de sa province l'Ogaden (ethniquement proche des Somaliens).

 

La Grande-Bretagne, qui, après avoir accueilli la première conférence internationale sur la Somalie avait passé le flambeau à la Turquie, réunira de nouveau des Etats de la région pour définir l'avenir de ce pays (en grande partie en lieu et place du peuple somalien lui-même) le 7 mai prochain.

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 16:09

congo-map.pngLa guerre dans les deux Kivu à l'Est du Congo a connu une recrudescence au cours des derniers mois.  Aux conflits liés à la présence de  les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des hutus rwandais exilé au Congo  - par exemple dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, dans un village du Sud-Kivu à l’est de la RDC, 32 personnes dont 6 enfants ont été sauvagement massacrés par les combattants d’une milice rebelle hutue - s'est ajoutée au Nord Kivu la guerre qui oppose depuis le début du printemps l’armée congolaise (FARDC) aux mutins du M23 (mouvement du 23 mars) dirigés par le colonel Sultani Makenga, ex numéro-deux du général Bosco Ntaganda (poursuivi par la Cour pénale internationale) et composée d'ex-rebelles tutsis du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda. Les combats ont provoqué le déplacement de milliers de population dans la région, avec le lot habituel de meurtre, viols, pillages, l'enrôlement d'enfants-soldats et les décès liés à l'appauvrissement des personnes déplacées (notamment les épidémies). De nouveaux affrontements ont notamment opposé jeudi 14 juin les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au M23, dans cette province. Le M23 récemment créé revendique l'application des accords du 23 mars 2009 entre la rébellion du CNDP et les autorités congolaises qui prévoyaient notamment la transformation du CNDP en formation politique et l'intégration de ses éléments dans les institutions politiques locales et nationales, ainsi que dans l' armée.

 

On craint aussi une déstabilisation de la province Orientale voisine où une rebellion ituri pourrait se soulever sous les ordres de Bosco Ntaganda. Les mai-Mai Simba et l'Armée de résistance du seigneur y sévissent déjà.

 

Une fois de plus les ingérences étrangères ne sont pas absentes de ce conflit, et le président rwandais Paul Kagame, allié des Etats-Unis est pointé du doigt.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé le 16 juin une enquête sur les soutiens extérieurs dont bénéficient les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo. Il soupçonne le Rwanda, sans le citer nommément, d’être impliqué dans le soutien aux groupes armés qui déstabilise le pays dans la région du Kivu. Le défenseur des droits de l’homme congolais, Dimas Kitenge, estime sur RFI que le Conseil de sécurité doit condamner clairement le Rwanda : « A partir du moment où nous avons de plus en plus de preuves que les soldats rwandais sont là, il est très important que la communauté internationale puisse avoir un langage clair et ferme vis-à-vis de tous ces pays, y compris le Rwanda qui veut encore troubler la paix. »

 

Selon Salem-News le président rwandais Kagame utilise l'Ouganda comme base arrière pour exfiltrer les criminels de guerre M23 et les mettre à l'abri d'enquêtes de l'ONU. Paul Kagame ancien ami de George  Bush jouit de soutiens importants aux Etats-Unis, où il est souvent invité pour recevoir diverses récompenses, ce qui suscite parfois une mobilisation de ses opposants pour empêcher les remises de prix (voir ici). En 2009 dans une tribune publiée en janvier 2009  dans «The New York Times», reprise dans la rubrique «Kiosque» de «Jeune Afrique» n°2502-2503, l’ancien secrétaire d’Etat adjoint chargé des Affaires africaines de George W Bush, Herman Cohen estimait que le rétablissement de l’autorité de Kinshasa au Nord et Sud Kivu équivaudrait pour le régime rwandais à «renoncer» à des «ressources» qui représentent une bonne part de son «produit intérieur brut». Selon lui, il importait de prendre en compte la «dimension économique» du conflit. D’où l’idée d’«un projet de Marché commun» incluant six pays de la sous-région dite des Grands Lacs. A savoir : le Burundi, la RD Congo (l’Est), le Kenya, l’Ouganda, Rwanda et la Tanzanie. De même le président français Sarkozy avait fermé les yeux sur les ambitions du Rwanda sur le Kivu en lançant une politique de rapprochement avec Kigali.

