Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Texte Libre

blog-expert-public.jpg

 

Recherche

10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 12:08

 

26 février 1992 : quelques semaines après la reconnaissance de l’indépendance de la Slovénie par la Communauté européenne, les autorités de la plus prospère des républiques yougoslaves biffent secrètement les noms de dizaines de milliers d’habitants des registres d’état civil. Ces « effacés » vont bientôt réaliser qu’ils ont perdu des pans entiers de leur existence : emploi, sécurité sociale, retraite, permis de conduire, parfois même leur logement ou leur droit à fréquenter l’école.

 

Le crime qui justifie un tel châtiment ? Ils n’ont pas, à la fin de l’année précédente, demandé la nationalité slovène, par ignorance de la procédure ou par attachement à la fédération yougoslave, dont l’agonie n’en était encore qu’à ses débuts. Précisons aussi que les membres de l’« ethnie slovène » n’ont pas dû faire une telle démarche, pas plus que les membres des minorités italienne et hongroise ou les citoyens étrangers. Etaient donc clairement visés les personnes originaires des autres républiques yougoslaves, les « sudistes », en majorité Roms, Croates, Bosniaques, Serbes et Albanais du Kosovo. En outre, parmi ceux qui avaient demandé la nationalité, certains ont essuyé des refus, notamment des employés et des retraités de l’armée yougoslave, sous prétexte que les requérants auraient pu être des ennemis de l’indépendance. Ce « nettoyage ethnique administratif » fut tellement rondement mené qu’il passa inaperçu dans les médias, alors que les Balkans s’enfonçaient dans une guerre vivifiée et prolongée par les interventions « humanitaires » des grandes puissances.

Le nombre des effacés n’est pas connu avec précision. Le gouvernement de Ljubljana a admis, des années plus tard, un chiffre de 18.305, alors que des associations évaluent leur nombre à plus de 100.000 dans un pays comptant moins de 2 millions d’habitants. La plupart d’entre eux étaient nés ou vivaient depuis de nombreuses années en Slovénie, république où tout Yougoslave était libre de s’établir et de travailler. Aussi, malgré leur disparition administrative, nombreux furent ceux qui choisirent de rester envers et contre tout, ayant perdu toute attache dans leur république d’origine (ou celle de leurs parents), que guerre ou blocus économique avaient en outre rendue peu habitable.

A partir de 1999, alors que la Slovénie s’efforçait de remplir le « cahier des charges » du bon candidat à l’Union européenne, la Cour constitutionnelle a imposé des amendements aux lois utilisées pour supprimer administrativement une partie de la population. Ainsi, à trois reprises, entre 1999 et 2004, des arrêts de la Cour ont entraîné des changements législatifs permettant à chaque fois à quelques milliers d’effacés d’obtenir la nationalité slovène ou, au moins, un permis de séjour. Bien que le gouvernement ait interprété de la manière la plus restrictive possible les exigences de la Cour – s’en tenant au principe du « cas par cas » et en réclamant la preuve d’une résidence ininterrompue dans le pays depuis l’indépendance -, l’opposition de droite s’est déchaînée contre ces « hors-la-loi » et ces « traîtres » qui osaient réclamer le droit de vivre sur ce que les dépliants touristiques décrivent comme le « versant ensoleillé des Alpes ». Le principal argument avancé était que les demandes de compensation des « régularisés » ruineraient la Slovénie. L’opposition (actuellement au gouvernement) a même organisé en avril 2004 un référendum : 95 % des votants se sont déclarés hostiles à la dernière loi adoptée par le parlement. Mais le taux de participation a été plutôt faible : 31 %.

Quinze ans plus tard, seule une partie des effacés a réussi à régulariser sa situation, mais aucun n’a touché la moindre compensation, malgré des années de privation de travail, de retraites, de scolarité, et en corollaire un plongeon dans la plus noire des misères. Des milliers d’autres ont quitté la Slovénie, sont revenus dans leur république d’origine ou partis au-delà. Certains ont été déportés ou ont été refoulés à la frontière après un séjour à l’étranger. D’autres, encore, sont tout simplement décédés, un phénomène amplifié par le stress et le déni de soins médicaux. Détail sordide : morts, les effacés n’ont pas le droit d’être inhumés dans la terre slovène, juste celui d’être incinérés…

