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29 janvier 2008 2 29 /01 /janvier /2008 16:36
Copie-de-gas-20pipeline-copie-1.jpg L'intransigeance des Occidentaux sur la question du Kosovo a déjà fait une victime collatérale : la politique énergétique des Etats-Unis en Europe.

Le président serbe Boris Tadic et le premier ministre Vojislav Kostunica ont signé vendredi dernier à Moscou un accord pour trente ans qui vend à la compagnie russe Gazprom 51 % des parts de la compagnie gazière d'Etat serbe NIS, et ce au prix qu'avaient demandé les Russes. Dans le cadre de cet accord, un gazoduc de 10 milliards de mètres cubes sera construit à travers la Serbie, et Gazprom contrôlera 78 % du marché de détail des carburants dérivés du pétrole dans ce pays, 12 % allant à un autre géant russe, Loukoil . Pour compléter le dispositif, Gazprom a signé avec la compagnie autrichienne OMV un accord prévoyant le transfert au monopole russe du gaz de 50% de Central Europe Gas Hub (CEGH), filiale d'OMV Gas International, et dont le siège se trouve dans la ville autrichienne de Baumgarten. Il ne manque plus à Gazprom qu'un accord avec la Hongrie, pour espérer pouvoir mettre en service son dispositif de gazoduc South Stream. Budapest va donc pouvoir faire monter les enchères. Si la Hongrie ne parvient pas à s'entendre avec Moscou, Gazprom peut utiliser un itinéraire alternatif passant de la Bulgarie en Grèce puis, par la Méditerranée, en Italie. Mais, dans ce cas, le projet de gazoduc en Serbie sera dans l'impasse (http://www.kommersant.com/p846202/r_500/natural_gas_pipelines/).

Les autorités américaines ont manifesté une inquiétude particulière au sujet du développement de la coopération énergétique entre la Russie et la Serbie et rappelé à l'Union européenne leur préférence pour le projet de gazoduc de Nabucco, destiné à acheminer du gaz en Autriche via la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Peut-être pour apaiser l'interventionnisme états-unien, les autorités iraniennes la semaine dernière ont annoncé être prêtes à accorder des ressources pour Nabucco... (http://fr.rian.ru/business/20080128/97862287.html).

Face à cela l'offre de l'Union européenne à l'égard de la Serbie (qui pourtant depuis un siècle regarde davantage vers l'Ouest que vers la Russie) reste timide. Alors que l'Autriche avait convaincu en 2006 l'Union de ne plus exiger de la Croatie la coopération avec le TPIY pour intégrer l'Empire européen, les Pays-Bas, dans un bel élan anti-fédéraliste, ont maintenu, contre les autres Etats de l'Union, un veto sur la signature d'un accord de stabilisation et d'association tant que le général Ratko Mladic n'était pas livré à ce tribunal (source : RFI). Ce veto néerlandais fait l'affaire du nationaliste Tomislav Nikolic, vainqueur du premier tour de l'élection présidentielle serbe, qui dit ne rien attendre de l'Union européenne tant que celle-ci veut arracher le Kosovo à la Serbie et affirme même regretter que la Serbie "ne soit pas une province de la Russie" (http://www.dw-world.de/popups/popup_printcontent/0,,3087792,00.html). (NB : En dépit de ces appels du pied de M. Nikolic, V. Poutine continue toutefois de soutenir Boris Tadic.)

Les Européens, présidés en ce moment par les Slovènes, ont malgré tout proposé un accord réduit aux Serbes (sur les visas, le dialogue politique), leur promettant même à demi-mots une entrée à terme dans l'Union, pourvu qu'ils ne votent pas pour M. Nikolic. La question pèsera lourd sur l'issue du second tour du scrutin, y compris sur les conditions du soutien du premier ministre Kostunica à son frère ennemi Tadic.