 

La journaliste belge Colette Braeckman épingle aussi le rôle des ONG qui en demandant l'inculpation de Bosco Ntaganda rallié à Kabila ont aussi contribué à enflammer la situation au Kivu.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 13:44

Dans un article publié dans  Congo Libre aujourd'hui, le journaliste Nile Bowie, explique les enjeux de la nouvelle présence militaire américaine en Ouganda et les pressions sur l'Est du Congo.

 

800px-LocationAfrica.pngSelon lui, le prétexte officiel à cette présence, la lutte contre l'Armée de Résistance du Seigneur ne résiste pas à l'examen des faits  : ce groupe fanatique dont l'ampleur des exactions pourrait bien être exagérée par la presse occidentale. Bowie rappelle d'ailleurs à juste titre d'où est née cette guérilla, au sein d'une ethnie, les Acholi, persécutée sous la dictature d'une ancien homme de main des britanniques Amin Dada, parce qu'elle avait sympathisé avec l'ancien président socialiste renversé en 1971 Milton Obote, puis par le régime pro-occidental de Museveni (qui a lui aussi contribué au renversement d'Obote). "Le régime de Museveni a déplacé environ 1,5 million d’Acholis et tué au moins 300 000 personnes en prenant le pouvoir en 1986 selon la Croix Rouge. En plus d’être accusé d’utiliser le viol comme arme de guerre et d’avoir laissé mourir des milliers de personnes dans des camps d’internements insalubres, Museveni a été accusé de terrorisme d’état à l’encontre du peuple Acholi dans un rapport d’Amnisty International de 1992. ", souligne Bowie.

 

Museveni, qui a été un allié de poids pour les Etats-Unis en portant au pouvoir Kagame au Rwanda, est aujourd'hui un atout important por que Washington puisse mener une nouvelle guerre : celle des minerais, qui est menée contre le Chine.

 

"Afin de contrer l’ascension économique de la Chine, explique Bowie, Washington a lancé une croisade contre les restrictions chinoises d’exportations de minéraux qui sont des composants essentiels de produits de consommation électroniques comme les écrans plats, les smart phones, les batteries d’ordinateurs portables et quantités d’autres produits. Dans un livre blanc de 2010, la Commission Européenne parle du besoin urgent de constituer des réserves de tantale, cobalt, niobium, et tungstène entre autres ; le livre blanc du département de l’Energie des Etats-Unis de 2010, "Stratégie pour les minéraux indispensables aux Etats-Unis", a aussi reconnu l’importance stratégique de ces composants clés. Comme par hasard, l’armée étasunienne essaie aujourd’hui d’augmenter sa présence dans le pays qui est considéré comme le plus riche en matières premières, la République Démocratique du Congo."  La RDC détient plus de 30% des réserves mondiales de diamants et 80% du coltan mondial dont la plus grande partie est exportée en Chine pour en faire des poudres et des fils de tantale pour la fabrication électronique.

 

Selon Bowie, "l'intensification de la présence étasunienne en Afrique centrale, n’est pas seulement destinée à s’assurer des monopoles sur les réserves de pétrole nouvellement découvertes en Ouganda ; la légitimité de Museveni repose sur le soutien de l’étranger et son aide militaire massive — les forces étasuniennes au sol n’ont pas pour mission d’obtenir de juteux contrats de pétrole de Kampala. La pénétration dans le coeur de l’Afrique a pour but de déstabiliser la République Démocratique du Congo et de mettre la main sur des réserves de cobalt, tantale, or et diamants. Plus précisément, les Etats-Unis se proposent d’utiliser la politique de la terre brûlée en créant une situation de guerre au Congo qui chassera tous les investisseurs chinois. A l’image du conflit libyen, où les Chinois, quand ils sont revenus après la chute de Kadhafi, ont trouvé un gouvernement fantoche qui ne voulait faire des affaires qu’avec les pays occidentaux qui les avaient portés au pouvoir.".