Enfin, plusieurs milliers de personnes continuent à vivre « sans papiers », espérant qu’une hypothétique loi restitue à tous ceux qui résidaient dans le pays lors de l’indépendance le droit de continuer à y séjourner. Mais, depuis 2004, les régularisations se font au compte-gouttes et aucun nouveau projet de loi n’est à l’horizon. Et les déportations n’ont pas cessé. Le cas de la famille Berisha, un couple de Roms nés au Kosovo et leurs cinq enfants, l’a récemment montré. Effacé en 1992, le mari avait déjà été déporté l’année suivante, vers… l’Albanie, qui l’avait renvoyé en Slovénie. Il a ensuite tenté sa chance en Allemagne, où il a rencontré son épouse. Leur demande d’asile ayant été finalement rejetée, ils ont été menacés d’expulsion vers… le Kosovo, où les Roms sont un des peuples les plus persécutés depuis que la province serbe est sous contrôle OTAN et ONU. Ils sont alors revenus en Slovénie, vivant dans un centre d’accueil de Ljubljana, pour être finalement déportés vers l’Allemagne ce 1er février.

Annexée au cours des siècles par l’Italie, l’Autriche et la Hongrie, la Slovénie peine à consolider son identité. Ce n’est que durant la Yougoslavie royaliste de l’entre-deux-guerres que l’enseignement du slovène y a été autorisé. Malgré un développement économique favorisé par les investissements fédéraux et les matières premières bon marché des autres républiques yougoslaves, l’élite communiste slovène a enfourché le cheval sécessionniste, mettant en avant les transferts financiers bénéficiant aux républiques moins développées, à ces « paresseux du sud ». Convertie au néolibéralisme, cette élite a ainsi distillé dans la population un nationalisme étroit et égoïste, imprégné de xénophobie. Avec le miroir aux alouettes européen en point de mire, le rejet de la Fédération socialiste a presque naturellement entraîné celui des « sudistes », symbolisant un héritage que certains préfèrent oublier.

Georges Berghezan

 

 

 

 

 

 Journaliste, contributeur de l'Atlas alternatif 

 

Un crime qui ne sera jamais jugé à La Haye

Lors de son accession à l’indépendance, la Slovénie a été agitée par une courte guerre entre l’armée yougoslave, déployée aux frontières internationales de la fédération, et des policiers et paramilitaires aux ordres des autorités sécessionnistes. Lors d’un de ces affrontements, le 28 juin 1991, un cameraman de la chaîne autrichienne ORF a filmé ce qui paraît être l’exécution de trois jeunes conscrits yougoslaves qui déployaient un drap blanc en signe de reddition. Selon les Conventions de Genève, abattre des prisonniers relève du crime de guerre et cet épisode, au poste de Holmec, à la frontière autrichienne, serait dès lors le tout premier cas de crime de guerre enregistré lors du démantèlement sanglant de la Yougoslavie qui s’étendra tout au long des années ’90.

Il fallut attendre près de huit ans pour que la séquence vidéo soit diffusée par la télévision slovène. Une enquête sera expédiée, concluant à l’inexistence de tout crime qui aurait pu ternir la guerre d’indépendance : les soldats auraient simulé leur exécution. L’affaire aurait été définitivement enterrée si une ONG slovène de défense des droits humains, le Helsinki Monitor (HMS), et sa présidente, Neva Miklavcic Predan, ne s’en étaient emparées et n’avaient entamé elles-mêmes leur propre enquête. Ainsi, avec l’aide de la presse et d’ONG d’autres républiques ex-yougoslaves, le HMS réussit à identifier des survivants de la fusillade et des proches des victimes, un Croate d’Herzégovine et deux Serbes de Vojvodine.

Craignant que leur mythe fondateur –  la glorieuse guerre de libération de 1991 – ne soit entaché de pratiques hélas communes à toutes les guerres, les autorités slovènes ont réagi avec hargne à la quête du HMS pour que les auteurs du crime – toujours non identifiés – aient à répondre de leurs actes. Les attaques dans la presse, les procès, les saisies, les menaces et même les agressions physiques se sont multipliées après que Miklavcic Predan ait accusé l’ancien président Kucan d’avoir menti lors de son témoignage à La Haye en 2003 contre son homologue serbe, Slobodan Milosevic, qui avait évoqué les exécutions de Holmec.