Du côté états-unien, les menaces contre la Serbie et la Russie ne sont pas l'apanage des néo-conservateurs. Dans un article publié dans le Guardian du 28 janvier 2008, Morton Abramowitz suggère que l'OTAN augmente sa présence militaire au Kosovo pour empêcher les Serbes de cette province de faire sécession en cas de déclaration unilatérale d'indépendance de la part des représentants albanais, et exorte à s'opposer aux positions de Moscou si la Russie dans la foulée reconnaît l'indépendance de l'Abkhazie (hypothèse pourtant exclue par la Russie http://fr.rian.ru/world/20080129/97954887.html). Morton Abramowitz, fondateur de l’International crisis group et surtout éminence grise de l’administration Clinton pendant la guerre du Kosovo auprès de l’UÇK, soutient en ce moment Barak Obama à l'élection présidentielle. Richard Holbrooke, lui, qui fut l'artisan de la politique clintonienne pro-UÇK à Rambouillet en 1999, et qui conseille maintenant Hillary Clinton, expliquait dans Le Monde du 25 janvier : "Notre défi,
c'est assurer un leadership (des Etats-Unis), mais sans hégémonie" (
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2008/01/25/richard-holdbrooke-l-administration-bush-ne-pourra-pas-attaquer-l-iran_1003828_829254.html#ens_id=904503). La nuance sémantique n'est pas énorme... Les électeurs états-uniens n'ont guère le choix qu'entre les auteurs des bombardements contre la Serbie, et les promoteurs de la guerre d'Irak. undefined

La situation actuelle dans les Balkans ne cesse cependant de provoquer des inquiétudes qui s'expriment dans des forums peu médiatisés. Ainsi par exemple l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe le 22 janvier dernier a-t-elle très sérieusement contesté un projet de résolution élaboré par le représentant britannique Lord Russell-Johnston jugé trop favorable au point de vue occidental. A l'occasion des débats de cette assemblée, la représentante du PC tchèque Katerina Konecna a comparé l'enlèvement du Kosovo à la Serbie au démantèlement de la Tchécoslovaquie par les accords de Munich. La délégation d'Azerbaïdjan à cette occasion a dénoncé le risque que la sécession du Kosovo ait des effets désastreux sur un autre conflit "gelé" de l'ère post-soviétique, celui du Nagorny-Karabakh (http://www.kommersant.com/p844517/r_527/PACE_Kosovo_EU/ ).

A l'heure où la marine russe reprend ses patrouilles dans l'Atlantique et en Méditerrannée pour la première fois depuis 1992 (http://fr.rian.ru/defense/20080129/97934362.html), l 'Europe et son allié états-unien avancent chaque jour davantage dans une logique de guerre froide, qui pourrait, en de nombreux points, dégénérer en conflits ouverts.

FD
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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 15:48

La secrétaire d'Etat états-unienne Condolezza Rice est attendue au Pakistan cette semaine après une visite à Berlin où elle veut inciter l'Allemagne à s'investir davantage dans la guerre néo-coloniale d'Afghanistan, ainsi qu’à Kaboul (AFP 20 janvier 2008). Le président pakistanais Pervez Musharraf est pour sa part aujourd'hui en tournée en Europe pour améliorer l’image de son pays.

L'assassinat de l'ex-premier ministre Benazir Butto le 27 décembre dernier continue de faire couler beaucoup d'encre. La CIA l'impute à Al Qaida, et la Maison blanche décrit la victime comme une héroïne de la lutte pour la défense des valeurs occidentales au Moyen-Orient.

Mais la réalité sur le terrain était plus complexe. Certains observateurs ne manquent pas de relever que l'intéressée a été tuée dans une ville garnison réputée la plus sûre du pays, Rawalpindi, un fief des services de sécurité pakistanais (l'ISI), amis de la CIA, dont les liens avec les islamistes ont souvent été ambigus. Le gouvernement a d'ailleurs tardé à faire preuve de transparence sur les circonstances du meurtre, le président Musharraf ayant finalement admis presque à contrecoeur que Mme Butto avait été tuée par balle avant l'explosion d'une bombe (http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2008/1/9/bref2.htm ).

