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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 20:08

Les appels du pied pour une conversion croissante de l'Algérie au néo-libéralisme se multiplient. Le 22 avril dernier, juste après l'élection présidentielle, le Financial Times voyait en Bouteflika un homme clairement trop "à gauche" et écrivait : "Abdelaziz Bouteflika, le président malade et âgé qui vient d'être élu pour un quatrième mandat, a consacré des dépenses étatiques généreuses aux subventions, aux salaires du secteur public et au logement social, un support majeur de la politique intérieure, dans le but d'acheter le calme de la population. Mais alors qu'il s'apprête à commencer sa 16ème année aux affaires, des observateurs nationaux et internationaux avertissent que, malgré sa richesse en pétrole et en gaz, le train de vie de l'Algérie est à terme insoutenable. Ils estiment que ce pays de 37 millions de personnes, jeunes pour la plupart, doit réformer son économie trop sévèrement contrôlée afin de réduire sa dépendance aux exportations de gaz naturel déclinantes et éviter de gaspiller ses considérables réserves de devises étrangères, aujourd'hui évaluées à 195 milliards de dollars".

 

Copie-de-gas-20pipeline.jpgL'intérêt des milieux d'affaires internationaux pour l'Algérie est d'autant plus marqué que celle-ci, voyant ses revenus gaziers diminuer (à cause de la montée de la consommation domestique au détriment des importations, et de la concurrence russe qui a désindexé ses prix du cours du pétrole) se tourne vers le gaz de schiste. Ce nouvel enjeu énergétique attire les multinationales. Total, Eni, Shell  et Exxon Mobil sont sur la ligne de départ pour décrocher des licences d'exploitation. Melissa Roumadi dans Al Watan du 25 mai notait que les majors appréciaient le fait qu'il y ait peu de résistance des ONG écologistes.

 

Parallèlement des voix s'élèvent pour une plus grande collaboration de l'Algérie avec l'OTAN, afin que l'armée de libération nationale de ce pays devienne un supplétif de cette dernière, au même titre que l'armée tchadienne. Ainsi Abdelaziz Rahabi, ancien diplomate et ancien ministre, joint par Algérie-Focus le 20 mai, regrettait que l'Algérie n'ait pas soutenu l'opération de l'OTAN qui a plongé la Libye dans la chaos en 2011, et déplorait que la constitution algérienne interdise à son armée de se déployer en dehors de ses frontières. L'analyste Nazim Rochd s'inquiète de ce que cette montée du discours pro-occidental en Algérie puisse être annonciatrice d'une "normalisation" du pays, qui mette fin à sa tradition de non-alignement.

 

800px-map_non-aligned_movement.pngA la veille de la réunion de la 17ème conférence ministérielle du mouvement des non-alignés (MNA) à Alger, Soraya Guemmouri dans un article publié dans El-Moudjahid qui s'appuie sur une interview de Mme Taos Ferroukhi, directrice générale des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, rappelle les phases d'évolution du Mouvement telles que décrite par le président Bouteflika en septembre 2006 à La Havane : "D'abord, une phase marquée par le doute et l'incertitude dus, à la fois, à l’essoufflement du Mouvement et à la perte de ses repères suite à l'effondrement du bloc soviétique et la chute du mur de Berlin qui ont mis fin à l'antagonisme Est-Ouest. Ensuite, une phase de ressaisissement caractérisée par le début de prise de conscience de certains de ses pays membres quant à la réaffirmation de sa présence sur la scène internationale, ainsi que l'exigence de rechercher de nouveaux axes de redéploiement, susceptibles de mobiliser ses membres et de lui permettre un repositionnement dans le cadre de la nouvelle configuration des relations internationales. Enfin, la phase actuelle de consolidation des assises du Mouvement et la volonté de plus en plus affirmée des pays membres de redonner un sens et un contenu à l'action du Mouvement qui reste, du fait de sa composante nombreuse et diversifiée, un cadre de dialogue et de concertation multilatérale privilégié et irremplaçable qu'il faut préserver de toute tentative ou velléité de sabordage."  Un des enjeux importants des Non-alignés est notamment une réforme de l'ONU (en particulier de la composition de son conseil de sécurité) au profit des pays du Sud. Un objectif qui n'a de chance d'être atteint, dans le rapport de forces avec les Occidentaux, que si l'Algérie reste un pilier solide du MNA.

 

Frédéric Delorca

 

 

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