Actuellement, la présidente du HMS fait l’objet de quatre procès, accusée de diffamation ou de corruption, dans des affaires concernant Holmec ou les « effacés », un autre centre d’activité de l’association. Après qu’elle ait été acquittée en première instance dans l’une d’entre elles, le Premier ministre Janez Jansa a, en juin dernier, exigé que « les organes d’état prennent des mesures à l’encontre de ses mensonges absurdes et pathologiques ». Deux semaines plus tard, le procureur faisait appel. En matière de séparation des pouvoirs, le « modèle slovène » laisse percevoir certaines failles…

 

 

 

 

NB : Cet article vient d'être publié dans le journal La lettre de Bastille-République-Nation (BRN) http://lereseaubrn.free.fr/ / amisbrn@yahoo.fr,  

 

Partager cet article
Repost0
8 mars 2007 4 08 /03 /mars /2007 18:07

A noter cette semaine dans les nouvelles liées à l'Atlas alternatif, une interview de Raul Zibechi, journaliste uruguayen et contributeur de l'Atlas, en p.64-66 de l'hebdomadaire HD-L'Humanité dimanche qui vient de paraître. Raul Zibechi y analyse les rapports de forces en Amérique latine à la veille du voyage du président George W. Bush.

Partager cet article
Repost0
7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 19:31

Le président Chavez a annoncé la création en août prochain d'un Parti socialiste Uni du Venezuela dans lequel se fondraient les partis de la coalition qui le soutiennent.

De son côté le président Bush doit entamer demain 8 mars une visite au Brésil, en Uruguay, en Colombie, au Guatemala et au Mexique. Un des aspects importants de cette tournée latino-américaine devrait être le 9 mars à Brasilia l'examen d'un accord bilatéral sur la recherche et le développement de biocarburants. La semaine dernière les Etats-Unis ont annoncé la création d'un Forum international des biocombustibles incluant les Etats-Unis, le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et l'Union européenne. Le Brésil est le premier producteur mondial d'éthanol devant les Etats-Unis. L'alliance des deux pays qui totalisent 72 % de la production mondiale, à laquelle pourrait se joindre l'Uruguay, permettrait aux Etats-Unis de moins dépendre des exportations pétrolières vénézuliennes. Pour contrer l'offensive diplomatique états-unienne, Hugo Chavez se rendra à partir du 9 mars en Argentive et en Bolivie (http://www.latinreporters.com/amlateco05032007.html). Argentine et Bolivie viennent d'ailleurs de conclure un accord pour la construction d'un gazoduc (http://www.larepublica.es/foto.php3?id_article=4402).

Partager cet article
Repost0
7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 18:49

Le 27 février 2007, à l'occasion de la célébration du 31e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique à Tifariti le président de la République arabe sahraouie (gouvernement en exil reconnu par une cinquantaine d'Etats) a critiqué certains Etats qui entravent le processus de décolonisation du Sahara occidental (http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=62031). L'attaque vise la France et l'Espagne, accusées de soutenir le plan d'autonomie marocain arrêté en 2005, qui viole les résolutions des Nations Unies reconnaissant au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination (voir l'interview http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=62177). Le président du Conseil espagnol achevait hier le 6 mars sa visite au Maroc à la veille d'un réexamen de la situation du Sahara occidental par les Nations Unies. L'opinion publique de l'Espagne, ancien tuteur colonial de ce pays aujourd'hui occupé par le Maroc,  est très sensibilisée au problème. L'Audience nationale a demandé au juge Baltasar Garzon d’enquêter sur les accusations de « crimes internationaux » commis par « 32 dirigeants et militaires marocains » au Sahara-Occidental depuis 1975 (http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=62575). La coalition de gauche Izquierda Unida a critiqué le 5 mars dernier l'orientation pro-marocaine du gouvernement Zapatero (http://www.larepublica.es/spip.php?article4368).

La diplomatie française au Sahara occidental sous le deuxième mandat de Jacques Chirac, placée sous le signe du soutien au Maroc, a, quant à elle, évolué vers un isolement croissant tandis que les Etats-Unis en 2003 se posaient de plus en plus en médiateurs entre les parties (http://www.bladi.net/imprimer-6667-la-france-et-le-dossier-du-sahara.html). Les partis de gauche en France soutiennent l'autodétermination du Sahara occidental, mais la question n'est pratiquement jamais abordée dans le débat public.