Mme Butto elle-même est loin d'avoir toujours été claire sur la question de l'islamisme. Larry Chin sur Globalisation.ca/Mondialisation.ca (www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=7742 ) ressort la thèse du livre de Ahmed Rashid  Fundamentalism in Central Asia and Jihad: The Rise of Militant Islam in Central Asia selon laquelle à partir de 1993 Mme Butto aurait été plus enthousiaste que l'ISI pour soutenir les talibans afghans dont elle espérait qu'ils sécuriseraient, à Kaboul, la voie de passage d'un pipeline argentin vers le Pakistan (ce choix du pipeline argentin plutôt que celui du pipeline américain d'Unocal lui aurait valu d'être lâchée par les Américains en 1996). A ce moment-là le parti islamiste Jamiat-ul-Ulema-e-Islam siégeait dans le gouvernement Butto.

La question de savoir si le meurtre de Benazir Butto profite aux Etats-Unis ou pas restera sans doute ouverte, Washington pouvant de toute façon compter sur le soutien de la majeure partie des élites pakistanaises dans l’establishment militaire comme dans les partis civils. De même reste indécidable la question de savoir si la déclaration de Mme Butto (cf video ci dessous) selon laquelle Oussama Ben Laden a été tué, relevait ou non du lapsus…

FD

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 11:21

Après l'accélération du conflit opposant, dans la province du Nord-Kivu, l’armée régulière de la République Démocratique du Congo, les soldats insurgés fidèles au général dissident Laurent Nkunda, des milices hutus et tutsies rwandaises, et plusieurs groupes armés congolais alliés, du nom de Maï-Maï, une conférence de paix s'est réunie le 9 janvier à Goma (http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_article=58132&id_edition=4225). 

En France le Réseau voltaire (http://www.voltairenet.org/article153877.html), qui est un site d'information internationale très visité, avait publié en décembre une interview parue dans la presse suisse (http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=646&print=1&no_cache=1) de Mgr. Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu (Sud Kivu) qui dénonçait l'ingérence du gouvernement FPR rwandais de Paul Kagame au soutien des troupes du rebelle Laurent Nkunda, et l'utilisation du viol systématique des femmes civiles comme arme de guerre. Cette interview a été reprise également cette semaine par le site "La Banlieue s'exprime" (http://labanlieuesexprime.org/article.php3?id_article=2445). maroy-copie-1.jpg

Le nouvel archevêque nommé en 2006 a déployé une intense activité auprès de l'ambassade de France en 2007. Cet activisme lui a valu une salve d'attaques de la part d'alliés du gouvernement rwandais souvent basés aux Etats-Unis (par exemple Dorcas Lokendo http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=330733&no_categorie=) qui déjà appellent à son inculpation préventive devant la justice internationale : "si jamais la présente campagne de haine ethnique conduisait à des massacres contre les Tutsis, l’archevêque de Bukavu devrait alors être considéré comme un des principaux responsables. En conséquence, il devrait faire face à la justice internationale, comme tout autre criminel de guerre ou responsable de crimes contre l’humanité", écrit Sébastien Bakatu, directeur du clergé international de l'archevêché de New Brighton (USA) - cf http://www.stjohnnb.com/Forerunner/2006/Forerunner9_06_8.html -, dans un article qui illustre toutes les ambiguïtés de l'utilisation de la justice internationale dans le cadre de conflits politiques (http://www.spcm.org/Journal/spip.php?article12063).

Près de 2 millions de personnes sont mortes pendant la guerre civile congolaise qui a prolongé la guerre civile du Rwanda (http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/2582239.stm). Les tensions au Nord-Kivu mettent en péril une fois de plus la souveraineté du Congo. A la clé les ressources de cette province riche en minerais précieux comme la cassitérite, le coltan, la wolframite et l’or. Une étude de « Pole Institute » du mois de juillet 2007 a révélé la liste des sociétés qui exportent frauduleusement les minerais vers des pays voisins pour être vendus en Afrique du Sud, aux Pays-Bas,  en Allemagne, aux Emirats Arabes Unis, en Belgique, et en Chine - http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=345597&no_categorie=. Ce trafic permet de financer la guerre dans cette région sans que les grandes puissances occidentales ne cherchent à s'y opposer. En outre, de source tanzanienne, on apprend que les forces spéciales américaines seraient sur le terrain aux côtés du FPR et de Nkunda (mail C. Black).