 

La thèse de Bowie sur la "surestimation" des crimes de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) est à prendre avec précaution, mais il est clair que la propragande anti-LRA (autour d'une vidéo appelant à l'arrestation de son chef Joseph Kony pour enlèvement d'enfants) en ce moment est jugée très biaisée par les Acholis comme l'a révélé une dépêche d'agence occidentale il y a quinze jours. L'ONG Invisible Children qui sert de cheville ouvrière à cette campagne est largement subventionnée par les fondamentalistes chrétiens américains. Elle demande une implication militaire croissante de Washington jusqu'à l'arrestation de Kony, n'hésite pas à critiquer dans une lettre à Obama du 7 mars dernier le Congo qui minimise les exactions de la LRA, mais ne dit rien des autres armées de la région, notamment celles alliées des Etats-Unis, qui elles aussi emploient des enfants-soldats comme la LRA. Ainsi Invisible Children pourrait être un nouveau rideau de fumée humanitaire et moralisateur destiné à aveugler (volontairement et involontairement) l'opinion publique occidentale pendant que le Pentagone renforce sa présence militaire, et que les multinationales poursuivent leur guerre des minerais (sans oublier la nouvelle colonisation des terres africaines, en Ouganda comme ailleurs, pour les biocarburants)...

 

  ps : une excellente vidéo humoristique australienne en anglais à ce sujet résume l'enjeu

 

 

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 18:53

flagcongo.pngLe 9 décembre (soit avec quatre jours d'avance sur le calendrier prévu), la commission électorale congolaise (CENI) proclamait le président sortant Joseph Kabila vainqueur du scrutin électoral par 49 % des voix contre 33 à Etienne Tshisekedi, 79 ans, ancien premier ministre de la transition démocratique sous Mobutu (mais aussi ministre de l'intérieur de Mobutu peu après l'assassinat de Lumumba) et président de l'Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS), lequel a immédiatement contesté ces résultats.

 

Vital Kamerhe, autre candidat malheureux a saisi la cour suprême. Selon Kamerhe, 3 000 à 5 000 cartes d'électeurs ont été distribuées à des mineurs par des kabilistes. En outre, des centaines de PC électoraux prouveraient les bourrages d'urnes. Sur le bureau de vote « Collège Jean Calvin » à Lubumbashi (Code/BV: 12001/C), par exemple, la commission électorale accorde 369 voix sur les 494 exprimées à  Joseph Kabila contre 74 attribuées à Etienne Tshisekedi, alors que le procès verbal "authentique" signé par les membres du centre présenté par Vamerhe le crédite  Kabila de seulement 169 voix.

 

Semblant pencher en faveur de Tshisekedi, le 14 décembre, les Etats-Unis ont dénoncé de "graves irrégularités" par la voix de la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland.

 

A l'inverse, le 16 décembre, alors que la Cour Suprême de Justice ne s’était pas encore prononcée, les chefs d’État des pays de la région des Grands Lacs, réunis à Kampala, rendaient leur verdict: l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie, le Burundi, la République Centrafricaine, ont reconnu (à l'exception du Rwanda qui a attendu plus longtemps) la réélection du président Joseph Kabila et appelé «ceux qui ne sont pas satisfaits du résultat de l’élection à l’accepter et à travailler pour reconstruire le pays.» L'Afrique du Sud s'est jointe à eux assez rapidement,  probablement pour contrer les tentations d'ingérence des Etats-Unis.

 

En Belgique,  la diaspora congolaise, qui n'a pas le droit de voter au Congo lorsqu'elle a la double nationalité, a largement manifesté en faveur de Tshisekedi. Parmi eux le 17 décembre beaucoup brandissaient des drapeaux nationalistes flamands ainsi que le portrait du chef de la droite indépendantiste flamande, Bart De Wever. Tony Busselen du Parti du travail belge rappelait, quant à lui, dans un reportage du 13 décembre les liens de Tshisekedi avec la dictature de Mobutu, et estimait que malgré ses concessions aux Occidentaux Kabila, qui reste sur une ligne de coopération avec la Chine et les pays émergents, demeurait le seul candidat crédible de la mouvance lumumbiste, de la gauche congolaise et  du refus de l'ingérence occidentale.

 

Le scepticisme des Occidentaux semble se nourrir de certaines dérives autoritaires du régime de Kabila qui avait été pourtant leur homme pendant une décennie (soutenu notamment par le Rwanda après l'assassinat de son père). L’enrichissement de son entourage. La répression de journalistes et d’opposants. L’assassinat en 2010 de Floribert Chebeya, militant des droits de l’homme. Puis l’imposition d’un scrutin présidentiel à un seul tour pour favoriser le chef d’Etat sortant.