Partager cet article
Repost0
7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 18:05

Les Etats-Unis ont annoncé le 6 février lors d'une conférence à Dakar, placée sous l'égide du Partenariat trans-saharien contre le terrorisme (TSCTP),  une structure rassemblant 10 pays, qui a pour but d'empêcher le terrorisme de s'implanter dans les zones transfrontalières du sahara et du Sahel, leur projet de création d'un commandement chargé de l'Afrique (Africom) au Pentagone - le TSCTP qui inclut toute l'Afrique du Nord-Ouest y compris la Libye devrait permettre aux USA d'organiser des manoeuvres miliraires conjointes dans la zone.

Mais l'Algérie vient de refuser la création d'une base états-unienne sur son territoire dans ce cadre (Reuters - http://archive.gulfnews.com/articles/07/03/04/10108509.html), si bien que l'ambassadeur américain à Alger a dû piteusement démentir lundi avoir sollicité la création d'une telle base (Le Monde 5 mars 2007).  Un choix difficile pour l'Algérie qui est à nouveau confrontée à des attaques terroristes, mais conforme à sa tradition de non-alignement. Le Quotidien d'Oran souligne que l'Africom s'inscrit dans une stratégie globale américaine, où les volets sécuritaires sont liés à une volonté de contrôler les sources d’approvisionnement en énergie et de contenir l'influence chinoise en Afrique (http://www.algerie-dz.com/article8555.html).

Partager cet article
Repost0
7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 17:44

Une nouvelle publiée sur le site de la Capjpo :

L’Université palestinienne de Birzeit vient de mener une enquête originale auprès de 520 "leaders d’opinion" palestiniens, de laquelle il ressort notamment que 67 % d’entre eux sont partisans de l’établissement d’un seul Etat démocratique dans la Palestine historique sans discrimination de religion, de race, d’ethnie, de couleur ou de sexe. Selon le même sondage deux tiers de ces personnes considèreraient que la coexistence entre Israël et une Palestine suivant la frontière de 1967 serait le seul moyen réaliste d'atteindre à terme cet objectif (http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=2543 et http://home.birzeit.edu/dsp).

De l'autre côté du "mur", un timbre à l'effigie du candidat français à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy vient d'être émis par la poste israëlienne annonçait la Capjpo-Europalestine il y a peu (http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=2539). Information cependant démentie sur Quibla (http://www.quibla.net/protocoles2007/pfs8.htm#2 ) En fait il ne s'agirait que d'un faux timbre émis par la section israëlienne de l'UMP... Etrange affaire...

Partager cet article
Repost0
24 février 2007 6 24 /02 /février /2007 16:08

Le système de défense anti-balistique - Missile Defense System (MDS) - que les Etats-Unis envisagent d'installer, en Pologne et en République tchèque, vise officellement à contrer "la menace nucléaire iranienne et nord-coréenne",  c'est ce qu'a déclaré au cours d'une récente visite, à Moscou, le Conseiller-adjoint à la sécurité nationalee américaine, Stephen Hadley.

Ni l'Iran ni la Corée du Nord ne sont pourtant susceptibles de tirer des missiles nucléaires sur l'Europe dans les années qui viennent.

L'historique de ce projet remonte en réalité au vote du National missile Defense Act ) par les Démocrates et les Républicains au Congrès en 1999. Il s'inscrit en réalité dans le cadre d'un projet plus vaste tendant à assurer aux Etats-Unis la maîtrise des armes les plus avancés et la création d'un déséquilibre stratégique en leur faveur (http://www.wmaker.net/editoweb/Bouclier-Anti-missiles_a1131.html)

Le Commandant des forces de la défense balistique russe a annoncé, pour sa part, que si les deux pays autorisaient l'installation, sur leur sol, du système anti-missile américain, les dites installations seraient intégrées dans la liste des cibles stratégiques des missiles russes. D'autre part, le Chef d'état-major de l'armée russe a averti, lui aussi, que son pays pourrait se retirer du Traité conclu, en 1987, avec le gouvernement américain de l'époque, sur les missiles à moyenne portée (cf IRIB http://www.alterinfo.net/La-face-cachee-du-plan-americain-d-installation-d-un-systeme-anti-balistique-sur-la-territoire-europeen_a6896.html?PHPSESSID=d8cd57bbef6d8b4aada6b02e6037398b).