F. D. 

(Voir dans l'Atlas alternatif l'article de Chris Black sur le Congo)

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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 10:42
On a beaucoup parlé du Darfour et du Tchad... Mais aujourd'hui c'est aussi la partie occidentale du Sahel qui s'embrase dans un contexte de raréfaction de l'eau et d'appauvrissement économique. La multiplication des foyers de tension dans cette zone éveille des soupçons de manipulation de la part des puissances occidentales.

L'éditorialiste du quotidien algérien Al Watan du 7 janvier 2008, Amine Lofti, en fait la remarque : "L’apparition presque concomitante de mouvements de rébellion au Niger et au Mali, l’irruption violente du terrorisme armé en Mauritanie ne peuvent pas constituer en eux-mêmes des événements spontanés et sans liens entre eux tant ils relèvent d’une quasi unité d’espace et de temps. Cette déstabilisation à grande échelle, si elle tente de mettre à mal les pays du Sahel, n’est pas dénuée d’intentions malveillantes à l’égard de l’Algérie qui partage avec eux d’immenses frontières. La question se pose alors de savoir qui tire les ficelles sans tomber dans la psychose du complot ourdi. Il est à noter en effet que les troubles et les attentats terroristes surviennent au moment où des pays comme le Mali, le Niger et la Mauritanie s’engagent dans un processus de démocratisation de la vie politique dont nombre d’observateurs ont établi le bien-fondé."  "D’où viennent les armes et le matériel de guerre qui circulent dans le Sahel pour alimenter des rébellions ?" demande le journaliste, qui conclut : "Il convient de s’interroger aujourd’hui sur les implications géopolitiques et militaires de cette escalade que certains ne craignent pas (d'imputer) à une volonté de mainmise sur cette région de puissances étrangères, les Etats-Unis ne faisant pas mystère à cet égard (de leur intention) d’installer des bases dans la région de l’Afrique en s’appuyant sur le prétexte de la défendre. Ce qui reviendrait à une occupation militaire, notamment de pays du Sahel fragilisés par les conflits, qui ne s’embarrasserait même plus de cacher son nom. "  http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=84196

FD

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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 10:15

Dans le cadre du débat sur les conclusions à tirer de l'échec au référendum constitutionnel de décembre dernier, Hugo Chavez a déclaré le jeudi 3 janvier dernier à l'émission de TV Dando y Dando"Il nous faut élargir nos stratégies d'alliances. Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner par les courants extrémistes. Nous ne sommes pas des extrémistes et nous ne pouvons pas l'être. Non ! Nous devons rechercher des alliances avec les classes moyennes, y compris avec la bourgeoisie nationale". undefined

Le président vénézuélien à incité ses auditeurs à lire les écrits de Lénine, et à écouter les conseils de Fidel Castro et des présidents nicaraguayen et biélorusse Daniel Ortega et Alexander Loukachenko, "qui ne se sont pas contentés de faire des théories mais qui ont gouverné et fait des révolutions".

"Loukachenko vient de l'ère soviétique, et il a vu la chute de l'Union soviétique. Et une des choses qu'il m'a dites c'est  'les chefs d'entreprise, cette bourgeoisie nationale, il faut essayer de faire en sorte  qu'elle ait un sentiment national, un amour de sa Nation et de sa Patrie, même quand ce sont des grands patrons qui ont beaucoup d'argent. Mais qu'ils fassent des investissements dans le pays !' "

Chavez a insisté pour ne pas tomber sous " le chantage des voix de l'extrémisme, des thèses passées de mode qui dans aucune partie du monde ne peuvent réussir : la thèse de l'élimination de la propriété privée. Non, non, non ! Cela n'est pas notre thèse. Il faut chercher, au delà de ça, les alliances pour fortifier le nouveau bloc historique, comme l'appelait (Antonio) Gramsci". http://www.aporrea.org/ideologia/n107017.html  

FD

 

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4 janvier 2008 5 04 /01 /janvier /2008 18:54

L'annonce de la réélection du président sortant Mwai Kibaki au Kenya à l'issue des élections du 27 décembre dernier a plongé le pays dans le chaos. Le bilan des violences s'élèverait à plusieurs centaines de morts et 70 000 déplacés selon la Croix Rouge (AFP/ Reuters 2 janvier 2008). Les dépêches parlent volontiers de "Violences tribales". Le correspondant du Monde à Nairobi dans un article intitulé "Les démons libérés du Kenya", Jean-Philippe Rémy écrit :