 

Il est peu probable toutefois, compte tenu de l'équilibre des forces sur le continent africain, que Washington et les Européens se rallient d'emblée aux prétentions de Tshisekedi (qui a appelé l'armée a lui obéir doit prêter serment parallèlement à Kabila au stade des Martyrs de Kinshasa vendredi). Certains plaident pour une partage du pouvoir entre le président sortant et son principal opposant comme cela s'est fait en 2007 au Kenya et en 2008 au Zimbabwe. L'ancien ministre belge Louis Michel s'est prononcé en ce sens.

 

Delphine Jaen

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 13:20

eruthrea.gifLe 5 décembre le Conseil de sécurité des Nations-Unies a voté par 13 voix pour et 0 contre un renforcement des sanctions économiques contre l'Erythrée, accusée d'apporter une aide militaire aux milices islamistes Shebab en Somalie. La Chine et la Russie se sont abstenues.

 

La version originale de la résolution rédigée par le Gabon (sous la dictée des Occidentaux selon l'Afrique du Sud) cherchait à interdire tout investissement dans le secteur des minerais du pays et toute importation en provenance de ce pays dans ce domaine, ce qui aurait lourdement contribué à asphyxier son économie dont l'avenir repose sur les découvertes récentes de nombreuses mines. La Russie et la Chine s'y sont opposés et les Occidentaux ont admis qu'elle était trop radicale. La version définitive demande seulement aux entreprises étrangères impliquées dans l'exploitation des minerais à être "vigilantes" pour que leurs ressources ne soient pas employées à la déstabilisation de la région et qui condamne l'usage des impôts de la diaspora érythréenne pour aider les Shebab et demande à l'Eythrée de ne plus "extorquer" de froce des fonds à sa diaspora. Le président érythréen Isaias Afewerki s'est plaint que le conseil de sécrutité ne lui ait même pas laissé le temps de prendre un avion pour pouvoir défendre à New York le point de vue de son pays (un empressement  occidental critiqué par l'ambassadeur russe Vitaly Chourkine). L'Erythrée est déjà sous embargo pour les livraisons d'armes et sous interdiction de visa pour ses officiels à destinations des pays occidentaux. La Grande Bretagne a menacé que d'autres sanctions pourraient frapper Asmara dans les mois à venir.

 

usmarine.jpgLe Kenya a envahi la Somalie le 16 octobre dernier tirant prétexte de l'enlèvement de touristes occidentaux (dont les milices Shebab ont démenti être les auteurs, et qui selon elles seraient l'oeuvre du gouvernement kenyan lui-même). L'Ethiopie lui a emboité le pas en novembre (alors qu'elle s'était retirée de Somalie en 2009), et les services secrets américains sont très présents dans la région, une ingérence extérieure qui, de l'avis de beaucoup, renforce politiquement les Shebab qui recueillent ainsi à leur profit le sentiment patriotique et anticolonial des populations locales. L'impact de cette guerre sur la population civile est mal connu. Dans le camp de réfugiés somaliens de Daabab au Kenya où s'entassent 500 000 personnes, une épidémie de choléra s'est déclenchée mi-novembre.

 

Djibril Cissoko

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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 13:27

sweet-crude.jpgDans la concurrence mondiale que se livrent la Chine et les Etats-Unis pour le contrôle du pétrole, la Chine a marqué quelques points ces derniers temps : elle a ainsi persuadé le Kazakhstan et l'Angola de résilier des contrats pétroliers passés avec les Etats-Unis pour signer plutôt des accord avec elle.

 

Les Etats-Unis cherchent-ils une revanche au Sud-Soudan ? Un projet d'oléoduc est en tout cas à l'étude, a-t-on appris en juillet, pour acheminer le pétrole du Sud-Soudan vers le Kenya (engagé en Somalie dans la lutte contre les milices islamistes Shebab), ce qui marginaliserait définitivement le Nord. Les revenus de ce pétrole pourraient au passage servir à récompenser les alliés de Washington (le gouvernement de Nairobi, mais aussi celui de l'Ouganda (où Washington vient d'envoyer des hommes), ainsi qu'à lutter contre les groupes armés qui, dans le Sahel, ne manqueront pas de proliférer avec notamment la dissémination des armes issues de la guerre civile libyenne.

