Deux symboles de la progression de la Turquie en Europe de l'Est :
1) Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch à Ankara a annoncé le 12 octobre la signature d'un accord de libre échange, qui, parallèlement à l'adhésion de l'Ukraine à la zone de libre-échange de l'Union européenne porterait les échanges commerciaux turco-ukrainiens de 6 à 20 milliards de dollars par an en 2015, ce qui permettrait aux produits turcs de remplacer en partie les produits russes (montant d'échange 60 milliards de dollars actuellement), Moscou ayant fait savoir que Kiev ne pouvait à la fois commercer sans barrière avec l'Union européenne et adhérer à l'Union douanière eurasiatique qu'elle promeut
2) Le 26 octobre le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan était à Prizren, au Kosovo (où se préparerait la création par l'Union européenne d'un nouveau tribunal pénal international chargé des crimes commis par les dirigeants albanais autour des trafics d'organes), et déclarait « La Turquie, c'est le Kosovo et le Kosovo, c'est la Turquie. Nous sommes tous les enfants du même pays, forts et unis comme des frères. Nous partageons la même histoire et la même civilisation. » (Ces propos ont cependant par la suite été édulcorés par le ministre turc des affaires étrangères après la colère suscitée à Belgrade).
La Turquie est aujourd'hui le troisième investisseur au Kosovo derrière la Grèce et l'Italie. Elle est le quatrième en Bosnie-Herzégovine. Elle rénove les vestiges du passé ottoman, finançant la rénovation de mosquées, de hammams et d'écoles coraniques bâtis par les sultans en Macédoine, en Bulgarie ou en Albanie.
Sur Strategic-Culture.org, Piotr Iskenderov montre que les Occidentaux laissent carte blanche pour une nouvelle pénétration de la Turquie dans les Balkans, en échange de sa non adhésion à l'Union européenne, ce qui répond à un besoin de la Turquie (où vivent, outre les descendants des Turcs d'Europe chassés au XXe siècle, 1,2 million d'Albanais) aussi d'assumer son héritage balkanique.
F. Delorca