Quatre mois après la reconnaissance du nouveau président somalien Hassan Cheikh Mohamoud par les USA et le FMI, le morcellement de la souveraineté somalienne se poursuit, non pas sous la menace des milices islamistes Shabab qui se sont retirées des principales villes mais de pouvoirs régionaux à la solde des Britanniques et de multinationales qui gouvernent de fait le pays.
Au Somaliland (au nord) devenu protectorat britannique une dizaine de personnes ont été assassinées à la suite des élections municipales de novembre 2012 par l'Unité spéciale de protection somalilandaise formée par le ministère de la défense britannique. La nouvelle ministre des affaires étrangères de la République fédérale de Somalie est d'ailleurs une politicienne du Fawzia Yusuf Haji Adam qui a passé une grande partie de sa vie au Royaume-Uni.
Au Puntland (en conflit avec le Somaliland) dont les réserves en pétrole sont estimées à 4 milliards de barils sur lesquels British Petroleum a des ambitions, les Britanniques ont installé une marine privée, Typhon, le "Backwater" des mers, financée par Simon Murray ancien légionnaire en France et Président de Glencore, les pilleurs du cuivre zambien, et dirigée par d'anciens amiraux de l'OTAN.
Au Sud, au Jubaland, où les forces kenyanes (elles aussi formées par les Britanniques) ont pénétré pour combattre les Shabab et contrôlent en partie la situation politique, une convention locale a lieu actuellement dans la capitale de la province de Basse-Juba Kismayo, ville portuaire d'un grand intérêt pour les firmes capitalistes de la région. Les participants ont récemment adopté une Constitution régionale provisoire et la désignation des membres du Parlement local est en cours. Les membres de ce Parlement voteront ensuite pour désigner le président et les autres dirigeants de la région. Ce processus a été condamné par le gouvernement central de Mogadiscio. Outre le Kenya, l'Ethiopie, autre alliée de Londres et de Washington (elle avait naguère envahi la Somalie pour le compte de Bush) a aussi intérêt à la formation du gouvernement du Jubaland, comme zone tampon pour endiguer les Shabab, mais aussi pour éviter la montée du sécessionnisme de sa province l'Ogaden (ethniquement proche des Somaliens).
La Grande-Bretagne, qui, après avoir accueilli la première conférence internationale sur la Somalie avait passé le flambeau à la Turquie, réunira de nouveau des Etats de la région pour définir l'avenir de ce pays (en grande partie en lieu et place du peuple somalien lui-même) le 7 mai prochain.