 

Selon l'analyste militaire Brian M Downing,la Chine qui a des intérêts pétroliers aussi bien au Nord-Soudan qu'au Sud a tout intérêt de ménager les deux pays, ec qu'a confirmé David Loro Gubek, sous-secrétaire au ministère de l'énergie du Sud-Soudan. Les Etats-Unis, eux pourraient avoir un intérêt à obtenir un "changement de régime" au Nord-Soudan ce qui leur permettrait d'augmenter les bénéfices qu'ils ont obtenus de la sécession de leurs alliés du Sud.

 

Le Nord Soudan, depuis qu'il a perdu le pétrole du Sud (75 % des réserves, alors que les raffineries sont au Nord), traverse une grave crise économique. L'inflation y a atteint 19,8 % en octobre. L'opposant en exil à Londres Farouk Abu Issa a déclaré hier que Khartoum serait "candidate pour la prochaine révolution arabe". En août dernier les Etats-Unis ont dû retirer au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution condamnant le Nord-Soudan pour sa répression des rebelles pro-sudistes dans l'Etat du Kordofan du Sud en raison de la menace de veto sino-russe. Mais le 10 novembre dernier, le président sud-soudanais Salva Kiir a de nouveau accusé le Nord de bombarder son territoire dans la région de Guffa (Etat du Haut-Nil). Tirant prétexte de ces conflits frontaliers les Etats-Unis, qui s'étaient pourtant engagés à lever les sanctions en échange de la reconnaissance de l'indépendance du Sud les ont prolongées début novembre.

 

Cette situation délicate explique peut-être que Khartoum ait voté le 12 novembre pour la suspension du siège du gouvernement syrien à la Ligue arabe (tout comme l'Algérie). Le gouvernement nord-soudanais a  par ailleurs saisi le Conseil de sécurité pour le convaincre que le Sud soutenait les guérillas actives sur son territoire dans les Etats du Nil-Bleu et du Kordofan du Sud. L'issue de la bataille diplomatique reste des incertaines.

 

DC

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 13:14

usmarine.jpg"J'ai autorisé un nombre restreint de forces combattantes équipées américaines à se déployer en Afrique centrale pour fournir une aide aux forces régionales qui travaillent à évincer Joseph Kony du champ de bataille "a indiqué le président Obama dans vendredi dernier dans une lettre envoyée aux présidents de la Chambre des représentants et du Sénat en se fondant sur une loi d'assistance votée par le Congrès en 2009 (Northern Uganda Recovery Act of 2009).

 

L'envoi d'une centaine de soldats américains  en Ouganda pour combattre l' Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army - LRA) a surpris. Certes la LRA a ravagé l'Ouganda pendant 25 ans avec ses milices d'enfants tueurs mais elle ne s'est jamais opposée aux Etats-Unis et l'affirmation selon laquelle l'engagement de Washington contre elle correspond à « un intérêt de sécurité nationale » pour les Etats-Unis en a laissé plus d'un perplexe. Dans les milieux conservateurs américains le chroniqueur Rush Limbaugh a mis en cause cette décision en jugeant inopportun que les Etats-Unis s'attaquent à une guérilla chrétienne, et le libertarien Ron Paul que cet envoi de troupes est inconstitutionnel. L'un et l'autre ont en commun de souligner que cet engagement cache sans doute un projet belliciste plus ambitieux. La LRA compte en effet environ 500 combattants et l'envoi de 100 soldats américains face à eux paraît disproportionné.

 

En réalité il s'agit d'une opération qui permettra à l'Ouganda de devenir une base de projection de l'armée américaine dans les pays voisins, notamment au Soudan et au Congo.

 

L'Ouganda voit ainsi consacrer son rôle de partenaire privilégié de Washington dans la zone. Il est déjà lourdement impliqué dans la répression des milices islamistes Shebab en Somalie et fonctionne comme un sous-traitant des Etats-Unis dans ce pays (ce qui lui a valu de subir un attentat islamiste dans sa capitale récemment). En juin dernier le Pentagone lui a octroyé 45 millions de dollars d'équipement militaire (malgré la crise financière) ainsi qu'au Burundi (équipement de vision de nuit, drones etc).