"Le président Mwai Kibaki appartient au groupe des Kikuyu, le plus important numériquement du pays (20 % de la population), influent depuis la période coloniale, fort d'entrepreneurs prospères qui finiraient presque par faire oublier que ses rangs comptent aussi des hordes de miséreux. En face, l'opposition est menée par Raila Odinga, un Luo de l'ouest du pays. Depuis l'indépendance, les Luo attendent impatiemment le jour où l'un des leurs deviendra président, offrant aux siens la promesse d'accéder, accrochés à une gigantesque cordée, à la corne d'abondance du pouvoir. Pour l'anecdote, le père de Barack Obama, le candidat démocrate américain, est un Luo.

Autour gravitent de nombreuses autres ethnies, dont les leaders jouent, depuis quatre décennies, un jeu complexe d'alliances et de trahisons au gré de leurs fortunes personnelles, maquillées sans vergogne en confrontations ethniques. Et la manipulation fonctionne, comme l'ont analysé les auteurs, David Throup et Charles Hornsby, d'un livre de référence sur la politique kényane (Multi-Party Politics in Kenya) : "Depuis le début du multipartisme au Kenya, l'appartenance ethnique s'est révélée nettement plus importante que les idéologies pour déterminer les loyautés politiques." (Le Monde 5 janvier 2008 - http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-995925@51-993693,0.html)  800px-Flag-of-Kenya-svg-copie-1.png

En réalité, selon certains observateurs (cf notamment http://www.newstatesman.com/200801030024), la grille de lecture ethnique cache une fois de plus un problème de classe intimement lié à la mondialisation capitaliste/néo-libérale.

A y regarder d'un peu plus près en effet, et notamment au vu des résultats des élections législatives qui ont eu lieu au même moment, dans de nombreuses circonscriptions kikuyu, beaucoup d'électeurs de cette ethnie ont voté pour le candidat luo ou kalenji ("comme si des électeurs blancs pauvres aux Etats-Unis avaient voté pour Malcom X" ajoutait un commentateur anonyme de cet article). Il s'agit là d'un vote-sanction très fort contre la classe dominante. Une vingtaine de ministres et lieutenants de Kibaki n'ont pas été réélus. Ce vote révèle que la jeunesse kenyane (où la moyenne d'âge est de 18 ans) est prête à évincer une vieille classe politique malgré le respect traditionnel en Afrique à l'égard des anciens.

Depuis quelques années le président Kibaki attirait les capitaux étrangers, et son mode de gestion du pays, qui apportait une croissance soutenue, lui a valu les félicitations des grandes puissances néo-coloniales.

Pourtant cette gestion faite pour plaire à l'Occident (le gouvernement kenyan est même allé jusquà interdire de fumer dans les rues de sa capitale, ce que même en Europe on n'ose pas faire) a laissé les plus pauvres s'enfoncer dans la misère (2/3 des habitants de Nairobi vivent dans des bidonvilles), tandis que régnait la corruption au plus haut niveau de l'Etat.

Le résultat est qu'aujourd'hui le Kenya n'est plus vu comme un pays stable et exemplaire qui attirait 1 million de touristes des pays riches par an, mais comme une "nouvelle Yougoslavie" plongée dans les prémices d'une guerre civile meurtière. Les deux parrains du régime kenyan, le gouvernement britannique et celui des Etats-Unis ont exprimé leur préoccupation devant le peu de crédit qu'inspirent les résultats annoncés par la commission électorale (http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7164890.stm). Le 2 janvier le premier ministre britannique Gordon Brown, s'est entretenu par téléphone avec MM. Kibaki et Odinga, dans l'espoir qu'ils acceptent de "se rejoindre au sein d'un gouvernement d'union nationale". Le président du Ghana et de l'Union africaine, John Kufuor, doit entamer une médiation commune avec le chef de la mission du Commonwealth, Ahmed Tejan Kabbah (AFP Reuters 2 janvier).