L'empressement de l'administration Bush à installer son radar en Europe de l'Est est critiqué même par le ministre des Affaires étrangères allemand (http://www.euronews.net/index.php?article=407372&lng=2). D'autres pays membres de l'OTAN comme le Canada sont très réservés sur ce projet qui remet en cause les accords de désarmement conclus au cours des trois dernières décennies, notamment le traité sur la limitation des systèmes anti-missiles balistiques (ABM) entré en vigueur en 1972 (http://www.rfi.fr/actufr/articles/062/article_34378.asp)

Le PC de Bohème-Moravie fin janvier faisait état d'une pétition contre l'installation du radar américain réunissant déjà plus de 50 000 signatures en République tchèque (http://www.kscm.cz/article.asp?thema=2666&item=33250). Et seul un tiers des Polonais seraient favorables à l'installation du dispositif anti-missile sur leur sol (http://www.swietapolska.com/news/swpolska770.html). Mais, comme pendant la guerre d'Irak, les clients de Washington en Europe de l'Est ne semblent guère enclins à écouter leurs opinions publiques.

Partager cet article
Repost0
21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 21:24

Le trés pro-américain chef du gouvernement de centre-gauche Romano Prodi vient de donner sa démission au président de la République après avoir été mis en minorité sur sa politique étrangère au Sénat par l'aile gauche de sa majorité. Il paye ainsi son refus de retirer les 1 900 soldats italiens présents en Afghanistan et son accord à l'extension de la base de l'OTAN à Vicenza où 100 000 personnes ont manifesté samedi dernier (Reuters).

En Espagne aussi la bataille contre l'OTAN se poursuit. Le coordinateur général d'Izquierda Unida hier a accusé le gouvernement socialdémocrate de vouloir installer sans vote du parlement l'Ecole des pilotes de chasse de l'Alliance à Albacete (Castille-la-Manche) et de vouloir augmenter les effectifs espagnols en Afghanistan. Un engagement atlantiste peu compatible avec les promesses pacifistes de Zapatero au début se sa législature (http://larepublica.es/spip.php?article4197  ).

Selon un rapport du Sénat canadien, sur les 37 000 soldats de l'OTAN stationnés en Afghanistan seuls les Etats-uniens, les Néerlandais, les Britanniques et les Canadiens sont engagés dans les combats, les autres se consacrant plutôt à des tâches de reconstruction. Une douzaine de membres de l'OTAN derrière l'Allemagne préfèrent ces missions civiles à l'action militaire face à des Talibans renforcés par la crise économique du pays (http://www.radionetherlands.nl/currentaffairs/nat070220 ). La coalition occidentale est profondément divisée sur cette question.

Sur le front irakien, les affaires ne vont pas mieux pour les atlantistes. Pour faire face à la chute de sa popularité au Royaume Uni, le premier-ministre Tony Blair a annoncé à la Chambre des communes le début du retrait du contingent britannique déployé dans le sud de l'Irak, dont les effectifs passeront en 2007 de 7100 à 5 500 soldats environ. Les Danois ont annoncé le retrait de leurs troupes basées dans le sud de ce pays (Reuters - http://fr.news.yahoo.com/21022007/290/tony-blair-va-reduire-les-effectifs-en-irak-les-usa.html ).

Cet affaiblissement du parti de la guerre en Europe comme aux Etats-Unis pourrait bien encourager a contrario, dans une logique de fuite en avant, l'administration Bush à allumer un nouveau brasier en Iran. Nombre de ses soutiens dans l'opinion publique européenne s'emploient à légitimer cette perspective (cf par exemple http://www.denoel.fr/Denoel/collections/meilleur_edito_n2.jsp ou http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=8339&returnto=accueil/main&artyd=2 ).

Partager cet article
Repost0
3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 12:26

Durant la guerre d'Irak, l'opinion publique occidentale avait au moins appris ceci : il faut s'opposer aux guerres impériales, même si les régimes politiques qui en sont la cible ne nous inspirent aucune sympathie.