 

Le Kenya (où se trouveraient des bases secrètes américaines de drones pour des assassinats ciblés en Somalie) est aussi impliqué dans cette guerre : hier dimanche, à la suite d'enlèvements perpétrés sur le territoire de ce pays, une quarantaine de véhicules militaires kenyans sont entrés dans la ville somalienne de Dhobley,  une ingérence qui a été désavouée à demi-mots par le porte-parole du gouvernement somalien Abdirahman Omar Osman qui a dit apprécier l'aide kényane mais ne pas souhaiter de présence militaire de son voisin sur le sol somalien.

 

Les Shebab contrôlent la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie, mais ils ont perdu l'essentiel de la capitale, Mogadiscio, et reculent en ce moment devant les forces gouvernementales qui ont conquis la semaine dernière Qoqani, une ville de la région de la Basse Juba, à la frontière kenyane.

 

Le président ougandais Yoweri Museveni a insisté hier sur le fait que les GIs étatsuniens sont de simples "conseillers militaires" qui ne participeront pas aux combats. Le site Antiwar.com rappelle cependant qu'il s'agit de forces spéciales qui se tiennent rarement en marge du champ de bataille, et que la guerre du Vietnam elle aussi avait commencé par l'envoi de soldats censés uniquement "conseiller" l'armée du Sud-Vietnam.

 

Francis Dourègue

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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 12:35

Le 21 septembre dernier, la Corporation du développement national (NDC) tanzanienne et la compagnie chinoise Sichuan Hongda ont signé un accord pour la création d'une entreprise nouvelle, la Tanzania China International Mineral Resources Limited pour l'exploitation d'une mine de charbon, d'une mine de fer, et la construction d'une acierie (production prévue 1 million de tonnes d'acier par an) et d'une centrale électrique à Liganga et Mchuhuma, pour un montant d'investissement de 3 milliards de dollars. Cet accord avec les Chinois est offciiellement placé dans le sillage des bonnes relations qu'entretenait autrefois la Tanzanie socialiste avec la Chine de Mao Zedong (l'accord avec la firme russe Borodino l'an dernier qui peut aussi être mise au compte de la tradition "non-alignée" de ce pays).

 

En apparence c'est une bonne nouvelle pour la Tanzanie qui pourrait ainsi créer 8 000 emplois... Dans les faits des doutes subsistent : il n'est fait aucune mention des impôts que paiera cette nouvelle société, ni des garanties du fait que les parts détenues par la compagnie d'Etat tanzanienne (fixées à 20 % pour l'instant) augmenteront avec le temps. En d'autres termes : ce nouveau complexe a-t-il pour unique objectif de profiter aux besoins de la consommation chinoise ou des bénéfices équilibrés sont-ils à attendre pour la Tanzanie ?

 

Ces questions ne sont pas purement théoriques. Dans  Counterpunch, le journaliste Robert Gordon rappelle qu'en ce qui concerne les mines d'or, la valeur du métal précieux ne cesse d'augmenter, mais que cela ne profite qu'aux sociétés britanniques, australiennes et sud-africaines qui l'exploitent. Les recettes fiscales pour le gouvernement, elles, stagnent depuis 5 ans - ce qui rappelle les problèmes rencontrés avec son cuivre par la Zambie qui vient de changer de président de la République. Gordon explique aussi le bras de fer qui a opposé BP Tanzanie à l'Etat sur la question de la réduction du prix de l'essence. Après que le gouvernement ait abaissé le prix, BP a décidé de ne plus livrer de carburants. L'instance publique de régulation (Energy and Water Utilities Authority) a alors menacé de retirer à BP sa licence d'exploitation qui a finalement renoncé à sa plainte en justice contre le décret de tarification et s'est excusée (non sans avoir revendu ses actifs à la société Puma filiale de Trafigura). Le journaliste note que jamais le gouvernement n'aurait pu retirer sa licence à un opérateur comme BP qui détenait près de 12 % des parts du marché. Les mêmes problèmes peuvent se poser avec les grandes entreprises chinoises qu'avec les sociétés occidentales comme on l'a vu au Zimbabwe où la question des retombées fiscales fut une source de tension (parmi d'autres) entre Harare et Pékin l'an dernier (selon des fuites de Wikileaks).