            Frédéric Delorca

(article importé du blog de Frédéric Delorca)

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23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 22:31

Les Etats-Unis seraient-ils l'arroseur arrosé ? Après avoir encouragé des sécessions sur des bases ethniques au Soudan, en Yougoslavie, en ex-URSS, en Irak, en Bolivie etc., le gouvernement états-unien doit en affronter une sur son propre territoire.  Tatanka-Lyotake.jpg

Une dépêche de l'AFP le 20 décembre annonçait en effet qu'une délégation d'Amérindiens de la nation des Lakota, membre de la confédération des Sioux (les descendants de Sitting Bull, et de Crazy Horse), dirigés par Russell Means ont convoqué une conférence de presse à Washington pour annoncer qu'ils n'étaient plus des citoyens états-uniens et qu'ils dénonçaient l'ensemble des traités qui les unissaient au gouvernement fédéral. Le "pays Lakota" (« Lakota Country ») comprend des parties du Nebraska, du Dakota du Sud et du Nord, du Montana et du Wyoming (http://azls.blogspot.com/2007/12/lakota-country-dsa.html et http://www.geocities.com/robertofotografie/).

En vue d'obtenir une reconnaissance internationale, ils ont rendu visite aux ambassades de Bolivie, du Chili, d'Afrique du Sud et du Venezuela (http://www.iraq-war.ru/article/151336).

La nouvelle survient la semaine-même où les Etats-Unis et leurs alliés européens défendent au Conseil de Sécurité de l'ONU le principe d'une reconnaissance du Kosovo en tronquant la résolution du même conseil votée en juin 1999 dont le préambule reconnaissait la souveraineté serbe sur cette province. Peut-être les Indiens Lakota auraient-ils pu aussi visiter l'ambassade de la République de Serbie. A l'heure où celle-ci doit en outre faire face à l'initiative pour le moins intempestive d'un envoi de 2 000 policiers et juristes européens dans la province sécessionniste (sans l'accord de l'ONU ni de la Serbie), peut-être cela aurait-il donné à Belgrade l'idée d'appliquer au Pays Lakota le principe de reconnaissance unilatérale que l'Empire euro-états-unien veut imposer au Kosovo. undefined

En attendant, le parti du Premier ministre Vojislav Kostunica en Serbie (le Parti démocratique de Serbie) a annoncé qu'il s'opposerait à la signature d'un accord de stabilisation et d'association avec l'Union européenne si celle-ci continue à vouloir amputer son pays du Kosovo. De même il refusera l'adhésion à l'OTAN, et posera ces deux points comme conditions sine qua non au soutien du PDS à la réélection du président de la République Boris Tadic (http://www.rtlinfo.be/news/article/74180/--Pas+de+Serbie+amput%C3%A9e+du+Kosovo+dans+lUE). Les Européens qui avaient convaincu le "premier-ministre" albano-kosovar Hashim Thaci de reporter de quelques mois la déclaration d'indépendance de sa province pour faciliter la réélection de leur allié Tadic à la présidence serbe sont loin d'avoir résolu la quadrature du cercle dans cette affaire. 

FD
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17 décembre 2007 1 17 /12 /décembre /2007 18:53
Les alliés de Washington en Afrique ne sont plus ce qu'ils étaient. 

Le ministre nigérian des Affaires étrangères Chief Ojo Maduekwe a déclaré dimanche 16 décembre à Washington que son pays refuse d'héberger le Commandement régional militaire américain pour l'Afrique (Africom), a rapporté l'Agence de presse du Nigeria (NAN) (http://www.africatime.com/afrique/nouvelle.asp?no_nouvelle=369133). On se souvient que toute l'Afrique australe avait adopté la même position en août dernier (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-12424076.html). L'Ouganda, qui avait été lourdement armé par Washington pendant la guerre des Grands Lacs dans les années 1990, a quant à lui adressé la même fin de non recevoir aux Etats-Unis au début du mois de novembre concernant l'ouverture d'une base militaire pour l'Africom sur son territoire (http://www.africatime.com/afrique/nouvelle.asp?no_nouvelle=359401). De sorte que le siège de cette structure, pour l'heure... reste toujours basé en Europe...