Il semble que cette fois la leçon soit oubliée. Une guerre étatsunienne se prépare, apparemment dans l'indifférence générale.

Comme le note JM Vernochet sur un site catholique de droite dans son analyse des préparatifs de guerre contre l'Iran " la France est assommée par une campagne présidentielle consternante de médiocrité et de platitude" et "Nous sommes loin du discours historique de Villepin du 14 février 2003 qui déclencha un véritable séisme diplomatique dans l'enceinte très politiquement correcte du Conseil de Sécurité. Loin, très loin de l'alliance franco-allemande contre la guerre." (http://www.univers-cifc.com/articles.php?lng=fr&pg=719).

Pourtant la menace d'attaque contre l'Iran se précise. Le Sunday Herald du 28 janvier 2007 annonce le début des opérations militaires pour fin avril, selon des informations provenant de fuites autour des bases de l'OTAN en Roumanie et Bulgarie qui pourraient servir de têtes de pont pour une attaque contre l’iran. Selon le Times du 30 janvier en revanche l’attaque pourrait partir de la base britannique de Diego Garcia dans l’Océan indien, à condition que Londres donne son accord. Elle pourrait avoir pour cible la plateforme d’enrichissement d’uranium de Natanz à défaut d’autres sites, la CIA n’ayant pas encore la liste exhaustive des centres d’enrichissement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le président Chirac a pourtant avoué cette semaine que le programme nucléaire militaire iranien, à supposer même qu'il puisse un jour déboucher sur la possession d'une arme atomique opérationnelle, n'est guère de nature à menacer les autres pays de la zone. A supposer que l’Iran acquière d’ici quelque temps « une bombe nucléaire, peut-être une deuxième un peu plus tard, cela ne lui servira à rien », a dit le président français. En effet, a-t-il poursuivi, « Où l’Iran enverrait-il cette bombe ? Sur Israël ? Elle n’aura pas fait 200 mètres dans l’atmosphère que Téhéran sera rasée ».

Le vrai risque stratégique du nucléaire iranien serait d'encourager des pays arabes comme l'Arabie Saoudite et l'Egypte à se doter eux aussi de la bombe atomique, mais ce risque est déjà l’œuvre du seul fait qu’Israël possède l’arme nucléaire et menace ses voisins..

La Capjpo en se fondant sur les déclarations du vice-ministre de la défense israëlien explique quel avantage aurait pour Israël une attaque des Etats-Unis contre l'Iran : redonner confiance aux candidats à l’immigration pour qu’ils viennent en Palestine contrebalancer le poids démographique des arabes.

Autres avantages accessoires de l’attaque impériale contre l’Iran :   -     rappeler aux peuples du Tiers Monde qui commande et qui est le plus puissant -     leur montrer que la possession du nucléaire même civil dépend du bon vouloir de Washington  -     dissuader d’adopter l’euro comme monnaie de commerce international à la place du dollar (l’Irak de Saddam Hussein en 2002, le Venezuela plus récemment ont fait de même).

 

 

 

Dans ce contexte belliciste on comprend que la candidate du parti socialiste français S. Royal, trouve un intérêt à transformer sa bourde initiale (son hostilité au programme nucléaire iranien « civil », même si le traité de non prolifération l’autorise) en une sorte de slogan dans la surenchère impérialiste ambiante. Ce qui lui permettra de se rendre la tête haute, ainsi que les principaux candidats, à la conférence du CRIF organisée le 13 février sur le thème « contre la menace iranienne » (http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=2501 ).

Comme toujours l’ardeur guerrière se nourrit de clichés et de petites phrases. Celle qui a fait fureur dans nos médias est la prétendue déclaration du président Ahmadinejad selon laquelle il faut « rayer Israël de la carte ».

M. Arash Norouzi  décortique la version initiale de cette déclaration. Les mots dans la version persane d’origine étaient : « L’Imam (Khomeiny) disait que ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps.» (en persan : « Imam ghoft een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad. » - http://www.quibla.net/protocoles2007/pfs6.htm )

Pourquoi l‘agence de presse officielle iranienne a-t-elle elle-même contribué à la déformer ? Pourquoi Ahmadinejad a-t-il préféré ensuite répondre aux journalistes par des dissertations grandiloquentes sur les principes plutôt que de rappeler le contenu exact de ses propos ? Signe peut-être de la mauvaise maîtrise des techniques de communication occidentales par certains gouvernements du tiers-monde, et du fossé existant entre les angles d’approche.