 

La latitude d'action de la Tanzanie est d'autant plus réduite qu'elle a absolument besoin de capitaux extérieurs pour son développement et doit donc se montrer attractive. Avec la crise économique d'importants projets occidentaux ont été annulés : un projet américain d'investissement de 3,5 milliards de dollars dans de la fonte d'aluminium à Kabanga, et un projet suisse de 165 millions de dollars pour une mine de nickel. Les puissances occidentales ne perdent cependant pas leur enthousiasme : l'ambassadeur américain Alfonso E. Lenhardt qui organisait la visite de hauts responsables de General Electric dans le pays a déclaré : « L'Afrique offre la prochaine frontière de la croissance et la Tanzanie est bien située parmi nos partenaires. » La justice sociale et la redistribution de la plus-value n'ont guère de place dans ce genre de discours.

 

FD

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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 10:28

eruthrea.gifIl y a quinze jours l'Erythrée, pays politiquement incorrect de la Corne de l'Afrique (cf notre article de 2008), a fêté les 20 ans de son indépendance. A cette occasion son président a reçu les félicitations de divers pays notamment le Qatar... et la Biélorussie (comme le met en valeur le site Dehai.org).

 

Mais cette anniversaire est marqué par un regain des menaces d'ingérence étrangère.

 

En effet, l'ennemi déclaré de l'Erythrée, le chef du gouvernement éthiopien (lourdement armé par les Occidentaux et Israël) Meles Zenawi a déclaré ouvertement le 4 avril qu'il entendait "aider le peuple érythréen à renverser le régime dictatorial" qui le gouverne. Il accuse Asmara, en alliance avec l'Egypte, de financer le Front de libération de l'Oromo, le Front de libération de l'Ogaden sur son territoire et les milices islamistes Shebab en Somalie, dans le cadre de la vaste bataille qui se déroule pour le contrôle du bassin du Nil. Le parti d'opposition érythréen Mouvement démocratique de libération des Erythréens Kunama s'est réjoui de cette déclaration. Huit jours plus tard le ministre éthiopien de la défense a même parlé de renverser par la force le gouvernement d'Asmara (alors qu'une guerre entre les deux pays a déjà fait 80 000 morts).

 

Par ailleurs depuis 2009 l'Erythrée est sous le coup de sanctions internationales (gels d'avoirs financiers, restriction de visas pour les officiels, embargo sur les ventes d'armes) du fait de son soutien aux milices somaliennes. Une ONG pro-érythréenne basée aux Etats-Unis (Erithrean Americans against unjust Sanctions) dans un rapport récent dresse l'historique de l'hostilité des Britanniques et des Américains à l'égard de l'Erythrée depuis l'époque coloniale, de leur parti pris pro-éthiopien, et détaille les informations mensongères - selon elle - qui auraient conduit l'ONU à croire à une ingérence érythréenne en Somalie pour légitimer les sanctions.

 

Un incident a encore aggravé les relations entre Asmara et les Occidentaux.

 

En décembre dernier quatre hommes lourdement armés de nationalité britannique ont été arrêtés dans les eaux territoriales de l'Erythrée. Au moins un d'entre eux travaille pour "Protection Vessels International", une compagnie britannique de protection des navires en mer. Cette arrestation empoisonne les relations avec Londres car Asmara leur refuse la protection consulaire. Londres a pris à titre de représailles des mesures contre les diplomates érythréens.

 

Le président éythréen Isaias Afewerki ne se laisse pas pour autant impressionner. Le 8 mai 2011 dans une interview à la chaîne de télévision d'Etat Al-Shorooq, il n'a pas hésité à dénoncer la sécession du Sud-Soudan comme le résultat d'une ingérence occidentale (à l'heure où un conflit se développe entre les deux Soudans autour de la région pétrolière d'Abyei). Il a aussi critiqué l'accord de paix imposé par les puissances étrangères au Darfour et appelé les Soudanais du Nord à rester unis et à règler ce litige par eux-mêmes. Pour limiter les effets de l'ingérence internationale, le ministre des finance érythréens a annoncé quant à lui qu'il limiterait les programmes d'aide de l'ONU dans le pays au strict nécessaire - car beaucoup lui paraissent contreproductifs -  et contrôlerait toutes les relations des agences de l'ONU avec les ressortissants érythréens.

 

Malgré les difficultés politiques l'Erythrée, pays très pauvre, affiche quand même le quatrième taux de croissance en Afrique cette année.

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