Par ailleurs, on apprend aujourd'hui que le bras armé des Etats-Unis dans la corne de l'Afrique, l'Ethiopie, qui est enlisée dans une sale guerre - dont les grands médias ne parlent jamais - en Somalie, vient d'inaugurer un monument... à la mémoire des soldats cubains morts pour défendre la révolution éthiopienne dans les années 1980 en présence de son ministre de la défense Kuma Demeksa et du vice-président cubain Esteban Lazo (http://www.granma.cu/espanol/2007/diciembre/lun17/inauguraran.html).

FD
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10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 20:44

Y aurait-il deux sensibilités dans l'aile pro-israëlienne de la classe dirigeante française : l'une moralisatrice et l'autre plus sensible aux intérêts des milieux d'affaire nationaux ? L'une serait incarnée par les dirigeants du Parti socialiste (dans l'opposition) et Bernard Kouchner (au gouvernement), l'autre, par l'UMP et Nicolas Sarkozy.

C'est l'impression que donnent les réactions à la venue du président libyen Muammar Kadhafi en France.

Alors que le président libyen devait rencontrer le président de l'Assemblée nationale, les députés socialistes ont refusé de l'accueillir. Sur la radio communautaire juive RCJ, le numéro un socialiste François Hollande s'est insurgé contre des propos de Nicolas Sarkozy se disant à Lisbonne "très heureux" d'accueillir son homologue libyen. Il "sera donc très heureux de recevoir un dictateur", un "dictateur qui s'est compromis dans des actes terroristes", a déploré M. Hollande, un "dictateur qui justifie encore aujourd'hui le terrorisme", "qui vient ici avec ses pétrodollars acheter des armes". Sur Canal +, l'ex-candidate Ségolène Royal a jugé "tout simplement odieux, très choquant, même inadmissible que la France aille cautionner un système de tortures en prison". "Faut-il se mettre à genoux devant les intérêts financiers?", a-t-elle demandé (AFP 9 décembre 2007). Dans la même veine le journal de centre-gauche Le Monde accuse : "M. Sarkozy profite de l'incapacité de l'Europe à adopter une position commune sur ces questions (des droits de l'homme) pour se "placer" auprès des dirigeants les moins respectueux des libertés." (éditorial de l'édition du 11 décembre 2007)

Au sein du gouvernement, le ministre des affaires étrangères issu du PS Bernard Kouchner s'est dit "résigné" à la venue du dirigeant libyen (AP 10 décembre),  et  n'a pas désapprouvé les propos de Rama Yade, la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme UMP, qui avait déclaré à propos de la visite du chef d'Etat libyen: "Notre pays n'est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits". (Ce qui n'est pas un signe d'une grande  cohésion gouvernementale sur la question). 

Ces attaques rejoignent celles de la plupart des partis d'opposition qui ont aussi critiqué la venue du dirigeant libyen. "Les député(e)s communistes et républicains qui condamnent fermement cette initiative de Nicolas Sarkozy, et la réception prévue à l’Assemblée nationale, réclament une éthique de la diplomatie française" par la voix de leur porte-parole Alain Bocquet (www.bdr13.pcf.fr/Declaration-d-Alain-Bocquet,5281.html). En dehors de la représentation parlementaire, le Front national dénonce aussi les motivations financières de cette visite (http://www.frontnational.com/communique_detail.php?id=1536). 

Toutefois s'agissant du PS et de Bernard Kouchner dont la sympathie pour Israël est connue (voir sur le long terme http://pagesperso-orange.fr/shalom-salam/ps.htm, et pour la période récente divers articles de http://atlasalternatif.over-blog.com/), il n'est sans doute pas anodin que leur position coïncide avec celle du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) - une institution qui défend les intérêts d'Israël en France. Celui-ci rappelle dans un communiqué du 10 décembre 2007 qu'il "n’oublie pas que la Libye : - a organisé et encouragé de nombreux attentats meurtriers, - a déclaré, par la voix du Colonel Kadhafi, le 7 décembre 2007 à Lisbonne qu’il était "normal que les faibles aient recours au terrorisme », - a régulièrement utilisé la torture, y compris sur le personnel soignant bulgare, totalement innocent, qui a été incarcéré dans des conditions terrifiantes, pendant plusieurs années avant d’être libéré cet été, notamment grâce à l’action de la France. - Il serait scandaleux que la Libye, étant donné son « palmarès » en la matière, soit chargée de préparer la conférence dite de Durban 2, dont le CRIF espère qu’elle ne sera pas une répétition de Durban 1 en 2001, qui s’est transformé en meeting antisémite. Le CRIF demande au Président de la République et au gouvernement de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter qu’une telle situation ne puisse se reproduire. -  n’accepte pas de façon permanente l’existence de l’Etat d’Israël, une ligne de conduite encore confirmée par le propre fils du Colonel Kadhafi qui refuse l’entrée d’Israël dans l’Union méditerranéenne, ce projet de paix initié par la France."www.desinfos.com/article.php.