La citation initiale montrait qu’il ne s’agissait pas de détruire Israël dans le sang, mais d’obtenir l’effondrement du régime sioniste, comme s’est effondré le régime soviétique. Il y a peu de chances que les grands médias rectifient le tir sur ce point, tout comme il est peu probable qu’ils relaient les nombreux déclarations du régime iranien qui rappelle aussi souvent qu’il le peut qu’il est hostile au projet sioniste, mais pas antisémite.

Une attaque contre l’Iran serait un crime supplémentaire des pouvoirs occidentaux : crime contre la paix au sens du tribunal de Nuremberg, crime de guerre car elle viserait des installations à usage civil.

Tout comme la guerre d’Irak, elle provoquerait une nouvelle instabilité, en Irak même (à cause du risque d’insurrection des mouvements chiites sympathisants de l’Iran) et dans l’ensemble du monde. Le Jérusalem Post, du 31 janvier (http://www.jpost.com/servlet/Satellite?pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull&cid=1167467856230 ), qui relate les avis des experts, rappelle le risque d’attaque des puits de pétrole koweitiens et saoudiens par un régime iranien qui jouerait ainsi sa survie, avec toutes les conséquences que cela impliquerait sur l’économie mondiale. On peut aussi parler des risques de radicalisation des peuples musulmans, et des autres peuples cibles de l’impérialisme. Un risque que les leaders occidentaux, actuellement aveuglés, semblent prêts à assumer.

 

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2007 7 28 /01 /janvier /2007 11:49

Depuis le 9 janvier, la Guinée-Conakry est paralysée par une grève générale. La répression a fait officiellement 59 morts (Le Monde 27 janvier 2007). Le président-dictateur aurait accepté vendredi soir 26 janvier un texte de loi élaboré par les syndicats et les grévistes qui lui fait renoncer à une grande partie de ses prérogatives au profit d'un chef de gouvernement, selon un schéma déjà testé dans de nombreux pays mais qui n'a jamais abouti à des progrès sociaux sensibles pour la population.

Le colonel Lansana Conté est arrivé au pouvoir en avril 1984, par un coup d’État militaire, et a parachevé la "normalisation" des relations de la Guinée avec les Occidentaux après une tentative d'échapper à la tutelle (néo-) coloniale sous Sekou Touré. Comme le rappelle l'association Survie "Avant de faire carrière dans l’armée guinéenne il avait participé, comme sergent dans l’armée française, à la guerre d’Algérie. Après l’instauration du multipartisme dans les années 90, il a remporté par la fraude les élections de 1993 et de 1998, provoquant la réprobation de l’opinion internationale, mais félicité par l’ambassadeur de France. Il a ensuite fait ratifier par referendum le droit d’exercer un nombre illimité de mandats.

Malgré ces abus, une corruption galopante, l’emprisonnement d’opposants, tel Alpha Condé, candidat à l’élection présidentielle, détenu pendant deux ans, le général Lansana Conté a toujours été soutenu par la France, qui est le fournisseur du matériel anti-émeutes utilisé à maintes reprises contre les manifestations, faisant de nombreuses victimes. La Guinée, sous la coupe du clan présidentiel, tente d’en sortir." (http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=873)

L’industrie française de l'aluminium reste tributaire de la bauxite d’Afrique francophone à 86 % et la Guinée est le deuxième producteur de ce minerai au monde. Les Etats-Unis exploitent aussi la bauxite guinéenne à travers Enron. Ils fournissent une aide militaire 627 000 dollars. Une centaine de volontaires des Peace Corps, travaillent à des missions de coopération financées par l'agence états-unienne USAID (http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/2824.htm). Les Etats-Unis accordent également l'asile politique à des opposants du régime dans l'intention de garder "deux fers au feu".

Sur l'impérialisme français en Afrique occidentale, et les rivalités avec les Etats-Unis voir les articles de B. Founou, A. Forcellini et C. Gramizzi dans l'Atlas alternatif, et, plus largement une étude de fond sur http://www.reseau-ipam.org/article.php3?id_article=740.

 

 

Partager cet article
Repost0