La position de Sarkozy à gauche n'est soutenue que par le socialiste Hubert Védrine qui a déclaré sur LCI : "Je crois que les interdictions de principe sont absurdes sur le plan de nos intérêts et même de nos idées" (AP 10 décembre 2007 - on rappellera que le CRIF s'était opposé à la nomination de Védrine comme ministre de Sarkozy. 
Libya.png
La Libye a renoncé à son programme nucléaire militaire en 2003 et recherche aujourd'hui des équipements nucléaires civils. Au menu de la visite du colonel Kadhafi sont prévus «des contrats de collaboration pour une usine de dessalement d’eau de mer avec un réacteur nucléaire», «une coopération en matière d’armement, et différents contrats économiques» (Libération).

FD
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3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 10:30
La multiplication des offensives sur plusieurs fronts (réforme constitutionnelle, ALBA, solidarité avec l'Iran, action au sein de l'OPEP, affrontement diplomatique avec l'Espagne, création d'un parti de gauche unifié) n'aura pas porté chance à Hugo Chavez ce dimanche. Le président vénézuélien a perdu le référendum constitutionnel où le "non"  serait légèrement au dessus de la barre des 50 %, et a reconnu immédiatement la défaite (http://www.aporrea.org/actualidad/n105762.html). Cette réforme ancrait le processus bolivarien dans la référence au socialisme et devait mettre fin à la limitation dans le temps du nombre de mandats qu'un même président pouvait exercer. venez.png

Il est vrai qu'une fois de plus les grands médias planétaires (http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3202) et vénézuéliens (http://www.aporrea.org/actualidad/n105689.html) avaient investi de gros moyens dans le soutien au "non". Un document confidentiel daté du 20 novembre avait été publié le 27 novembre dans la presse bolivarienne faisant état d'un plan coordonné depuis les Etats-Unis même. Signé par Sr. Michael Middleton Steere, haut fonctionnaire de la CIA, il avait pour objet la "phase finale de l'opération Tenaille" (Tenaza), qui prévoyait notamment de faire descendre les gens dans la rue pour contester les résultats en cas de victoire du "oui". Selon ce plan 8 millions de dollars avaient été dépensés dans la propagande anti-réforme (http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=90591). 

Dès ce matin, dans la mouvance bolivarienne, le site aporrea.org publiait des appels à la réflexion collective.

En Russie en revanche, Vladimir Poutine peut se féliciter de la victoire de son parti Russie unie qui remporte, selon des résultats provisoires, 64,1 % des voix (source AFP) aux élections à la Douma devant le Parti communiste de la Fédération de Russie (11,6 %), le parti nationaliste LDPR (8,1 %) et Russie juste, un parti de gauche favorable à Poutine (7,8 %). Les libéraux divisés ne seront pas représentés au Parlement, aucun de leurs partis n'ayant atteint la barre des 7 %. Le taux de participation a été de 63 %, soit 8 points de plus qu'en 2003.  stbasile_spasskayatower_red_square_moscow.hires-1.jpgLes pro-occidentaux en Russie ont mis en cause les déséquilibres de la campagne électorale et la régularités de certains décomptes. Toutefois il n'est pas établi que ces manipulations, à les supposer avérées, aient eu plus d'impact sur le résultat du vote que le lavage de cerveau médiatique, qui sévit à longueurs d'années dans les pays occidentaux, n'en a sur nos propres scrutins.

FD
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